Regards d’un chrétien engagé en politique

On le sait, le mot « politique » tire son sens premier de « la ville ».

Ainsi, s’occuper des affaires de la ville, c’est au sens propre « faire de la politique ».

Ce sens s’est tout naturellement étendu englobant de manière générale tout ce qui a rapport aux « affaires publiques », c’est-à-dire celles qui touchent « le peuple » (publius en latin).

Et parce qu’on aborde par ce biais la « manière de gouverner » et non plus seulement l’objet du gouvernement, alors l’adjectif « politique » est compris comme une manière fine et adroite de parvenir à ses fins ! Ce n’est pas ce sens que je retiens, mais bien celui des « affaires publiques » et de la participation aux « affaires publiques ».

Le regard que je porte sur mon sujet vient de quatre points cardinaux :
– celui d’un chrétien évangélique qui aime la lecture de la Bible qu’il considère comme la Parole de Dieu,
– celui d’un maire (depuis 17 ans),
– celui d’un membre du « Comité de Lausanne pour l’Évangélisation Mondiale » qui a participé au rassemblement de Cape Town en 2010[note]Évangéliser, témoigner, s’engager. Les documents de référence du Mouvement de Lausanne, Excelsis, 2017[/note] ,
– et celui du président du Comité Protestant évangélique pour la Dignité Humaine (CPDH).

Objectif ou vœu pieux ?

« Que ton règne vienne, que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel. » La volonté de Dieu clairement contenue dans l’Évangile débouche à la fois sur la réconciliation de l’homme avec son Père céleste et sur des relations humaines fondées sur l’amour et la fraternité. La nouvelle naissance est bien une naissance spirituelle, en ce qu’elle redonne vie à une relation homme-Dieu mise à mal par le péché, mais c’est aussi une renaissance civile — et pourquoi pas civique puisqu’elle va transformer notre relation avec notre prochain. Il n’est pas rare que les proches d’un homme ou d’une femme récemment « né(e) de nouveau » viennent à constater une amélioration flagrante des relations sociales de cette personne (Marc 5.15).
Ainsi la prière de notre Seigneur, « que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel » (Mat 6.10), devient notre prière et « faire sa volonté » est désormais le but de notre vie… de toute notre vie : familiale, professionnelle, sociale et politique. Il n’y a pas de domaine à exclure !
Alors qu’il est emprisonné, l’apôtre Paul écrit aux chrétiens de la première église d’Europe qu’il a d’ailleurs contribué à fonder : « Conduisez-vous d’une manière digne de l’évangile du Christ » (Phil 1.27). Le verbe grec traduit par « se conduire » peut signifier « être citoyen, vivre comme citoyen et prendre part aux affaires publiques »[note]Dictionnaire Bailly – grec français.[/note] . L’apôtre rappelle par ce seul verbe tous les enseignements de Jésus-Christ à ses disciples, lui qui les invitait à « aimer leur prochain » et à ne pas se contenter de paroles seulement. « Conduisez-vous », « vivez en citoyen » ! Ces mots redisent que la foi évangélique va au-delà de la croyance, elle touche le comportement humain et elle doit impacter la ville où l’église est implantée. À l’heure où le respect de l’autre, du prochain, de notre semblable, est fragilisé, parfois remis en cause, à l’heure où le sens de l’engagement civique et citoyen est redéfini, réactualisé, précisé, encouragé partout en France, la Bible nous recommande de vivre en citoyen.

Rechercher le bien de la ville

« Recherchez le bien de la ville où je vous ai déportés » recommande Dieu par la voix du prophète Jérémie (29.7). Ce texte de la Bible est bien connu et nous rappelle que, si nous ne serons pas tous maire, député ou conseiller général, nous avons un devoir de bénédiction à l’égard de la ville où nous habitons. C’est cela, l’engagement citoyen. Il se manifeste universellement à travers la prière pour les autorités que l’apôtre Paul nous recommande, mais aussi particulièrement à travers les responsabilités civiles et civiques qui peuvent être les nôtres (ne serait-ce qu’en exerçant notre droit de vote !).

Bientôt président de communauté d’agglomération ?

