Une théologie de la création

Aujourd’hui quand les chrétiens parlent de la doctrine de la création, la discussion se porte immédiatement sur des questions telles que : « De quand date la création ? Quels liens avec les théories évolutionnistes ? La terre est-elle vieille ? Est-elle jeune ? », et d’autres dans le même genre. Mais si ces questions sont assurément importantes, ce n’est pas ce sur quoi la Bible met l’accent en premier lieu. Voici ce que je veux dire par là.

Il y a environ 50 ans, Francis Schaeffer a écrit un livre intitulé La Genèse, berceau de l’histoire. Dans ce livre, il pose une question qui, avec le temps m’a paru fondamentale : que tirer au minimum des chapitres 1 à 11 de la Genèse pour que le reste de la Bible soit cohérent et vrai ? Il ne se demande pas : « Quels sont tous les enseignements à tirer de Genèse 1 à 11 (et plus particulièrement des chapitres 1 à 3) ? », mais plutôt : « Quel est ce dont nous devons au minimum être sûrs et certains pour que le reste de la Bible soit cohérent et vrai ? » C’est une question très judicieuse, car elle consiste à dire : « Voilà les points les plus importants, ceux qui sont les moins négociables. »

Plutôt que de regarder chacun de ces points en détail, je vais en évoquer un bon nombre assez rapidement :

1.Dieu vient en premier et c’est un Dieu d’amour

C’est un point vraiment essentiel, mais qui nécessite quelques mises au point. Avant l’existence de quoi que ce soit d’autre, et avant même celle de l’Univers, Dieu était. Il est avant tout. Plusieurs textes de la Bible mettent en évidence le fait que le Dieu d’éternité ne dépend pas de nous. Dieu n’a pas besoin de l’univers, il ne l’a pas créé pour se sentir moins seul. Au bout du compte, la Bible donne corps à la notion de Dieu de toutes sortes de façons pour nous montrer que, dans le passé déjà, le Père aimait le Fils et le Fils aimait le Père. Donc l’amour parfait existait déjà dans le passé.

Cette vision est très différente de celle de l’islam par exemple : l’islam est réticent à parler de Dieu en tant que Dieu d’amour, parce que cela suppose que l’autre (notamment soi) est important. En revanche, en insistant sur le caractère unique et souverain de Dieu et sur le fait qu’il est séparé de nous, les musulmans peuvent mettre l’accent sur la grandeur et la gloire de Dieu. Mais l’ensemble de la Bible insiste sur le fait que Dieu est amour, parce que dans le Dieu unique, miraculeusement, étrangement, Dieu est aussi l’Autre. Dans l’unité de Dieu, il y a cette complexité qui fait que le Père aime le Fils et le Fils aime le Père, et ce de toute éternité. Dieu n’a pas besoin de l’univers.

2.Dieu parle

La première chose que Dieu fait est de parler et c’est par sa parole puissante qu’il donne corps à l’univers. C’est là le paradigme de Dieu : il se révèle par sa parole. À travers toute la Bible, Dieu est un Dieu qui parle et qui ose parler avec des mots compréhensibles par les humains.

3.Dieu a fait toutes choses

Cette affirmation s’oppose au panthéisme, une croyance selon laquelle toute chose dans l’univers est Dieu.

Elle s’oppose aussi au panenthéisme. D’après cette croyance-là, toute chose dans l’univers serait Dieu, mais Dieu ne serait pas tout dans l’univers. Autrement dit, il y aurait un petit peu de Dieu dans tout ce qui est fait dans l’univers. Mais la Genèse fait une distinction entre Dieu, qui existe avant toute chose dans l’univers, et l’ordre créé.

4.Il existe un Dieu qui est bon, et il a fait toute chose bonne

Cette affirmation s’oppose à tout dualisme ontologique, dans lequel il y a une force du bien et une force du mal, ou bien une force qui aurait un bon et un mauvais côté. Nous ne sommes pas dans Star Wars.

L’origine du mal ne s’explique donc pas par la mise en concurrence d’un principe du bien et d’un principe du mal. Même quand le serpent apparaît dans l’Écriture, il est présenté comme la plus subtile des créatures que Dieu a faites. Il n’y a donc jamais la moindre allusion à un quelconque dualisme. Dieu est souverain, et il est souverain sur tout.

