Vivre dans un environnement hostile et perverti, Introduction à 1 et 2 Pierre

L’auteur

Simon Pierre était le fils de Jonas et le frère d’André. Il faisait partie, avec Jacques et Jean, du cercle intime de Jésus.

  • Un homme de la classe moyenne ? Originaire de Bethsaïda (Jean 1.45), il possédait une maison à Capernaüm (Mat 8.14). Pierre était marié et était à la tête d’une petite entreprise familiale de pêche. Quand Pierre dit au Seigneur qu’il a tout quitté pour le suivre (Marc 10.28), c’est une réalité. Il a payé le prix fort.
  • Un serviteur en formation continue, pleinement engagé : Jésus a changé son nom : « Tu es Simon, fils de Jonas ; tu seras appelé Céphas (ce qui signifie Pierre) » (Jean 1.42). Pierre est une pierre détachée, un morceau de rocher, une pierre vivante, une parcelle de Christ, membre du corps. Pierre doit être transformé, car avec ce nouveau nom, le Seigneur dévoile la mission qu’il veut lui confier (cf. Mat 16 ; 1 Pi 2.5). Au fur et à mesure, dans le quotidien, Pierre apprend à connaître le Seigneur, il apprend à se connaître, et passe par un travail de sanctification ; sa vie de disciple est jalonnée par de belles déclarations : « Nous avons tout quitté et nous t’avons suivi » (Luc 18.28), « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant » (Mat 16.16), « Tu as les paroles de la vie éternelle » (Jean 6.68).

 

  • Le premier des apôtres : Dans chaque liste des apôtres, il est cité en premier. Serait-ce pour souligner sa vivacité et ses capacités de leader ? On voit en Pierre un homme passionné, courageux, énergique, impulsif, vigoureux, fort. Mais ce tableau brillant doit être complété par quelques ombres. Cette passion de Pierre l’a parfois rendu présomptueux. Ainsi il affirme qu’il est prêt à aller en prison et à mourir pour le Seigneur (Luc 22.33), une affirmation cruellement démentie lorsqu’il renie Jésus peu après. Pierre a compris sa faute et la confesse. Le Seigneur le sonde pour le purifier encore (Jean 21) avant de lui confier le service pastoral annoncé en Luc 22 : « fortifier ses frères ». Pierre a compris le message et, dans ses Épîtres, le mot « affermir » est fréquent.
  • Un ancien et un témoin : Pierre se présente comme « co-ancien ». Il ne se place pas « au-dessus », mais « au milieu » des anciens auxquels il s’adresse. Son autorité spirituelle s’enracine dans une vie de disciple, de « témoin » des souffrances de Christ (Act 1.21-22 ; 1 Pi 5.1 ; 2 Pi 1.16).
  • Un martyr : Selon la tradition, l’apôtre serait mort à Rome en 67 sous Néron, à l’âge de 75 ans, crucifié la tête en bas, car il se jugeait indigne de mourir comme son maître.

Les destinataires des lettres

Pierre adresse sa Première Épître à des chrétiens du nord et du centre de la Turquie actuelle, pour beaucoup des païens convertis, et pour un certain nombre sans doute des « prosélytes » — c’est-à-dire des Gentils imprégnés de la culture de l’A.T., d’où les nombreuses citations. D’autres indices de leur origine païenne : ils étaient autrefois « dans l’ignorance » (1.14) ; ils avaient hérité de leurs pères « une vaine manière de vivre » (1.18) ; ils avaient « dans le temps passé accompli la volonté des païens, en marchant dans le dérèglement » (4.3) ; autrefois, ils n’étaient pas le peuple de Dieu (2.10) ; les sœurs sont devenues les filles de Sara (3.6).

Leur statut social ne paraît pas reluisant : les termes de « forains et étrangers » désignent à cette époque ceux qui n’ont pas le statut de citoyen romain. Ils étaient de fait assujettis à de lourdes taxes et à une justice plus sévère en cas de condamnation. Devant la pression de la société environnante, certains sont tentés de retomber dans l’immoralité ou de renoncer à la foi. Pierre leur montre « la véritable grâce de Dieu » et les appelle à s’y attacher (5.12). Elle est le reflet de la nature divine (5.10), elle s’exprime par une œuvre salvatrice prédite par les prophètes qui se réalisera pleinement lors de la révélation du Christ. Ces « sans abri » étaient accueillis dans une nouvelle maison : l’Église, la famille de Dieu, où les barrières sociales ont disparu.

