La dîme et l’offrande

Dans la Bible, il est souvent question d’argent et, notamment, des croyants qui donnent de l’argent. Dans les églises aussi, il est souvent question d’argent ; mais trop souvent, toutefois, ce qui se dit dans la Bible et ce qui se dit dans les églises ne s’accordent pas trop.
La première chose qui ressort d’une étude de la dîme dans la Bible est le peu d’information qui existe sur le sujet. Quelques passages dans la Loi expliquent le principe (et pas toujours d’une manière particulièrement claire), quelques passages dans les livres historiques, deux seulement dans les prophètes. Comparé à ce que la Bible dit sur les sacrifices, la louange, la sainteté, les idoles, ou tant d’autres sujets, celui-ci n’est vraiment pas développé, surtout comparé à l’importance qu’il prend dans l’enseignement de certaines églises chrétiennes.

La dîme : la finance publique de l’époque

La dîme n’est pas du tout propre à la Bible ou au judaïsme ; c’était la « taxe » la plus courante dans beaucoup de sociétés de l’époque. Elle semble avoir été pratiquée le plus souvent dans le domaine religieux mais aussi politique (1 Samuel 8 met le peuple en garde contre la dîme que leur prélèverait un roi).
La seule structure mise en place par la loi de Moïse pour l’organisation et la gestion de la société est la structure lévite [note]La loi prévoit la possibilité pour le peuple de se donner un roi (Deut 17.14-20), mais n’en instaure pas un.[/note].
Les deux grandes erreurs commises le plus souvent par les églises, dans leur enseignement sur la dîme, consistent
– d’une part à oublier que le peuple payait la dîme aux Lévites et non aux seuls sacrificateurs (qui, eux, s’occupaient du culte),
– d’autre part, à négliger l’importance de toutes les responsabilités des Lévites en dehors du culte.

Les fonctions financées par la dîme

Les Lévites constituaient le seul « gouvernement » ou la « fonction publique » de la société israélite. Il n’y avait pas de « taxes » ou « impôts » à payer, selon la Loi de Moïse, en dehors de la dîme, puisque les Lévites étaient censés faire pour ainsi dire tout ce qui relèverait de « l’État » :
1. Le culte proprement dit dont s’occupaient les sacrificateurs (qui font partie des Lévites) : l’idée de séparation de l’État et du culte n’existait pas et le culte était censé être le principe unificateur de tout Israël.
2. Certains aspects de la religion : même si les Lévites n’intervenaient pas directement dans le culte lui-même, à l’époque du Tabernacle, ils étaient chargés du transport du Tabernacle et de tout le matériel utilisé dans le culte (Nom 3.17-38). Plus tard, dans le Temple de Salomon, ils avaient d’autres responsabilités, en tant que portiers (1 Chr 23.5), chanteurs (cf. 1 Chr 15.16-22 ; 9.14-34), etc.
3. Les Lévites étaient chargés aussi de veiller à ce que personne ne touche le Tabernacle ou les choses saintes (Nom 1.53). Cette charge est en rapport avec la religion, mais aussi avec la sécurité publique.
4. Il n’y avait pas vraiment de fonction « médicale » dans la société à l’époque, mais l’examen des malades et les mises en quarantaine de la personne « impure » relevait des sacrificateurs (Lév 13).
5. Les Lévites d’une manière plus générale avaient de nombreuses responsabilités qui relèveraient, de nos jours, d’un rôle juridique (1 Chr 23.4) : veiller à ce que les poids et mesures soient justes, pour éviter de l’escroquerie sur le marché (1 Chr 23.29) ; juger dans des disputes (Deut 17.8-13 ; 21.5 ; 2 Chr 19.8) ; administrer les « villes de refuge » (Nom 35.6) ; déterminer la culpabilité d’une personne (Nom 35.10-28).
6. L’aide aux pauvres, aussi, était financée en partie par la dîme (Deut 14.29).[note]Certains pensent que la dîme en question ici venait en plus de la dîme payée aux Lévites, mais comme aucun texte biblique ne parle de deux ou trois dîmes différentes, il est fort probable que ceci veut dire simplement qu’une année sur trois, la dîme était consacrée aux pauvres (c’est vraisemblablement cette dîme dont il est question dans Amos 4.4). Certains justifient ainsi le fait de demander aux croyants de donner 20 ou même 30 % de leurs revenus pour l’église.[/note]

