Abraham prépare son avenir par la foi

Abraham occupe dans la Bible une place de choix : dépositaire de promesses inconditionnelles de Dieu, chef de la lignée à l’origine du peuple d’Israël, héros de la foi. Dans la liste des hommes et femmes de foi en Hébreux 11, l’expression « par la foi » introduit quatre rappels que Dieu se plaît à faire de la vie d’Abraham et de Sara. En mettant en parallèle les textes historiques de la Genèse et les réminiscences de l’Épître aux Hébreux, nous verrons que, dans ces quatre occasions, Abraham a compris, par la foi, qu’il devait laisser quelque chose pour son Dieu et que cet abandon était paradoxalement la meilleure façon de préparer son avenir. Et sa foi va même plus loin, jusqu’à entrevoir son avenir éternel.

  1. Par la foi, Abraham… laisse son pays et sa parenté

« C’est par la foi qu’Abraham, lors de sa vocation, obéit et partit pour un lieu qu’il devait recevoir en héritage, et qu’il partit sans savoir où il allait. » (Hébreux 11.8)

Dieu avait appelé Abraham alors qu’il vivait à Ur, en Chaldée, au milieu d’une civilisation brillante et évoluée : « Quitte ton pays et ta famille, et va dans le pays que je te montrerai. » (Act 7.3) Abraham obéit… mais en partie seulement. C’est son père qui prend l’initiative du voyage et qui part avec Abraham, sa femme et Lot, l’un de ses petits-fils (Gen 11.31). Abraham laisse bien son pays, mais pas sa parenté.

Le point de départ de notre vie de foi est toujours le même : quitter notre « pays », c’est-à-dire laisser moralement derrière nous le monde dans lequel nous avons vécu jusque-là pour aller vers l’inconnu, en suivant l’appel de Dieu. Pour certains, cet abandon peut coûter cher : les avantages matériels et intellectuels d’Ur étaient incomparablement plus grands que la vie précaire d’un nomade. Se décider pour Dieu, c’est donc faire le choix de partir pour un pays inconnu ; mais parce que c’est Dieu, le « Dieu de gloire », qui nous y appelle, nous y allons.

La famille d’Abraham ne va pas jusqu’au pays promis, mais elle s’arrête à Charan, à mi-chemin entre Ur et Canaan, jusqu’à la mort du père. Alors Dieu dit à Abraham, non plus : « Viens », mais : « Va-t’en » (Gen 12.1) ! Pour pouvoir progresser sur le chemin de la foi, Abraham doit aussi laisser sa parenté.

Pour ceux d’entre nous qui ont eu des parents chrétiens, et donc une enfance protégée, il est souvent moins difficile de laisser notre « pays » ; mais nous avons aussi à apprendre un jour à ne plus compter sur nos parents pour avancer sur le chemin de la foi. Il nous faut devenir autonomes et avoir désormais une relation directe avec Dieu. Par exemple, notre lecture de la Bible devient personnelle et ne se limite plus à la lecture en famille ou aux réunions. Nous laissons le confort d’appuis familiaux qui nous ont été très utiles pendant un moment, pour aller seuls vers l’inconnu. Mais comme pour Abraham, une riche bénédiction nous attend.

  1. Par la foi, Abraham… laisse les richesses

«C’est par la foi qu’il vint s’établir dans la terre promise comme dans une terre étrangère, habitant sous des tentes […]. Car il attendait la cité qui a de solides fondements, celle dont Dieu est l’architecte et le constructeur. » (Hébreux 11.9-10)

Abraham est parti d’une des plus riches cités de l’époque pour devenir nomade. Après une fâcheuse expérience en Égypte, voilà Abraham devenu très riche. Comme souvent lorsque vient l’abondance, les difficultés arrivent : ses bergers et ceux de son neveu Lot se disputent. Abraham a une sage réaction et propose à Lot qu’ils se séparent. Contrairement à l’ordre normal, c’est lui, l’aîné, qui laisse le plus jeune choisir. Notons bien qu’Abraham n’a pas choisi la montagne ; il laisse Dieu choisir pour lui, sans craindre de se retrouver dans la plaine. Il est libre face au choix de son neveu (Gen 13.9). Le drame pour Lot n’est pas de choisir la plaine mais vient du motif de son choix : il regarde à l’apparence matérielle (la plaine est bien arrosée) plutôt qu’à la portée spirituelle de son acte (il va aller vivre à proximité de « grands pécheurs contre l’Éternel »).

