Peut-on être scientifique et croyant ?

Beaucoup aujourd’hui considèrent que science et religion s’opposent, et que la science a largement prouvé qu’il n’est plus possible de croire en Dieu — du moins pas dans le Dieu que les chrétiens proclament. Et bien sûr, s’il y avait opposition, ce serait la science qui serait le guide le plus sûr vers la vérité. Or, comme nous allons le voir, 1° la science ne peut pas embrasser toutes les facettes de l’expérience humaine et 2° la pratique de la science a besoin d’un fondement qui doit lui venir de l’extérieur, et la foi en Dieu, Créateur de l’univers, permet de lui assurer ce fondement.

1. Les limites de la science

Les réussites extraordinaires de la science ne doivent pas nous rendre aveugles. La science s’impose à elle-même des limites sévères. Elle exige comme preuve une expérience répétable. Par une démarche analytique, le scientifique cherche à isoler des situations expérimentales simples, qu’il peut maîtriser tout en gardant une distance critique par rapport à l’objet de son étude. Cette pratique s’est avérée extrêmement féconde. Mais ce cadre ne permet pas de rendre justice à toute la richesse de l’expérience humaine. Voici quatre exemples de domaines où la démarche scientifique ne convient pas.

La rencontre personnelle

Au début d’une relation interpersonnelle, il peut y avoir place pour une certaine « mise à l’épreuve ». Mais une attitude détachée d’expérimentateur ne peut, en fin de compte, que détruire une relation. Celle-ci implique un engagement de la personne et une confiance réciproque.

Les règles éthiques

La science ne permet pas de fonder l’éthique. La science décrit ce qui est, l’éthique ce qui doit être.
Il est impossible de déduire des règles morales de la science. On a cherché à fonder l’éthique dans la théorie de l’évolution, mais en vain. La société n’est pas prête à renoncer à des règles de conduite objectivement valables, comme : « il est moralement condamnable de torturer des enfants », ou : « les nazis ont eu tort de vouloir exterminer les Juifs ». La science ne permet pas de fonder de tels jugements.
Plus encore, la science ne permet même pas de justifier sa propre existence : pourquoi serait-il souhaitable de comprendre le comportement de la nature ?

L’expérience esthétique

Pratiquement tous les humains sont réceptifs à l’expérience de la beauté, même si, suivant les personnes, la sensibilité varie, tout comme les critères de ce qui est ressenti comme beau divergent. Il est possible de décrire scientifiquement un tableau (longueur d’onde de la lumière reflétée aux divers endroits du tableau), ou un morceau de musique (longueur d’onde du son). Mais l’expérience esthétique transcende la description scientifique. Le diagramme qui donne les chiffres représentant les longueurs d’ondes de la lumière (ou du son) ne permet pas d’exprimer la beauté ressentie.

La pensée

Même si l’argument est controversé et sans nier les liens étroits entre la pensée et le cerveau, il me semble que la science n’épuise pas ce qu’est la pensée. Car si on réduit l’intelligence humaine à des processus qui suivent un déterminisme « aveugle », on ne voit plus comment elle peut arriver à des conclusions vraies (ou fausses) sur la réalité. Descartes avait déjà souligné que « la compréhension critique de la vérité, ainsi que la juste évaluation des arguments, ne peut être qu’une action libre et volontaire » [note] René DESCARTES, Les principes de la philosophie, I, 36-39.[/note].
Ainsi la science ne peut pas — ne doit pas — avoir la prétention de rendre compte de l’ensemble de la réalité. Contrairement à l’impérialisme scientifique prêché par certains (qui est plutôt du scientisme que de la vraie science), il y a donc place pour d’autres pratiques humaines que la science — par exemple la religion. Cela seul ne suffit pas pour légitimer la religion comme une pratique humaine, mais montre qu’on ne peut pas invoquer la science pour détruire la religion. Il existe d’autres démarches à côté de la science, et il faut les considérer toutes ensemble si l’on veut espérer rendre justice à la richesse de la réalité.

2. Les présupposés de la démarche scientifique

La foi dans le Dieu Créateur permet de rendre compte de plusieurs présupposés fondamentaux de la science.

