BIBLE ET LIBERALISME THEOLOGIQUE

Après avoir présenté «La Bible et ses versions» (No 101/1992) nous résumons dans les lignes qui suivent la question du libéralisme théologique, souvent appelé la haute critique. Celle-ci essaie de remonter aux sources et aux origines de la Bible et de ses livres.

Manifestation à Lausanne

En 1992, la Ligue pour la lecture de la Bible a fêté son 125e anniversaire. Voulant marquer cet événement, la Ligue suisse a conçu le projet de présenter en Suisse le modèle grandeur nature du Tabernacle de Moïse, créé il y a quelque temps en Allemagne par le Bibel-Center de Breckerfeld. Ce modèle, dressé dans le quartier général de la Ligue à Vennes-Lausanne, a été enrichi d’une excellente exposition sur la Bible, ainsi que de montages audio-visuels du CEP A. Pour compléter l’ensemble, des ateliers de fabrication (poterie, cuivre, tissage, etc.) ont été créés, ainsi qu’un «chemin dans le désert» où l’on voit de l’eau couler d’une roche, le tout parsemé de versets bibliques appropriés, peints sur pierre. Il y a même, en cage, quelques cailles, et, dans un enclos, un chameau – un vrai, à deux bosses !
 La manifestation se préparait bien et le grand public commençait à recevoir la «pub» à ce sujet. C’est à ce moment-là que des protestations protestantes s’élevèrent alors que les rabbins se montraient plutôt favorables! Des articles apparurent, dénigrant l’action de la Ligue. Le journal «le Protestant» publia un article: «La vérité du Tabernacle» (1); le magazine de la Société Biblique ne parla que de la «Spiritualité du Tabernacle» en refusant son historicité (2)!

Libéralisme théologique

L’argument avancé par les auteurs de ces articles est tout simplement celui du libéralisme théologique: les textes concernant le Tabernacle dans les livres de l’Exode, du Lévitique et des Nombres, ne seraient ni de la plume de Moïse, ni de son époque. Tous les textes seraient plutôt une fiction pieuse, écrite au temps de l’exil babylonien, voire après, et attribué et (faussement) à Moïse.

Les écrivains de ces textes bibliques (intéressants mais frauduleux) seraient, selon cette thèse, de la classe sacerdotale – ce qu’on appelle techniquement la source P. Nécessairement, bien d’autres textes de la Bible auraient d’autres «sources», que les auteurs traditionnellement reconnus (on parle des sources J, E, D, H) (3). Les auteurs véritables, tel Moïse, ont été tout simplement… «licenciés». Ainsi, Moïse ne serait nullement l’auteur du Pentateuque; les Psaumes seraient plutôt le livre des cantiques du 2e temple, (très peu proviendraient de David); la prophétie d’Esaïe aurait au moins trois auteurs. Michée et Zacharie seraient «cousus» pareillement et des fragments de leur oeuvre sont attribués à d’autres écrivains. Les livres de Ruth et de Jonas ne seraient que des histoires pour apprendre à Israël à ne pas se montrer sectaire. Le livre de Daniel ne serait pas de l’époque de son héros, il viendrait du temps des Macchabées, environ 165 avant J.-C. Voilà quelques thèses de la haute critique, dite libérale.

Si nos lecteurs désirent de plus amples informations à ce sujet, qu’ils se renseignent en étudiant les introductions aux livres bibliques présentées dans certaines versions: TOR, Jérusalem, et autres. Même les annotations dans la version en «Français courant» ne sont pas complètement libres de ce modernisme. Que le public évangélique en soit averti!

Origine de ces thèses

La théologie libérale est un enfant du rationalisme des encyclopédistes français du 18e siècle, le siècle dit des Lumières. Ces philosophes, déistes pour la plupart, avaient rejeté la notion d’un Dieu personnel qui se révèle aux hommes. Tout phénomène naturel s’explique, croyaient-ils, et «l’hypothèse» d’un Dieu qui intervient dans l’histoire humaine n’est pas nécessaire. Le fruit de leurs labeurs se trouve dans les 35 volumes de leur Encyclopédie, travail d’érudition remarquable, mais devenu aussi une tribune pour attaquer la religion en général.

Cet esprit de recherche et d’explication du 18e siècle est allé trouver «gîte et couvert» de l’autre côté du Rhin chez les théologiens allemands protestants du 19e siècle, eux-mêmes déjà influencés par l’Aufklärung (4). Selon eux, le judaïsme et le christianisme ne seraient pas des religions divinement révélées; les miracles, interventions de Dieu, n’auraient jamais eu lieu; les prophéties bibliques ne pouvaient pas avoir été prononcées des siècles avant l’accomplissement des événements prédits! Tout cela, au nom du rationalisme.

Deux livres, «Principes de géologie» (5), et «De l’origine des espèces par voie de sélection naturelle» (6), parus vers le milieu de ce même siècle, ont apporté beaucoup d’eau à ce moulin libéral. La thèse évolutionniste de la planète Terre et de la vie animale, lancée par les auteurs de ces livres, a été appliquée à la religion, qui aurait tout simplement évolué de l’animisme, en passant par le démonisme, le polythéisme, la monolâtrie, jusqu’au monothéisme de l’Ancien Testament, puis à celui du Nouveau Testament.