Plus tard, alors que le patriarche demeure toujours dans des tentes, Lot habite à Sodome, où il est pris dans les agitations politiques du moment (Gen 14.12). Abraham le délivre et se voit offrir à nouveau des richesses par le roi de Sodome. Va-t-il, lui aussi, succomber, cette fois-ci ? Non, il reste à la fois ferme (il refuse tout butin) et juste (il réclame une part pour ses compagnons de bataille). Derrière les questions matérielles, il discerne un enjeu spirituel. C’est alors que Dieu se présente devant lui comme sa richesse suprême : « Je suis ta très grande récompense. » (Gen 15.1, Darby)

Lorsque nos biens matériels sont en jeu, que ce soit par rapport à d’autres frères dans la foi (Gen 13), ou à des incrédules (Gen 14), savons-nous montrer le même désintéressement, la même fermeté, la même liberté qu’Abraham pour laisser le choix à Dieu ? Ou bien notre vision spirituelle est-elle appesantie par notre attachement excessif aux choses matérielles ou par la peur de manquer dans le futur ? Ne nous leurrons pas : si notre échelle des valeurs personnelle ne nous fait pas d’abord considérer Dieu et les « insondables richesses » qu’il nous donne en Christ comme nos seuls biens « meilleurs et qui durent toujours » (Héb 10.34), nous risquons de manquer de foi au moment de prendre une décision. Abraham attendait la cité céleste ; c’est pourquoi il pouvait facilement laisser les richesses terrestres. Est-ce notre cas ?

  1. Par la foi, Abraham… laisse sa femme libre

«C’est par la foi que Sara elle-même, malgré son âge avancé, fut rendue capable d’avoir une postérité, parce qu’elle crut à la fidélité de celui qui avait fait la promesse. » (Hébreux 11.11)

Une nouvelle étape s’ouvre dans la vie du patriarche : Dieu scelle avec lui son alliance par le signe de la circoncision. De plus, il change son nom : Abram (père élevé) devient Abraham (père d’une multitude). Il ajoute ensuite : «Tu ne donneras plus à Saraï, ta femme, le nom de Saraï; mais son nom sera Sara. » (Gen 17.15) Certains traducteurs font remarquer que l’infime différence d’orthographe entre ces deux noms est riche de sens : Saraï (ma princesse) devient Sara (princesse).

Jusque-là, Abraham considérait sa femme comme sa possession. Certes, il l’estimait et la trouvait très belle (Gen 12.11), mais au même moment il n’hésitait pas à la prostituer auprès du Pharaon pour assurer sa propre sécurité (Gen 12.19) ! Aussi n’est-ce pas directement à Sara, mais à son mari que Dieu annonce ce second changement de nom. C’est Abraham qui a besoin de voir sa femme sous un nouveau jour : non, elle n’est pas qu’à lui ; elle a une valeur personnelle pour Dieu et une autonomie quant à sa vie de foi, elle aussi.

Le Nouveau Testament se fait l’écho de ce changement et cite deux traits remarquables de cette femme : sa foi (le verset cité en en-tête) et sa soumission (1 Pi 3.6). En comparant le récit de la Genèse avec ce témoignage de l’Épître aux Hébreux, on est peut-être un peu surpris, car Sara semble avoir montré davantage d’incrédulité que de foi (Gen 18.12-15). Mais Dieu a œuvré dans son cœur et lui a donné la force, à près de cent ans, de mener à terme une grossesse : quelle prouesse ! Son rire d’incrédulité s’est changé en un rire de joie qu’elle veut faire partager (Gen 21.6). Illuminée par sa maternité, c’est elle qui y verra clair pour chasser Ismaël (Gen 21.12).

Ces récits nous parlent, maris chrétiens : comment considérons-nous notre femme ? comme notre possession ? comme quelqu’un dont la vie spirituelle dépend nécessairement de la nôtre ? Ou bien lui laissons-nous son autonomie de chrétienne à part entière, dont le discernement est parfois bien meilleur que le nôtre ? Abraham a dû attendre des décennies de vie commune avant de recevoir cette leçon ; essayons de la comprendre à notre tour et préparons-nous ainsi une suite de vie de couple enrichie.

