Ressources et limites de l’interprète

1. Le dilemme de l’interprète

L’humain est « fait à l’image de Dieu » (Jac 3.9) ; il possède une intelligence et une conscience. Mais il s’est éloigné de Dieu depuis qu’il a choisi de lui désobéir pour écouter le diable. Conséquence de ce choix : « Le dieu de ce siècle a aveuglé l’intelligence [des incrédules], afin qu’ils ne voient pas briller la splendeur de l’Évangile de la gloire de Christ, qui est l’image de Dieu. » (2 Cor 4.4) Certes, la Parole garde sa puissance propre : « la Parole de Dieu est vivante et efficace, plus tranchante qu’une épée à deux tranchants […] elle juge les sentiments et les pensées du cœur. » (Héb 4.12) Mais l’incrédule ne peut pas la comprendre dans son ensemble et dans sa profondeur. Pour en être un interprète valable, il doit devenir un être renouvelé.

L’homme nouveau : apte à comprendre la pensée de Dieu

L’être humain renouvelé bénéficie de l’aide du Saint-Esprit, selon la promesse de Jésus : « Quand le consolateur sera venu, l’Esprit de vérité, il vous conduira dans toute la vérité ; car il ne parlera pas de lui-même, mais il dira tout ce qu’il aura entendu, et il vous annoncera les choses à venir. Il me glorifiera, parce qu’il prendra de ce qui est à moi, et vous l’annoncera. » (Jean 16.13-14) Paul explique à ses amis de Corinthe : « Personne ne connaît les choses de Dieu, si ce n’est l’Esprit de Dieu. Or nous, nous n’avons pas reçu l’esprit du monde, mais l’Esprit qui vient de Dieu, afin que nous connaissions les choses que Dieu nous a données par sa grâce. » (1 Cor 2.11-12)

Le croyant est donc délivré du pouvoir aveuglant des ténèbres ; le renouvellement de son intelligence le transforme (Rom 12.2) ; le Saint-Esprit le conduit dans la vérité (Jean 16.13-14) ; Dieu donne des enseignants à l’Église pour expliquer sa Parole, des pasteurs et des prophètes (Éph 4.11) pour l’appliquer à des situations particulières.
Toutes ces ressources communes le rendent apte à comprendre les Écritures. En théorie, elles devraient même aboutir à une interprétation commune de chaque partie de la Bible ! Alors pourquoi autant d’interprétations différentes des mêmes textes ?

L’homme nouveau : en devenir

« Naître de nouveau », « être régénéré », « avoir la vie éternelle » (Jean 3.3 ; 1 Pi 1.23 ; Jean 10.28) : ces expressions désignent l’aspect immédiat de l’œuvre de Dieu en nous. Cela est comparable avec une naturalisation : à un moment précis, le citoyen d’un pays X devient citoyen d’un pays Y. D’un jour à l’autre, il acquiert tous les droits et devoirs accordés par le pays Y à tous ses citoyens ; c’est une transformation instantanée, radicale, incontestable, définitive. Mais ce nouveau citoyen ne change pas de langue et de culture instantanément. Il est déjà un citoyen de Y ; il n’est pas encore pleinement intégré dans la société. Il doit beaucoup apprendre pour se sentir à l’aise et en sécurité, pour s’intégrer, maîtriser les codes de communication, les usages, l’humour. De même la transformation du nouveau converti est immédiate pour son statut d’enfant de Dieu, mais progressive dans sa mise en place.

Le croyant acquiert le salut dès le jour de sa conversion, mais c’est un nouveau-né spirituel. Il lui reste à grandir, à « mettre en œuvre son salut avec crainte et tremblement » (Phil 2.12) ; il est un disciple, autrement dit il commence un apprentissage. Il est débarrassé de la dictature de la nature humaine ; mais la grande mise à jour de son intelligence ne sera jamais achevée sur la terre.

Chacun garde donc des traces de sa nature humaine pécheresse. Ces traces varient d’un individu à l’autre, d’une communauté à l’autre, elles ont une grande influence sur nos raisonnements, nos analyses, nos décisions et nos choix. Elles biaisent ses capacités d’interprétation. L’action illuminatrice de l’Esprit en nous pour nous aider à comprendre la Parole de Dieu est souvent [parfois ?] entravée (cf. Éph 4.30 ; 1 Th 5.19). Nous peinons à saisir la pensée de Dieu par manque de spiritualité (cf. 1 Cor 3.1-3 ; Héb 5.11b-14).

2. Les parasites de l’interprète

Les traducteurs respectueux de la Bible maîtrisent bien les langues originales, se familiarisent avec le contexte historique et social, travaillent en équipe interculturelle, procèdent à de nombreux contrôles. Ils minimisent ainsi le risque d’erreur.