A partir d’une telle hypothèse, F.C. Baur (1762-1860), J. Wellhausen, (1844-1918) et bien d’autres ont commencé à redater les textes bibliques. Les textes trop «évolués», selon l’échelle évolutionniste établie, ont été remis «à leur place chronologique». Force était alors d’inventer de nouveaux auteurs, d’où les «sources»: J,E,D,P, etc. Toute cette théorie semblait être confirmée, pour le Tabernacle, par le fait que nous ne trouvons que peu de références à celui-ci et au culte mosaïque dans les livres historiques qui suivent le Pentateuque: Josué, Juges et 1 Samuel.

Comment réfuter?

Ce que les libéraux ont oublié en cherchant confirmation dans les récits historiques rédigés après les cinq livres de la Loi de Moïse, est tout simplement l’infidélité des Israélites. Le syncrétisme qu’ils ont pratiqué pendant la période des Juges les avait éloignés du culte mosaïque. On ne retrouve le Tabernacle qu’au début du livre de 1 Samuel et bien vite il disparaît de nouveau de la page biblique. Les péchés d’Hophni et de Phinées, fils du souverain sacrificateur et juge Eli, avec la prise de l’arche par les Philistins, ont pour ainsi dire forcé l’Eternel à abandonner Silo (7).
 Nous devons aussi comprendre que toutes les lois et les règles sur les sacrifices données à Moïse par Dieu, n’ont pas pu être mises en pratique et appliquées à la lettre, même pendant la marche dans le désert (8). D’ailleurs, c’est bien évident que beaucoup d’entre elles avaient été écrites dans la perspective de l’entrée dans le pays promis, (voir Nom 15.2). Cependant, qu’elles aient été données à Israël par Moïse et que le Tabernacle ait été dressé au pied du Sinaï, voilà ce que nous acceptons comme historique.

L’apport de l’archéologie

Nous pouvons encore évoquer certaines découvertes archéologiques qui viennent contrecarrer la pensée libérale qu’un tel culte fut impossible à l’époque de Moïse.

Si d’autres peuples, tels les Egyptiens, transportaient des tentes démontables et des coffrets religieux par des barres passées dans les anneaux fixés au coffret, pourquoi les Israélites vivant plus ou moins à la même époque, en auraient-ils été incapables? Si les Cananéens de Ras Shamra (Ougarit) au 14e siècle pratiquaient un culte avec un sacrificateur en chef, offrant des holocaustes et des sacrifices pour le péché, pourquoi refuser cette possibilité au peuple d’Israël qui vivait à la même période? (9) Non pas que Moïse ait «copié» sur les autres peuples: il a été, comme la Bible le précise, «divinement averti», Dieu lui ayant montré le modèle sur la montagne (voir Héb 8.5; Act 7.44; Ex 25.9, 40; etc.).

L’archéologie aidant, un examen plus approfondi des thèses libérales révèle les incompatibi1ités qui jaillissent partout dans leurs propos.

Libéralisme: une échelle de valeurs changeante

L’un des grands problèmes que présente le libéralisme est que ses théories évoluent continuellement. Par exemple, les introductions des premières éditions de la TOB (voir ci-dessus) ont déjà dû être modifiées dans une édition plus récente.
 Pour ce qui concerne le Tabernacle, même un commentaire moderniste, tel que Peake (édition de 1967), est contraint d’avouer que le récit de la construction du Tabernacle dans le désert «ne peut plus être regardé comme une fiction de la source P. D’ailleurs, est-il ajouté, il est de plus en plus reconnu que beaucoup d’éléments de P ont pour base d’anciennes traditions historiques sérieuses». Tout en maintenant l’hypothèse des sources pour le Pentateuque, les éditeurs du commentaire Peake ont dû, au moins en partie, reconnaître le bien-fondé des indications historiques évoquées dans ces livres.

Malheureusement, force est de constater que les sources du libéralisme théologique jaillissent de coeurs incrédules. La question du serpent dans le jardin d’Eden résonne encore dans les oreilles: «Dieu a-t-il réellement dit?»

Conclusion

Cependant le fait de «croire en Jésus comme Sauveur personnel» (vérité fondamentale, essentielle, et ô combien précieuse), ne nous protège pas nécessairement des doutes concernant l’authenticité de la parole de Dieu. Bien plus, nous qui aimons la Parole avons besoin d’examiner toutes choses afin de retenir ce qui est bon (1 Thess 5.21). Les promoteurs des thèses modernistes sont, et ont été, très souvent des exégètes d’une rare intelligence et d’une grande érudition. Nous ne mettons pas en doute leur culture biblique et générale. D’ailleurs tous leurs travaux n’ont pas été vains (10). Mais leurs conclusions qui relèvent d’abord d’idées «a priori» (11), puis de la philosophie et d’un certain type d’exégèse (12), les ont amenés à emprunter des déviations tortueuses plutôt que de rester sur, les routes nationales spirituelles et bien tracées de la Bible. Sur ces bases, le diable ne pouvait que rapidement entamer leur confiance personnelle dans la Parole écrite (la Bible), et dans la Parole vivante (le Christ).

