Aurore de la réforme protestante

 

Le mot « réforme » se trouve couramment sur les lèvres des politiciens et dans les journaux de notre monde contemporain : tous relayent les sentiments agités du peuple et reconnaissent le besoin de réformer la société à tous les niveaux. Ce besoin universel de réforme au XXIe siècle n’est pas nouveau ! À partir du XIIIe siècle, un sentiment d’insatisfaction commençait à naître ici et là en Europe, dans tous les domaines, jusqu’à l’irruption violente intervenue au XVIe siècle. Mais l’histoire a avancé lentement avec de petits bouillonnements (XIIIe-XVe siècle), puis, lorsque la pression a été à son comble, l’explosion s’est produite (début XVIe). Suivons ce chemin tortueux jusqu’à son apogée : la réforme protestante.

1.Les événements « pré-réformateurs »

La période allant du XIIIe au XIVe siècle révèle une Europe tourmentée par des courants de nature nouvelle, particulière et dissemblable.

  • Les Croisades au Proche-Orient, quoiqu’elles aient été un échec total par rapport au but visé initialement, ont fait connaître un monde nouveau, immensément plus avancé que l’Europe dans bien des domaines. Les cités nouvelles et les civilisations anciennes ont ébloui les croisés. Cette admiration transportée jusqu’en Europe a créé la soif de connaître davantage sur tous les sujets.
  • Le réveil intellectuel appelé la scolastique : en quelques mots, c’est la conviction intellectuelle que la raison humaine est capable d’élucider les vérités spirituelles en vue de défendre les dogmes de la foi. Résoudre les tensions entre la philosophie d’Aristote et la théologie chrétienne en utilisant « Aristote pour comprendre et pour expliquer Dieu », telle en était la proposition. Les érudits ont commencé à réfléchir tous azimuts sans être limités par la religion catholique.
  • Les nouveaux mouvements religieux fleurissent dans et en-dehors de la papauté, par exemple : les Cathares-Albigeois, les Bogomiles et les Vaudois. Ces derniers sont les seuls existant encore au XXIe siècle en petits groupes en Italie, Argentine, Allemagne, Uruguay, États-Unis d’Amérique. Ces groupes mettaient en doute les dogmes de Rome en lisant les Saintes Écritures ! C’est à cause de ces divers mouvements que la terrible Inquisition a été mise sur pied afin d’éradiquer tout ce que Rome considérait comme hérésies. L’Inquisition a ravagé férocement les peuples, même catholiques, en sorte que des milliers de personnes se sont mises à douter de l’autorité romaine qui dominait tous les aspects de la vie.
  • La vie religieuse était troublée à la suite de la mise en doute de l’autorité absolue de Rome par certains. Pour contrer la décadence spirituelle rampante, deux mouvements ont vu le jour, les Dominicains et les Franciscains qui exerçaient un pouvoir spirituel afin de confirmer le dogme catholique.
  • La création des « universités » où furent enseignées les disciplines – arts, médecine, droit, théologie – qui s’appelaient « facultés ». L’enseignement est fondé sur un certain nombre de textes de référence. Au départ, les « arts mécaniques » et les « sciences lucratives » ont été exclus victimes du double mépris qui frappait le travail manuel et le profit. Les plus fameuses ont été Paris et Oxford (théologie), Bologne (loi civile et ecclésiastique), Salerno (médecine). La grammaire, la rhétorique, la dialectique, l’astronomie, l’arithmétique, la géométrie, la musique, la théologie, la loi canonique, la médecine ont été enseignées, par exemple, à l’Université de Paris. L’apprentissage passait par une double méthode : la lecture des textes et le débat dans le but de s’assurer que l’étudiant possède bien sa matière !
