Ces mystérieux Psaumes imprécatoires

CES MYSTÉRIEUX PSAUMES IMPRÉCATOIRES

Cet article est composé de plusieurs extraits du livre d’Alfred Kuen, Encyclopédie des difficultés bibliques, vol. III, Livres poétiques, Éditions Émmaüs, 2009, p. 256 à 265. Ils ont été reproduits avec l’aimable autorisation de l’auteur et des Éditions Émmaüs. Nous recommandons cet ouvrage, qui est une mine de réponses face à des questions qui peuvent se poser à la lecture des Psaumes. En particulier, il répond dans sa partie « Psaumes : Questions générales » à 26 questions utiles pour entrer dans la compréhension de ce livre.

DEFINITION ET ETAT DES FAITS

Des imprécations isolées se trouvent dans beaucoup de Psaumes, mais dans certains d’entre eux (55, 59, 69, 79, 109 et 137), l’imprécation constitue l’élément essentiel. Dans ces Psaumes, le psalmiste demande à Dieu de châtier le méchant conformément à ce qu’il mérite.

Si notre sens du bien ou du mal est notre critère pour déterminer si un passage est inspiré ou non, il y a de fortes chances pour que nous rejetions ces passages, les considérant comme non inspirés par l’Esprit de Dieu.

LE PROBLEME

Comment un esprit de vengeance évident peut-il être concilié avec les préceptes du N.T. et avec l’ordre de Jésus d’aimer ses ennemis et de prier pour ceux qui vous persécutent (Matt 5.44) ? Trois problèmes se posent :
– Comment peut-on expliquer la présence de ces imprécations dans le recueil d’hymnes hébreux ?
– Peut-on leur trouver une application dans la vie et le culte des chrétiens ?
– Ces cris appelant à la vengeance et au châtiment peuvent-ils être aussi inspirés que les autres parties du Livre des Psaumes qui exaltent le caractère de Dieu ?

ÉLEMENTS DE REPONSE

Affirmer que ces Psaumes font partie de la Parole inspirée de Dieu est une condition préliminaire indispensable à une compréhension correcte de ces paroles. Avant de nous lancer dans la discussion, nous devons réaffirmer notre confiance dans la Parole de Dieu, nous déclarer d’accord avec ce qu’a dit Jésus-Christ, reconnaître que David a parlé et écrit sous l’inspiration de l’Esprit (voir Matt 22.43 ; Marc 12.36 ; Act 1.16 ; 4.25 ; Héb 4.7). Cela exige beaucoup d’humilité, de renoncement à notre propre jugement comme autorité suprême et de confiance dans la Parole de Dieu — même si nous ne la comprenons pas.

Le sens de la justice

Les Psaumes imprécatoires sont une prière pour que justice soit faite et que les exigences du droit soient respectées. Les poètes de l’A.T. étaient très sensibles au mal dû à l’injustice des hommes. David savait être très généreux envers ses ennemis (Saül, Absalom), mais il pouvait aussi être outré par des actions cruelles et il demandait alors à Dieu de les juger.

Bien des appels à la vengeance (109.12 ; 137.8) sont des cris arrachés à des cœurs souffrants qui demandent à Dieu de faire justice et de rétablir le droit. Ces Psaumes veulent réveiller les sentiments du fidèle pour susciter en lui un cœur sensible à la misère causée par la cruauté. Nous trouvons la même préoccupation dans le N.T. La parabole du juge inique demande que justice soit faite à la veuve, et Jésus conclut en disant que « Dieu fera promptement justice à ses élus » (Luc 18.1-8). Pour que la justice de Dieu s’accomplisse, il faut que le mal soit condamné.

Dans un certain sens, ces poètes anciens étaient proches de Dieu qui « a, pour les péchés de ses ennemis, l’hostilité implacable qu’exprime le poète. Implacable ? Certes, mais envers le péché, et non envers le pécheur. Le péché n’est ni toléré, ni ignoré ; il ne fait l’objet d’aucun compromis. De cette façon, l’attitude impitoyable des psalmistes est plus proche d’un des aspects de la vérité que bien des attitudes de nos contemporains qui peuvent être prises, à tort, par ceux qui les adoptent, pour de la charité chrétienne. Les passages féroces des Psaumes servent à nous rappeler que la méchanceté existe réellement dans le monde et qu’elle (sinon ses auteurs) est détestable aux yeux de Dieu. »1

L’injustice émeut et provoque de l’indignation. Si ce n’est plus le cas, le mal est banalisé et accepté.

