Catastrophes naturelles et encouragement pastoral

L’article qui suit est un condensé de l’article original paru dans le « Journal for Baptist Theology & Ministry » au printemps 2007.

L’auteur aborde ici la question de l’encouragement pastoral en temps de catastrophe naturelle de manière originale en pointant l’importance d’une bonne perspective biblique sur les catastrophes.

Tout d’abord, nous devons reconnaître que le problème le plus troublant qui émerge lors de toute grande catastrophe naturelle n’est pas que des gens meurent. C’est un vrai problème humain et émotionnel, mais ce n’est pas le plus important. Les ouragans, les tsunamis, les tremblements de terre, les incendies, les tornades ou les inondations ne modifient pas les statistiques sur le nombre de décès de la race humaine, ne serait-ce que d’une décimale. Un typhon au Bangladesh a emporté entre 300 000 et 500 000 vies en 1970[note]NOAA News Online (http://www.noaanews.noaa.gov/stories/s334b.htm).[/note]et la pandémie mondiale de la grippe de 1918 a exterminé entre 50 et 100 millions de personnes[note]Encyclopédie en ligne Wikipédia (http://en.wikipedia.org/wiki/Spanish_flu). Certaines estimations sont plus basses (20 à 40 millions) mais même les estimations plus basses en font la pire pandémie de l’histoire.[/note], mais aucun de ces événements catastrophiques ne changera le sombre pronostic selon lequel tout être humain va mourir.
Ce n’est pas non plus le problème général que les événements naturels détruisent ce que nous avons fait — nos maisons, nos bâtiments, nos routes, etc. Personne ne devrait s’étonner qu’une maison ou un bâtiment soit réduit à néant dans une coulée de boue, étant donné que Dieu déclare que tout sera finalement détruit par la décomposition de toute façon (Mat 6.19 ; Rom 8.20-25). La destruction cataclysmique à venir de la terre entière telle que nous la connaissons nous est annoncée (2 Pi 3.11-13). Certains ont perdu ces choses plus tôt qu’ils ne l’avaient espéré, mais le fait qu’elles soient détruites ne devrait jamais faire l’objet d’un débat parmi les évangéliques.
En outre, le fait que de nombreuses personnes soient confrontées à une dégradation de leurs conditions d’existence en raison d’une catastrophe ne devrait pas être une énigme pour nous. Un nouvel ordre viendra finalement pour tous ; les uns connaîtront le ciel et une nouvelle terre (2 Pi 3.13) et les autres l’enfer. La mort change tout, tout comme le retour du Christ.
Nous devrions également nous rappeler qu’il n’y a pas de différence significative entre l’horreur de la mort lors d’une catastrophe naturelle et celle qui se produit en temps normal. S’il était possible de demander à un homme qui se trouve dans l’environnement aseptisé d’un hôpital ce que c’est que de rendre son dernier souffle alors qu’il se noie dans son propre liquide, il vous dirait que c’est tout aussi horrible que d’être noyé dans une inondation. Parce que Dieu permet que le corps subisse un choc dans les moments de peur, nombreux sont ceux qui, heureusement, bénéficient d’une anesthésie lorsqu’ils meurent, qu’elle soit ou non narcotique. Mais la mort reste un ennemi ravageur, où qu’elle se produise et quelle que soit la manière dont on la rencontre.
Qu’est-ce qui est si étonnamment unique dans une catastrophe naturelle ? Pourquoi devenons-nous poétiques et diserts à son sujet ? Nous sommes effrayés parce qu’une catastrophe naturelle met en évidence ces faits universels inévitables. Elle les peint en couleurs vives pile en face de nous pour que nous ne puissions pas y échapper. Nous voyons à quel point nous sommes impuissants. Notre invincibilité s’évapore ; notre vulnérabilité nous apparaît et se rit de nous. Nous voyons des personnes comme nous vaquer à leurs occupations, puis tout perdre et mourir en un instant.
Toute mort et toute destruction proviennent de l’événement le plus cataclysmique de l’histoire : la chute de l’homme, et le juste jugement de Dieu qui en résulte (Gen 3). Notre monde naturel gémit sous l’esclavage qui en résulte (Rom 8.18-25)[note]Ce passage montre sans conteste le lien entre la chute de l’homme et l’esclavage dont souffre toute la nature. La création attend que les hommes soient libérés de leurs péchés. Lors de la restauration de toutes choses, les nouveaux cieux et la nouvelle terre (2 Pi 3.13 ; Apoc 21.1) sont décrits comme un monde dans lequel la justice habite. Lorsque l’homme racheté est ultimement libéré de son péché, l’univers lui-même est simultanément rétabli dans sa liberté originelle, hors de toute décadence.[/note] . De tous les hommes, les croyants devraient apprendre à apprivoiser cette situation.
La certitude que la mort, la corruption et la destruction vont, de toute façon nous atteindre, nous tous et tout ce que nous possédons, n’éradique cependant pas la douleur intérieure que les croyants peuvent éprouver. Même le Christ, qui a dit : « Que votre cœur ne soit pas troublé », a été « affligé et troublé » et « profondément affligé, jusqu’à la mort » par le poids du péché placé sur lui. Avec une connaissance parfaite et une confiance absolue, il a trouvé la paix par rapport à la croix à Gethsémané. Certes, son fardeau était infiniment plus lourd que le nôtre, mais il y a sûrement une leçon à en tirer.
Certains des plus grands saints ont également été déprimés par des pertes ou des bouleversements (David, Élie, Spurgeon, et Martyn Lloyd-Jones, etc.). Des troubles émotionnels permanents nous rappellent qu’une catastrophe, quelle qu’elle soit, est souvent une immense épreuve qui entraîne des catastrophes secondaires, comme les ouragans entraînent des tornades, même chez les croyants. Si c’est le cas, nous, des saints « ordinaires », devons recevoir beaucoup d’aide pour comprendre et faire face aux catastrophes naturelles lorsqu’elles nous touchent ou touchent ceux que nous aimons. Qu’est-ce qui peut nous aider ?
Lorsqu’une catastrophe se produit, l’état mental ou émotionnel du croyant est directement lié à sa perception spirituelle. En fin de compte, et souvent immédiatement, les croyants peuvent surmonter une plongée en chute libre liée au traumatisme de ce qui s’est passé. Le travail pastoral consiste non seulement à faire preuve d’empathie, mais aussi à amener les croyants à avoir une perspective biblique sur la catastrophe et la perte dès que possible, de préférence avant que l’événement ne se produise. C’est sur cette perspective que je souhaite attirer notre attention.

