Trois aspects de la théologie de Pierre

Sans chercher à reprendre systématiquement tous les thèmes de la théologie de Pierre, cet article vise à relever quelques points de ses principaux accents — avant tout sa christologie, sa sotériologie et son eschatologie (sa vision de l’avenir).

1. Christ dans les Épîtres de Pierre

Pour Pierre, Christ est Dieu

  • Une affirmation directe : Face aux attaques répétées dont la divinité de Christ a fait l’objet depuis 20 siècles, le chrétien est toujours à l’affût de textes définitifs. Nous en trouvons un dans la salutation de la Seconde lettre : « par la justice de notre Dieu et Sauveur Jésus Christ » (1.1)[note] De façon très surprenante, la NEG, que Promesses utilise en général pour ses citations, traduit différemment : « par la justice de notre Dieu et du Sauveur Jésus Christ » contrairement à la plupart des autres versions françaises courantes (S21, BFC, NBS, PDV, Darby, etc.). Or en grec « Dieu » et « Sauveur » sont liés par un seul article, indiquant que Pierre parle bien d’une seule et même personne, d’autant qu’il a soin d’utiliser deux articles quand il dissocie les deux personnes divines (e.g. immédiatement après 2 Pi 1.2).[/note].Pierre n’a aucun doute que l’homme qu’il a côtoyé pendant trois ans était Dieu lui-même. Quelle force a ce témoignage !
  • Plus indirectement, Pierre traduit des textes de l’A.T. en substituant sans hésiter « Christ » ou « le Seigneur » à « l’Éternel » : par exemple, « sanctifiez dans vos cœurs Christ le Seigneur » (1 Pi 3.15) reprend Ésaïe 8.13 : « C’est l’Éternel des armées que vous devez sanctifier. »
  • Implicitement, par des parallélismes, Pierre indique que Jésus Christ est digne de la même louange que Dieu lui-même. Il suffit de comparer ses trois doxologies : deux sont à Jésus (1 Pi 4.11 et 2 Pi 3.18), l’autre dans des termes similaires à Dieu (1 Pi 5.11).

Pour Pierre, l’œuvre de Christ et son attitude pendant ses dernières heures sont la motivation du croyant pour sa conduite

  • En 1 Pierre 1, l’apôtre exhorte ses destinataires à être saints dans toute leur conduite (1.15) et à se conduire avec crainte ici-bas (1.17). Et quelle motivation présente-t-il ? Le sacrifice de l’Agneau sans défaut et sans tache. Si notre salut a coûté ce prix, pourquoi donc continuerions-nous à vivre comme autrefois ? Lorsque nous sommes tentés par le péché, souvenons-nous de ce que Christ a dû endurer pour nous en racheter.
  • En 1 Pierre 2, l’apôtre s’adresse aux domestiques. Certains d’entre eux vivaient sous la coupe de maîtres pénibles qui les faisaient souffrir. Pierre leur présente le modèle que Christ nous a laissé : lui aussi a accepté de souffrir injustement, jusqu’à porter même nos péchés sur la croix pour nous. Peut-être certains lecteurs vivent-ils des situations pénibles dans leur travail ; que l’exemple de notre Seigneur les encourage à persévérer.
  • En 1 Pierre 3, l’apôtre évoque les calomnies auxquelles sont en butte ses lecteurs, alors même qu’ils s’appliquent à faire le bien. Là encore, il met devant eux le chemin de Christ : il a souffert injustement car il était parfaitement juste, mais il a accepté ce chemin qui l’a conduit jusqu’à la gloire et au repos (3.22-4.1). Nos épreuves actuelles ne sont pas le fin mot de Dieu qui, nous aussi, nous « a appelés en Jésus-Christ à sa gloire éternelle » (5.10).

2. Le salut dans les Épîtres de Pierre

Pour Pierre, le salut est complet, du début à la fin

Le terme « salut », fréquent chez Pierre, a une acception bien plus large que celle que nous lui donnons souvent, le restreignant au salut « initial », par lequel nous sommes justifiés devant Dieu :