Les églises auxquelles Pierre s’adresse se situent dans un espace géographique où, de façon non officielle, se développent des persécutions sous le règne de Néron. La lettre mentionne : la calomnie (2.12 ; 3.16), l’injure (3.9 ; 4.14), la violence physique (2.20), le rejet social (4.4). Plus tard, dans ces mêmes régions, sous le proconsulat de Pline le Jeune, vers 111/112, la persécution devient officielle.

La Seconde Épître, écrite peu de temps après la première, semble destinée au même public (2 Pi 3.1).

Le but de 1 et 2 Pierre

1 Pierre

Pierre donne le but de sa première lettre : « C’est par Silvain, qui est à mes yeux un frère fidèle, que je vous écris ce peu de mots, pour vous exhorter et pour vous attester que la grâce de Dieu à laquelle vous êtes attachés est la véritable. » (5.12) Les persécutions ont commencé, la foi des destinataires est mise à mal, le doute s’installe parmi eux : est-ce en vain que nous avons cru ? L’apôtre leur rappelle :
– que leur véritable identité en Christ est indéfectible,
– que les persécutions ne sont qu’une épreuve temporaire en attendant la gloire,
– que le chemin qu’a connu et parcouru Christ devient un modèle pour le croyant.
La victoire dans la souffrance est illustrée dans la vie de Jésus. Si le chrétien est assuré de la protection divine présente, il est tout aussi assuré d’atteindre le but, « le salut des âmes » futur. Cela permet de vivre en sérénité.

Pierre s’adresse au troupeau de Dieu pour l’encourager en répondant à différentes questions liées aux circonstances vécues :
– quelle est notre vocation en tant que chrétien ?
– quel héritage Dieu nous a-t-il réservé ?
– pourquoi Dieu permet-il la souffrance, comment tenir et triompher ?
– comment vivre seul ou avec d’autres chrétiens en tant qu’étranger dans le monde, en glorifiant le Seigneur au quotidien ?

2 Pierre

La conclusion de la lettre en donne le thème : « Vous donc, bien-aimés, qui êtes avertis, tenez-vous sur vos gardes, de peur qu’entraînés par l’égarement des impies, vous ne veniez à déchoir de votre fermeté. Mais croissez dans la grâce et dans la connaissance de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ » (2 Pi 3.17-18).

Pierre répond à de nouvelles questions :
– comment garder la foi dans un monde caractérisé par la fausseté ?
– comment discerner les faux docteurs, quelle est leur stratégie (en parallèle avec le thème de l’Épître de Jude) ?
– comment ne pas se laisser désarçonner par les moqueurs qui mettent en doute la venue du Seigneur ?

Deux lettres complémentaires

1 Pierre est une Épître d’encouragement, paisible et profondément « humaine ». L’apôtre accomplit pleinement la mission que le Seigneur lui avait confiée en Luc 22.32 d’affermir ses frères et en Jean 21 de paître le troupeau du Seigneur. Pierre insiste sur la grâce de Dieu (le terme charis s’y trouve 10 fois).

2 Pierre, plus polémique, est construite selon le canevas d’un sermon qui dénonce les pratiques des faux docteurs. Elle a le caractère solennel de passage de témoin d’une génération à l’autre. Pierre met l’accent sur la « connaissance de Dieu ». Pour autant, elle peut être classée parmi les lettres pastorales, comme en témoigne le ton chaleureux de l’apôtre.

1 Pierre pourrait s’intituler : « Vivre dans un environnement hostile » et 2 Pierre : « Vivre dans un environnement perverti », ce qui en fait deux Épîtres très actuelles dans notre monde d’aujourd’hui…

Plan de 1 Pierre : Vivre dans un monde hostile

La structure de 1 Pierre est simple : les deux interpellations « Bien-aimés » (2.11 ; 4.12) sont chacune l’indice d’un changement de sujet.

