Job, espérant contre toute espérance (Job 19)

D’après la transcription d’un message donné par Dany Hameau au Berghaus à Isenfluh

Le dictionnaire définit le désespoir comme étant la perte de toute espérance ou l’état d’une personne sans espérance, qui a baissé les bras. L’espérance, au contraire, est le sentiment qui fait entrevoir comme étant probable la réalisation de ce que l’on désire, c’est une confiance en l’avenir.

Dans les chapitres précédents, les pensées de Job ne sont pas une suite chronologique d’étapes mais un va-et-vient entre différents états. Cela reflète notre cheminement qui est souvent fait de contradictions et qui n’est pas toujours très linéaire.
L’espérance consiste à croire que Dieu va faire justice un jour ; elle est bonne pour notre moral, car elle fait sens. Le projet de Dieu dans cet univers s’accomplira envers et contre tout. Cet aspect du jugement dernier, où un libérateur va prendre en main le dossier de Job pour lui faire justice, va être littéralement sa bouée de sauvetage dans le cheminement contradictoire qui est le sien.

Bildad versus Job

Au chapitre 18 de Job, Bildad expose que le méchant connaît épreuve sur épreuve. Job lui répond au chapitre suivant : « Je suis abandonné de mes proches, je suis oublié de mes intimes » (19.14) mais il veut croire, contre vents et marées, que Dieu aura le mot de la fin.
Job répond à Bildad et à ses deux autres « amis » : « Voilà dix fois que vous m’outragez ; n’avez-vous pas honte de m’étourdir ainsi ? si réellement j’ai péché, seul j’en suis responsable. » (19.3-4) Il poursuit : « Sachez alors que c’est Dieu qui me poursuit, et qui m’enveloppe de son filet. Voici, je crie à la violence, et nul ne répond ; j’implore justice, et point de justice ! Il m’a fermé toute issue, et je ne puis passer. » (19.6-8) Job se voit pris pour cible par Dieu qui serait son ennemi. Il croit que Dieu le traite comme un coupable. Même si la souffrance de Job est humainement injuste, incompréhensible et inexplicable, il n’en demeure pas moins que Job a tort de rendre Dieu coupable de l’injustice qu’il subit. Lorsque nous n’arrivons pas à expliquer ce qui nous arrive, nous sommes souvent enclins à chercher un coupable.

Le silence de Dieu

Job déplore le silence de Dieu. Le silence peut être redoutable, continu et frustrant. Lorsqu’on traverse un tunnel, on est souvent amené à poser des questions à Dieu, mais celui-ci demeure silencieux. De son point de vue, il n’a pas jugé nécessaire de répondre aux questions de Job. Au final, la réponse de Dieu n’a pas pour thème la cause et la raison de la souffrance de Job, mais elle a cependant atteint son objectif (cf. 38.1-42.6).
David fait également référence au silence de Dieu face à l’adversité (Ps 22.2-3). À propos des héros de la foi listés en Hébreux 11, il est dit : « Tous ceux-là, à la foi desquels il a été rendu témoignage, n’ont pas obtenu ce qui leur était promis. » (Héb 11.39) Ce texte nous apprend que :
– Dieu ne répond pas à toutes nos prières,
– même si Dieu n’a pas répondu, Dieu reste Dieu, et la foi placée en lui n’est pas vaine.
Nous avons une vision partielle alors que Dieu a une vision panoramique. Vouloir dès lors imposer à Dieu notre point de vue, c’est faire preuve de présomption, d’arrogance, voire de manipulation ; c’est comme aller chez le médecin afin de ressortir avec l’ordonnance telle que nous l’aurions désirée. Il y a aussi des prières auxquelles Dieu répondra plus tard et dont nous ne verrons pas l’accomplissement.
La non-réponse de Dieu à nos supplications devrait faire partie de notre théologie de la prière (cf. Lam 3.8). La véritable spiritualité intègre la non-réponse de Dieu. Dans certains cercles chrétiens, on abuse de la parole de foi (Mat 21.22) en prétextant qu’elle a un pouvoir créateur. Il suffirait alors de demander une chose pour l’obtenir. Cette attitude relève de l’arrogance et non de la véritable spiritualité. Nous devons éviter à tout prix les écueils de la présomption et de l’arrogance où nous obligeons Dieu à nous donner ce que nous lui réclamons. Car si Dieu nous donnait tout ce que nous voulons, alors Dieu ne serait plus Dieu.
Un domaine particulièrement sensible est celui de la prière de guérison. Je crois que Dieu peut guérir mais je ne peux pas affirmer sans hésiter que Dieu va guérir tout le temps et tout le monde. Dans ce domaine, soyons nuancés et posés, et manifestons de l’humilité en admettant que si Dieu ne répond pas dans les termes et les délais que nous souhaitons, Dieu reste Dieu.
L’Écriture nous donne l’exemple d’autres hommes honnêtes, comme les psalmistes ou Jérémie, qui prient et répandent leur plainte devant Dieu mais qui ont l’impression d’avoir en face d’eux un mur : ils se heurtent au silence de Dieu ou à sa non-réponse. Dieu sait et voit, mais pour les raisons qui sont les siennes, parce qu’il a cette vue panoramique, il agit comme bon lui semble. Il n’a pas de compte à nous rendre.