Les structures publiques changent et le financement aussi

La structure dont il est question dans la Loi est une théocratie où le principe unificateur essentiel du pays est l’attachement universel et obligatoire à la religion. Dès qu’il est question d’une autre structure, même en Israël, le financement change.
Le premier changement majeur et officiel est l’institution d’une monarchie en Israël. La dîme ne suffit plus pour financer toutes les dépenses. C’est d’ailleurs le fait que les charges devenaient de plus en plus lourdes qui a provoqué le schisme en Israël et a conduit à deux monarchies différentes. Mais en plus de la multiplication de taxes et de charges, le gouvernement sous l’autorité du roi prend forcément en charge certaines responsabilités qui, auparavant, relevaient des Lévites, notamment tout ce qui relevait du système juridique.
Avec la disparition de la monarchie au retour de l’exil, les structures anciennes sont remises en place dans une large mesure, ce qui veut dire que le financement ancien doit l’être aussi. Là où les autres prophètes, à l’époque des rois, n’avaient pas spécialement à reprendre le peuple dans ce domaine (non parce que le peuple payait fidèlement la dîme mais parce que les fonctions essentielles de la société étaient prises en charge par le gouvernement), Malachie doit faire prendre conscience au peuple que l’infidélité dans la dîme empêche l’œuvre de Dieu de se faire (Mal 3.8).
La situation change radicalement de nouveau quand la Judée n’est plus qu’une simple province romaine, sans autonomie locale et que la quasi-totalité des fonctions publiques sont sous l’autorité des Romains, à la seule exception du culte. Du vivant de Jésus, alors qu’il est toujours question d’Israël plutôt que de l’Église chrétienne, il est très peu question de la dîme. Jésus fait remarquer que les pharisiens payaient scrupuleusement la dîme (Mat 23.23 ; Luc 11.42), mais ses paroles montrent clairement qu’il ne considère pas cela comme un des aspects les plus importants de la Loi de Moïse.

Qu’en est-il de la dîme dans l’Église chrétienne ?

Comme les chrétiens vont vivre dans toutes sortes de sociétés différentes, avec un secteur public organisé et financé de manières extrêmement diverses selon les pays, il est totalement impossible de dire combien un chrétien doit payer pour financer ce qui devait être couvert par la dîme sous l’ancienne alliance.
Déjà, le culte est séparé le plus souvent du secteur public. Et le maintien de la société n’est pas de la responsabilité des chrétiens. Ils n’ont ni à financer le domaine de la santé publique, ni le domaine juridique. Même l’aide aux pauvres n’est plus la responsabilité des seuls chrétiens ; d’autres structures existent aussi pour cela.
Ajoutons que le culte de Dieu n’est plus obligatoire. Jésus envoie ses disciples dans un monde où le culte devient volontaire ; son financement l’est donc aussi. Au lieu de financer le culte par une « taxe » mandatée par la loi, c’est aux croyants de donner volontairement (2 Cor 8.4,10 ; 9.7), selon leurs moyens (1 Cor 16.2 ; 2 Cor 8.11-12), pour faire vivre le culte (1 Cor 9.7-14) et pour aider les pauvres qui sont à charge de l’église (Rom 12.13 ; 1 Tim 5.4-10).
Le N.T. ne reprend donc pas le principe de la dîme pour les chrétiens. On ne peut pas « chiffrer » combien chacun doit donner. Quel pourcentage de ce qui, selon la Loi de Moïse, était financé par la dîme, l’est de nos jours par les programmes sociaux, par le ministère de la justice, par le ministère de la santé, etc. ? Qui peut le dire ?
Le N.T. reste donc sur le principe d’offrandes volontaires, sans essayer jamais de donner un chiffre. Il n’y a pas de contrainte (2 Cor 8.8 ; 9.7) et ce que chacun est censé donner dépend, non d’un pourcentage imposé à tout le monde, mais de ses propres moyens (1 Cor 16.2 ; 2 Cor 8.12). Ce pourcentage variera aussi selon les dispositions de l’église locale ; une église qui veut un bâtiment doit le financer mais le N.T. n’impose nullement à une église locale d’avoir un bâtiment. Une église qui a les moyens de faire plus d’œuvres sociales aura besoin de plus de financement pour cela, mais le N.T. ne donne aucune indication sur son implication, puisque cela va varier selon les pays et les moyens des églises. Le chrétien est appelé simplement à comprendre l’importance de l’œuvre de Dieu et y contribuer, selon ses moyens. Il le fait par la prière, par sa participation active, et par l’argent qu’il met à disposition de ceux qui gèrent cette œuvre.