L’ordre régissant la nature

Le mathématicien et philosophe Alfred Whitehead écrit : « Il ne peut exister de science vivante sans une profonde foi instinctive en l’existence d’un ordre des choses, et en particulier, d’un ordre de la nature. » [note]Alfred North WHITEHEAD, La science et le monde moderne , 1994, p. 20.[/note]Pour l’homme moderne, l’affirmation que la nature suit un ordre bien établi paraît l’évidence même. Mais cette confiance largement partagée de la pratique de la science moderne n’existait guère dans l’Antiquité. Par exemple, les Babyloniens avaient réalisé des observations astronomiques précises, sans jamais tenter de « construire des modèles géométriques susceptibles de rendre compte des mouvements célestes » [note] Geoffrey E.R. LLOYD, Magie, raison et expérience : origines et développement de la science grecque, 1990, p. 236.[/note] . La conviction d’un ordre naturel universel est à l’origine de la science moderne, avant que ses succès ne justifient cette conviction après coup. Il faut croire à un ordre naturel, descriptible en termes mathématiques, pour scruter patiemment des mesures astronomiques en vue d’y déceler des lois.
Sans une telle conviction, Kepler n’aurait jamais pu établir les trois lois qui portent son nom et décrivent le mouvement des planètes. Pour faire de la science, il ne suffit pas de penser qu’une partie des phénomènes naturels suivent une certaine régularité approximative. Tous les hommes de tous les temps en ont certainement été convaincus. On s’attend à ce que le soleil se lève le lendemain, à ce que la moisson tombe à peu près à la même époque l’année suivante ; mais seules des observations précises et des calculs serrés montrent que l’année solaire ne compte pas 365 jours. L’approche scientifique présuppose un ordre précis s’étendant à tous les phénomènes naturels.
Comment peut-on alors en arriver à la conviction de l’universalité des lois de la nature  ? La réponse spontanée à cette question se réfère à l’observation : il suffit de bien regarder pour s’en rendre compte. C’est le mérite de David Hume (1711-1776) d’avoir mis en avant le caractère illusoire d’une telle réponse : au mieux, l’observation peut constater certaines régularités statistiques mais elle ne permet jamais d’en déduire une loi universelle.
La dinde nourrie généreusement tous les jours jusque-là peut, certes, formuler l’hypothèse qu’il en sera toujours ainsi ; mais cela ne lui garantit pas de survivre à la veille de Noël, bien qu’elle ait raisonné d’après toutes les règles de l’art de l’induction !
La foi au Créateur fournit un fondement à ce présupposé de la science. Dieu est un Dieu d’ordre, qui a tout créé avec sagesse et dont l’action providentielle garantit l’ordre naturel (cf. Ps 119.89-91 ; Job 28.25-27).
L’universalité des lois naturelles découle en fait directement du monothéisme biblique. Comme le Seigneur seul est Dieu, rien ni personne ne peut se soustraire à son règne. Ni les étoiles (souvent divinisées chez les voisins d’Israël), ni la mer (symbole des forces du chaos à cause de son mouvement d’apparence irrégulière) n’échappent au contrôle divin. De plus, le Dieu unique réunit en son sein des attributs ordinairement dissociés dans les religions polythéistes. Il est à la fois sage et puissant. Ainsi, aucun obstacle ne peut l’empêcher d’instaurer l’ordre qu’il a décidé dans sa sagesse.

L’ordre intelligible pour l’homme

Einstein a dit : « Ce que le monde a et aura toujours d’inconcevable, c’est qu’il soit concevable. » Pour que la science soit possible, il ne suffit pas qu’il y ait un ordre dans la nature, il faut en plus que cet ordre soit accessible à l’homme qui doit pouvoir le saisir et le décrire, pour communiquer ses résultats à d’autres.
La connaissance de la nature n’est possible que si l’être humain entretient avec elle une double relation : il doit en être à la fois solidaire et distinct.
D’un côté, aucune science n’est possible sans point de contact. Comment l’homme serait-il capable de saisir quelque chose de l’ordre naturel, si rien dans la structure de son intelligence n’y correspondait ?
Comme Dieu a créé la nature et l’esprit humain, leur origine commune garantit que l’homme peut comprendre au moins certaines facettes de la nature. La vision biblique explique l’harmonie entre la raison humaine et la nature, nécessaire au savoir scientifique.
D’autre part, il faut aussi poser comme principe une certaine distance entre l’homme et la nature. Car la connaissance présuppose un vis-à-vis entre sujet connaissant et objet connu. Si la raison humaine était entièrement déterminée par les lois physico-chimiques, on ne verrait pas pourquoi elle devrait être capable d’arriver à des conclusions qui seraient de surcroît vraies. Ainsi le philosophe Karl Popper affirme : « Le déterminisme “scientifique” rend illusoire la rationalité. C’est ainsi qu’il implique la réfutation par elle-même d’une évaluation trop optimiste de la raison humaine. » [note]Karl POPPER, L’univers irrésolu : plaidoyer pour l’indéterminisme, 1984, p. 72.[/note]

Genèse 2 exprime cette capacité d’une manière imagée quand on voit l’homme donner des noms aux animaux (v. 20). Donner un nom, c’est décrire le caractère d’un être. Peut-être trouve-t-on ici le prototype de l’activité scientifique.
La vision biblique établit la possibilité de la connaissance scientifique ; mais elle récuse le scientisme : la science n’explique pas l’ensemble de la réalité. La connaissance scientifique reste donc partielle. Et comme toutes les entreprises humaines, la science est faillible, provisoire, appelée à se réformer à la lumière de nouvelles expériences.

