L’élection

LE VOCABULAIRE DE L’ÉLECTION

L’élection

Le mot « élection » vient du grec « ekloge » qui signifie « sélectionner, choisir, élire », avec une nuance de préférence pour l’objet choisi et de bénéfice retiré pour celui qui choisit.
La Bible évoque l’élection d’une nation (Rom 11.28) ou d’une personne pour une fonction particulière (Moïse et Aaron, Ps 105.26 ; David, 1 Sam 16.12 ; les apôtres, Luc 6.13-16 et Jean 6.70).
Pour la doctrine du salut, l’élection est le choix de certaines personnes pour la vie éternelle.

La prédestination

Le mot « prédestination » vient du grec « proorizo » qui signifie « marquer à l’avance, fixer les limites ». Dieu, par choix souverain, a marqué les croyants de toute éternité dans un but précis. La prédestination inclut des événements (Act 4.28), ainsi que l’état actuel ou futur de bénédiction de ceux que Dieu veut bénir
Dieu a prédestiné à :
– la gloire : « Nous prêchons la sagesse de Dieu, mystérieuse et cachée, que Dieu, avant les siècles, avait prédestinée pour notre gloire » (1 Cor 2.7) ;
– la conformité à l’image de Jésus Christ : « Ceux qu’il a connus d’avance, il les a aussi prédestinés à être semblables à l’image de son Fils, afin que son Fils soit le premier-né de beaucoup de frères » (Rom 8.29-30) ;
– l’adoption : « Il nous a prédestinés dans son amour à être ses enfants d’adoption par Jésus Christ, selon le bon plaisir de sa volonté » (Éph 1.5) ;
– la place d’héritier : « En lui nous sommes aussi devenus héritiers, ayant été prédestinés suivant le plan de celui qui opère toutes choses d’après le conseil de sa volonté » (Éph 1.11).

La préconnaissance

Le mot « préconnaissance » vient du grec « prognosis » qui signifie « connaître par avance ». Bien entendu, Dieu, dans son omniscience, connaît toute chose. Mais sa préconnaissance (ou prescience) est plus que cela : une connaissance (dans le plein sens relationnel biblique du terme) qui est préparée à l’avance (cf. Amos 3.2).
Dieu a préconnu :
– son Fils et sa mort : « Cet homme, livré selon le dessein arrêté et selon la prescience de Dieu, vous l’avez crucifié, vous l’avez fait mourir par la main des impies » (Act 2.23) ; « … Christ, comme d’un agneau sans défaut et sans tache, préconnu dès avant la fondation du monde, mais manifesté à la fin des temps pour vous (1 Pi 1.19-20, Darby).
– Israël : « Dieu n’a point rejeté son peuple, qu’il a connu d’avance » (Rom 11.2) ;
– les croyants : « … élus selon la prescience de Dieu le Père, par la sanctification de l’Esprit, afin qu’ils deviennent obéissants, et qu’ils participent à l’aspersion du sang de Jésus Christ » (1 Pi 1.2).

DIFFÉRENTES VUES DE L’ÉLECTION

Le pélagianisme

 Historique

Pélage était un moine britannique, théologien à Rome (vers 350-vers 420). Il s’opposa aux vues d’Augustin, considérant que l’accent de ce dernier sur la totale corruption de la nature humaine et son corollaire, l’incapacité de l’homme, était à la fois démoralisante pour l’homme qui s’efforce de vivre justement et insultante pour Dieu. Ses thèses furent condamnées par le concile d’Éphèse (431).

Doctrine 

Dieu a fait les hommes différents du reste de la création en ce qu’ils ne sont pas sujets aux lois de la nature. Ils sont libres de choisir. Ce don de Dieu doit être utilisé pour remplir le propos de Dieu. Chaque homme naît avec une volonté qui n’est pas orientée vers le mal. La chute d’Adam n’a pas d’effet direct sur la capacité de chaque homme de faire le bien et le mal, car il est une créature directe de Dieu. Le seul effet de la chute est celui d’un mauvais exemple. Dieu n’exerce non plus aucune influence directe sur l’âme. L’élection de Dieu ne se base que sur sa préconnaissance de la qualité de leur vie. Il est possible à un homme de vivre sans péché, car sinon, pourquoi Dieu aurait-il demandé d’être parfait (Mat 5.48).

