Argent et Service de Dieu

Article extrait de la revue Ichthus, no 82, Mars 1979


I. Les bénédictions de la libéralité

L’Ecriture déclare sans détour que la générosité du chrétien sera récompensée. Elle lui promet la bénédiction en abondance (Mal 3.10), le bonheur (Act 20.35), du fruit (Phil 4.17), et elle dit à ceux qui donnent: Il vous sera donné (Luc 6.38). Il reste cependant à déterminer si ces textes peuvent justifier le lien étroit et direct que certains prédicateurs établissent entre leurs appels d’argent et des offres de succès matériel et de guérison divine. Est-il légitime de présenter la prospérité corporelle et financière comme «la moisson d’un don-semence» et comme faisant partie intégrante de «la vie abondante promise par l’Evangile ?» Il nous semble qu’en interprétant de telle façon ces promesses, on va au-delà de ce qui est écrit et à l’ encontre de certains enseignements bibliques connexes.

Nous trouvons décrite dans l’Ecriture une certaine façon de mélanger l’argent et la religion qui conduit à un «trafic», c’est-à-dire à un culte commercialisé. Jésus purifia le Temple en s’écriant: Ne faites pas de la maison de mon Père une maison de trafic (Jean 2.16). Pierre nous avertit: Par cupidité, ils trafiqueront de vous au moyen de paroles trompeuses (2 Pi 2.3). Mais en quoi, au juste, consiste un trafic? A quel moment des mouvements de fonds dans l’Eglise revêtent-ils un caractère illicite?

1. Il y a abus, et par conséquent «trafic» lorsque la somme versée perd son caractère de «don» (Phil 4.17), de «libéralité»et de «sacrifice» (Héb 13.16) et devient un paiement en vue d’une acquisition. Simon le magicien offrit de l’argent aux apôtres en échange d’une bénédiction et d’un pouvoir spirituels. On se souvient de la réponse de Pierre: Que ton argent périsse avec toi, puisque tu as cru que le don de Dieu s’acquérait à prix d’argent (Act 8.20). Dieu donne gratuitement et il accepte aussi nos offrandes volontaires, mais Il n’entre en transaction avec personne. C’est à la vue des «vendeurs» et des «changeurs»dans le Temple que s’est enflammée la colère de Jésus (Jean 2.15-16). En revanche, qu’il y ait commerce et négoce en dehors du Temple, rien de plus normal à ses yeux (Mat 25.16-17).

En d’autres termes, que l’argent entre dans le Temple, sous forme d’offrandes, Il ne pouvait que l’approuver (Luc 21.1-4). Mais un marché dans le Temple voilà ce qui lui était en abomination. Les bienfaits de Dieu ne s’obtiennent pas «donnant-donnant». Une oeuvre chrétienne n’a le droit en aucun cas d’offrir ces bénédictions en échange d’une contribution pécuniaire.

2. Il y a également trafic lorsque la rétribution du versement est présentée comme devant nécessairement être accordée en biens matériels. Cela risque de faire appel, on le conçoit sans peine, à des mobiles qui ne sont pas purs. La promesse de Mal. 3.10 est-elle vraiment «un pacte d’abondance garantissant la prospérité financière?» Et la somme versée par un chrétien au nom de ce verset devient-elle de la sorte un «placement infaillible ?» Il n’est pas exclu que Dieu récompense nos largesses en pourvoyant à tous nos besoins (Phi14.17 -19), mais il est précisé: Vous serez de la sorte enrichis à tous égards pour toute espèce de libéralité (2 Cor 9.11). Son but n’est pas que nous accroissions notre fortune mais que nous soyons à même de venir en aide aux autres. Celui qui contribuerait à une oeuvre chrétienne par intérêt et pour un avantage matériel irait à l’encontre de la parole de Héb. 13.5: Ne vous livrez pas à l’amour de l’argent: contentez-vous de ce que vous avez. C’ est le mobile du versement qui serait mauvais. Ce n’est pas l’argent qui est une racine de tous les maux mais bien l’amour de l’argent (1 Tim 6.10).

