Daniel et ses compagnons : des sages à la cour de Babylone

Placé dans le canon parmi les livres prophétiques, le livre de Daniel couvre une très large période qui débute avec le renversement de Jojakim par Nebucadnetsar en 606 av. J.-C., entraînant la première partie de la déportation de Juda à Babylone.

Riche en détails sur l’histoire des empires qui se succèdent en ce « temps des nations », le livre souligne la souveraineté de Dieu, y compris sur la scène politique nationale et internationale, alors qu’Israël, vaincu militairement, est mis de côté à cause de son infidélité.

La première partie (ch. 1 à 6) présente la manière dont un petit nombre de déportés de Juda demeurent fidèles à Dieu alors même qu’ils se trouvent à Babylone, lieu où siège le gouvernement des ennemis du peuple. Parmi ces quelques fidèles, quatre jeunes Hébreux : Hanania, Mishaël, Azaria et Daniel, membres de l’élite intellectuelle, que Nebucadnetsar et ses successeurs sur le trône cherchent à exploiter pour leurs propres desseins. Dans ces premiers chapitres, le livre de Daniel présente la situation et le caractère de ces étrangers en terre hostile.
Le fait que le livre soit placé dans le canon hébreu parmi les « Écrits » (« Ketubim ») au côté de textes sapientiaux comme l’Ecclésiaste, Job ou le livre des Proverbes nous invite d’ailleurs à porter une attention particulière à la manière dont la sagesse se traduit dans l’attitude de Daniel et de ses compagnons à la cour de Babylone. Le but de cet article est ainsi d’étudier la façon dont, face à un pouvoir autoritaire, quelques croyants demeurent fidèles à Dieu ; tout en œuvrant au bien de la cité et sans jamais manquer de respect envers les autorités, ils refusent de se compromettre, au prix de la persécution.

Un pouvoir autoritaire

Après le siège de Jérusalem et la défaite de Jojakim, Nebucadnetsar pille le temple et en transfère les ustensiles « dans la maison du trésor de son dieu » (Dan 1.2). Idolâtre, le roi de Babylone souhaite avoir une emprise spirituelle sur le peuple d’Israël soumis. Il cherche également à asseoir son pouvoir personnel en rassemblant à sa cour l’élite intellectuelle des nations conquises. Non seulement ces jeunes hommes devaient-ils être beaux, mais ils devaient posséder sagesse, connaissance et science (1.3-4). Toutefois, afin d’être rendus propres au service, les Hébreux devaient subir un processus d’acculturation et d’assimilation qui prenait trois formes : l’apprentissage des lettres et de la langue des Chaldéens (1.4), la consommation de mets et de vin provenant de la table du roi (1.5) et l’adoption de nouveaux noms (1.7). Ainsi, le pouvoir du roi s’exerçait-il sur les êtres tout entiers, corps, âmes et esprits.
En effet, en faisant apprendre les lettres et la langue de l’empire babylonien à ces jeunes, il s’agissait de modifier leur manière de penser pour leur faire adopter celle des conquérants idolâtres. De même, accepter de manger les mets du roi aurait signifié pour les Juifs se souiller en ne respectant pas les injonctions de la loi, alors que ces viandes étaient certainement sacrifiées aux idoles. Quant aux nouveaux noms que Daniel et ses compagnons reçoivent, ils altèrent l’identité des Hébreux pour leur faire porter le nom des dieux étrangers. Daniel, dont le nom signifie « Dieu est juge » ou « juge de Dieu », devient Belteshatsar, du nom du dieu babylonien Bel/Baal, et Hanania (« donné de Dieu en grâce »), Mishaël (« qui est comme Dieu ») et Azaria (« celui que Dieu aide ») sont appelés respectivement Schadrac, Méschac et Abed-Nego, également en référence à des divinités de Babylone.
Cette volonté de domination totale se retrouve au début du chapitre 3, lorsque Nebucadnetsar fait élever une statue d’or et réunit toutes les personnalités les plus importantes du royaume ainsi que les « peuples, nations, hommes de toutes langues » à l’occasion de sa dédicace (3.2-4). En faisant saluer la statue, le roi forçait ses sujets à adorer le dieu que, dans son orgueil, il s’était fait pour lui-même. À travers la statue, c’était lui-même que Nebucadnetsar désirait que les hommes adorent. De même Darius le Mède, sous l’influence de ses conseillers, se laisse déifier et être révéré (6.6-9), le culte idolâtre servant ainsi à conforter le pouvoir du tyran. Aujourd’hui encore, certains dirigeants cherchent à faire adorer leur personne et élèvent des statues à leur gloire (comme en Corée du Nord par exemple). Mais la liberté, en particulier celle de conscience, est bien souvent menacée de manière plus subtile, ce à quoi le croyant devrait être attentif.