Examen

Pourtant, la Bible montre que tout être humain a hérité d’une nature pécheresse (Rom 5.12 ; Éph 2.3) et que tous les hommes deviennent universellement coupables d’actes de péché dès qu’ils arrivent à l’âge de conscience. Aucun homme ne peut être sauvé par la qualité de sa vie (Gal 2.16 ; Rom 3.20).

L’augustianisme

Historique

En réponse à Pélage, Augustin d’Hippone (354-430) développa sa doctrine de l’élection. L’augustianisme eut une influence majeure sur Luther (ex-moine augustinien) et sur Calvin.

Doctrine

Adam est responsable de son acte de révolte. Mais son péché n’a pas été seulement le sien. Chaque homme est uni à Adam et participe ainsi à son péché. Puisque notre âme vient de nos parents, nous étions présents en Adam et nous avons péché en lui et avec lui. Sans la grâce de Dieu, nous sommes incapables de ne pas pécher et faire le bien requiert une grâce encore plus grande. Les hommes sont libres de choisir, mais simplement de choisir un péché ou un autre. La grâce de Dieu restaure notre liberté de ne plus faire le mal et de faire le bien. Quoique irrésistible, elle n’agit pas contre mais de concert avec notre volonté. Dieu, étant omniscient, sait précisément sous quelles conditions nous allons choisir librement ce qu’il veut et il agit de façon à produire ces conditions. Notre choix du salut est entièrement une conséquence de ce que Dieu a déjà voulu faire. Dieu choisit ainsi de donner la grâce à certains et pas à d’autres. Il a déjà fait ce choix de toute éternité et a choisi les élus pour remplacer en nombre exact les anges déchus. Dieu n’est pourtant pas injuste, car la justice de Dieu aurait dû condamner tout le monde ; en en sauvant certains, il fait acte de compassion : les damnés reçoivent ce qu’ils méritent ; les élus reçoivent plus qu’ils ne méritent.

Examen

La doctrine d’Augustin est davantage conforme à la pensée biblique[note]Même si certains détails ne sont pas convaincants : par exemple, nulle part la Bible n’égale le nombre des élus avec le nombre des anges déchus.[/note]  et a été retenue comme orthodoxe par l’Église qui a rejeté celle de Pélage au concile de Carthage en 418.

Le calvinisme

Historique

Après Luther et sa controverse avec Érasme sur la liberté de l’homme, Calvin développa au XVIe siècle sa doctrine de l’élection, qui devint la doctrine officielle de la Réforme. Calvin fut fortement influencé par Augustin dans la formulation de ses convictions[note]Dans l’Institution chrétienne, Calvin cite plus de 3 000 fois Augustin.[/note] .

Doctrine

La doctrine de Calvin et de ses successeurs sur l’élection peut être résumée par l’acronyme anglais TULIP, qui résume les « cinq points du calvinisme » :
– Total depravity (dépravation totale) : Toute la race humaine est perdue, car pécheresse. Chaque individu est tellement pécheur qu’il est incapable de répondre à aucune offre de grâce. La condition humaine implique à la fois la corruption morale et la condamnation à une juste peine. Voir Éph 2.1-3 ; Jean 6.44 ; Rom 3.1-23 ; 2 Cor 4.3-4.
– Unconditional predestination (prédestination inconditionnelle) : Dieu est totalement souverain et les hommes ne peuvent rien lui reprocher de ses actions. Voir Mat 20.1-15 ; Rom 9.20-21. Dieu a choisi certaines personnes pour leur donner une faveur spéciale : celle d’être ses enfants spirituels et de recevoir la vie éternelle. Ce choix ne dépend absolument pas d’un quelconque mérite de l’homme. Ce choix ne dépend pas non plus de la préconnaissance divine que tel homme croira. Les successeurs de Calvin, Théodore de Bèze et d’autres après lui, ont maintenu la « double prédestination » : Dieu a nommément choisi certains pour être sauvés et d’autres pour être perdus ; il a opéré une décision active dans les deux cas.
– Limited atonement (expiation limitée) : Le salut opéré par Jésus Christ ne concerne que les élus seuls.
– Irresistible grace (grâce irrésistible) : La capacité de venir à Jésus ne dépend que de l’initiative du Père. Voir Éph 1.4-5 ; Jean 15.16 ; Jean 6.44,65 ; Act 13.48.
– Perseverance of the saints (persévérance des saints) : L’élection divine est efficace : tous ceux qui sont élus seront certainement sauvés et persévèreront dans la foi jusqu’à la fin.
Des nuances notables (en plus ou en moins par rapport à la position ci-dessus) se sont développées depuis Calvin parmi ceux qui se réclament de sa doctrine. Avant d’évaluer le calvinisme, il faut étudier l’autre doctrine de la Réforme.