  • Pierre est très clair sur le fait que les croyants sont sauvés, parce qu’ils ont été « élus selon la prescience de Dieu le Père » (1 Pi 1.2). Plus que cela, ils sont désormais « participants de la nature divine » — extraordinaire expression, unique dans le N.T., pour décrire le changement radical que la régénération divine a produit (cf. 1 Pi 1.23).
  • Mais notre salut ne s’arrête pas là. Les épreuves que Dieu permet pour affiner notre foi contribuent largement à notre croissance spirituelle, ce « salut des âmes » —âmes pourtant déjà sauvées dans le sens du salut initial (1 Pi 1.7-9). Notre appétit spirituel pour la Parole de Dieu et pour la communion avec le Seigneur, que Pierre compare à l’ardeur d’un bébé à vouloir têter, va aussi nous permettre de croître « pour le salut » (1 Pi 2.2) : notre salut doit se développer et ne pas rester embryonnaire !
  • Enfin, la révélation de Jésus Christ et notre entrée dans la gloire seront le parachèvement de notre salut : il est « prêt à être révélé dans les derniers temps » (1 Pi 1.5) et nous sommes exhortés à attendre patiemment ce moment (2 Pi 3.15). Alors nous serons définitivement délivrés de la « fournaise de l’épreuve » (1 Pi 4.12,18).

Si nous distinguons parfois ces trois phases du salut (initial, « de la course », final), notons que Pierre a plutôt tendance à les unifier, comme un processus qui va de notre élection jusqu’à notre glorification. L’œuvre de Dieu pour nous et en nous est une seule et même œuvre. De quel grand salut sommes-nous bénéficiaires ! « C’est pourquoi, frères, appliquez-vous d’autant plus à affermir votre vocation et votre élection ; car, en faisant cela, vous ne broncherez jamais. » (2 Pi 1.10)

Pour Pierre, le salut ne peut pas se perdre

La lecture du deuxième chapitre de la Seconde Épître en a arrêté plus d’un. Pierre avertit ses lecteurs par rapport à de « faux docteurs » qui renient « le maître qui les a rachetés ». Or la suite du chapitre montre que tout dans leur conduite laisse à penser qu’ils ne sont pas rachetés. Ils ont « connu la voie de la justice » et s’en sont détournés (2 Pi 2.21). Comment concilier ces deux aspects ? Est-il possible de croire, puis ensuite d’apostasier et perdre son salut ?

Le dernier verset du chapitre donne la clef : Pierre y cite deux proverbes, l’un biblique, l’autre populaire, pour indiquer que ces faux docteurs sont en fait retournés vers leur vraie nature : la truie était peut-être bien propre, mais elle était restée truie. Nous retrouvons ici une note fréquente dans plusieurs des Épîtres générales : il est possible que des personnes vivent et agissent pendant un temps au sein de l’Église comme si elles étaient vraiment converties avant de se détourner, soit en rejetant leur foi ouvertement, soit en la reniant par une conduite incompatible avec leur profession (cf. 1 Jean 2.19 ; Jude 19 ; Héb 6 ; 10). En réalité, ils n’ont pas perdu le salut puisqu’ils ne l’ont jamais vraiment eu, quelles qu’aient été les apparences !

En revanche, la persévérance de ceux qui sont réellement sauvés est assurée : nous sommes « gardés par la puissance de Dieu au moyen de la foi pour un salut prêt à être révélé dans les derniers temps » (1 Pi 1.5). La puissance même de Dieu agit pour fortifier notre foi — si besoin est, par diverses épreuves — et nous accompagnera jusqu’au bout (1 Pi 5.10-11). À nous de rester fermes en croissant « dans la grâce et dans la connaissance de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ » (2 Pi 2.18).

3. L’avenir dans les Épîtres de Pierre

Pour Pierre, l’espérance est le moteur de la vie chrétienne

Dans la louange qui débute sa première lettre, Pierre bénit Dieu : premièrement pour l’espérance qu’il nous donne et deuxièmement pour l’héritage qu’il nous réserve au ciel. Cet héritage, comme souvent lorsqu’il s’agit du ciel, est décrit avant tout par ce qu’il n’est pas : en contraste avec la mort, le péché et les imperfections qui marquent notre présent, notre futur, lui, ne pourra ni se corrompre, ni se souiller, ni se flétrir (1 Pi 1.5) !

Ce thème de l’espérance forme comme un fil d’or qui court le long de ces deux Épîtres. Mais si cette espérance est aussi certaine que l’est le fait historique de la résurrection de Christ qui la fonde, elle est aussi à saisir en pratique : c’est pourquoi Pierre, juste après, exhorte à « avoir une entière espérance » (1 Pi 1.13). Nous développerons cette espérance en vivant sobrement et en mobilisant nos facultés intellectuelles pour qu’elles soient dirigées vers le ciel et non vers des désirs purement terrestres.

