Quand la cupidité devient un dieu

 

Il n’est pas facile de prêcher sur la cupidité. Nous sommes tous prompts à juger la cupidité des autres mais peu d’entre nous admettent : « J’ai un problème de cupidité. »
Nous avons tendance à ignorer notre cupidité en nous comparant à ceux qui sont plus riches que nous et en pensant que la cupidité est leur problème. « Je m’en inquiéterai quand je serais multimillionnaire. » Pourtant, Paul a écrit à des chrétiens de classe moyenne dans une église d’une petite ville moyenne : « Faites mourir ce qui, dans vos membres, est terrestre : […] la cupidité, qui est une idolâtrie. » (Col 3.5) Si la cupidité était un problème pour eux dans leur culture, alors elle l’est certainement pour nous qui vivons dans une nation prospère.
Mais ce n’est pas un sujet facile. Sommes-nous cupides parce que nous vivons dans une maison spacieuse avec le confort moderne, alors que des millions de personnes dans le monde vivent dans des cabanes sans sanitaires ? Parce que nous avons une belle voiture ? Où tracer la ligne? Comment empêcher l’avidité de devenir notre dieu ?

Qu’est-ce que la cupidité ?

La cupidité est le désir insatiable d’avoir plus d’argent ou de biens pour son autosatisfaction, tout en ignorant Dieu et l’éternité.

Le dictionnaire définit la cupidité comme le « désir démesuré de richesse ou de posséder ce qu’a autrui ». Le problème est que ces termes sont subjectifs : la plupart d’entre nous diront : « Je n’ai pas de désirs démesurés ! J’aimerais juste un peu plus… »
Le terme grec signifie littéralement « avoir plus ». En Marc 7.21-22, Jésus mentionne une longue liste de péchés, y compris « les cupidités », qui, selon lui, viennent de nos cœurs. La cupidité ne tient donc pas principalement au montant, mais plutôt à l’attitude et aux motifs. Les pauvres peuvent être aussi cupides que les riches.
L’homme de la parabole que raconte Jésus n’était pas content, même s’il avait beaucoup (Luc 12.13-21). Il voulait plus. Il ne pensait pas au royaume de Dieu, ni aux besoins des autres. C’est cela, la cupidité.
La cupidité donne une fausse valeur aux choses temporelles qu’elle traite comme si elles – et nous – vivions éternellement sur terre. Mais nous pourrions mourir aujourd’hui ou toutes nos possessions pourraient nous être enlevées instantanément. La sécurité financière n’existe pas dans ce monde. Demandons-nous donc : « À la lumière de l’éternité et de la brièveté et de l’incertitude de cette vie, est-ce que je gère ce que Dieu m’a confié afin d’être riche pour Dieu ? »

Comment les chrétiens devraient-ils considérer la cupidité et la richesse ?

La cupidité est un grand péché à éviter ; la richesse est une grande responsabilité de faire le bien.

Paul dit que la cupidité équivaut à l’idolâtrie et amène la colère de Dieu (Col 3.6). Ailleurs (1 Cor 6.9-10 ; Éph 5.5), il avertit que les cupides n’hériteront pas du royaume de Dieu. Il veut dire que ceux dont la vie est caractérisée par la cupidité ne sont pas de vrais croyants et ils iront en enfer.  Il avertit : « Mais ceux qui veulent devenir riches tombent dans la tentation et un piège et de nombreux désirs stupides et nuisibles qui plongent les hommes dans la ruine et la destruction. Car l’amour de l’argent est une racine de toutes sortes de maux, et certains en le désirant se sont éloignés de la foi et se sont percés de nombreuses douleurs. » (1 Tim 6.9-10)
Dans presque toutes les listes de péchés où la cupidité est mentionnée, elle est associée à l’immoralité sexuelle. Si les chrétiens considéraient la cupidité comme égale à l’idolâtrie et aussi grave que l’immoralité sexuelle, comment tolèreraient-ils même une seconde les flamboyants télévangélistes qui affichent une richesse extravagante et disent effrontément à tout le monde que la prospérité financière est leur droit divin ? Pierre dénonce de tels faux enseignants en les comparant à Balaam et en disant que leur cœur est « exercé à la cupidité » (2 Pi 2.14-15). La cupidité est un grave péché qu’il nous faut éviter !
Cela signifie-t-il alors que nous devions faire vœu de pauvreté et nous débarrasser de tous nos biens ? Comment devrions-nous considérer la richesse ?
La Bible considère la richesse comme une responsabilité sérieuse de faire le bien. Toute richesse vient de Dieu comme un don qui nous est confié pour l’utiliser correctement pour lui. Nous sommes libres de jouir sans culpabilité des richesses que Dieu nous confie, mais nous en sommes également les gardiens. Le conseil de Paul s’applique à nous (1 Tim 6.17-18) : « Instruisez ceux qui sont riches dans ce monde actuel [nous sommes riches par rapport à la plupart des hommes] à ne pas être vaniteux ou à fixer leur espoir sur l’incertitude des richesses, mais sur Dieu, qui nous fournit abondamment tout ce dont nous pouvons jouir. Demandez-leur de faire le bien, d’être riches en bonnes œuvres, d’être généreux et prêts à partager. »
Alors que le travail diligent est le moyen normal que Dieu utilise pour conférer des richesses, ne pensons jamais que nous sommes la cause de notre propre succès ou que Dieu nous le doit. Moïse a averti Israël avant de pénétrer dans Canaan (Deut 8.18) : « Tu te souviendras du Seigneur ton Dieu, car c’est Lui qui te donne le pouvoir de faire des richesses, afin qu’il puisse confirmer son alliance qu’il a jurée à tes pères. ». Cette alliance était la promesse de Dieu de bénir Israël afin qu’il puisse bénir les autres (Gen 12.1-3).La Bible considère la richesse comme bonne, mais dangereuse. Si nous sommes de bons intendants des richesses que Dieu nous donne, en les utilisant pour promouvoir ses desseins, c’est bien. Mais si nous sommes trompés par nos richesses (Mat 13.22), de sorte que notre confiance passe du Seigneur à nos richesses, ou si nous les gaspillons dans une vie égoïste sans égard pour les desseins de Dieu, nous risquons la ruine spirituelle.

