Une vision biblique des animaux

Depuis la publication de l’ouvrage phare de Peter Singer, Animal Liberation, en 1976, le thème de la relation morale de l’humanité avec les animaux est devenu un sujet particulièrement controversé. Sans surprise, les chrétiens ont commencé à revisiter la question des droits des animaux. Les végétariens chrétiens, comme ils s’appellent eux-mêmes, se sont mis à proclamer leur mode de vie plus « humain » comme une extension logique de la rédemption trouvée en Christ. À la lumière de ces évolutions, il est maintenant nécessaire que l’Église examine à nouveau ce que dit l’Écriture sainte à propos de la relation de l’humanité avec les animaux, en comparant cette relation à celle défendue par ceux qui s’appellent des « végétariens chrétiens » et des « défenseurs chrétiens des droits des animaux ». Pour ce faire, cet article définira la question, examinera cette question du point de vue du théologien des droits des animaux Andrew Linzey, puis évaluera ses idées à la lumière des Écritures.

Définitions

Commençons par définir certains termes.
Le concept de « droits des animaux » pose comme principe que les animaux en tant qu’individus ont les mêmes droits que ceux que l’on croit appartenir à l’homme, ou du moins des droits similaires à ceux-ci. Ces droits comprendraient le droit à la vie, à la liberté et à la latitude de vivre sans être dérangés par les humains. Cette théorie diffère de la doctrine du « bien-être des animaux », selon laquelle les êtres humains peuvent manger, chasser, piéger, pêcher et élever des animaux, à condition que les animaux soient traités de manière responsable.
Les végétariens sont des personnes qui refusent de manger de la chair animale, mais qui mangent et portent des produits d’origine animale (tels que le fromage, le lait et la laine) qui n’exigent pas la mort de l’animal.
Les végétaliens (vegans), eux, refusent de manger ou de porter tout produit provenant directement ou indirectement d’animaux, y compris les produits testés sur des animaux.
Les végétariens chrétiens, malgré une certaine diversité, estiment que le principe chrétien d’intendance de la terre selon Dieu justifie fortement, sinon exige, l’adoption d’un mode de vie végétarien. Ils croient que le végétarisme accomplit la volonté de Dieu pour la gérance de l’humanité de quatre manières essentielles.
 Tout d’abord, ils soutiennent que le végétarisme était le plan original de Dieu dans la création.
 Deuxièmement, le végétarisme, en réduisant la mort animale, représente la compassion du Christ pour la création.
 Troisièmement, il illustre une gestion selon Dieu de la terre par un mode de vie plus simple, dans la mesure où les végétariens consomment moins de ressources.
 Enfin, le végétarisme témoigne d’une meilleure responsabilité individuelle dans la mesure où il est un mode de vie plus sain.[note]Stephen R. Kaufman and Nathan Braun, Vegetarianism as Christian Stewardship, Vegetarian Advocates Press, 2002, ix.[/note]
Comme on peut le constater, le sujet du végétarisme chrétien est varié et nécessite une évaluation, tant du point de vue théologique que scientifique. Il convient de souligner que la relation entre le végétarisme et les droits des animaux n’est pas symétrique. Mais si on prétend être un activiste des droits des animaux, alors on doit être végétarien pour rester cohérent. Cependant, vous pouvez être végétarien sans être un activiste des droits des animaux.