  • L’esprit mystique est un terme qui « relève principalement du domaine religieux, et sert à qualifier ou à désigner des expériences spirituelles de l’ordre du contact ou de la communication avec une réalité transcendante non discernable par le sens commun[note]Wikipédia, consulté le 26.02.2017[/note]. » Il y avait deux tendances, celle des « bons » (au sens catholique) comme Hugues de St. Victor, Bonaventure (1221-1274), Maître Eckhart (1260-1328), Jean Tauler († 1361). Luther admirait ce dernier à cause de ses nombreuses déclarations « évangéliques ». De leurs influences naquit un groupe d’origine allemande et suisse, autoproclamé « Amis de Dieu », qui eut aussi une certaine influence sur Luther. Il appréciait particulièrement un livre, Theologia Germanica, lequel se situe bien dans la tradition mystique catholique. Calvin et la tradition réformée fustigent cette théologie ! Soulignons, en ce qui concerne la seconde et « mauvaise » tendance, que beaucoup des mystiques allemands penchaient vers le panthéisme[note]Dieu est en toute la création, le sauvé ne peut plus pécher étant « intégré en Dieu », le Saint-Esprit est tout, l’âme devient une avec Dieu.[/note]. Le résultat a été de préférer une lecture et une interprétation personnelles des Écritures, qui ont été réduites à une place très secondaire, comme guide de la vie spirituelle.
  • Les luttes pour les pouvoirs royaux, religieux, économiques entre les papes et les rois des États. Chaque groupe voulait contrôler tout et tous. Les papes se voyaient exclusivement investis par le pouvoir divin dans tous les aspects de la vie de chaque individu ! Les rois n’existaient que pour implémenter la volonté souveraine, comme simples servants des papes, serviteurs exemplaires du Christ ! Ces luttes sans merci ont affaibli papes et rois ; les peuples en ont subi malheureusement les conséquences : petites rebellions, mécontentement, augmentation de la pauvreté, injustices de toutes sortes, manque de libertés personnelles. Le cas de Jean de Paris († 1306) est particulièrement intéressant, il enseignait que les pouvoirs papaux et royaux dépendaient uniquement de la souveraineté du peuple, chaque pouvoir n’ayant aucun droit de s’ingérer dans la sphère de l’autre ! William d’Occam († 1350) et Dante († 1321) croyaient pareillement, et par leurs œuvres ont accompli beaucoup en vue de la réforme protestante deux siècles plus tard.
  • La période papale déchirante et très humiliante appelé la « captivité babylonienne » (1309-1377) à Avignon en France, avait entamé la sainte réputation de la papauté :
    • La population à Rome nourissait un vif ressentiment contre la papauté à cause de son absence et à cause d’une fiscalité onéreuse ;
    • L’anarchie régnait dans les États pontificaux ;
    • La fracture en Europe entre les partisans de la France et ceux de l’Angleterre pendant la Guerre de Cent Ans (1337-1453) ;
    • La situation absurde et très déstabilisante où la papauté, qui vivait dans le luxe, avait eu, pendant une période, deux ou trois papes régnant simultanément, soit à Rome, soit à Avignon, situation qui l’on appelle le « Grand Schisme d’Occident » (1378- 1417).
  • L’image désastreuse offerte par la papauté schismatique (voir ci-dessus) allait expliquer le grand succès de deux grands « pré-réformateurs » : l’Anglais John Wyclif, appelé « l’Étoile du Matin de la Réforme » (1320-1384) et le Tchèque Jan Hus (1369-1415). Leur importance pour amorcer à cette époque le démarrage de la réforme protestante future (1517) est formellement reconnue par les historiens et les érudits théologiques catholiques modernes.
    • Wyclif enseignait à l’Université d’Oxford et au travers de son étude personnelle du Nouveau Testament, il avait compris que les Saintes Écritures, la Bible, étaient la seule autorité spirituelle incontestable pour l’Église. Ce constat, évident lorsque le lecteur sincère lit la Parole de Dieu, poussa Wyclif à commencer sa carrière en critiquant Rome pour ses richesses et sa puissance politique sur une base biblique, allant même jusqu’à appeler le pape qui nageait dans le luxe, « l’Antichrist ». Convaincu que le peuple anglais avait besoin de la Bible latine traduite dans sa propre langue, lui et d’autres s’attelèrent à la tâche. Il envoya des « pauvres prêtres » (appelés « Lollards ») avec les Écritures partout dans le pays. Le vrai peuple de Dieu formait la communauté des prédestinés, ceux qui avaient une relation personnelle avec Christ : appartenir à Rome n’était donc pas important et n’avait aucun sens. Il rejeta la fausse doctrine de la transsubstantiation et la présence physique de Christ dans l’eucharistie. Il attaqua les abus explicitement démontrables du clergé, des ordres religieux, des indulgences et du sacerdoce. Les résultats ont été époustouflants, mais seulement pour un temps. Hélas, la persécution fit pratiquement disparaître cette mouvance évangélique. Dieu avait toutefois préparé la suite !