Quelques fidèles

Face à l’oppression politique et spirituelle d’un pouvoir idolâtre qui, après les avoir privés de leur liberté, cherche à leur ôter leur identité, Daniel et ses compagnons choisissent de rester fidèles à Dieu. Parmi les caractéristiques de ces quatre serviteurs, notons tout d’abord qu’ils prient régulièrement, seuls, comme Daniel après la publication du décret de Darius (6.10), ou bien collectivement, comme lorsqu’il s’agit d’intercéder pour connaître la vision de Nebucadnetsar et son interprétation (2.17-18).
Ces prières sont également nourries par la lecture de la Parole (« les livres » mentionnés en 9.2), principalement des prophéties de Jérémie concernant Jérusalem et la durée de l’exil de Juda à Babylone, ce qui conduit Daniel à confesser les péchés du peuple et à intercéder pour lui.
Enfin, la fidélité de Daniel et ses compagnons se remarque dans leur volonté de s’abstenir de participer de près ou de loin au culte des idoles. C’est pourquoi Daniel résout « de ne pas se souiller par les mets du roi et par le vin dont le roi buvait » (1.8) et obtient du chef des eunuques une dispense pour lui et ses trois compagnons. Plus tard, ces derniers font preuve de la même résolution lorsqu’ils déclarent à Nebucadnetsar leur refus de participer au culte des dieux de Babylone et d’adorer la statue d’or (3.18).
Aujourd’hui encore, la prière et la lecture de la Parole aident le croyant à chercher la volonté de Dieu et à s’orienter dans un monde qui le rejette. Il convient également d’être prudent pour ne pas aveuglément adopter le langage ou la manière de penser de ceux dont les valeurs pourraient être contraires à l’Évangile. Néanmoins, le livre de Daniel montre également que le refus de la compromission morale ne passe pas nécessairement par un retrait complet des affaires de la cité.

Œuvrer au bien de la cité

Étant donnés la situation d’esclavage dans laquelle se trouvaient Daniel et ses compagnons, mais aussi les valeurs et le comportement des dirigeants qu’ils étaient contraints de servir, l’on pourrait s’attendre à ce qu’ils ne souhaitent pas particulièrement s’appliquer dans les tâches qui leur étaient confiées. Toutefois, il est dit que Dieu leur accorda « de la science, de l’intelligence dans toutes les lettres, et de la sagesse » (1.17) au point qu’ils surpassèrent les magiciens et les astrologues du royaume (1.19-20). Lorsque Babylone est conquise par les Mèdes et les Perses, Daniel est même établi comme l’un des trois chefs des satrapes et est distingué comme surpassant « les chefs et les satrapes, parce qu’il y avait en lui un esprit supérieur ; et le roi pensait à l’établir sur tout le royaume » (6.3). Bien qu’au service de dirigeants impies, Daniel s’efforce d’utiliser au mieux les talents intellectuels qu’il a reçus de Dieu. En œuvrant ainsi au bien de la cité, Daniel témoignait déjà de ce que l’apôtre Paul a plus tard enseigné : « Tout ce que vous faites, faites-le de bon cœur, comme pour le Seigneur » (Col 3.23). Pour Daniel, le fait qu’il soit au service d’un roi étranger n’enlevait rien au fait qu’il rendait gloire à Dieu en travaillant excellemment.
Ainsi Daniel ne s’est pas isolé avec ses compagnons d’exil, mais, tout en refusant tout compromis, il a cherché à tisser des liens qui lui furent souvent utiles. Il put demander à être autorisé à s’abstenir des mets et des vins de la table royale grâce à la faveur qu’il avait trouvée auprès d’Aschpenaz, le chef des eunuques (Dan 1.9). De même, il est peu probable que Daniel eût pu s’entretenir avec Arioc, le chef des gardes, au moment, où Nebucadnetsar lui avait ordonné de tuer les sages, si une relation n’avait pas existé auparavant (2.14).
Mais malgré sa capacité unique à connaître et interpréter les songes, Daniel sollicite ses compagnons et les associe à la prière qu’il adresse au « Dieu des cieux » (2.17-18). Et lorsque, après que son rêve eût été révélé et interprété, le roi souhaite récompenser Daniel en lui donnant « le commandement de toute la province de Babylone » et en le faisant « chef suprême de tous les sages de Babylone » (2.48), ce dernier demande que le roi promeuve également ses compagnons (2.49).
Les chrétiens impliqués en politique et dont l’appel est d’œuvrer au bien de la cité doivent pouvoir s’appuyer sur une église et sur la prière de compagnons fidèles. De plus, la construction de relations positives et un travail réalisé avec l’exigence de l’excellence seront un témoignage dans le monde. L’histoire de Daniel souligne néanmoins que la fidélité à Dieu, lorsqu’elle s’oppose à la volonté du souverain, devient un motif de persécution. Comment dès lors concilier respect envers les autorités et obéissance à Dieu ?