Comment savoir si je suis cupide ?

Il existe de nombreux signes de cupidité

Avant de les examiner, permettez-moi de vous avertir que nous devons faire attention à nous juger nous-mêmes et pas les autres (Mat 7.1-5). Si vous pensez qu’un autre chrétien est aveuglé par la cupidité, votre responsabilité est de chercher doucement à le redresser (Gal 6.1). Mais nous devons tous nous tenir un jour devant Dieu ; aussi affrontons ces questions personnellement et honnêtement à cœur ouvert devant lui.
Ces questions sont difficiles et la bataille constante ! Devons-nous changer notre vieille voiture contre une plus récente ? Et si oui, combien devons-nous dépenser ? Allons-nous passer des vacances à l’hôtel ou camper ? Dois-je épargner pour ma retraite ou donner maintenant pour l’œuvre du Seigneur ? Le problème est que, bien que des principes bibliques puissent nous guider, il n’y a pas de règles strictes et toutes faites pour chaque situation. Voici quelques questions pour aider à prendre le pouls spirituel en matière de cupidité :
1. Est-ce que je considère mon argent et mes biens comme les miens ou ceux de Dieu ? C’est la question fondamentale. Bien que la Bible reconnaisse les droits de la propriété privée, fondamentalement Dieu possède tout ce que j’ai. Je le gère pour lui, et au jugement, je lui en rendrai compte (Mat 25.14-30 ; Rom 14.10,12).
2. Si je savais que je mourrais dans un an, est-ce que je gérerais différemment les ressources que Dieu me donne ? A la fin du film La Liste de Schindler, ce riche industriel qu’est M. Schindler, qui a dépensé toute sa fortune personnelle pour soudoyer des fonctionnaires allemands afin de sauver des Juifs des chambres de la mort, montre sa belle voiture et dit : « J’aurais pu la vendre et sauver quelques vies de plus. » Schindler ne sauvait pas des âmes pour l’éternité. Mais quand nous pensons à la mission donnée par notre Sauveur, de prêcher l’Évangile à chaque créature, nous devons tous nous demander : « À la lumière de la brièveté de la vie et de l’éternité à venir, pourrais-je faire plus ? »
3. Pourquoi est-ce que je veux plus d’argent ? Autrement dit : quels sont mes motifs ? Pour mieux pourvoir aux besoins de ma famille? Cela peut être légitime. Mais si c’est juste pour acheter des choses dont je n’ai vraiment pas besoin, je vais peut-être dériver vers la cupidité.
4. Suis-je plus soucieux de gagner de l’argent que je ne le suis de ma destinée éternelle ? Jésus soulève cette question à travers la parabole de l’homme aux greniers. Il accumulait des trésors pour lui-même sur terre, mais il n’était pas « riche pour Dieu ». Il n’y a rien de mal à travailler dur pour réussir sa carrière. Mais si tous mes moments conscients sont occupés par ma réussite financière et si je pense rarement à la façon dont je peux rechercher d’abord le royaume de Dieu et sa justice, je suis probablement gagné par la cupidité.
5. Quelle est la source de ma sécurité : l’argent ou Dieu ? Nous connaissons tous la « bonne » réponse à cette question. Mais si tout – tous mes biens, tous mes comptes bancaires – m’avait été enlevé, comme cela est arrivé à beaucoup de nos frères et sœurs au Moyen-Orient aurais-je fait confiance à Dieu ?
6. Dois-je pleurer une perte d’argent ou de biens ? Ou, si je projette d’acheter quelque chose, à quel point serait-il difficile pour moi d’y renoncer plus tard ? Mon niveau de chagrin est directement proportionnel à mon attachement émotionnel. C’est normal de regretter d’avoir perdu quelque chose de valeur. Mais si nous faisons confiance au Seigneur et reconnaissons que tout ce que nous avons lui appartient, nous ne devrions pas en être dévastés. Si nous le sommes, il est bien possible que nous soyons cupides.
7. Est-ce que je m’accroche à mes affaires ou suis-je généreux et prêt à partager ?
8. Dois-je compromettre mes valeurs chrétiennes ou mes priorités pour gagner de l’argent ? Certaines choses devraient compter beaucoup plus que gagner de l’argent : la façon dont j’honore Dieu par mon témoignage, ma relation avec Jésus-Christ, une conscience pure, ma relation avec ma femme, mes enfants et d’autres personnes. Si je triche, mens ou vole parfois pour gagner plus ou éviter de perdre, je suis cupide. Si je romps des relations ou en cultive d’autres pour un gain financier, je suis cupide.
9. Suis-je enclin à devenir riche rapidement ? Si je me sens attiré par un moyen facile et rapide de faire fortune, j’ai probablement un problème de cupidité. Si je rêve de gagner au loto ou au casino, je devrais me poser la question : pourquoi ? Est-ce vraiment pour en consacrer la majeure partie à l’œuvre du Seigneur dans le monde ? Si la vraie réponse est : « Pour devenir riche », je suis sans doute cupide.
10. Suis-je esclave du crédit ? Certains sont endettés à cause du chômage ou de difficultés inévitables ; c’est un autre sujet. Mais beaucoup de personnes surendettées ont un problème de dépenses excessives, influencées par la publicité qui dit que vous avez besoin de davantage pour être heureux. C’est un signe de cupidité !
Vous pourriez probablement ajouter d’autres questions. Si vous avez découvert quelques racines de cupidité, alors considérez la dernière question.