    • Pendant la période de liberté de Wyclif, des étudiants tchèques vinrent étudier à Oxford où ils furent « contaminés » par la vérité biblique. En retournant dans leur pays, la Bohême, ils partagèrent les vérités bibliques avec un certain Jan Hus qui devint le plus grand avocat de cet enseignement biblique. Un feu traversa la nation, mais la papauté et le pouvoir séculier de Bohème œuvrèrent par subterfuge pour présenter Hus au Concile de Constance (1414-1418) en Allemagne afin d’y alléguer ses doctrines. Il fut faussement accusé d’hérésie, condamné et brûlé vif en 1415[3]! En dépit de sa mort, la mouvance qu’il avait initiée, devint nationale avec les hussites. Ils demandèrent à l’Empereur Sigismond en 1420 d’accepter leurs quatre articles : la liberté de prédication, la communion des éléments (pain et vin) distribués à tous, l’interdiction aux prêtres de posséder des biens temporels et des sanctions publiques contre des péchés considérés comme mortels, surtout la simonie[note]La simonie est, pour les catholiques, l’achat et la vente de biens spirituels, tout particulièrement d’un sacrement. Ce terme vient de Simon le magicien qui souhaitait acheter aux apôtres le pouvoir de remplir du St-Esprit ceux à qui il imposerait les mains (Actes 8.9ss).[/note] ! Il les rejeta ultérieurement. Les descendants conservateurs des hussites formèrent l’Église morave en 1457, laquelle existe encore en de petits groupes en Allemagne, aux Pays-Bas et aux États-Unis.
  • La Renaissance italienne peut être définie comme l’ère d’une réorientation culturelle et intellectuelle par laquelle les hommes ont remplacé l’approche spirituelle médiévale et une vie où le respect des règles de la société limitait la responsabilité individuelle par une conception séculière et individualiste. La vision théocentrique de la vie a cédé la place à une vision anthropocentrique dans laquelle l’homme est la mesure de tout. L’accent a été mis sur la gloire de l’homme et de ses accomplissements. Ce changement graduel a surtout été initié par la fuite des érudits, pénétrés par la culture gréco-romaine du Proche-Orient, avant la chute de Constantinople en 1453. La sagesse gréco-orientale, avec la redécouverte de Platon et Aristote, a créé un ferment intellectuel où l’on cherchait des réponses aux questions existentielles de la vie chez les auteurs païens. On se passionnait pour la sagesse antique et la beauté des formes physiques, littéraires et artistiques du passé, avec une approche humaniste, optimiste et expérimentale où la religion était réduite à du formalisme. Au nord des Alpes, c’est le retour vers des études de la Bible à cause des manuscrits en hébreu et en grec amenés par les érudits. Le premier livre imprimé par Gutenberg en 1455 fut la Bible qui commença alors à être consultée par un plus grand nombre.
  • La peste noire : On estime que la peste noire (bubonique) a tué au total entre 30 et 60% de la population européenne, faisant en cinq ans (1347-1352) environ vingt-cinq millions de victimes, et jusqu’à 50 millions pour tout le siècle. Cette épidémie, un des faits les plus importants de l’histoire démographique de l’Occident, eut des conséquences durables sur la civilisation européenne. Elle était surtout transmise et transportée par les puces des rats noirs, également appelés les « rats de maison » et « rats de navire », aimant à vivre près des gens. Cette qualité même le rend dangereux (en revanche, le rat brun ou gris préfère garder ses distances, se cantonnant dans les égouts et les caves).

