Accompagner les personnes en deuil

L’espérance chrétienne face à la mort ne supprime pas la douleur de la perte de nos proches. Comment mettre en pratique l’exhortation de Paul : « Consolez-vous donc les uns les autres par ces paroles » (1 Thes 4.18) ? En reliant l’analyse du parcours du deuil avec les vérités bibliques, cherchons comment devenir un interlocuteur à l’écoute des besoins des personnes endeuillées que nous rencontrons.
Cette étude relève donc de la théologie pratique plus que de la dogmatique.

L’accompagnement des personnes endeuillées fait partie de notre mission en tant que chrétiens ; et pourtant nous nous trouvons souvent démunis.
Les conséquences du deuil pour les chrétiens sont nombreuses. La foi n’empêche pas leur impact ; parfois même, la souffrance du deuil vient questionner la foi de nos frères et sœurs. Il nous faut donc nous armer pour pouvoir leur offrir un soutien fort et indéfectible !

1. La mort, un choc ! Et un questionnement…

Quand le souffle disparaît d’un corps pour ne laisser que de l’inerte, un temps de sidération est inévitable. Choc de l’irruption d’un changement définitif et total : la personne était vivante il y a quelques minutes et, d’un coup, elle n’est plus là, elle ne reviendra pas.
La Bible nous parle de ce choc de la mort qui surgit dans le monde créé par Dieu. En Romains 5.12, la mort est présentée comme la conséquence de la rupture avec Dieu. La réalité de la mort a impacté toutes les cultures. À travers l’Histoire et les continents, les rites funéraires ont pour objectif de créer un pont entre les vivants et les morts. Ils correspondent à un devoir à rendre à la personne décédée, en respectant ses dernières volontés et en facilitant son passage vers un au-delà ; les rites expriment aussi le besoin social d’entourer les proches.
Face à la mort d’un proche, chacun se questionne sur sa propre mort, inéluctable. À la douleur de perdre un être aimé, se mêle la conscience ravivée de sa propre finitude qui peut engendrer peur, tristesse, révolte…
Là aussi, on pourrait directement affirmer notre vie éternelle en Christ.
Mais n’oublions pas qu’avant notre résurrection, il y a aussi le passage par la mort, avec tout le dépouillement que cela suppose. L’enjeu est de pouvoir assimiler le fait inéluctable de devoir un jour traverser la mort, en donnant du sens à notre vie, du fait même de sa brièveté.

2. Le deuil, une épreuve de vie

Le deuil est un état douloureux provoqué par la perte d’un être humain. Le lien qui me mettait en relation avec l’autre est coupé.
Mais le deuil est aussi un parcours : le processus psychique par lequel une personne parvient progressivement à se détacher d’un être cher qui est mort.
Le deuil est un processus de guérison qui se fait dans la durée, naturellement. Chaque deuil est unique.
Néanmoins, on relève un certain nombre de constantes entre les histoires des uns et des autres.

Conséquences du deuil

• Psychologiques : ce sont les plus évidentes. 39 % des endeuillés disent avoir eu des effets psychologiques (allant dans 12 % des cas jusqu’aux pensées suicidaires) ;
• physiques : le corps parle et exprime la douleur par des symptômes très variés ;
• familiales et relationnelles  : l’endeuillé doit recomposer son paysage relationnel pour faire face au manque ;
• professionnelles : plus d’un actif sur deux a eu besoin d’un arrêt de travail pour encaisser le choc d’un deuil ;
• financières : diminution des ressources ou questions autour de l’héritage (jalousies, conflits au sein des fratries) ;
• spirituelles : selon une enquête, 30 % des personnes ont connu des ébranlements de conviction spirituelle.
Pour les chrétiens aussi, il se peut que la brutalité ou l’injustice de certaines morts vienne heurter leur foi.
Si Dieu est tout-puissant, comment peut-il accepter cette mort si atroce ? Si Dieu est amour, comment peut-il vouloir nous séparer ? Si Dieu écoute ses enfants, pourquoi n’a-t-il pas répondu aux demandes de guérison ou de protection ? Ces questions ont leur place dans le deuil. Les appels au secours des Psalmistes disent assez l’importance d’oser exprimer oralement sa souffrance.