La théologie d’Andrew Linzey

Le premier ouvrage d’Andrew Linzey, intitulé Droits des animaux : une évaluation chrétienne du traitement des animaux par l’homme, a paru en 1976, la même année que Animal Liberation de Peter Singer. Depuis, Linzey, un ministre anglican, a continué à développer ses arguments en faveur d’une vision chrétienne des droits des animaux. L’argumentation du Dr Linzey présente des thèmes intéressants pour le chrétien par rapport à la Bible. Ses points de vue concernent notre vision de l’homme, la place de l’humanité dans la création, le statut des animaux, l’étendue de l’œuvre rédemptrice du Christ et les participants à l’au-delà.
En discutant de la théologie de Linzey, il faut donc considérer deux questions clés. Premièrement, quel est le statut moral des animaux ? Deuxièmement, l’humanité peut-elle moralement manger des animaux ?
En un mot, selon la théologie de Linzey sur les animaux, le but premier de Dieu pour l’homme et la bête était qu’ils vivent dans une harmonie non violente. L’un ne devait pas nuire à l’autre. La chute, cependant, a changé cette relation. Mais Dieu, à travers Jésus-Christ, cherche à tout racheter et à tout restaurer, y compris la relation entre les animaux et l’homme. Par conséquent, les chrétiens, en tant que disciples du Christ, doivent prendre soin des animaux et travailler à leur restauration, car la cruauté est un athéisme.
Linzey fonde sa thèse sur deux points principaux : l’alliance de la création et l’exemple du Christ.
 Tant l’humanité que le monde animal font partie d’une même communauté puisque tous deux tirent leur vie de l’esprit de Dieu, ont été formés de la poussière du sol et partagent la même bénédiction de croître et multiplier. Dieu avait originellement conçu Adam et Ève pour être végétariens. Leur domination visait à garder le jardin non seulement pour le bénéfice des hommes mais aussi pour le bénéfice de la création animale. Genèse 9 n’est qu’une concession par laquelle Dieu permettait à l’homme de tuer des animaux par nécessité. Puisque ce n’est plus nécessaire pour vivre, nous ne devons donc plus le faire.
 En Christ, la puissance s’est exprimée dans l’humilité. Comme représentants de Christ, nous devons servir les « moindres de ceux-ci » (cf. Mat 25.45). Christ est mort pour réconcilier le monde, donc les animaux et toute la création avec lui-même. En Christ nous devons aider à faire advenir le royaume de paix prophétisé en Ésaïe 65. Enfin, Christ, comme Logos, a contribué à la création des animaux et il est donc concerné par eux comme plusieurs paraboles le suggèrent.
La plus grande objection à cette théorie vient du système sacrificiel de l’A.T. Linzey s’étonne que Dieu puisse aimer les animaux et pourtant apprécier leur mort (Gen 8.20-21). Mais pour Linzey, le sacrifice revient à libérer la vie de l’animal pour être avec Dieu.
À l’objection que Jésus a mangé du poisson, Linzey répond que Christ vivait dans un certain contexte et qu’il était limité pour résoudre tous les problèmes.

Une évaluation critique des vues de Linzey

La faiblesse du travail de Linzey vient de ce qu’il ne se base pas suffisamment sur les textes bibliques pertinents sur le sujet (1 Tim 4.3 ; Marc 7.19 ; Rom 14.1-2).
 Concernant l’alliance de la création, Linzey exagère l’étendue des ressemblances entre les animaux et les hommes. Genèse 2 nous indique spécifiquement que Dieu a soufflé une respiration de vie en Adam. Seul l’homme est fait « à l’image de Dieu » (Gen 1.26 ; cf. Ps 8). Dieu a développé une relation avec l’homme comme il ne l’a jamais fait avec aucun animal. Le verbe « dominer » n’est jamais utilisé pour les animaux. Enfin la transgression d’Adam et Ève est d’autant plus grave qu’ils auraient dû dominer sur le serpent et le chasser pour blasphème. Et si Adam et Ève étaient probablement végétariens (selon Gen 9.3), Linzey oublie que nous ne pouvons pas retourner dans le jardin d’Éden.
 Concernant l’exemple du Christ, Linzey a certainement raison de dire que suivre Christ ne veut pas dire l’imiter exactement : par exemple, Christ ne demande pas à chacun de souffrir le martyre. Mais le comportement de Christ face aux animaux donne un exemple de domination qui va à l’opposé des vues de Linzey. Christ a démontré son pouvoir à ses disciples en tuant des animaux (Luc 5.4-6 ; Mat 17.27). N’aurait-il pas pu créer une pièce à partir de rien ?