Je sais que ce point soulève toutes sortes de questions — notamment comment situer Dieu par rapport au mal et au bien. Sur le long terme, la Bible met l’accent sur le fait que Dieu est derrière le bien et le mal de façon asymétrique. Autrement dit, il est derrière le bien et le mal, mais de façon différente. Il est derrière le bien, qui lui est toujours porté à crédit. Quant au mal, même s’il est dû à des causes secondaires (comme le serpent), il ne peut se soustraire à la souveraineté de Dieu.

Lorsque Paul, dans Actes 17, est en train d’évangéliser parmi les païens, dans la grande ville d’Athènes, il insiste sur le fait que Dieu est souverain et créateur de toutes choses et qu’ainsi il n’a besoin de rien. Les dieux païens sont finis : ils ont des besoins, des peurs, des plaisirs, des joies, des peines, des victoires, etc. Ainsi, les religions païennes visent avant tout à rendre les dieux heureux — ou du moins elles essaient. La religiosité consiste alors plus en un échange : un service en vaut un autre. Vous offrez les bons sacrifices aux dieux et vous avez un beau bébé en bonne santé. C’est un monde de petits arrangements.

Mais si Dieu a fait toutes choses et n’a besoin de rien, alors quelle relation entretenir avec lui ?

5.La doctrine de la création établit la responsabilité de l’homme

Dieu a fait toutes choses bonnes. Cela signifie que les êtres humains sont responsables devant Dieu. La doctrine de la création est à l’origine de notre responsabilité devant Dieu. La création devient la source de la louange du croyant (Ps 33 ; Apoc 4) et on retrouve ce refrain tout au long de la Bible.

Louons Dieu parce que nous sommes faits par lui et pour lui. Louons Dieu parce que nous sommes responsables devant lui. Un tel comportement est absolument juste, bon et sensé.

Parce que nous sommes des créatures de Dieu, nous lui appartenons et nous devrons un jour lui rendre des comptes.

Ainsi, qu’il s’agisse de la raison de notre redevabilité à Dieu, de notre responsabilité devant lui ou du fait que (parce qu’il est Dieu) il est le juge final de nos réactions envers lui, tout cela est établi dès les premiers chapitres du livre de la Genèse.

6.Dieu est complexe

Une expression comme « Faisons les hommes à notre image » (Gen 1.26), fournit un indice (mais pas une preuve) de la complexité de Dieu. Certaines personnes ont voulu assimiler ce « notre » au « nous » de majesté. Mais il n’y a aucun réel indice en ce sens dans le texte. Pas plus qu’on ne peut dire avec certitude qu’il s’agisse de Dieu et du reste du Paradis (ou quelque chose dans le même genre) — rien dans le contexte du passage ne permet de l’affirmer.

Je pense que dans les trois premiers chapitres de la Genèse, beaucoup de thèmes sont introduits sans être clairement expliqués. Par exemple, la doctrine de la trinité n’est pas mentionnée et ses composants ne sont pas présentés ; et pourtant il y en a déjà des indices.

On peut présumer que Dieu n’est pas simplement « un ». Il est le Dieu unique. Et pourtant, il y a en Dieu une complexité telle qu’il y a aussi un Autre. Ces idées sont introduites dans l’Ancien Testament et clarifiées dans le Nouveau, notamment dans l’Évangile selon Jean (1.1 ; 5.19).

Je pourrais vous montrer qu’une douzaine de thèmes au moins sont déjà présents en germe dans le début de la Genèse (l’alliance, le temple, le roi, etc.).

7.Les êtres humains sont faits à l’image de Dieu

Ils entrent dans le récit avec cette précision : ils sont faits à l’image de Dieu. Et ce point devient un thème majeur tout au long de l’Écriture. Dieu fait des êtres humains à son image et à sa ressemblance, même s’ils sont, de bien des manières, semblables au reste de la création (c’est-à-dire créés par Dieu avec de la poussière). Sur d’autres plans, ils sont uniques, et il serait bien utile d’étudier en profondeur les conséquences de cette notion d’« image de Dieu ».

D’après moi, l’une des raisons pour lesquelles les chrétiens ont tant de mal à se mettre d’accord sur ce que recouvre cette notion est, une fois encore, due au fait qu’il s’agit d’une notion « en devenir ». Le fait que les êtres humains sont des créatures uniques est esquissé ici puis présenté beaucoup plus en détail dans les chapitres suivants de la Genèse et tout au long de l’Écriture.