La nature obéit à Dieu

Les disciples ont dit de Jésus « Quel est donc celui-ci, à qui obéissent même le vent et la mer » (Marc 4.41)[note]De même, Luc 8.24 déclare que Jésus « menaça le vent et les flots, qui s’apaisèrent, et le calme revint ». [/note] . Ce verset est souvent utilisé pour défendre la foi face à des sceptiques afin de prouver que Jésus est réellement Dieu. Les chrétiens ont presque toujours affirmé, en des temps paisibles, que Dieu contrôle la nature. Le fermier prie Dieu pour qu’il pleuve sur ses champs secs, tout comme l’instituteur chrétien demande à Dieu un ciel clair pour le pique-nique de sa classe, car nous supposons que Dieu gère tout cela. Mais cette croyance évangélique générale, presque implicite, va-t-elle assez loin lorsque les temps sont plus difficiles ?
Le psalmiste parle de façon convaincante du contrôle de Dieu sur les événements : « Tout ce que l’Éternel veut, il le fait, dans les cieux et sur la terre, dans les mers et dans tous les abîmes. Il fait monter les nuages des extrémités de la terre, il produit les éclairs et la pluie, il tire le vent de ses trésors » (Ps 135.6-7).
C’est Dieu qui a ordonné chacun des fléaux naturels sur l’Égypte, comme la transformation de l’eau en sang, l’invasion de la terre par des grenouilles, l’envoi de la grêle et des criquets dévastateurs. Même Pharaon l’a reconnu (Ex 9.27-28). « Moïse étendit sa verge vers le ciel ; et l’Éternel envoya des coups de tonnerre et de la grêle, et le feu se promenait sur la terre. L’Éternel fit pleuvoir de la grêle sur le pays d’Égypte » (Ex 9.23).
Avant cela, le déluge avait été attribué à l’intervention directe de Dieu : « Encore sept jours, et je ferai pleuvoir sur la terre quarante jours et quarante nuits, et j’exterminerai de la face de la terre tous les êtres que j’ai faits » (Gen 7.4). La fin du déluge était également l’action de Dieu : « Dieu se souvint de Noé, de tous les animaux et de tout le bétail qui étaient avec lui dans l’arche ; et Dieu fit passer un vent sur la terre, et les eaux s’apaisèrent. » (Gen 8.1).
Dieu a combattu pour Israël en envoyant de gros grêlons sur les Amorites : « Comme ils fuyaient devant Israël, et qu’ils étaient à la descente de Beth-Horon, l’Éternel fit tomber du ciel sur eux de grosses pierres jusqu’à Azéka, et ils périrent » (Jos 10.11).
Jonas fit l’expérience du contrôle souverain de Dieu sur la sphère naturelle : « L’Éternel Dieu fit croître un ricin, qui s’éleva au-dessus de Jonas, pour donner de l’ombre à sa tête et pour lui ôter son irritation. Jonas éprouva une grande joie à cause de ce ricin. Mais le lendemain, à l’aurore, Dieu fit venir un ver qui rongea le ricin, et le ricin sécha. Au lever du soleil, Dieu fit souffler un vent chaud d’orient, et le soleil frappa la tête de Jonas » (Jon 4.6-8).
Et quelle que soit l’option millénariste que l’on ait, il ne fait aucun doute que la vision de Jean sur l’île de Patmos réaffirme que Dieu contrôle parfaitement toute la nature et l’utilise comme il le souhaite, en particulier dans le jugement (cf. Apoc 16.18, etc.).