Une proposition pour une vision biblique des animaux

Quelle synthèse peut émerger si nous prenons en compte l’ensemble des Écritures ? Je crois que la vraie réponse ne réside pas dans l’utilitarisme (faites ce que vous voulez avec les animaux) ou dans la théorie des « droits des animaux » de Linzey. Elle consiste plutôt à accepter nos « responsabilités de domination ».
Premièrement, les animaux, comme toute la création, appartiennent ultimement à Dieu. L’humanité doit traiter la propriété de Dieu comme telle. Cela signifie que la propriété de Dieu doit être traitée comme Dieu le veut. Traiter quelque chose au-dessus ou au-dessous de sa position reviendrait à en faire soit une idole, soit un élément sans valeur. Linzey n’a pas réussi à démontrer de manière biblique que Dieu voulait que ses enfants évitent de manger de la viande et de tuer l’animal pour obtenir cette viande. En substance, il a largement exagéré le souci biblique du bien-être des animaux. Les besoins de base des animaux doivent être satisfaits lorsqu’ils sont sous notre contrôle (cf. Mat 12.11 ; Luc 13.15 ; 14.5). Cependant, cette satisfaction de leurs besoins fondamentaux ne nous empêche pas de jouir de notre privilège fondamental de les tuer et de les manger, comme nous estimons devoir le faire dans notre appel au service du Royaume de Dieu.
Deuxièmement, Dieu distingue la valeur relative des animaux par rapport aux humains. Plusieurs cas ont déjà été cités, mais j’aimerais en ajouter un autre. Dieu a sauvé spécialement Noé et sa famille du fait de la justice de Noé. L’hypothèse implicite est que Dieu aurait sauvé davantage d’humains si d’autres avaient été justes. Des animaux, Dieu n’a simplement sauvé qu’un échantillon représentatif des différentes espèces et il a détruit le reste. Il est clair que Dieu traite les animaux comme des groupes, tandis que les humains sont des individus autant que des groupes. En d’autres termes, les humains ont le droit inhérent de tuer des animaux, mais ils n’ont pas le droit inhérent d’exterminer des espèces. Les animaux pris individuellement n’ont pas nécessairement le droit à la vie. Mais les espèces l’ont. Ainsi, les humains doivent assurer une gestion adéquate des animaux.
Troisièmement, la création porte un lourd fardeau sous la malédiction qui a été causée par l’humanité. Cependant, en suggérant que les humains peuvent simplement revenir en arrière dans le jardin d’Éden ou se projeter dans l’état final, la théologie de Linzey est défaillante. Tout comme les Corinthiens qui ont poussé pour des mariages non consommés, Linzey veut une humanité non carnivore. Il a en effet mis sur les chrétiens un fardeau que le Christ n’a pas donné (cf. Mat 15.11). Linzey a élevé une préférence au rang d’idéal moral et remis ainsi en question la personne de Christ qui n’a pas atteint cette norme.
En conclusion, pouvons-nous établir des principes concrets sur l’utilisation des animaux ? Il me semble que oui. Premièrement, à la suite de Christ, nous pouvons manger de la viande. Pour ce qui concerne la question de la souffrance animale, je pense que le fait que Christ ait accepté qu’on pêche avec des filets constitue un élément pertinent pour approfondir la question. Il est évident que les poissons souffrent dans des filets où ils peuvent être écrasés ou étouffés. En dépit de la douleur que le poisson subit, le Christ n’a jamais condamné la pêche. Je crois qu’il est possible d’en déduire le principe suivant : Dieu a accordé à l’humanité le droit d’utiliser ce type de moyens pour capturer des animaux afin de se nourrir. En d’autres termes, s’il y avait eu un autre moyen économiquement réalisable de capturer du poisson en lui causant moins de souffrances, je crois que Christ l’aurait utilisé.

les articles plus lus

En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)