Qu’est-ce qui est obligatoire pour les chrétiens ?

Aujourd’hui comme hier, il faut bien financer la société d’une manière ou d’une autre. Mais la manière de la financer varie énormément. De nos jours, dans la très grande majorité des pays, le secteur public est financé en grande partie par les impôts, taxes et charges (en plus du financement par les usagers.) Pour les chrétiens, ce financement est obligatoire. En effet, un croyant doit payer taxes, charges et impôts fixés par la loi, comme tout le monde (cf. Mat 22.17-21 ; Rom 13.5-7).
Dans la plupart des pays occidentaux, la participation au financement du culte n’est pas obligatoire, selon la loi ; il relève de ceux qui se rattachent au culte en question. Cela veut dire que c’est aux chrétiens de financer l’œuvre chrétienne, en plus de leurs impôts [note]Bien que beaucoup de pays, dont la France, permettent de déduire des revenus imposables les sommes données pour le culte, ce qui veut dire que, dans un certain sens, les fonds de l’État contribuent indirectement au financement du culte.[/note].
Cela étant dit, si la participation au financement du culte est libre pour un croyant donné, il est obligatoire pour l’ensemble de la communauté chrétienne. Comme l’État ne finance pas directement le culte, si les croyants ne le font pas, il n’y aura pas de culte. En s’appuyant sur la Bible, une église ne peut pas fixer un taux de participation dans le financement de l’église et l’imposer à tout le monde. Mais une église peut bien en parler, pour faire comprendre à tous les croyants qu’ils constituent sa seule source de revenus.
Mais si la participation est libre sur le plan individuel, si ce n’est pas une obligation, pourquoi une personne donnée y participerait ? La raison est simple : par amour pour le Seigneur et, par extension, pour son œuvre. Si le croyant a des priorités bibliques, l’avancement de l’Église de Jésus-Christ est important pour lui. Il ne le fera pas par obligation, ni par crainte de punition s’il ne le fait pas, mais parce qu’il désire que cette œuvre puisse continuer et il sait que, pour le faire, il faut de l’argent.
Remarquons néanmoins que l’argent n’est pas le seul moyen de participer à l’œuvre du Seigneur. Dans les temps anciens, la dîme se payait non seulement en argent mais aussi en nature. De même, les croyants peuvent contribuer à l’œuvre du Seigneur par leur temps, leurs compétences, ou par leurs biens matériels. Même une personne qui a peu de moyens financiers peut ainsi montrer que l’œuvre du Seigneur est sa priorité.

Y a-t-il des bénédictions promises à ceux qui donnent la dîme aujourd’hui ?