L’approche expérimentale

Dans la science d’inspiration grecque, qui domine encore tout le Moyen-Âge, les expériences servent à étayer des positions déjà adoptées, en référence à la tradition et sur la base d’arguments spéculatifs.
Elles n’ont pas pour objet de faire évoluer les convictions, de faire accepter de nouvelles idées.
Mais, depuis le XVII e siècle, la science confère à l’expérience un rôle décisif dans l’élaboration de nouvelles théories.
On peut relier l’approche expérimentale à la création par trois aspects et montrer ainsi qu’elle convient au croyant :

1. La liberté du Créateur
D’abord, l’idée de création met en lumière la souveraineté et la toute-puissance divines, contrairement à d’autres conceptions de l’origine du monde. Pour le croyant de la Bible, Dieu peut faire tout ce qu’il veut. Dieu n’était pas obligé de créer le monde, ni de lui donner la forme qu’il a décidé de lui donner. Du coup, la pure spéculation rationnelle ne peut pas découvrir les lois qui régissent la nature, comme si la création n’était affaire que de pure logique. L’homme doit rester « à l’écoute » de la nature, pour découvrir l’ordre que Dieu a décidé librement de créer. Mais liberté ne veut pas dire volonté arbitraire ; la souveraineté divine n’est pas un despotisme aveugle. Dieu crée avec sagesse, de sorte que l’homme peut découvrir un ordre naturel, qui lui paraîtra cohérent. La science vit de ces deux éléments : l’expérience et la réflexion. Seule leur union permet d’enfanter la compréhension scientifique de la nature.

2. L’esprit de conquête
L’attitude moderne est essentiellement active, non contemplative. Le savant n’attend pas que la nature lui révèle quelque chose, mais il planifie des séries d’expériences ; il pose, pour ainsi dire, des questions précises à la nature.
Certes, il est des domaines où le savant rencontre des limites techniques ou éthiques, comme en astronomie ou en médecine. Mais même dans ces domaines, il essaie d’élargir activement sa connaissance. Par exemple, il affine les moyens techniques (jusqu’à envoyer des instruments de mesure dans l’espace) ou encore il remplace les expériences prohibées d’un point de vue éthique par des expériences analogues, moins délicates (par exemple les autopsies). L’esprit de conquête, plus que la contemplation, caractérise définitivement l’attitude du chercheur moderne devant la nature.
Il est évident que l’attitude active du savant face à la nature n’est guère possible si la nature est considérée comme divine, comme c’est le cas par exemple dans l’animisme ou le panthéisme.
Si la nature (et les forces qui s’y déploient) est divine, l’homme ne peut pas se dresser en juge pour l’interroger. Mais lorsqu’il reconnaît le monde comme la création de Dieu, il refuse de voir dans la nature une divinité. Et alors le savant peut faire des expériences.

3. L’appréciation du monde matériel
En Grèce antique, beaucoup opposèrent esprit et matière et méprisèrent le monde matériel et, avec lui, le travail manuel. La conception biblique valorise au contraire le travail manuel ; car il façonne la création divine et répond à la vocation adressée à l’homme dès avant la chute (Gen 2.15).
La Réforme, en réhabilitant la valeur du travail « séculier », a favorisé la naissance de la méthode expérimentale moderne.

Conclusion

Comme la Bible et la création trouvent toutes deux leur origine en Dieu, il est exclu qu’elles se contredisent. Dieu est véridique ; ce qu’il annonce dans le livre de ses paroles est en parfaite harmonie avec ce qu’il dit dans le livre de ses œuvres. En théorie, il ne devrait donc pas y avoir de conflit entre science et théologie.
Mais il ne faut jamais oublier que la théologie repose sur notre interprétation de la Bible et que la science est notre interprétation de la nature.
Ainsi, théologie et science sont des entreprises humaines, et donc provisoires, partielles, faillibles, voire, à certains égards, fausses. Il n’est donc pas étonnant que des conflits surgissent. Il est possible de les limiter si, à chaque fois, nous revenons sur les arguments qui appuient nos affirmations, pour en évaluer la solidité. Ainsi, nous pouvons nous rendre compte d’erreurs, ou simplement de lacunes qui nous obligent à suspendre notre jugement. Mais on ne peut pas s’attendre à résoudre tout conflit : notre théologie et notre science ne participent pas de la perfection divine ! Il en va pourtant de notre dignité d’hommes et de femmes créés « en image de Dieu » de n’abandonner ni la démarche théologique ni la démarche scientifique. Ne nous dérobons pas à la responsabilité qui est la nôtre de rechercher la vérité par tous les moyens mis à notre disposition. Ce n’est que lorsque nous sommes en route que nous pouvons avancer — dans notre relation à Dieu et dans notre compréhension du monde.

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En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)