Le temps du deuil

Une des découvertes de l’enquête du CRÉDOC [note]Centre de Recherche pour l’Étude et l’Observation des Conditions de vie, Consommation et modes de vie N° 286 ISSN 0295-9976, Octobre 2016[/note] est de montrer combien les processus de deuil sont plus longs qu’il n’y paraît. 42 % des français sont en deuil ! 24 % sont dans ce processus depuis moins d’un an, 34 % depuis 1-5 ans, 31 % depuis 5-20 ans, 12 % depuis plus de 20 ans. Dire que certains parlent d’un deuil à clore en quelques mois !
Comme dirait l’Ecclésiaste, il y a un temps pour tout.
Un temps pour rire et un temps pour pleurer (3.4). Le temps des larmes est utile pour vider son chagrin.

3. Les étapes du deuil

Elisabeth Kubler-Ross (médecin, pédiatre et psychiatre, 1926-2004) a défini des étapes du processus de deuil.
Chaque individu reste plus ou moins longtemps sur chaque étape. Dans les cas difficiles, certains endeuillés restent bloqués à une étape.
• Le choc et le déni : juste après le décès, la personne est coupée de la réalité par une sidération qui met à distance le stress. Même si le cerveau intellectuel a intégré le décès, l’information n’a pas encore atteint les niveaux plus intérieurs. Les émotions sont alors comme anesthésiées. Le déni s’apparente au refus de croire à la réalité.
• La colère : la colère est normale dans un processus de deuil. On est en colère contre les médecins, la famille, soi-même, la vie ou Dieu. Il y a aussi des colères contre le défunt : il nous a abandonnés, il n’a pas rempli son contrat relationnel.
• La négociation ou marchandage : c’est une volonté de remonter le temps, pour changer le cours des choses. Elle naît souvent de la culpabilité ; « si seulement j’avais fait ou pas fait… » On essaie ainsi d’échapper à son propre sentiment d’impuissance.
• La dépression ou tristesse : l’endeuillé ressent un grand vide intérieur. Il se replie sur lui et la dépression vient engourdir le système nerveux. La tristesse est légitime.
• L’acceptation : quand la vie reprend le dessus, une lente remontée a lieu ; l’endeuillé redéfinit son identité, sa relation aux autres, ses objectifs de vie… Celle-ci entraînera une période de reprise de la vie par petites touches. Puis on reprend progressivement la capacité à décider et choisir (Cf. David en 2 Sam 12.20,24).

Il y a dans la courbe des étapes du deuil un mouvement descendant puis un mouvement remontant. La phase la plus basse, au milieu, est celle de la tristesse ; elle peut surprendre l’entourage à un moment où l’on pense que, le deuil ayant déjà commencé depuis un certain temps, il serait possible de déjà remonter.
Or, le découragement et le vide se font souvent plus fortement ressentir au bout de quelques mois.

Concluons cette présentation des étapes du deuil en précisant que ce parcours mène à la vie : en sortant du deuil, on s’aperçoit que l’on peut non seulement survivre mais savourer la vie !

4. Accompagner le deuil

L’endeuillé peut croire que personne ne peut vraiment comprendre sa douleur. Accompagner le deuil, c’est rejoindre la personne pour briser le cercle de sa solitude, par sa présence. La consolation se nourrit de l’affection.

Écouter

Un des aspects de l’écoute est de reconnaître la légitimité du deuil et de toutes les émotions qui y sont liées. Cela demande une sensibilité pour faire preuve d’empathie, alliée à une solidité intérieure. Écouter est l’attitude première et essentielle.
L’écoute se fait d’abord autour de trois espaces de questionnements à développer :
• Qui ? Parlez-moi de lui… Il s’agit de faire parler du défunt. En faisant le récit de sa vie, de son caractère, avec quelques anecdotes, pour quelques minutes, on le fait revivre, on honore sa mémoire.
• Quoi ? Que s’est-il passé ? Qu’avez- vous vécu au moment du décès ? Les endeuillés ont besoin de raconter. C’est une façon de sortir du traumatisme et aussi d’accepter ce réel.
• Où en êtes-vous ? Après avoir parlé de celui qui est mort, il est bon de donner à la personne en deuil toute notre attention. Cela lui permet aussi de se recentrer et de reprendre contact avec la vie.