D’un côté, nous sommes censés refléter Dieu : nous sommes son image. Mais, de l’autre, nous appartenons aussi à la poussière : nous sommes des êtres insignifiants et nous faisons partie de l’ordre créé ; nous ne pouvons donc pas être confondus avec Dieu. Et cet ordre créé est extrêmement important.

8.Les êtres humains sont les intendants de la création

En tant qu’image de Dieu, les êtres humains reçoivent le mandat de gérer la création en bons intendants.

9.La création est ordonnée et structurée

Genèse 1.26-27 se contente de dire : « Faisons l’homme à notre image. » Les hommes et les femmes sont donc tous faits à l’image de Dieu. Dans le chapitre 2, le récit de la création est précisé en termes d’ordre et de structure : l’un est créé avant l’autre, et l’autre est créée à partir du premier. Ainsi, Adam est créé en premier et Ève est créée à partir de lui ; elle fait donc partie de l’humanité et est liée à lui de manière unique. À ce stade de la Genèse, il n’y a pas réciprocité dans la relation homme-femme.

La relation entre l’homme et la femme peut être examinée de bien des manières. Elle fait partie du récit de la création et a rendu possible celui de la chute. Cette relation se précise et se clarifie plus loin dans la Bible (cf. 1 Cor 11 ; 1 Tim 2, etc.).

10.L’eschatologie renvoie à la création

Le prophète Ésaïe annonçait, au VIIIe siècle av. J.-C., ce que Dieu fera pour son peuple à la fin des temps : il leur accordera un nouveau ciel et une nouvelle terre. Ses paroles dévoilaient la gloire de ce qui n’était pas encore révélé et l’anticipaient, avant même qu’Apocalypse 21 ne l’annonce finalement.

Mais la notion de « nouveau ciel » et de « nouvelle terre » renvoie à la création, au livre de la Genèse. Le thème d’un renouveau de la création revient ensuite, notamment dans Romains 8 qui donne beaucoup de détails à ce sujet : à cause du péché et de la rébellion, l’ordre créé est tout entier soumis à la mort et au déclin selon le décret de Dieu, et il gémit, dans l’attente de l’adoption des fils de Dieu. Cette adoption est la vraie raison de se glorifier des croyants.

11.L’origine du sabbat est liée au repos de Dieu

Dans les premiers chapitres de Genèse, rien ne dit que le sabbat est imposé. Il est simplement indiqué que Dieu se repose le septième jour. Mais quand le sabbat est institué légalement dans le Décalogue, le texte se réfère explicitement au récit de la création. « Vous vous rappellerez du septième jour et le garderez saint, car en six jours le Seigneur a fait le ciel et la terre. » (Ex 20.8-11) Ce thème est ensuite repris en Apocalypse 4 pour bâtir une théologie du repos ; lui aussi trouve sa source dans les premiers chapitres de la Genèse…

12.Dieu est grand

Pour finir (et ces douze points ne forment pas une liste exhaustive !), une dernière remarque : un accent très fort est mis dans le reste de la Bible sur la grandeur de Dieu, grandeur dont sa création est le témoin. Lisons et méditons des textes comme les Psaumes 8 et 19, ou les spectaculaires chapitres 40 à 45 d’Ésaïe. La lecture de ces textes nous rappelle que Dieu est souverain sur la création, qu’il connaît la fin (et ce dès le début), et que l’on est redevable de tout devant lui. Il est le potier souverain. L’ordre créé est tout simplement ce qu’il fait.

De nombreux passages nous appellent à louer Dieu à cause de sa grandeur et de la manifestation de sa propre gloire dans la création (És 40.12 ; Rom 1, etc.). Tout ce que Dieu a accompli, il l’a fait en laissant un témoignage de son existence et de sa gloire dans la création elle-même.

En d’autres termes, Genèse 1 à 3 et l’importance accordée à la création sont à la source même d’un grand nombre de thèmes bibliques et théologiques. Ces thèmes nous en disent énormément sur Dieu, les êtres humains — la structure du récit biblique conduisant finalement à la venue du Christ et au dénouement de toutes choses dans la gloire. Une gloire qui est encore à venir, dans le nouveau ciel et la nouvelle terre.

les articles plus lus

En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)