L’influence de tout ce mouvement libéral et moderniste a été néfaste. Il a engendré, et engendre encore, un protestantisme souvent sans foi et sans convictions bibliques (13). Ce qui est encore plus malheureux, c’est que les théologiens catholiques, qui avaient cependant combattu ce modernisme, même par des encycliques papales (14), ont été eux aussi entraînés dans ce sillage d’ incrédulité.

Le libéralisme théologique ne fait que museler la Bible, tandis que la proclamation de tout le conseil de Dieu, l’Evangile de la vérité biblique, est le sine qua non de l’accession au salut. Seule la voix de Dieu peut donner la vie à nos contemporains, car… Toi seul, Seigneur, tu as les paroles de la vie éternelle.

«Toutes les chances des Eglises résident dans la Bible, si elles réussissent à la laisser parler dans lemonde actuel» Karl Jaspers, philosophe (1883-1969).

NOTES:

1 Le Protestant, No 4, avril 1992. P 5. «La vérité sur le Tabernacle». Samuel Amsler.
2 Société Biblique Suisse. Bible Actualité 1/1992 (plusieurs articles).
3 L ‘hypothèse de plusieurs auteurs pour le Pentateuque a une longue histoire. Jean Astruc, 1684-1766, en est le premier promoteur officiel. Elle a été élaborée sur le postulat qui affirme que les auteurs proposés dans les livres bibliques ne sont pas nécessairement les vrais auteurs. Les textes bibliques sont donc attribués à des «sources», selon leur contenu, leur vocabulaire, leurs figures de rhétorique, sujets préférés, etc. L’hypothèse ne reconnaît pas l’unité de la structure des livres et des parties des livres. C’est cette structure qui milite contre de tels découpages.
4 Die Aufklärung: mouvement de recherche rationaliste allemand, dû principalement aux travaux de Christian Wolff ( 1679-1754), et de H.S. Remarius (1694-1768).
5 Les «Principes de géologie» de Charles Lyell préconisent «l’étude des phénomènes en action», (Larousse). Lyell prône «L’évolution lente de la formation des couches géologiques» et s’élève contre le catastrophisme. Bien des chrétiens reconnaissent la valeur de ces propositions tout en n’excluant pas le catastrophisme, telle déluge de la Genèse.
6 Charles Darwin (1809-1882), publia son livre en 1859, suite à un voyage autour de l’Amérique du Sud, pendant lequel il a pu étudier certaines formes de la vie animale sur des îles au large du continent. Ces formes de vie, isolées géographiquement de leurs espèces semblables, auraient, pour Darwin, évolué autrement que celles d’ailleurs.
7 Voir Ps 78.60; Jér 7.12, 14; 26.6,9.
8 Les sacrifices de la fleur de farine seraient difficilement réalisables au cours du voyage dans le désert puisqu’Israël, nourri de la manne, ne pratiquait que très rarement le labourage (voir Nom 20.5).
9 Les articles du Nouveau Dictionnaire Biblique ( 1992, Emmaüs) éclairent ces points. Voir: Arche, Ras-Shamra.
10 Un bon exemple du travail accompli par la haute critique serait l’antériorité de l’Evangile selon Marc, au lieu de celle de Matthieu, qui avait généralement été acceptée à travers les siècles. Un autre exemple serait la datation de l’épître aux Galates. Actuellement, grâce à la haute critique, elle est en principe reconnue comme la toute première lettre de Paul, écrite peu de temps après son premier voyage missionnaire.
11 Voir ci-dessus, dans le paragraphe: «Origine de ces thèses». 1l y a surtout trois à priori: 1. Le christianisme n’est pas une révélation divine. 2. Le miracle n’existe pas. 3. Les prophéties n’ont jamais été prononcées des siècles avant l’événement.
12 Dans l’exégèse faite par les théologiens libéraux, il y a souvent d’abord un essai d’amélioration du texte original. On soupçonne des erreurs de copistes dans le texte biblique dès qu’il présente des problèmes de compréhension. Aussi essaient-ils de le changer en proposant d’autres termes et/ou lettres. Par exemple, E. Heaton dans son commentaire sur Daniel (1967. SCM Press Ltd), déclare d’emblée que les versets 24-27 de Daniel 9 sont «extrêmement corrompus au point de vue du texte», alors que E.J. Young, dans le Nouveau Commentaire Biblique parle de «ce paragraphe remarquable», malgré des difficultés de traduction.
13 Bien évidemment ce fait n’exclut pas qu’un reste fidèle de pasteurs et d’ouailles évangéliques existe toujours au sein du protestantisme multitudiniste, agissant toujours pour la gloire de Dieu.
14 Le Syllabus de Pie IX et les encycliques de Pie X, Lamentabili et Pascendi étaient particulièrement anti-modernistes.


P.W.

les articles plus lus

En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)