Comment puis-je régler mon problème de cupidité ?

Je dois me séparer radicalement de toute avidité, en commençant au niveau de la pensée.

« Faire mourir » ma cupidité signifie prendre des mesures radicales pour la couper de ma vie, en commençant par mes pensées. Lorsque Paul dit de « faire mourir », il veut dire : « Séparez-vous radicalement de ces péchés, en commençant au niveau de la pensée », à la lumière de votre nouvelle identité en Christ (cf. Col 3.1-4) et avec la puissance du Saint-Esprit (Rom 8.13). Mais, nous sommes responsables de le faire ! Considérez les « richesses insondables du Christ » (Éph 3.8) comme plus précieuses que toutes les richesses que ce monde offre. Il est le trésor ; il est la perle de grand prix (Mat 13.44-46). En ayant Christ et en trouvant la joie et le contentement en lui, je reconnais que Dieu est le propriétaire de tout ce que j’ai et je me vois comme un gestionnaire qui doit lui rendre compte. J’adopte les priorités du Propriétaire : les objectifs de son royaume. Je me demande si j’ai besoin de cette nouvelle chose. Je résiste à la pression des soldes. Je prie pour les achats importants avant de les faire. Je me débarrasse de toutes les choses inutiles. Je cherche à vivre plus simplement. Je fais un budget et je le suis. J’apprends à marcher dans l’Esprit afin que son fruit, la maîtrise de soi, gouverne mes impulsions.

Pour me débarrasser de la cupidité, je m’engage aussi par la foi à donner généreusement à l’œuvre du Seigneur.

Donner est le « bouchon de vidange » de la cupidité. Je fais confiance à Dieu en donnant dès la paie reçue et pas seulement s’il reste quelque chose à la fin du mois. Je donne de manière planifiée dans la prière, plutôt que sous pression. Je donne quand ça fait un peu mal, quand je sacrifie joyeusement quelque chose que je pourrais acheter, pour pouvoir contribuer à l’œuvre du Seigneur. Pour beaucoup d’entre nous, donner généreusement signifie donner bien plus de 10 %.
Si je me dis : « Si je gagne un peu plus, je donnerais plus », je me berne probablement. Pourquoi ne pas faire confiance à Dieu et augmenter le pourcentage que je donne maintenant ? Lorsque vous obtenez une augmentation, demandez à Dieu ce qu’il veut que vous en fassiez, plutôt que de le dépenser automatiquement.

Conclusion

Le meilleur sermon que j’ai jamais lu sur la cupidité vient d’un non-chrétien ! Dans The Pearl, John Steinbeck raconte l’histoire d’un plongeur de perles heureux, mais pauvre, qui rêve de trouver la perle parfaite. Un jour, il la trouve, mais plutôt que de lui apporter le bonheur espéré, elle lui cause un problème après l’autre, car tout le monde est à la recherche de sa perle. Il risque de perdre sa vie ; son fils est tué ; sa femme et lui se disputent. Sa vie, autrefois tranquille, est totalement bouleversée parce qu’il s’accroche à cette perle. Finalement, il se tient sur le rivage et lance la perle maudite aussi loin que possible dans la mer. C’est ce que nous devons faire de notre cupidité ! Nous en séparer radicalement ! La mettre à mort !

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En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)