Même dans certaines églises où le principe d’offrandes volontaires est bien compris et enseigné, il y a parfois une tendance, malgré tout, à « encourager » fortement les croyants à donner, en leur promettant une compensation financière de la part de Dieu s’ils donnent, en s’appuyant souvent sur Malachie 3.10 : « Apportez à la maison du trésor toute la dîme, afin qu’il y ait des provisions dans ma Maison ; mettez-moi de la sorte à l’épreuve, dit l’Éternel des armées. (Et vous verrez) si je n’ouvre pas pour vous les écluses du ciel, si je ne déverse pas pour vous la bénédiction, au-delà de toute mesure. »
Or l’utilisation de ce texte montre une confusion majeure entre une promesse collective et une promesse individuelle : il ne s’agit nullement d’une « récompense » pour leur fidélité, comme si Dieu leur disait : « Si vous me donnez ceci, je vous donne cela en retour. » Une telle notion relève entièrement de la religion païenne et non de l’optique biblique. Ce n’est pas une « promesse » dans le sens d’une récompense, mais un simple principe : si l’ensemble d’un pays agit selon la loi de Dieu, le pays en sera plus fort. Si le peuple triche massivement en évitant de payer la dîme, le gouvernement est forcément affaibli.
Mais il y a pire que cela : promettre la prospérité à ceux qui paient la dîme change totalement la motivation du croyant. Au lieu de donner — et se donner — pour le royaume de Dieu, simplement parce qu’il veut voir le royaume de Dieu avancer, il le fait pour ce qu’il peut en tirer. Son but fondamental est égoïste — et Dieu est censé récompenser cet égoïsme ! Dans 1 Timothée 6.3-5, Paul dénonce très fortement ceux qui « considèrent la piété comme une source de gain ». Un véritable enfant de Dieu soutient l’œuvre de Dieu par amour pour Dieu et non par amour pour les bénédictions matérielles qu’il pense recevoir en retour pour sa fidélité.

Conclusions pour les Églises chrétiennes

L’Église a toujours, et aura toujours, la responsabilité d’évangéliser et de veiller à l’édification des croyants. Elle aura souvent un rôle dans l’aide sociale ou de santé, mais ce rôle est variable selon les pays. Dans certains pays du monde, les chrétiens sont pratiquement la seule source de développement d’une aide médicale urgente.
Voici six principes pour résumer l’essentiel de l’approche biblique en ce qui concerne la dîme et les offrandes :
1. Dans la mesure où la dîme représentait le financement public, les croyants ont toujours cette obligation : chacun doit payer ce que lui impose la loi.
2. Il est nécessaire pour les croyants de donner, financièrement, pour l’œuvre de Dieu [note]Bien que beaucoup de pays, dont la France, permettent de déduire des revenus imposables les sommes données pour le culte, ce qui veut dire que, dans un certain sens, les fonds de l’État contribuent indirectement au financement du culte.[/note].
3. Les croyants peuvent aussi contribuer à l’œuvre de Dieu par d’autres moyens que le financement : nous pouvons aussi donner du temps, faire des efforts, utiliser nos connaissances, etc.
4. Il est impossible de fixer un pourcentage précis pour la contribution de chacun : la situation est trop variable selon les systèmes économiques de chaque pays, les situations personnelles, etc. Le sentiment de la grâce reçue sera la première motivation.
5. De toute manière, la dîme n’appartient pas à l’église locale : Si une église voulait appliquer la Loi de Moïse à propos la dîme, elle devrait aussi utiliser cette dîme pour financer non seulement le culte mais aussi des fonctions juridiques, médicales et sociales !
6. Le financement du culte n’existe surtout pas uniquement pour enrichir le pasteur. Paul dit : « Je n’ai convoité ni l’argent, ni l’or, ni les vêtements de personne. » (Act 20.33) et il savait vivre avec très peu de moyens (Phil 4.11-13). Dans certains pays africains, un enseignement pernicieux prétend, non seulement que chaque membre de l’église doit payer la dîme, mais que cette dîme appartient directement et personnellement au pasteur. Cet enseignement n’a absolument aucun appui biblique. Un pasteur ou un conseil d’église qui insiste sur les offrandes (même s’il ne s’agit pas précisément de la dîme) en vue de s’enrichir, est totalement à côté de l’enseignement biblique. Le Seigneur Jésus, aussi, vivait avec très peu de moyens (Mat 8.20). À nous d’imiter cet exemple.

les articles plus lus

En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)