Craindre Dieu, honorer le roi

La succession des empires telle qu’elle est décrite dans le livre de Daniel invite le lecteur à considérer la souveraineté de Dieu, qui nomme et dépose les rois : « le Très-Haut domine sur le règne des hommes et […] le donne à qui il lui plaît » (4.25). Cette affirmation concorde avec ce que, s’adressant à d’autres croyants également soumis à un pouvoir despotique, l’apôtre Paul déclare : « il n’y a point d’autorité qui ne vienne de Dieu, et les autorités qui existent ont été instituées de Dieu » (Rom 13.1). Dès lors, l’apôtre Paul insiste sur la nécessité d’être soumis à ces autorités (Rom 13.5). De même, l’apôtre Pierre stipule : « Soyez soumis, à cause du Seigneur, à toute autorité établie parmi les hommes, soit au roi comme souverain, soit aux gouverneurs comme envoyés par lui pour punir les malfaiteurs et pour approuver les gens de bien » (1 Pi 2.13-14). Ainsi, quelle que soit la nature du gouvernement d’un pays, les croyants sont appelés à y être soumis pour la raison que c’est Dieu qui en est la source, et qu’un gouvernement, même mauvais ou corrompu, vaut mieux que l’anarchie.
Néanmoins, nous avons vu précédemment que Daniel et ses compagnons avaient à plusieurs reprises désobéi aux ordres du roi. Lorsque Schadrac, Méschac et Abed-Nego refusent de s’incliner devant la statue dressée par Nebucadnetsar, la menace est claire : ils seront jetés dans une fournaise ardente. Mais les trois Hébreux savent qu’en obéissant au roi ils violeraient l’un des dix commandements, et ils usent de la liberté qu’a tout croyant de désobéir aux lois qui contredisent explicitement la Parole. Alors ils répondent avec foi : « Voici, notre Dieu que nous servons peut nous délivrer de la fournaise ardente, et il nous délivrera de ta main, ô roi » (Dan 3.17). Dans le Nouveau Testament, l’on trouve une attitude similaire de la part de Pierre et Jean qui, lorsqu’on leur ordonne de ne plus « parler et d’enseigner au nom de Jésus », répondent aux autorités religieuses qui les ont convoqués : « Jugez s’il est juste, devant Dieu, de vous obéir plutôt qu’à Dieu » (Act 4.18-19).
Il n’est jamais attendu du croyant qu’il se soumette à un ordre qui irait à l’encontre de ce que lui dictent sa conscience et les principes éthiques de la Parole. Notons cependant qu’à aucun moment Daniel ou ses compagnons ne manquent de déférence envers le roi ; la désobéissance ne doit pas mener au mépris, à l’insulte voire à la violence, le croyant étant plutôt appelé à « [honorer] tout le monde », en particulier le roi (1 Pi 2.17).
Mais lorsque, ayant osé dire la vérité et rester droits devant Dieu, les jeunes Hébreux sont en butte à la persécution, alors le livre de Daniel montre comment la présence de Dieu se manifeste au cœur d’une opposition à laquelle ces serviteurs s’étaient préparés. Nebucadnetsar est lui-même étonné de constater qu’un quatrième homme, dont la figure « est semblable à celle d’un fils des dieux » (Dan 3.25) est présent dans la fournaise ardente. Plus tard, Daniel est lui-même en mesure de déclarer à Darius que « Dieu a envoyé son ange et fermé la gueule des lions » (6.22). Ainsi Dieu lui-même accompagne-t-il ceux qui sont à lui et les aide-t-il au cours des épreuves qu’ils rencontrent dans le service auquel il les a appelés. Mais nous avons également vu que Dieu pouvait récompenser la fidélité de ses serviteurs en leur faisant trouver faveur à la cour et gagner en responsabilité, la première partie du livre se concluant d’ailleurs sur cette note puisqu’il est dit que « Daniel prospéra sous le règne de Darius, et sous le règne de Cyrus, le Perse » (6.28).

Conclusion

Bien qu’exilés, soumis à un pouvoir tyrannique qui veut les priver de leur liberté, de leur culture voire de leur identité, et confrontés à l’utilisation politique d’un culte idolâtre, Daniel et ses compagnons ne sont pas découragés. Au contraire, ils saisissent chacune des occasions qui leur sont données de glorifier le Seigneur par un service fidèle. S’ils refusent toute forme de compromission, allant jusqu’à désobéir aux ordres royaux au prix de la persécution, ils n’en demeurent pas moins soumis aux autorités instituées par Dieu. En ce sens, ils constituent un modèle de sagesse pour le croyant engagé en politique, et plus généralement pour tout citoyen chrétien. L’influence de croyants comme Daniel et ses compagnons sur les dirigeants peut même les conduire à découvrir la vérité divine, à l’instar de Nebucadnetsar. Et si l’on ne peut attendre d’un État qu’il conforme ses lois à l’éthique biblique, du moins les chrétiens engagés en politiques peuvent-il œuvrer pour le bien, par exemple en cherchant à garantir la liberté de conscience.

les articles plus lus

En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)