  1. Par la foi, Abraham… laisse son fils

« C’est par la foi qu’Abraham offrit Isaac, lorsqu’il fut mis à l’épreuve, et qu’il offrit son fils unique, lui qui avait reçu les promesses, et à qui il avait été dit : En Isaac, tu auras une postérité appelée de ton nom. Il pensait que Dieu est puissant, même pour ressusciter les morts ; aussi, il retrouva son fils, ce qui est une préfiguration. » (Hébreux 11.17-19)

Un jour, la voix divine, familière, se fait entendre à Abraham avec un message surprenant : « Prends ton fils, ton unique, celui que tu aimes, Isaac ; va-t’en au pays de Morija, et là offre-le en holocauste. » (Gen 22.2) Nous laisserons de côté la portée symbolique de ce récit, qui préfigure de façon si saisissante le sacrifice du Fils de Dieu, pour nous intéresser aux relations entre Abraham et Isaac. On peut s’étonner que Dieu ne désigne pas d’abord Isaac par son nom ; au contraire, il met en avant la relation d’Abraham avec lui : « ton », « ton », « tu » : Dieu lui demande d’offrir ce qu’il a de plus précieux. Quant au « va-t’en », ne lui en rappelle-t-il pas un autre, environ 40 ans avant (Gen 12.1) ? De la même manière qu’Abraham, au début, avait dû laisser sa parenté, il doit maintenant laisser son fils.

La foi d’Abraham atteint ici son point culminant : sans hésiter, il obéit. Nous connaissons bien sûr l’issue de cet épisode, mais Abraham, lui, ne la connaissait pas ! Il est persuadé que Dieu le conduira jusqu’au bout, et c’est la perspective de la résurrection possible de ce fils de la promesse qui le soutient dans cette épreuve. Et c’est seul qu’il revient vers ses serviteurs (Gen 22.19). Son fils est devenu autonome.

Notre foi est-elle assez forte pour, le moment venu, laisser nos enfants devenir autonomes ? Comptons-nous sur la puissance de Dieu qui peut les garder dans le futur bien mieux que nous le ferions et tout autant qu’il nous a gardés nous-mêmes ? Ne cherchons pas à faire dépendre leur avenir de nous, mais laissons-les aller vers l’autonomie, même si cette séparation nous coûte forcément.

  1. Par la foi, Abraham a entrevu son avenir éternel

Les promesses de Dieu à Abraham tournaient autour 1° d’un pays promis à sa descendance, la terre de Canaan qui deviendra le pays d’Israël et 2° d’un héritier promis, son fils Isaac. Mais la foi d’Abraham lui a permis d’entrevoir un avenir qui allait bien au-delà d’un territoire physique et d’une descendance immédiate.

Loin de se limiter à la perspective de voir ses descendants posséder la terre où il avait planté sa tente (Gen 13.15), il attendait une patrie céleste, « la cité qui a de solides fondements, celle dont Dieu est l’architecte et le constructeur » (Héb 11.10,14,16). Il se considérait comme « étranger et voyageur sur la terre », un pèlerin dont la destinée allait bien au-delà du tangible, vers l’invisible, vers la cité préparée, vers Dieu lui-même. Ses descendants physiques, qui se disputent tant le territoire où Abraham a vécu, devraient reconsidérer la perspective qui fut celle de leur ancêtre.

De même, la promesse d’un fils tant attendu s’élargissait pour Abraham à une seule descendance, en qui se réaliseraient les promesses de bénédiction universelle que Dieu lui avait faites : Christ (Gal 3.16). Jésus a affirmé à des Juifs, si fiers d’être des enfants d’Abraham : « Abraham, votre père, a tressailli de joie de ce qu’il verrait mon jour : il l’a vu, et il s’est réjoui. » (Jean 8.56) Même si les modalités de cette perception anticipée de la venue de l’Héritier des promesses nous échappent, le témoignage même du Seigneur nous montre que le patriarche avait une foi qui pointait vers un avenir bien plus vaste que celui que les textes de la Genèse suggèrent.

C’est en cela qu’Abraham est le « père des croyants », « l’ami de Dieu » et que « Dieu n’a pas honte d’être appelé » le « Dieu d’Abraham » (Héb 11.16).

Privilégiés par la plénitude de la révélation de Dieu et par la présence intérieure de l’Esprit, nous pouvons, encore mieux qu’Abraham, envisager notre avenir éternel : non pas un endroit où habiter, si beau soit-il, non pas des enfants, si bénie que soit leur présence — mais une cité céleste irradiée de la présence de Dieu et de l’Agneau (Apoc 21). Notre avenir ne pourra jamais se limiter à une vie personnelle riche, à une vie de couple heureuse, à l’éducation réussie de nos enfants ; il va au-delà, jusque dans une éternité où nous attend une joie incomparable. Et cette espérance sera l’aliment de notre vie de foi d’aujourd’hui.

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En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)