L’arminianisme

Historique

Jacob Arminius (1560-1609) était un pasteur hollandais qui avait étudié sous Théodore de Bèze (successeur de Calvin et tenant d’un calvinisme plus extrême que son maître)[note]Cette vision a aussi été prônée par Mélanchton un peu plus tôt, grand théologien et ami de Luther, qui a abandonné l’augustinisme.[/note] . Professeur à l’université de Leyde, il fut accusé de semi-pélagianisme. Ses vues furent reprises et accentuées par John Wesley.

Doctrine

Comme pour le calvinisme, l’arminianisme possède différentes nuances.
– Dieu désire que tout homme soit sauvé. Ce désir s’exprime à la fois par des affirmations claires (voir Éz 33.11 ; 2 Pi 3.9 ; 1 Tim 2.3-4 ; Act 17.30) et par le caractère universel de nombreux commandements de Dieu et de nombreuses invitations divines (voir És 55.1 ; Mat 11.28). Si Dieu n’a pas vraiment l’intention de sauver toute personne, son offre n’est pas sincère.–
Tout homme est capable de croire. Si tel n’était pas le cas, les invitations universelles au salut n’auraient pas grand sens. Pour concilier ce point logique avec la totale dépravation de la nature humaine, il faut tenir compte de la grâce prévenante de Dieu qui restaure dans tout homme une capacité suffisante pour qu’il puisse faire le choix de se tourner vers lui. Comme Dieu a donné cette grâce à tous, chacun est capable d’accepter l’offre du salut.
– L’élection est le choix de Dieu pour le salut. Les élus sont ceux que Dieu, dans sa connaissance infinie, a préconnus : il a vu qu’ils accepteraient l’offre de salut faite en Jésus (voir Rom 8.29 ; 1 Pi 1.1-2) et il les a prédestinés à ce salut. Dieu n’a pas créé des robots soumis à une force externe irrésistible, Dieu, mais il a volontairement accepté de laisser le libre choix à l’homme.
– Cette vision de l’élection réhabilite l’importance éthique d’une conduite juste et l’urgente nécessité de la mission. Si les élus sont sauvés de toute façon, est-il nécessaire de les évangéliser ?

Résumé :
L’ordre des décrets divins

Les théologiens évangéliques utilisent parfois pour clarifier leurs nuances sur l’élection les mots savants de : supralapsarianisme, infralapsarianisme, sublapsarianisme. Ils désignent différentes façons de voir l’ordre logique (et non historique) des décrets de Dieu.
Voici l’ordre retenu par chaque vision :

Supralapsarisme Infralapsarisme Sublapsarisme Arminianisme
1. Dieu a choisi de sauver les élus et de condamner les perdus 1. Dieu a créé les êtres humains 1. Dieu a créé les êtres humains 1. Dieu a créé les êtres humains
2. Dieu a créé à la fois les élus et les perdus 2. Dieu a permis la chute des élus et des perdus 2. Dieu a permis la chute des élus et des perdus 2. Dieu a permis la chute des élus et des perdus
3. Dieu a permis la chute des élus et des perdus 3. Dieu a choisi de sauver les élus et de condamner les perdus 3. Dieu a pourvu en Christ à un salut suffisant pour tous 3. Dieu a pourvu en Christ à un salut suffisant pour tous
4. Dieu a pourvu en Christ au salut seulement des élus 4. Dieu a pourvu en Christ au salut des seuls élus 4. Dieu a choisi les élus pour recevoir ce salut 4. Dieu sait par avance qui va accepter ce salut
5. Dieu a envoyé l’Esprit pour appliquer le salut aux élus 5. Dieu a envoyé l’Esprit pour appliquer le salut aux élus 5. Dieu a envoyé l’Esprit pour appliquer le salut aux élus 5. Dieu a élu ceux qui acceptent le salut

Ces quatre visions sont avant tout des constructions intellectuelles qui ne sont pas directement tirées d’un ou plusieurs textes bibliques, mais cherchent à faire une classification logiquement acceptable.