Le réalisme de la Bible

Le royaume de Dieu ne pourra s’établir qu’après la destruction du royaume de Satan. « Délivre-nous du mal » implique aussi : « Délivre-nous de ceux qui font le mal », de ceux qui s’identifient à la cause de Satan. De même, nous prions avec joie pour le retour du Christ, sans nous arrêter à la pensée que nous prions en même temps pour les événements de 2 Th 1.7-92.

Si nous sommes choqués par ces imprécations, cela peut provenir non pas tant de notre sensibilité chrétienne que d’un manque général d’expérience de la persécution et de notre incapacité à épouser la cause des chrétiens persécutés. Le Ps 83.3-4 dit : « Voici, tes ennemis s’agitent, Ceux qui te haïssent lèvent la tête. Ils forment contre ton peuple des projets pleins de ruse, Et ils délibèrent contre ceux que tu protèges. » Cette situation n’a pas changé. Partout dans le monde, on entend parler des attaques extérieures et intérieures contre l’Église. Dans le Deutéronome, Dieu a prononcé des malédictions sur les membres de son propre peuple. À plus forte raison, maudira-t-il ceux qui s’opposent à lui.

Le cadre de l’alliance

Ces textes sont prononcés dans le cadre d’une société liée par une alliance avec Dieu qui comprenait un engagement mutuel. En cas de rupture du contrat, des sanctions étaient prévues. Le psalmiste demande à Dieu de les appliquer et de punir ceux qui transgressaient son alliance. Cette punition avait aussi un but pédagogique : « Ne laisse pas réussir les projets du méchant, de peur qu’il ne s’en glorifie ! » (140.9)

L’alliance avec Abraham promettait la bénédiction à ceux qui béniraient la postérité d’Abraham et la malédiction à ceux qui la maudiraient (Gen 12.1-3). Comme cette alliance était inconditionnelle, ses promesses restent valables aussi longtemps qu’Israël subsiste en tant que nation. Sur cette base, David avait donc parfaitement le droit, en tant que représentant de la nation, de prier que Dieu veuille accomplir ses promesses en maudissant ceux qui maudissaient ou attaquaient Israël.

Attaquer le roi (représentant oint officiel de la théocratie), c’était attaquer Dieu. Son zèle pour Dieu inspirait ses prières. Le psalmiste a choisi Dieu pour ami ; les ennemis de celui qui prie sont donc aussi les ennemis de Yahveh.

Mais les malédictions sont toujours conditionnelles : « Dieu est un juste juge, qui, chaque jour, fait sentir son indignation à qui ne revient pas à lui. » (7.12-13)

Ces imprécations sont des prières

David avait la passion de la justice ; il n’était pas animé d’un esprit de revanche. Il pouvait être généreux lorsqu’il était lui-même attaqué (2 Sam 16.11 ; 19.16-23). Il a témoigné sa bonté à un fils de Saül (qui l’avait persécuté) (2 Sam 9).

Les psalmistes reconnaissent à Dieu seul le droit d’exécuter la vengeance. Il est certainement préférable de demander à Dieu de nous venger, plutôt que de se venger soi-même. Est-il si condamnable de demander à Dieu de briser les dents des méchants (58.7) lorsque ceux-ci s’en servent pour déchirer les justes ? Combien de malheurs seraient évités si, au lieu de nous venger, nous exposions à Dieu notre amertume et notre misère — tout en traitant nos ennemis de manière noble et généreuse comme David !

Jésus prie aussi ces Psaumes

Il y a des passages des Psaumes que nous ne pouvons pas reprendre pleinement à notre compte, par exemple des affirmations comme celles du Ps 18.21-24 : « L’Éternel m’a traité selon ma droiture, Il m’a rendu selon la pureté de mes mains ; Car j’ai observé les voies de l’Éternel, Et je n’ai point été coupable envers mon Dieu. Toutes ses ordonnances ont été devant moi, Et je ne me suis point écarté de ses lois. J’ai été sans reproche envers lui, Et je me suis tenu en garde contre mon iniquité. » Un seul a pu les redire en toute vérité : Jésus-Christ.