Par ailleurs, beaucoup ont remarqué le changement de ton à partir de 4.12. Le sujet de la souffrance injuste reste le même, mais la pression devient plus forte. Les croyants se trouvent comme pris dans une « fournaise » (4.12). L’apôtre insiste sur les responsabilités des anciens pour maintenir la cohésion de la communauté soumise aux attaques du diable qui « rôde comme un lion rugissant cherchant qui il dévorera ». Toutes ces images peuvent faire penser à une recrudescence de la persécution en 64, qui, après l’incendie de Rome, s’est propagée dans l’Empire. On a l’impression que l’apôtre a rédigé sa lettre jusqu’au chapitre 4 v. 11 où il la termine par une doxologie. Il restait à ajouter quelques salutations. Mais les choses se seraient gâtées. Alors, avant de donner la lettre à Silvain, Pierre aurait ajouté quelques versets d’encouragement pour la communauté menacée d’éclatement. Cette hypothèse apparaît plausible.

Introduction : adresse et souhait 1.1-2
A. Le salut, identité des chrétiens au milieu des souffrances 1.3-2.10
La certitude du salut 1.3-12
Assuré par la puissance de Dieu 1.3-5
Authentifié par les épreuves venant de Dieu 1.6-9
Annoncé par les prophètes de Dieu 1.10-12
Les conséquences du salut 1.13-2.10
La priorité de la sainteté 1.13-2.3
La prêtrise des croyants 2.4-10
B. La conduite personnelle des chrétiens malgré les souffrances 2.11-4.11
Introduction : la mission du chrétien dans le monde 2.11-12
La vie dans la société : la soumission malgré la souffrance 2.13-3.7
La soumission aux autorités 2.13-17
La soumission dans le cadre du travail 2.18-25
La soumission dans le foyer 3.1-7
La vie parmi les chrétiens : la recherche du bien et de la paix 3.8-12
La vie dans la société : le témoignage de l’espérance au milieu de la
souffrance
3.13-4.7
Le principe de la souffrance pour la justice : témoignage et bonne conscience 3.13-17
L’exemple de la souffrance pour la justice : Christ mort et ressuscité 3.18-22
La victoire au milieu de la souffrance face à l’inconduite dans la société 4.1-6
La vie parmi les chrétiens : la recherche de l’amour et de
l’édification
4.7-11a
Doxologie 4.11b
C. L’attente collective des chrétiens au milieu des souffrances 4.12-5.11
Les souffrances des chrétiens en attendant la gloire 4.12-19
La conduite dans l’église en attendant la gloire 5.1-5
Les anciens 5.1-4
Les jeunes gens 5.5a
Tous 5.5b
La résistance dans l’épreuve en attendant la gloire 5.6-9
Doxologie 5.10-11
Conclusion : salutations et souhait final 5.12-14

Plan de 2 Pierre : Vivre dans un monde perverti

2 Pierre (tout comme Jude) est une Épître polémique. Parvenu au crépuscule de sa vie, l’apôtre souhaite que les croyants dont il a la charge puissent s’opposer à l’erreur des faux docteurs et résister aux attaques extérieures d’un monde hostile. Comment contrecarrer ces dérives, une fois que sa voix se sera tue (1.15) ? Par la vraie connaissance, celle de Dieu au travers des Écritures, de son salut et de l’avenir qu’il nous réserve.

Introduction : adresse et souhait 1.1-2
A. Connaître le salut pour avancer vers la maturité 1.3-11
La base du salut : la position du croyant 1.3-4
La mise en œuvre du salut : les 7 vertus chrétiennes de la croissance 1.5-9
La finalité du salut : l’entrée dans le royaume éternel 1.10-11
B. Connaître la vérité des Écritures pour bien les comprendre 1.12-21
Le rappel de la vérité : le but de la lettre 1.12-15
L’attestation de la vérité : le témoignage apostolique 1.16-18
L’illumination de la vérité : la parole prophétique communiquée par l’Esprit 1.19-21
C. Reconnaître les faux docteurs pour rejeter leur enseignement  2.1-22
La condamnation des faux docteurs : leur destruction et la délivrance des hommes pieux 2.1-10
La conduite des faux docteurs : injures, plaisirs, cupidité 2.11-16
La prédication des faux docteurs : la fausse liberté 2.17-22
D. Connaître la fin des temps pour attendre la venue du Seigneur 3.1-18
La certitude de la venue du Seigneur : le rappel de la réalité du déluge passé 3.1-7
Le délai de
la venue du Seigneur : la  patience de Dieu en salut
3.8-13
Les conséquences de la venue du Seigneur : la pureté et la parole 3.14-16
Conclusion : résumé et doxologie 3.17-18

les articles plus lus

En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)