La déchéance de Job

Job craint de disparaître, il a l’impression que Dieu lui a retiré tout espoir, à l’image d’un arbre que l’on déracine (19.10). Dieu s’est ligué contre lui (19.11). Il est abandonné de tous (19.13-16), qui le méprisent et l’ont en horreur (19.18-19). Son état physique est répugnant (19.17,20). On a vraiment le sentiment d’être en face d’une personne qui n’est plus que l’ombre d’elle-même. Job s’analyse et constate avec lucidité son état de décrépitude, il décrypte les messages d’indifférence et d’insolence que son entourage lui renvoie. Les enfants se raillent de lui, alors qu’en Orient, on honore les cheveux gris.
Au-delà de Job, on peut lire dans ce texte en filigrane le mépris dont Jésus fut l’objet, lui, la lumière qui est venue chez les siens et qui a été rejetée (Jean 1.11). La prophétie messianique d’Ésaïe 53 évoque le serviteur abandonné, méprisé, blessé, frappé, brisé, maltraité, opprimé. Job était devenu méconnaissable et l’ombre de lui-même. Au travers de la souffrance de Job, nous pouvons voir la souffrance de Jésus.

Le réveil de Job

L’espoir de la réhabilitation

Au verset 23, nous constatons le début d’un renversement de situation. Job aspire à ce que ses paroles soient consignées dans un livre, gravées au burin dans le roc, que son plaidoyer subsiste au-delà de sa mort. Nous connaissons bien cet adage : « Les paroles s’envolent, les écrits restent. » Job espère être réhabilité, quitte à ce que ce soit à titre posthume. À ce stade, nous avons l’impression que Job est déjà au fond de la tombe.
Deux chapitres plus haut, Job fait déjà appel à Dieu lui-même pour le défendre (17.3). Ici, au verset 25 de notre chapitre, jaillit de la bouche de Job un cri du cœur, une conviction inébranlable. Lui, que personne n’écoute, fait appel à son libérateur, à son rédempteur, à celui qui va plaider sa cause. Judiciairement parlant, Job réclame avec une étonnante clairvoyance la réhabilitation de sa personne, tel un condamné par erreur qui souhaite être lavé de l’accusation à son encontre. Il fait appel à ce témoin qu’il a déjà évoqué (Job 16.19), il entrevoit une lueur : Dieu va plaider son cas et se porter garant contre lui-même, et Dieu ne sera plus un étranger pour Job [note]« Et il ne sera plus un étranger pour moi », Job 19.27, Bible du Semeur.[/note].
Job a certes fait preuve d’arrogance en accusant Dieu de son malheur, en parlant de choses qui le dépassaient, mais Job n’a jamais franchi la ligne jaune car il n’a pas blasphémé et n’a pas parlé de Dieu de manière indue. Job était écartelé entre deux conceptions opposées de Dieu : d’un côté la foi et de l’autre le doute, tantôt Dieu est son adversaire, tantôt il est son défenseur.
Job se met ici à marcher par la foi et non plus par la vue. Toutefois Il convient de nuancer quelque peu, car, si Job aspire à sa réhabilitation, il semble ne plus la voir dans cette vie-ci. De la situation présente, il attend la mort et ne peut s’y résoudre. La non-réponse de Dieu le rend amer. Cela l’amène à miser toute son espérance sur l’au-delà.

Une conviction forte

Job affirme : « Mais je sais… » (19.25) Lorsqu’on passe par de grandes épreuves, la seule branche à laquelle on peut encore se raccrocher est celle des convictions certaines sur lesquelles repose notre foi chrétienne ; nous trouvons notre secours en Dieu. La foi ne consiste pas à fermer les yeux et à faire un grand saut dans le vide ; elle repose sur des certitudes (cf. Jean 8.14 ; 11.24 ; 2 Tim 1.12). Certaines personnes disent qu’on ne peut être certain de la vie éternelle et que nous sommes présomptueux d’affirmer l’avoir. Mais notre assurance est objective car elle est écrite dans sa Parole. S’y ajoute l’assurance subjective que nous donne l’Esprit (Rom 8.16).
Job a des certitudes :
– Dieu est son défenseur et son libérateur (19.25) ;
– Dieu plaidera sa cause et le réhabilitera [note]1 Jean 2.1 confirme ce que Job savait : « Nous avons un avocat auprès du Père, Jésus-Christ le juste. »[/note];
– il pourra contempler Dieu dans l’au-delà (19.26-27).

La résurrection

Job affirme : « Quand ma peau sera détruite, il se lèvera ; après que ma peau aura été détruite, moi-même je contemplerai Dieu. » (19.26) Cette parole est révolutionnaire. Job croit qu’au-delà de sa mort, il va ressusciter. Dans l’A.T., deux autres textes qui parlent de la résurrection physique et corporelle des hommes de manière très claire :
– Le Psaume 16.10 parle de la résurrection. Ce Psaume messianique évoque la résurrection de Jésus-Christ.
– Daniel 12.2 parle de la résurrection des morts et la complète par la différentiation du sort qui leur est réservé : les uns ressusciteront pour le ciel, les autres pour l’enfer.
Dieu a ainsi révélé progressivement la réalité de la résurrection dans l’A.T.
Aujourd’hui, bien des chrétiens pensent que la vie éternelle commence dans l’au-delà. « Or, la vie éternelle, c’est qu’ils te connaissent, toi, le seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus-Christ. » (Jean 17.3) La vie éternelle commence au moment où Dieu ressuscite l’âme qui était spirituellement morte, c.-à-d. à la nouvelle naissance, lorsqu’on a compris qu’on est pécheur, que Christ a tout accompli à la croix et où on décide de mettre sa vie à disposition de Dieu. Dès cet instant, on entre dans la vie éternelle.
Job, qui imaginait pouvoir enfin bénéficier de l’approbation divine dans l’au-delà, sera bien pris de court, car sa réhabilitation aura lieu beaucoup plus tôt que prévu… Quel privilège pour nous, de savoir qu’en vertu de l’œuvre salvatrice de Jésus-Christ, dès aujourd’hui, nous pouvons jouir non seulement du regard approbateur du Seigneur, mais d’une communion intime avec lui qui ira éternellement crescendo !

 

les articles plus lus

En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)