« Parce que tu as été fidèle en peu de chose, reçois le gouvernement de dix villes » (Luc 19.17). C’est ainsi que la loyauté de l’un des serviteurs du maître de la parabole des talents se voit récompensée plus tard. Jésus raconte cette histoire, parce qu’on pensait que le royaume de Dieu devait apparaître à l’instant, nous rapporte Luc. Il est frappant de constater que Jésus semble inviter son auditoire à la patience (il faudra attendre le retour du maître pour connaître la fin de l’histoire… ou de l’Histoire) et à la responsabilité (celui qui a su assumer ses charges se voit confier plusieurs villes). Si nous devons un jour devenir président d’une communauté d’agglomération, il serait peut-être bon de se former dès à présent ou à tout le moins de ne pas s’interdire d’y réfléchir !
Sans tomber dans un idéalisme trop euphorique, il ne faut pas renier les progrès apportés par la Parole de Dieu et ceux qui l’ont mise en pratique : « Partout, où l’Évangile est arrivé et a triomphé, il a entraîné dans son sillage une nouvelle préoccupation pour l’éducation, une nouvelle volonté d’écouter les dissidents, de nouvelles normes d’impartialité dans l’administration de la justice, une nouvelle gérance de l’environnement, de nouvelles attitudes vis-à-vis du mariage et du sexe, un nouveau respect pour les femmes et les enfants, et une nouvelle compassion qui a donné lieu à une nouvelle détermination à soulager les pauvres, à guérir les malades, un nouveau souci pour la réinsertion des prisonniers, et de soins pour les personnes âgées et les mourants. Par ailleurs, alors que l’influence chrétienne grandit, ces nouvelles valeurs sont exprimées non seulement en la philanthropie, mais aussi dans une législation humanitaire.»[note]John Stott, I believe in preaching, Hodder and Stoughton, 1982, p.166.[/note]

Où est le problème ?

Et pourtant l’engagement politique fait débat et fait peur. Il faut reconnaître qu’il pose problème sur le plan des opinions, de l’erreur de gouvernement (toujours possible malheureusement), de la corruption liée au pouvoir, des partis.
 Les opinions : Il n’existe pas d’opinion unique (et il faudrait bien s’en garder !) ; c’est pourquoi nous trouverons toujours des questions de société qui connaîtront plusieurs types de réponses parmi les chrétiens. La Bible nous invite à rechercher « ce qui contribue à la paix et à l’édification mutuelle » (Rom 14.19) et la lecture complète du 14e chapitre de l’Épître aux Romains est capitale sur ce sujet. En fait tout se joue dans notre capacité à accueillir la pensée d’autrui : suis-je capable d’écouter une opinion différente de la mienne ? Dans quelle mesure puis-je participer à un débat, argumenter un point de vue, examiner un avis qui m’est présenté ? Tout ceci s’apprend et nécessite un travail sur soi. À cela doit s’ajouter notre lecture de la Bible, personnelle et en église, car la Parole de Dieu doit rester « une lumière sur notre sentier », une lumière capable d’éclairer nos opinions mutuelles.
 Les coups tordus : Le monde politique, comme bien d’autres sphères sociales, est cruel et sans pitié. On y trouve de nombreux exemples de trahison et de mise en danger. Mais, là encore, ceci n’est pas réservé à la politique. Jésus avec beaucoup de lucidité déclare à ses disciples : « Je vous envoie comme des brebis au milieu des loups. Soyez donc prudents comme les serpents, et simples comme les colombes » (Mat 10.16).  J’affectionne particulièrement cette déclaration, car la prudence du serpent et la simplicité de la colombe sont à mes yeux les qualités essentielles qu’il faut cultiver simultanément en politique. La simplicité de la colombe sans la prudence du serpent conduit à la niaiserie, à l’erreur et nous expose inutilement au danger. La prudence du serpent sans la simplicité de la colombe transforme les hommes en froids stratèges, toujours prêts à mordre ou les condamne au repli sur soi et à l’inaction. Or sur le terrain politique les embûches ne manquent pas ! Alors autant les aborder en conscience !
 L’erreur de gouvernement : Gouverner une ville ou un pays est une lourde responsabilité qui implique un savoir-faire, un savoir-être mais aussi des capacités de jugement et d’anticipation importantes. Pour tout dire, je ne crois pas qu’il soit possible de gouverner parfaitement. Seul le Christ a la sagesse, la dignité, la puissance et l’omniscience convenables (Apoc 5.13). Les erreurs de gouvernement mentionnées dans la Bible sont nombreuses, mais elles ne justifient pas pour autant la volonté de renoncer aux responsabilités publiques. En revanche, l’exercice juste du pouvoir ne peut s’envisager qu’avec humilité.
 La corruption : Le pouvoir n’est pas sans conséquence sur celui qui l’exerce. Ce n’est pas là un phénomène propre au monde politique, des difficultés similaires se rencontrent dans les entreprises, les syndicats, les associations, les familles… ou les églises. « L’orgueil précède la chute » (Prov16.18), c’est pourquoi Jésus se plaît à rappeler que « celui qui gouverne soit comme celui qui sert » (Luc 22.26). Ce principe est on ne peut plus évangélique et mériterait d’être largement appliqué. Soyons donc des exemples.
 Les partis politiques : Pour tous ceux qui exercent ou qui exerceront des responsabilités politiques (il en faut), je conseille de ne pas agir par « esprit de parti ». Ceci ne veut pas dire qu’il soit interdit d’adhérer à un parti. Ces derniers organisent la vie politique des démocraties. Se pose alors naturellement la question des « partis chrétiens ». Il n’est pas inutile de se retrouver entre chrétiens, de partager nos expériences ou nos questions, de prier et rechercher le conseil de Dieu pour notre ville ou notre pays, mais, comme le dit Jacques Ellul, il me paraît illusoire de vouloir fonder un parti politique qui serait seul détenteur des options gouvernementales divinement inspirées. Les partis d’inspiration chrétienne peuvent être de précieux outils de travail s’ils savent être des plates-formes ouvertes, des espaces de prière, de dialogue et de formation politique. Mais ils seront des lieux de zizanie si chacune de leurs composantes revendique l’imprimatur du Christ sur chacune de ses publications ou chacun de ses programmes électoraux. Lorsque la foule vint chercher Jésus pour le faire roi, elle l’a fait fuir (Jean 6.15) ; en agissant de même, nous pourrions bien nous priver de la présence de notre Sauveur sans l’avoir voulu !