D’autre part, s’il en était ainsi, les généreux seraient toujours des riches et la disette serait une preuve de parcimonie. Or, que nous est-il dit de nombreux héros de la foi ? Ils allèrent ça et là vêtus de peaux… dénués de tout (Héb 11.37). Et Paul couvrait de sarcasmes les Corinthiens prospères en ces termes: Déjà vous êtes rassasiés, déjà vous êtes riches. Dieu, ce me semble, a fait de nous, apôtres, les derniers des hommes… Jusqu’à cette heure, nous souffrons la faim, la soif; la nudité (1 Cor 4.8-11). Asaph constatait avec perplexité la prospérité des méchants (Ps 73) et Jésus déclare: Heureux vous qui êtes pauvres (Luc 6.20). L’Ecriture ne justifie tout simplement pas l’établissement d’un lien direct et nécessaire entre la piété ou l’esprit de sacrifice et l’abondance financière. Le «culte de la prospérité» et «l’évangile du succès» ne sont pas d’inspiration biblique.

3. On trafique aussi des gens en leur promettant de la part de Dieu la récompense de leurs dons ici-bas et maintenant. L’ enseignement de l’Ecriture sur le moment où sont accordées les récompenses est clair. C’est au tribunal du Christ (2Cor5.10), au jour de son retour (1 Cor 3.12-15; 4.5) et après la mort qu’elles le seront (Apoc 2.10). C’est pour cela que Jésus nous exhorte: Ne vous amassez pas des trésors sur la terre… mais amassez-vous des trésors dans le ciel… car là où est ton trésor, là aussi sera ton coeur (Mat 6.19- 21). Le prédicateur qui offre un trésor sur la terre le fait contrairement à l’ordre du Seigneur et favorise, chez ses auditeurs un attachement aux choses de ce monde. En écartant résolument de leurs campagnes financières ces trois abus, les églises et les oeuvres chrétiennes pourront éviter les principaux éléments propices à un trafic.

2. Déontologie en matière de gestion ecclésiastique

1. Il faut éviter des appels financiers à des personnes non-converties: Le sacrifice des méchants est quelque chose d’abominable (Prov 21.27). Dieu ne veut rien recevoir de personne tant qu’on rejette son Fils. Nous ne devons pas aider les impénitents à apaiser Dieu et leur conscience au moyen d’une obole. On rabaisse l’Evangile aux yeux des non-croyants en l’annonçant à leurs frais. En parlant de la libéralité des Macédoniens, Paul apporte cette précision importante: Mais ils se sont d’abord donnés eux-mêmes au Seigneur (2 Cor 1.5).

2. Il faut que l’ organisation chrétienne soit «une maison de verre» par rapport à ses finances. Paul écrivait: Nous agissons ainsi, afin que personne ne nous blâme au sujet de cette abondante collecte… car nous recherchons ce qui est bien, non seulement devant le Seigneur, mais aussi devant les hommes (2 Cor 8.20-21). L’apôtre insiste qu’il n’est pas suffisant pour celui qui gère des fonds d’avoir la conscience tranquille. Il doit les gérer de manière à rendre impossible le moindre blâme, c’est-à-dire de manière à éviter tout soupçon. Pour ce faire, de nos jours, il faut assurer une vérification annuelle de la comptabilité par un expert comptable ou des firme spécialisées extérieurs. Un résumé de ce bilan doit être communiqué d’office à tous les amis et donateurs. Ce bilan doit permettre de distinguer facilement, outre les dépenses pour frais généraux, celles pour relations publiques et celles faites spécifiquement pour le ministère. Une déclaration décrivant en détail les buts et objectifs de l’organisation ainsi que sa profession de foi doit aussi être tenue à la disposition du public chrétien intéressé.

3. Les structures de l’organisation doivent assurer une certaine séparation des pouvoirs pour que soient dissociés le ministère de la Parole et la gestion financière. Quand il y a cumul des fonctions, c’est toujours au détriment soit des considérations spirituelles, soit des intérêts pécuniaires de l’Oeuvre. L’Eglise de Jérusalem avait connu une dispute au sujet de questions matérielles (Act 6.1 ). Les apôtres, dont la gestion avait été mise en cause, décidèrent que la meilleure façon de dissiper de tels malentendus était de faire élire par l’assemblée des diacres qui jouiraient de la confiance de chacun (6.2-6). Ceux-ci déchargeraient les apôtres des tâches administratives pour que ces derniers puissent davantage se donner à la prière et au ministère de la Parole (v. 4). Cette façon de faire favorisait une saine gestion de la part des diacres – qui se sentaient responsables vis-à-vis des membres – mais favorisait aussi une plus grande confiance et une libéralité accrue de la part de ces derniers.