Le lecteur de la Bible est quant à lui davantage exposé aux risques d’erreur d’interprétation lorsqu’il cherche à comprendre le sens du texte au moment de sa rédaction et aujourd’hui. Cette personne ne dispose ni des moyens ni du temps pour explorer et vérifier toutes les pistes. Son interprétation du texte résultera donc d’un processus rapide et simplifié. Par ailleurs, elle va inconsciemment laisser des mécanismes psychologiques automatiques influencer ou orienter ses analyses et commentaires.
Ces mécanismes sont maintenant appelés « biais cognitifs » car ils biaisent la construction de nos connaissances. Citons quelques-uns d’entre eux qui affectent notre manière d’interpréter la Bible.

Biais liés à la personne

• L’aversion à la perte  : je rejette une interprétation contraire à celle que j’ai défendue, du seul fait qu’elle remet en cause mon statut et ma crédibilité ; cela concerne particulièrement les sujets à charge émotionnelle élevée ou à valeur identitaire. C’était le cas des pharisiens qui refusaient les enseignements de Jésus car ils remettaient en cause leur place d’autorité.
• L’aversion au doute : je préfère affirmer une interprétation faiblement argumentée plutôt que me reconnaître en incapacité d’en fournir une.
• L’illusion du savoir : je surestime ma maîtrise d’un sujet ou je n’analyse pas spécifiquement une situation parce que je me contente de transposer une autre situation connue qui lui ressemble.
• L’insensibilité à des situations non vécues : je vais interpréter en fonction de mon vécu personnel seulement. Ainsi un jeune Européen imagine mal la détresse provoquée par une famine (Ruth 1.1) ou par une guerre (1 Sam 17.11).
• Le biais de croyance : le jugement sur la logique d’un argument est biaisé par la croyance en la vérité ou la fausseté de la conclusion, ou par les conséquences de cette conclusion. Par exemple, je vais rejeter tel argument pourtant logiquement fondé parce qu’il m’obligerait à changer une habitude que je veux conserver.

Biais liés au groupe

• L’attachement inconditionnel à un leader, à un enseignant ou à un groupe d’élite : tout ce que le leader ou le groupe dit est impossible à remettre en cause et seule son interprétation est recevable.
• Le biais de groupe : c’est la tendance à appuyer les idées du groupe auquel on appartient ou du leader auquel on se réfère, pour être bien intégré et valorisé. On refusera de remettre en cause une interprétation douteuse tenue par notre église locale car cela pourrait conduire à être marginalisé ou rejeté par elle.
• Le biais culturel  : interpréter et juger des événements du passé à travers le filtre de nos références culturelles ou théologiques actuelles.
Par exemple, nous croirons voir de l’humour dans un texte biblique alors que les contemporains de l’auteur avaient probablement un humour différent du nôtre.
• L’effet de vérité illusoire  : j’accepte une interprétation du simple fait que je l’ai déjà lue ou entendue, sans la vérifier soigneusement.
• L’effet de répétition  : une interprétation entendue souvent et depuis longtemps paraît plus fiable qu’une autre plus récente.

Biais liés à la façon de lire la Bible

• Le biais de confirmation : c’est une attention particulière pour les textes qui appuient l’idée qu’on a déjà et une tendance à ne pas s’arrêter sur ceux qui semblent s’écarter de cette idée. Cela est proche des biais de statu quo (résistance de principe au changement, qui perturbe et menace) et de confirmation d’hypothèse (au cours d’une recherche, on privilégie les informations qui confortent l’hypothèse de départ).
• L’attachement à un code typologique rigide : par exemple, la mer est systématiquement interprétée comme désignant le monde, le levain comme représentant le péché — sans tenir compte du contexte et de la diversité des images bibliques.
• Le biais de l’unité biblique : on va extrapoler des transpositions de l’A.T. au N.T. sans tenir compte de la progression de la révélation et de la novation de la nouvelle alliance, en abusant de l’argument de l’unité de la Bible.
• Le biais rétrospectif : on juge des comportements ou des événements après coup, quand on connaît la fin de l’histoire. Par exemple, les interventions de Pierre dans les Évangiles vont être systématiquement interprétées de façon négative, sous prétexte qu’il a ensuite renié Jésus.
• La primauté donnée à l’émotion : je fais une lecture uniquement émotionnelle de la Parole, donc très superficielle et partielle : je retiens « ce qui me touche aujourd’hui », un mot, une expression.

3. Un cadre indispensable pour une bonne interprétation

En résumé, bien interpréter la Bible suppose :
• Une prière d’humilité demandant l’aide du Saint-Esprit.
• Une conviction ferme de l’inspiration divine de l’Écriture et donc de son autorité (2 Tim 3.16).
• Un examen honnête de soi-même (2 Cor 13.5) et le désir de se laisser examiner par Dieu (Ps 139.23-24) pour dépister autant que possible les « biais » qui faussent nos perceptions et analyses.
• Une vraie ouverture pour étudier et évaluer des interprétations différentes des miennes.
• Un peu de formation à l’herméneutique !

les articles plus lus

En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)