Le silence peut aussi avoir sa place : il ne s’agit pas là de remplir l’espace ou d’avoir le dernier mot. Voir pleurer quelqu’un peut mettre mal à l’aise. Mais permettre à la personne de pleurer, c’est lui offrir une épaule sur laquelle s’épancher pendant quelques minutes ; c’est prendre soin d’elle.

Soutenir

L’endeuillé est celui qui fait le parcours du travail de deuil. Il n’y a pas lieu de le faire à sa place. Cependant, l’accompagnement consiste à le soutenir. Ce soutien n’est à envisager d’une façon ni autoritaire (ne rien faire sans son accord), ni paternaliste (« vous devriez … »), ni lénifiante (« ça va passer »). Il s’agit plutôt de, pas à pas, nommer les avancées, chercher ensemble les appuis. En tant que chrétiens évangéliques, nous pouvons offrir une « constance sereine » : l’endeuillé peut exprimer sa douleur de façon paradoxale en alternant hyperactivité et abattement. Accepter ces variations avec calme fait partie de la mission de l’accompagnant. Soutenir, c’est aussi prier : assurer la personne de ma prière lui donne un appui affectif et spirituel. L’aider à retrouver elle-même le chemin de la prière est un soutien utile.
Parfois, le soutien le plus utile sera une aide matérielle (rangements) ou administrative (formalités). Le soutien sera particulièrement fort au moment des dates importantes : Noël, l’anniversaire du défunt et le premier anniversaire de sa mort. Le maître mot : accompagner la personne à son rythme et selon ses besoins !

Témoigner

C’est une tâche spécifique du chrétien : être témoin de l’Évangile, la bonne nouvelle du Salut. L’annonce de l’amour de Dieu est un des piliers de notre témoignage.
L’injonction de Paul que nous citions pour commencer : « Consolez-vous donc les uns les autres par ces paroles » (1 Thes 4.18) vient souligner le fait que les promesses de Jésus concernant la vie après la mort changent radicalement la perspective de la mort. Pour un chrétien, la certitude de la sérénité dans laquelle reposent nos bien-aimés disparus apaise la souffrance du deuil [note] Quand cette certitude est absente, l’apaisement demande une difficile prise de recul :Cf. John Piper, How do I find peace when unsaved loved ones die?The Gospel Coalition [NDLR] .

Pour conclure

Le prophète Ésaïe proclamait : « Consolez, consolez mon peuple ! » (40.1). Cet ordre prophétique est-il encore d’actualité ? Il semble bien si on écoute l’apôtre Paul : « Il nous console dans toutes nos détresses, pour nous rendre capables de consoler tous ceux qui sont en détresse, par la consolation que nous recevons nous-mêmes de Dieu » (2 Cor 1.3,4 ; trad TOB). Le mot grec est paraklesis pour consolation et parakaleo pour le verbe consoler. La racine « para-kaleo » revient 9 fois en 6 versets. Elle se traduit littéralement par « appeler auprès de… ». La consolation est bien une présence aux côtés de celui qui souffre.
Sachant que le parakletos est aussi le mot désignant le Saint-Esprit (Jean 15.26), on fera le rapprochement entre consolation et action du Saint- Esprit. La consolation est au cœur de la mission de Dieu envers chaque être humain et il veut nous employer à cela !
En conclusion, la consolation s’appuie sur la conscience de la douleur de l’autre, et la force d’une conviction chrétienne intérieure. La consolation se joue dans la vérité de cette relation d’affection. La consolation oblige donc son auteur à tenir ensemble la douleur de l’autre (sans l’occulter) et la force intérieure de sa propre foi.
Passer des larmes au sourire, sera ensuite son chemin de deuil, sur lequel nous l’accompagnerons, pas à pas, dans la confiance en Celui qui est la Vie.

Version condensée par la Rédaction de Promesses de : Nicole Deheuvels, « Accompagner le deuil », l’IBphile, n°194, avril 2022
https://www.ibnogent.org/ibphile-de-linstitut-biblique/

les articles plus lus

En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)