Pour les organisations qui ne sont pas des Eglises locales et dont tous les amis et donateurs ne pourraient ni ne voudraient devenir membres de l’association, la marche suivante devrait être adoptée: constituer un conseil d’administration vraiment actif, qui assume pleinement ses responsabilités, et qui soit composé principalement de personnes n’étant pas des employés de l’organisation. Il faut nommer un comité des finances et de contrôle composé de personnes également non-employées.

4. L’oeuvre authentique chrétienne doit marcher par la foi et non par la vue (2 Cor 5.7). Tout en agissant avec sobriété et vigilance, elle doit être animée de cet esprit d’ entreprise qui seul est conforme à l’immensité des tâches que Dieu confie à ses enfants. Une gestion statique et dépouillée de risques n’est à la gloire de Dieu ni propre à assurer la croissance de son oeuvre. La conquête de Canaan ne fut possible qu’après le passage du Jourdain. Les eaux du fleuve ne s’écartèrent devant le peuple qu’après que les sacrificateurs eurent fermement planté les pieds dans l’eau et se furent ainsi mouillés(Jos3.l3, l5).Pours’emparer du pays promis, il ne faut pas attendre que tous les moyens d’y parvenir soient préalablement en vue, assurés et acquis. Dieu veut souvent que ses enfants fassent un pas par la foi avant d’ouvrir devant eux le chemin. Pour une oeuvre, un tel pas pourrait comporter un financement. Il ne semble pas qu’un prêt hypothécaire doive tomber sous l’interdiction de Rom. 13.8: Ne devez rien à personne. Celui qui prête ne reçoit pas seulement des intérêts mais il est assuré, en cas de non- paiement, de récupérer le bien immobilier. Si le prêt est conforme aux normes généralement en cours, il s’ agit d’une simple location d’argent.

5. Aucune communauté ou organisation chrétienne ne devrait mettre de côté de l’argent dans le but de vivre de ses rentes. Ce trésor, pas plus qu’un autre, ne sera épargné par la teigne et la rouille (Mat. 6.19). Lorsque le peuple de Dieu au désert accumulait des provisions de manne pour le lendemain, il les retrouvait pourries (Ex 16.20). Il est évident que la recommandation d’amasser pendant l’été (Prov 10.5) doit uniquement permettre de parer à des fluctuations saisonnières, donc, prévisibles. Jésus traita d’«insensé» l’homme qui avait amassé des biens en réserve pour plusieurs années au lieu d’être riche pour Dieu (Luc 12.16-21).

Vouloir parer à toute éventualité est donc une négation de la foi et s’accompagne nécessairement d’un appauvrissement spirituel. Consacrer l’argent qui rentre à l’évangélisation et à l’extension du ministère que Dieu a confié à l’organisation est l’investissement le plus rentable, spirituellement et pour l’éternité. La nécessité de s’attendre au Seigneur pour l’étape suivante permettra à chacun de rester dans la dépendance et l’humilité. C’est par la prière que l’ Oeuvre avance le plus sûrement. Mais comment demander à Dieu ce qu’on possède déjà et comment faire de bonne foi, un appel à la libéralité de ses enfants si un nouveau projet pouvait très bien être financé en puisant dans les réserves?

6. Tout donateur a droit à une pièce justificative. Si ce n’est pas toujours une lettre de remerciement (Phil 4.l8), cela peut être un reçu ou un bon d’encaissement. Lorsque le donateur précise à quoi il destine la somme versée, il faut que ses désirs soient respectés et qu’on n’emploie pas l’argent, même temporairement, à autre chose.

Ces quelques principes à observer dans la gestion des choses matérielles devraient aller de soi, mais il sont d’une importance toute particulière pour les oeuvres chrétiennes. Jésus dit: Si vous n’avez pas été fidèles dans les richesses injustes, qui vous confiera les véritables?(Luc 16.1 1 ).Lorsqu’une Eglise ou une organisation manque de conscience, de vigilance ou même de compétence dans les questions financières (qui ne sont que des moyens) il faut reconnaître, qu’en général, elle ne se voit pas confier par le Seigneur le ministère et le rayonnement spirituels auxquels elle aspire et pourrait prétendre.

G.W.

Si vous n’avez pas été fidèles dans les choses injustes, qui vous confiera les véritables ?
Luc 16.11

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En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)