Sagesse et connaissance selon Dieu et selon l’homme

Lorsqu’on commence la lecture de la Première Épître aux Corinthiens, le premier thème qui se dégage est l’opposition vigoureuse que Paul développe entre la sagesse « de ce monde » et la sagesse de la croix. Ensuite, en poursuivant la lecture, la « connaissance » selon les standards de l’époque est elle aussi questionnée (8.2 ; 13.2).

Dans cet article nous définirons tout d’abord la différence entre ces deux termes, avant de les replacer dans le contexte de l’époque. Puis nous relèverons les contrastes entre la sagesse selon l’homme et selon Dieu, minutieusement exposés par Paul dans les deux premiers chapitres. Nous nous interrogerons ensuite sur l’application de ces contrastes à notre environnement du 21e siècle, en soulignant comment établir des points de contact avec nos contemporains tout en évitant la porosité entre les idées ambiantes et les nôtres.

Définition

Dans la Première lettre aux Corinthiens, l’apôtre s’intéresse à la sagesse (sophia) et à la connaissance (gnosis). Paul devait combattre à la fois l’attrait que gardaient les Grecs pour la rhétorique[note]Ensemble de procédés constituant l’art du bien-dire, de l’éloquence (Larousse). [/note] et la dialectique[note]Suite de raisonnements rigoureux destinés à emporter l’adhésion de l’interlocuteur (Larousse). [/note] , et la fascination de « spirituels » pour une forme primitive de gnosticisme [note]Cette doctrine se définit comme une connaissance conduisant au salut par une révélation, réservée aux seuls initiés, des mystères du monde divin et des êtres célestes, des secrets de leur propre origine et des moyens de la rejoindre (Larousse). Ce mouvement, qui s’est propagé dans l’empire romain au cours des 2e et 3e siècles, prône le détachement de l’âme des entraves du corps afin de la ramener à l’état de pureté initiale, et établit des distinctions entre les privilégiés qui accèdent à cette connaissance et le reste des mortels. [/note]. Paul introduit une distinction entre ces deux notions lorsqu’il écrit : « À l’un est donnée par l’Esprit une parole de sagesse ; à un autre une parole de connaissance » (12.8).
Du point de vue linguistique, F. Godet voit dans la terminaison des deux mots en grec une nuance différente : pour la sagesse, le « ia » évoque la possession calme, pour la connaissance le « sis » la recherche en cours. Henri Blocher souligne que la connaissance a généralement un objet, et voit dans les deux termes une différence « d’aspect et d’ampleur. La connaissance est rapport direct avec l’objet connu […] la sagesse, elle, intègre et totalise la connaissance de Dieu et de son œuvre, envisagée dans son ensemble (1 Cor 2.6ss) […] le sage en a les principes comme vivant en lui-même (« Nous avons la pensée de Christ » 2.16) ; ils lui servent alors de guide dans le gouvernement de sa vie ».[note]Henri Blocher, « Sagesse et connaissance », La Bible au scanner, Fac-Réflexion, n° 46-47, p. 32-33. [/note] .
Nous nous focaliserons plus sur la sagesse que sur la connaissance dans cet article étant donné son caractère plus englobant et la longueur du traitement que Paul lui réserve dans cette Première lettre aux Corinthiens.

Contexte de l’époque

Une lecture, même rapide des textes de sagesse de l’A.T. nous présente la sagesse sous un jour positif bien différent du propos de Paul en 1 Cor 1 : c’est donc une « sagesse » bien humaine, du monde, qu’il évoque dans ces lignes. Le monde gréco-romain du 1er siècle vit sous l’influence de différentes écoles de pensées de la philosophie grecque, elles-mêmes fortement influencées par les philosophes de l’antiquité tels que Socrate, Platon et Aristote. Si ces écoles varient dans leur conception du monde, elles s’accordent pour placer l’homme au centre, comme « mesure de toute chose », suivant l’expression du sophiste Protagoras (490-420 av. J.-C.). La plupart insistent sur la maîtrise de l’art du discours et de la dialectique.

Sagesse selon l’homme et selon Dieu

Le long développement des chapitres 1 et 2 oppose successivement la sagesse « de ce siècle » à la croix (1.18-25), à ceux qui sont appelés au salut (1.26-31), à la prédication (2.1-5), et enfin à la véritable sagesse (2.6-16).

La croix et la sagesse humaine (1.18-25)

Les objectifs de l’une et de l’autre ne peuvent être plus différents : là où la sagesse humaine propose aux hommes de tendre vers le monde parfait des idées (Platon), ou le bonheur (épicuriens), ou le détachement de la souffrance (cyniques) ou enfin la réconciliation avec leur destin (stoïciens), la croix est une puissance (plus qu’une sagesse) qui sauve. D’emblée, Paul pose cet enjeu majeur au verset 18, afin de détourner les Corinthiens de leur fascination pour la virtuosité et la perspicacité humaines pour les amener à l’essentiel : être sauvé ou périr. Les versets 19 et 20 démontrent que les instances détentrices de la sagesse sont disqualifiées : leur prétendu savoir est pure absurdité s’il ne leur permet pas d’entrer en relation avec le Dieu de l’univers, qui les a créés et les fait vivre. Déjà en Ésaïe 29, cité ici, les prétendus prophètes que l’on prenait pour des sages étaient incapables de discerner l’action de l’Éternel.
La popularité de leur message est également opposée : là où la sagesse antique est plébiscitée, l’idée que le salut du monde soit réalisé par un homme crucifié est la plus ridicule et rebutante qui soit. Cependant, Dieu a choisi dans sa souveraineté non d’être connu par la sagesse humaine, mais de se révéler par le message de la croix, qui renverse toutes les normes et va à l’encontre des attentes courantes. Ce qui est faible selon les critères humains – la croix – libère la puissance divine pour ceux qui « sont appelés ».