Dans les « je » des Psaumes, c’est le Christ qui parle. Qu’en est-il alors des confessions de péché dans les Psaumes ? David a confessé ses propres péchés dans ces paroles, mais Jésus les a priées parce qu’il s’est chargé de nos péchés, s’appropriant nos dettes (2 Cor 5.21).

Dans ce sens, tous les Psaumes sont messianiques parce qu’ils regardent vers le Christ — même les Psaumes imprécatoires. « Quelle différence cela fait dans notre prédication lorsque nous savons que ces Psaumes ne sont pas les prières émotionnelles d’hommes coléreux, mais les cris de guerre de notre Prince de la paix ! »3 Il faut lire ces prières à la lumière d’Apocalypse 19.11-16.

Sur la croix, Jésus a prié : « Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu’ils font. » Comment peut-il alors prier ces Psaumes de vengeance contre ses ennemis ?

Il nous faut voir la personne du Christ dans son entier. Il est le Sauveur miséricordieux et plein d’amour qui pardonne les péchés, mais il est aussi Celui qui viendra pour juger ceux qui désobéissent à l’Évangile.

Quel est le but de ces prières ?

Le Ps 83.16-17 dit : « Poursuis-les ainsi de ta tempête, Et fais-les trembler par ton ouragan ! Couvre leur face d’ignominie, Afin qu’ils cherchent ton nom, ô Éternel ! » Nous sommes appelés à prier pour que Dieu exerce ses jugements sur ses ennemis « afin qu’ils cherchent ton nom », c’est-à-dire qu’ils se convertissent. Bien des tempêtes (physiques ou morales) ont amené des gens à se tourner vers le Seigneur.

Le N.T. fait un pas de plus

Dans leur impatience, les psalmistes demandent à Dieu de hâter le jugement. L’Évangile, par contre, montre que Dieu est désireux de sauver. Dans Jean 13.18, Jésus cite le Ps 41.10 au sujet de l’ami qui « mangeait mon pain » et qui « lève son talon contre moi », mais il ne prie pas comme David pour avoir l’occasion de le lui rendre.

L’A.T. ne fait pas de distinction entre le péché et le pécheur. Celui qui combat le péché doit aussi combattre celui qui le commet. Dieu hait le péché et le détruit. Seules la souffrance et la mort du Christ ouvrent le chemin vers le fait que le pécheur peut être pleinement gracié et réconcilié. C’est pourquoi, même dans le N.T., seul celui qui se réfugie auprès de l’Agneau de Dieu qui porte le péché du monde (Jean 1.29) voit s’ouvrir devant lui la porte du paradis (Luc 23.43). Le Dieu de l’A.T. n’est pas plus saint que celui du N.T. Sa colère reste suspendue au-dessus du péché. Cet arrière-plan de l’A.T. rend d’autant plus lumineuse la grâce que Jésus-Christ est venue apporter : tout en condamnant le péché, il voulait sauver le pécheur (Luc 7.47-50 ; 19.1-10 ; Jean 8.1-11).

Apocalypse 20.11-15 nous révèle que Dieu jugera les méchants dans l’avenir. Mais, comme indiqué plus haut, nous pouvons prier Dieu pour qu’il paralyse la main des méchants, juge ceux qui ne veulent pas changer et que la justice soit manifestée sur la terre.

1C.S. Lewis, Réflexions sur les Psaumes, Éditions Raphaël, 1999, p. 49-50.
2« Le Seigneur Jésus apparaîtra du ciel avec les anges de sa puissance, au milieu d’une flamme de feu, pour punir ceux qui ne connaissent pas Dieu et ceux qui n’obéissent pas à l’Évangile de notre Seigneur Jésus. Ils auront pour châtiment une ruine éternelle, loin de la face du Seigneur et de la gloire de sa force. »
3J.E. Adams, War Psalms, p. 33.

les articles plus lus

En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)