L’aboutissement de la Réforme

À l’aube du XVIe siècle, à cause de deux siècles de maladresses, d’erreurs et de scandales frappant de la papauté, l’opinion publique est dans l’attente d’un renouveau religieux. La papauté était vraiment la seule autorité régnante en Europe ! Un immense appétit pour l’intervention du divin se faisait sentir partout et la papauté tenait à elle seule la clé d’une réforme générale. Les abus religieux suivants rendent évidents cette nécessité :

  • Le poids de la fiscalité papale exigée de tous. Tout droit ou privilège devait aussi s’acheter.
  • La vente par l’Église, propriétaire d’immenses domaines, au plus offrant (souvent aux plus indignes), le droit de « profiter » des richesses des évêchés et abbayes.
  • La médiocrité spirituelle, intellectuelle et morale d’un bas clergé totalement inculte.

Dans le même temps, on assiste à une évolution des idées où tout a été remis en cause :

  • À partir du XIe siècle, la scolastique[note]Définition : voir plus haut[/note] est en vogue dans l’église papale pendant les XIe-XIIIe siècles. Les théologiens employaient les syllogismes[note]Le syllogisme est un raisonnement logique à deux propositions conduisant à une conclusion qu’Aristote a été le premier à formaliser[/note] pour débattre sur la relation entre la foi et la raison. La révélation de Christ est-elle compatible avec la raison humaine ? Si elle est compatible, laquelle a la priorité ? Thomas d’Aquin (1225-1274) estimait la raison humaine capable de discerner la vérité au sujet de Dieu. Un but important fut de défendre à tout prix le système papal rigide des dogmes. Or, ce « monument » philosopho-théologique fut attaqué par le phénomène du mysticisme qui est « la croyance que l’union avec ou l’absorption dans la divinité ou l’absolu, ou l’appréhension spirituelle de la connaissance inaccessible à l’intellect, peut être atteint par la contemplation et l’abandon de soi ». Puis Guillaume d’Occam (1285-1347) troublant encore davantage les eaux de la controverse, affirma que les conceptions moralo-théologiques n’avaient rien à voir avec la raison, car elles dépendaient uniquement de la Révélation et de la foi. Toute cette ébullition sur la validité des dogmes et de l’autorité papale, ces controverses intellectuelles sur la priorité entre raison et foi, ont été des précurseurs des réformes du XVIe siècle.
  • L’humanisme qui privilégie le libre examen en rejetant les institutions papales, minimise l’importance des sacrements, libère la culture des restrictions de la pensée religieuse, l’homme devient donc autonome vis-à-vis de l’autorité spirituelle.
  • La spiritualité devient individualiste et anti-intellectuelle.
  • Les théories conciliaires qui mettent directement en cause la supériorité suprême de la papauté augmentent l’aspiration à des « églises nationales » assez indépendantes.

Enfin, il est nécessaire de souligner les mutations profondes dans toute la société, voire dans les mentalités, suite à des événements exceptionnels :

  • La découverte de l’Amérique (1492).
  • L’invention de l’imprimerie (1454).
  • L’apparition de l’économie monétaire : la monnaie fiduciaire est la représentation de la valeur qui se substitue à la valeur elle-même. La valeur réelle cède la place à une valeur fondée sur la confiance du public, la monnaie se dématérialise. La « monnaie de papier » est celle qui est émise par des échangistes privés à la réputation solide. Les parités des différentes monnaies en circulation dépendent de la réputation respective de chaque émetteur de monnaie.
  • La volonté d’indépendance des princes allemands par rapport à l’Empire.
  • L’exaspération des paysans par rapport à leurs propriétaires terriens.

Ainsi le XVe siècle, fédérant tous les courants d’insatisfaction des XIIIe-XIVe siècles, débute avec un ferment qui n’attend plus que l’étincelle qui enflammera tous les secteurs de la vie européenne. Le « fourrage » prêt à recevoir l’étincelle a été le trafic d’indulgences. Ce phénomène, établi juridiquement au XIIe siècle par la papauté, est la prorogation d’une « peine » éternelle qui acquitte des conséquences futures d’un péché. Cette relaxe était garantie par un échange d’argent. On achetait son acquittement devant Dieu Juge. L’indulgence remplaçait des pénitences très sévères imaginées et imposées par la papauté.

Un moine augustinien allemand, Martin Luther (1483-1546), totalement insignifiant, mais très indigné par la vente des indulgences, réagit d’une manière publique le 31 octobre 1517. Il cloua ses « 95 Thèses » en latin sur la porte principale de l’église de Wittenberg, uniquement en vue de provoquer un débat public sur la validité des indulgences et sur l’autorité papale. Les 95 thèses ont été rapidement traduites en allemand, largement copiées et imprimées. Dans les deux semaines, elles avaient été répandues dans toute l’Allemagne et dans les deux mois dans toute l’Europe ! Luther n’a jamais eu d’autre intention que de voir une petite réforme à l’intérieur de l’église catholique ; créer un déchirement total n’était pas son désir. Malgré son souhait innocent de corriger certaines erreurs, la réforme protestante était en marche, sans possibilité de retour. Évidemment, en comprenant l’importance de son rôle de pionnier, il assuma totalement et fidèlement son implication dans la Réforme. Gloire à Dieu !

les articles plus lus

En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)