Pour Pierre, l’heure du jugement va venir

Jésus est prêt à l’exercer car il est celui qui va « juger les vivants et les morts » (1 Pi 4.5). À ce moment, la séparation finale aura lieu. Le jugement (au sens d’examen purificateur) par lequel passent actuellement les chrétiens au travers de diverses épreuves qui peuvent aller jusqu’à la persécution, se prolongera par le jugement (au sens cette fois-ci de condamnation) des « impies et des pécheurs » (1 Pi 4.17).

En ce jour, la vérité sera enfin rétablie : les incrédules qui calomnient les chrétiens seront obligés de rendre gloire à Dieu pour les bonnes œuvres qu’ils n’ont pas voulu reconnaître à l’époque (1 Pi 2.12 ; 4.4-5).

Pour Pierre, la gloire va être révélée

  • Le retour de Christ en gloire sera un moment de joie incomparable : si le chrétien est encouragé à se réjouir aujourd’hui au sein même de ses souffrances parce qu’il suit ainsi le chemin de son Maître, la joie se transformera en allégresse à l’apparition du roi (1 Pi 4.13).
  • Le retour de Christ sera aussi le moment de distribution des récompenses, en particulier pour les anciens qui auront bien pris soin du troupeau (1 Pi 5.1,4).
  • Le retour de Christ marquera enfin la fin des souffrances:si nécessaires et pédagogiques soient-elles, soyons assurés que nos épreuves ne sont pas le mot final de Dieu et ne durent qu’« un peu de temps » — même s’il nous paraît long ! — au regard de l’éternité (1 Pi 5.10).

Pour Pierre, l’attente actuelle aboutit à une nouvelle création

Ébauchée par le prophète Ésaïe (65.17 ; 66.22), la perspective des « nouveaux cieux et de la nouvelle terre » trouve son plein développement dans la description qu’en donnent les deux derniers chapitres de la Bible (Apoc 21.1-22.5). Nous sommes heureux de trouver également l’annonce de la nouvelle création sous la plume d’un autre auteur : cette doctrine importante est ainsi confirmée par la règle des « deux témoins ».

Pierre annonce que :
– « les cieux et la terre d’à présent sont gardés et réservés pour le feu »,
– « en ce jour, les cieux passeront avec fracas, les éléments embrasés se dissoudront, et la terre avec les œuvres qu’elle renferme sera consumée »,
– « nous attendons, selon sa promesse, de nouveaux cieux et une nouvelle terre, où la justice habitera » (2 Pi 3.7,10,13).

Mais Pierre ne s’arrête pas à cette annonce. Il en tire immédiatement une exhortation à une attente active qui peut même hâter la venue de ce jour tant attendu ! Comment ? En ayant une conduite sainte (en contraste avec la corruption que Dieu va juger) et une vie pieuse (dirigée vers le Dieu qui nous appelle à partager son éternité). Quelle motivation pour ne pas vivre uniquement pour des biens matériels qui vont tous finir dans le feu !

Y a-t-il une théologie propre à l’apôtre Pierre ?

La question est légitime, car, en parcourant rapidement ses deux lettres, le lecteur ne manquera pas d’être frappé par les nombreux points de contacts avec les autres écrits du N.T. : avec les lettres de son « bien-aimé frère Paul », en premier lieu, mais aussi avec Jacques, Jude bien sûr, l’Épître aux Hébreux, voire l’Apocalypse ou l’Évangile selon Jean. Ce constat est rassurant : la cohérence des théologies des neuf auteurs du N.T. l’emporte de beaucoup sur leurs différences. Pour reprendre les termes de Paul, « que ce soit moi, que ce soient eux [i.e. les autres apôtres], voilà ce que nous prêchons, et c’est ce que vous avez cru » (1 Cor 15.11).

Néanmoins les accents proprement pétriniens ne doivent pas être sous-estimés. Et tout d’abord le contexte éthique global dans lequel Pierre inscrit sa théologie. C’est avant tout comme un « pasteur », obéissant à la mission que Jésus lui a laissée (Jean 21), que l’apôtre rédige ses deux lettres. Son objectif est d’encourager des croyants souffrants (Première lettre) et d’enseigner des croyants en danger d’être entraînés par de fausses doctrines (Seconde lettre). Pour étayer son propos, Pierre fait de nombreuses incises riches d’une théologie profonde, mais rendue parfois compliquée par la concision de ses expressions (pensons à la fin de 1 Pierre 3 !).

les articles plus lus

En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)