UNE VUE DE SYNTHÈSE ?

L’équilibre dans la doctrine de l’élection

Les arguments des calvinistes et des arminiens reposent à la fois sur des textes clairs des deux côtés et sur des arguments logiques tirés de la théologie proprement dite et de l’anthropologie bibliques. Il n’est donc pas possible de porter l’anathème sur les tenants de ces positions.
Une conciliation logique totalement satisfaisante semble illusoire. Dans le salut, la souveraineté de Dieu et la responsabilité de l’homme coexistent. Il semble que Dieu ait voulu laisser « en tension » ces deux côtés de la doctrine du salut. L’équilibre est très délicat, car le chemin de crête est très étroit et il est extrêmement facile de verser d’un côté ou de l’autre.

Les points à rejeter

Du calvinisme

La double prédestination : La Bible ne fait jamais un parallèle strict entre l’élection des croyants et la réprobation des perdus. De plus, il n’est jamais dit que les perdus seront condamnés à la mort éternelle à cause d’un choix divin, mais à cause de leur incrédulité (Jean 3.18) et de leurs œuvres (Apoc 20.12).
La limitation du sens de la foi : La foi n’est pas un simple don divin qui suivrait la régénération. Elle est le moyen de la régénération, donné par Dieu, mais dont l’appropriation dépend de l’homme et met en œuvre sa responsabilité.
Une vision un peu caricaturale de la souveraineté divine : La Bible maintient la distinction entre la volonté divine et la permission divine. L’occulter risquerait de faire de Dieu l’auteur direct du mal.

De l’arminianisme : 

La limitation de l’élection à la seule préconnaissance : La Bible indique un choix de Dieu souverain, antérieur et non subordonné à sa préscience (même si cette dernière est bien réelle).
La restauration liée à la grâce prévenante : La Bible ne semble pas indiquer une action distincte de l’Esprit pour neutraliser la dépravation humaine.
La possibilité de perdre le salut : Mettre trop l’accent sur la responsabilité humaine, peut conduire à ébranler la pleine certitude du salut en présentant la réelle possibilité d’apostasie. Or nul ne pourra persévérer jusqu’à la fin sinon par la grâce donnée par Dieu.

Quelques affirmations visant à l’équilibre

– Dieu a souverainement choisi par grâce pure de sauver certains hommes, alors que tous méritent sa colère et la perdition éternelle. Aucune contrainte extérieure ne l’y conduit, mais c’est un pur acte de miséricorde, indépendant du mérite de ceux qui en bénéficient.
– Tout homme est pleinement responsable devant Dieu de ses actes et, en particulier, de recevoir ou non l’offre du salut qui lui est faite. Son état de pécheur ne l’empêche pas de choisir de répondre positivement.
– Une fois qu’il a cru, le croyant réalise avec admiration qu’il avait été élu de toute éternité (sans qu’il le sache auparavant) et que la foi qui l’a amené au salut est en elle-même un don de Dieu. La seule façon qu’il ait de connaître son élection est de répondre à l’appel qui lui a été fait.
– Il est possible à la fois de prier Dieu pour le salut de quelqu’un (pour qu’il « le tire ») et de répondre à l’ordre qui nous est donné de présenter l’Évangile à cette même personne (car c’est peut-être le moyen même que Dieu va utiliser pour l’attirer à elle) (Jean 6.44). Une parole de Jésus me semble résumer ces deux aspects : « Tous ceux que le Père me donne viendront à moi ; et je ne mettrai point dehors celui qui vient à moi » (Jean 6.37).

Les implications de l’élection

– Une nouvelle vision de la souveraineté de Dieu : Nous pouvons être émerveillés devant le plan grandiose que Dieu lui-même a élaboré pour notre salut et qu’il nous ait élus, préconnus, prédestinés personnellement de toute éternité !
– Une confiance dans la fermeté du salut que Dieu nous accorde : Si l’élection de Dieu est de toute éternité, elle nous conduira sûrement dans l’éternité « future ». Nous sommes donc assurés que le salut offert n’est pas conditionnel ou instable, mais solide et basé en Dieu.
– Un nouveau zèle pour évangéliser : L’action missionnaire est précisément le moyen que le Dieu souverain a choisi pour amener au salut les élus (sans que nous sachions qui ils sont). Dieu n’a pas seulement choisi le but mais aussi le moyen.

les articles plus lus

En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)