Ceux qui sont appelés au salut et la sagesse humaine (1.26-31)

L’accès à la sagesse divine ou humaine est également radicalement différent : universel pour l’une, élitiste pour l’autre. L’objectif de Dieu, en appelant « les choses basses et méprisées du monde, celles qui ne sont rien », est de faire obstacle à tout orgueil humain. Si la connaissance de Dieu était réservée à ceux qui avaient le plus de sagacité, ils pourraient se vanter d’être supérieurs aux autres d’une part, et auraient un statut de « prêtres » d’autre part, dans le sens que l’on viendrait à eux pour le salut. L’intention de Dieu, en choisissant les plus humbles, est un renversement de valeurs : couvrir de honte (1.27) ceux qui se prétendent sages et puissants, et anéantir[note]Le verbe kartageo, traduit ici par anéantir, signifie « annuler », « rendre sans effets », « anéantir » (terme aussi employé en Rom 6.6 et Héb 2.14).[/note] en définitive le prestige lié au fait d’appartenir à une élite.
Elles diffèrent en termes de fierté et de contenu : au sein d’une société gréco-romaine modelée par les notions d’honneur et de honte, Paul présente Jésus comme unique sagesse, et seule source de fierté possible, en s’appuyant sur la citation de Jérémie 9.22-23. Il détaille le caractère sotériologique[note]En lien avec le salut[/note] de cette sagesse que nous avons « à partir de lui » : justice (pour être en règle avec Dieu), sainteté (ici dans le sens que Dieu nous considère comme saints), et rédemption [note]Terme utilisé pour la libération des esclaves.[/note].

La prédication et la sagesse humaine (2.1-5)

Elles diffèrent également par leur forme, en raison de leur contenu : si Paul voulait persuader ses auditeurs, ainsi qu’on le voit à plusieurs reprises dans le livre des Actes[note]Act 18.4,13 ; 19.8,26 ; 26.28 ; 28.23.[/note] , il ne voulait pas convaincre les Corinthiens d’une manière qui serait allée à l’encontre du message qu’il annonçait. Le cœur de sa prédication, Jésus-Christ « crucifié en faiblesse » (2 Cor 13.4, version Darby), exclut les procédés rhétoriques qui fascinaient les foules dans le monde gréco-romain. Le chemin de la puissance passe précisément par la faiblesse et l’inspiration de l’Esprit.

La véritable sagesse (2.6-16)

Elle n’est pas sagesse de ce temps, elle est mystérieuse : la vision du monde des personnes non-chrétiennes est limitée à l’ère actuelle (1.20 ; 3.18), dont Satan est le dieu (2 Cor 4.4). Si les chrétiens peuvent vivre « conformément à la sagesse dans le temps présent » (Tite 2.12), cette sagesse, préparée « avant tous les temps » est un mystère pour nos contemporains et les « chefs de ce temps » en particulier.
Le cœur de la véritable sagesse réside en Dieu lui-même, dans son projet et sa profondeur : Dieu avait préparé quelque chose de surprenant[note]Comme le rappelle la citation d’És 64.3.[/note] , révélé à ceux qui l’aiment par l’entremise de l’Esprit.
Seul l’Esprit de Dieu, en effet, peut sonder et communiquer la profondeur de la sagesse divine. Celui-ci a une triple fonction : nous révéler la véritable sagesse (2.10,12), nous aider à la communiquer (2.13) et l’appliquer dans nos appréciations de situations ou de personnes (2.15).
L’affirmation finale (2.16) peut paraître arrogante : mais le contexte de la citation d’Ésaïe 40 montre que les plans insondables de Dieu sont inaccessibles aux humains, et que si « nous avons la pensée de Christ », c’est par la grâce seule de Dieu.

Et aujourd’hui ?

La sagesse du 21e siècle présente des traits similaires avec la sagesse grecque, même si certaines caractéristiques secondaires diffèrent. Les contrastes relevés précédemment subsistent donc. Que faire ? Nous préserver de la pensée ambiante ?
L’Écriture trace un chemin étroit permettant d’établir des points de contact entre les deux sagesses afin d’amorcer la discussion avec nos contemporains, sans adopter, peut-être à notre insu, l’idéologie ambiante.
L’apôtre Paul dialogue en Actes 17 avec des philosophes épicuriens et stoïciens et, peu après, dans son discours à l’Aréopage, mentionnera l’autel au dieu inconnu érigé à Athènes [note]L’épisode est d’ailleurs instructif sur l’utilité et les limites de ces « points de contact » : S’ils permettent à Paul de prêcher l’Evangile en étant compris et entendu, ils ne suscitent pas la foi et n’amènent pas à un changement profond d’attitude et de pensée : Seul l’Esprit de Dieu peut opérer cela.[/note]. Pour établir des points de contact, Paul connaissait donc la sagesse de son temps.
Il en connaît aussi le pouvoir de séduction pour nous inciter « à ne pas nous conformer au monde actuel, mais d’être transformés par le renouvellement de l’intelligence » (Rom 12.2, S21) et fustige Démas qui l’a abandonné par amour pour le monde présent (2 Tim 4.10).
« Dans le monde mais hors du monde », en laissant notre esprit être renouvelé par l’Esprit de Dieu pour connaître, communiquer et appliquer dans nos vies sa sagesse : tel est notre défi. Dietrich Bonhoeffer le résume parfaitement dans une lettre à sa fiancée : « Il faut que Dieu nous donne chaque jour la foi ; je ne parle pas de la foi qui fuit le monde, mais de la foi qui tient bon dans le monde […] Je crains que les chrétiens qui n’osent avoir qu’un pied sur la terre n’aient aussi qu’un pied au ciel. »

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En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)