La bonté de Dieu

Voici quelques bonnes raisons pour affirmer qu’une catastrophe naturelle vient d’un Dieu bon et attentionné :
1. Dieu est reconnu comme puissant et il ne faut pas se moquer de lui. Dieu a souvent affirmé que les événements cataclysmiques avaient pour but de montrer sa puissance envers les hommes (Ex 9.14-16 ; 14.31).
2. La société est avertie de la plus grande calamité : le jugement éternel. Un désastre physique n’est rien comparé à la damnation éternelle. Un ouragan est une annonce : si vous ne vous repentez pas, pire que cela va vous arriver (cf. Luc 13.1-5).
3. Certaines personnes sont punies à juste titre pour leur rébellion. La Bible déclare que « la colère de Dieu se révèle du ciel contre toute impiété et toute injustice des hommes » (Rom 1.18). Les ouragans ne sont que l’un des moyens de son action (cf. Ps 7.11-13). Nous devrions nous réjouir de la bonté de Dieu dans sa victoire sur les impies.
4. Certains vrais croyants sont mis à l’épreuve ou disciplinés et leur foi est renforcée. La même tempête qui juge un homme non croyant peut être le creuset de l’épreuve et/ou de la discipline pour un vrai chrétien, et le fortifiera et le purifiera pour l’avenir (Jac 1.2-3 ; Héb 12.5-11).
5. Les croyants peuvent être emmenés au ciel, et certains ennemis de Dieu peuvent être retirés de la terre. C’est une réalité difficile à accepter, mais vraie néanmoins. La Bible dit que nos jours sont inscrits par Dieu avant même que l’un d’eux ne soit vécu (Ps 139.16). Il promet également que de nombreux rebelles connaîtront une fin calamiteuse (Ps 73.18-19).
6. Les fidèles reçoivent l’occasion d’aimer de façon sacrificielle. En raison de la nature du vrai croyant, vous trouverez toujours des chrétiens parmi ceux qui sont sur place pour aider à soulager la détresse (1 Jean 3.17 ; Gal 6.10). Leur amour peut orienter de nombreuses personnes vers le Christ.[note]Adapté de « Do Hurricane Just Happen ? », Jim Elliff, 2004, http://www.bulletininserts.org/hurri.html.[/note]

La disposition de Dieu envers le croyant

Il y a encore plus de raisons d’encouragement pour les croyants en particulier. Pierre a rappelé aux croyants de tous les temps qu’ils étaient appelés à bénir « afin d’hériter la bénédiction » (1 Pi 3.9). En fait, Dieu comble le croyant de bénédictions. David a écrit : « Que tes pensées, ô Dieu, me semblent impénétrables ! Que le nombre en est grand ! Si je les compte, elles sont plus nombreuses que les grains de sable. » (Ps 139.17-18). Parmi les autres promesses, qui s’accomplissent toutes en Christ et qui sont la part du croyant, il y a cette promesse de bénédiction : « Je te bénirai ; je rendrai ton nom grand, et tu seras une source de bénédiction. Je bénirai ceux qui te béniront, et je maudirai ceux qui te maudiront ; et toutes les familles de la terre seront bénies en toi » (Gen 12.2-3)[note]Selon moi, la promesse de la terre du chapitre 12 se réalise pour le croyant dans la nouvelle terre. Voir Héb 11.8-16, 39-40.[/note]. Cette « bénédiction » ou faveur de Dieu, sur la vie du croyant, est le droit de naissance de tous les chrétiens, juifs ou païens [note]Parce que nous sommes tous « fils d’Abraham » par la foi, tous les croyants du Nouveau Testament partagent la promesse. Ceci est clairement établi par Paul en Galates 3.[/note].
C’est sur la base de cette confiance dans la disposition favorable de Dieu envers le croyant que Paul peut affirmer dans Romains 8.28 que « toutes choses concourent au bien de ceux qui aiment Dieu, de ceux qui sont appelés selon son dessein ». Les versets 29 et 30 situent ce « bien » dans son contexte. Chaque aspect mentionné conduit au don final et parfait de la glorification. D’une part, nous pouvons dire que tout ce qui finit bien doit concourir pour le bien. Mais, il y a plus que cela. Au verset 29, Paul lie le bien que Dieu accomplit à la sanctification (le déroulement de son « dessein » du verset 28), car ceux qui sont connus d’avance sont prédestinés à être « semblables à l’image de son Fils ».
Dieu veut nous rendre éternellement heureux et déverser sur nous « les richesses de sa grâce » (Éph 2). Pour nous préparer à cet état de bonheur absolu, il nous soumet à tout ce qui est nécessaire pour notre sanctification. Dans la pensée de Paul, l’activité de Dieu pour nous rendre conforme à lui fait partie du bien qu’il fait « concourir » pour nous avant notre glorification finale. La souffrance est bonne pour le croyant parce qu’être rendu conforme à Christ est bon.
Dieu veut soit discipliner, soit éprouver par la souffrance, et les deux produisent le bien dans le sens d’une progression dans la sanctification[note]Cf. Héb 12.10 où il est dit que la discipline est « pour notre bien, afin que nous participions à sa sainteté ».[/note] . Il ne nous est pas permis de retirer la calamité naturelle de cet ensemble de souffrances nécessaires pour le croyant. Nous devons considérer tout cela comme de la joie (Jac 1.2-3) car la souffrance est un aspect fondamental de la sanctification.
Dans le même chapitre de l’Épître aux Romains, Paul affirme que tous les futurs héritiers souffriront avec Christ ». Il décrit les gémissements que toute la création pousse en raison de l’entrée du péché dans le monde. Maintenant, nos corps sont soumis, avec toute la création, à la « futilité » que le péché de l’homme a apportée dans l’univers. Ce n’est pas une « futilité » facile, ni une « corruption » gentille à laquelle nous sommes confrontés. Mais tout va changer pour le croyant : il sera un jour glorifié par « la rédemption de son corps ». La nature sera libérée de cette corruption, et cela inclut tout d’abord notre propre corps. En fait, c’est la libération de notre corps qui entraîne la liberté de la création. Paul dit : « J’estime que les souffrances du temps présent ne sauraient être comparées à la gloire à venir qui sera révélée pour nous » (Rom 8.18.). Quel espoir nous avons !
Dans nos prédications et dans nos conseils pastoraux lors de calamités naturelles, nous ne rendons pas service à ceux qui souffrent physiquement et mentalement en évitant de parler de la souveraineté de Dieu et du plan divin de sanctification qui s’achève par la glorification. Leur souffrance n’est pas vaine et Dieu est bon dans tout cela. Bien que le malade soit au fond du trou et qu’il lutte souvent à travers des douleurs et des pertes immenses, il reste une espérance réaliste pour lui — tant dans ce que ces pertes apportent à son développement spirituel que dans son anticipation de la gloire future. Nous honorerons Dieu au plus haut point, non pas en essayant d’empêcher les gens de comprendre ses attributs et ses desseins, mais en affirmant sa bonté envers les croyants, quelle que soit la forme sous laquelle ses bénédictions sont administrées. Au ciel, nous apprécierons et louerons Dieu pour le moment choisi et la parfaite exécution de ses plans, car Dieu fait tout bien. Bien que notre compréhension sur terre soit imparfaite, nous devons amener le peuple de Dieu, dans la mesure du possible pour l’instant, à se réjouir et à avoir foi dans le Dieu qui est à la fois souverain et bon.

les articles plus lus

En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)