Le témoin, le gouverneur et le prophète

Il y a trois postures de l’action politique[note]Je les ai détaillées dans mon livre Foi, politique et société, Ourania.[/note]  :

Le témoin

Au début du livre des Actes, Jésus assigne à ses disciples une mission dont ils ne peuvent encore pleinement comprendre la portée : « Vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée, dans la Samarie et jusqu’aux extrémités de la terre » (Act 1.8). Ainsi plutôt que de faire des siens les soldats ou les politiciens d’un ordre nouveau, Jésus en fait ses témoins ! Témoins dont l’action ne semble plus avoir de limite géographique, ayant Jérusalem et les extrémités de la terre pour frontières. Le proche et le lointain, le connu et l’inconnu viennent désormais de se transformer en « champ missionnaire », l’Évangile est déjà en train d’essaimer ! Cet échange est fondateur d’une vision nouvelle : Jésus y rappelle, une fois de plus, que son « Royaume n’est pas de ce monde », et nous aurions bien tort de remettre en cause cette déclaration qui est toujours d’actualité. Toutefois il assigne à ceux qui croient en lui une mission bien particulière : le témoignage. Un témoignage qui pourra nous mener hors de nos limites habituelles et pour lequel nous avons besoin de l’assistance du Saint-Esprit.
Pour moi qui suis à la fois chrétien et élu municipal, cette déclaration du Christ a une importance considérable parce qu’elle me donne clairement le cap et le cadre de mon action, de mon mandat. Elle en brise les fausses ambitions, qui peuvent être semblables aux attentes inappropriées des apôtres ; elle en modèle la forme (« être témoin »), ouvre des perspectives nouvelles tout en me rappelant mes propres limites et mon besoin de l’Esprit saint. Mon identité n’est pas dans la politique, mais en Christ.

Le gouverneur

Pour faire de la politique, il faut savoir gouverner ou apprendre à le faire. Quand il s’agit de gouverner l’Église, Paul dit : « Que celui qui préside le fasse avec zèle » (Rom 12.8). Il en est de même pour le domaine politique. Le zèle ainsi réclamé en dit long sur le sérieux, la consécration et le coût humain d’une telle fonction pour celui ou celle qui l’exerce. Les exemples d’hommes ayant eu une expérience de gouvernement sont nombreux dans la Bible. Les difficultés qu’ils ont rencontrées sont encore d’actualité, car il existe une incompréhension naturelle entre gouvernants et gouvernés, les uns et les autres n’ayant pas le même point de vue : « Pour bien connaître la nature des peuples, il faut être prince, et pour bien connaître celle des princes, il faut être du peuple », faisait remarquer Machiavel à Laurent de Médicis.[note]Machiavel, Le Prince.[/note]  Il est donc inévitable que, par moments, les avis divergent voire s’affrontent. Pour le chrétien engagé, des revendications populaires, des projets de loi de tout ou partie de ses fréquentations politiques ou encore du gouvernement qui dirige le pays, entrent parfois en conflit avec sa foi. Il est alors possible d’user des moyens qu’offre la démocratie pour expliquer sa position et son opinion. Même décriés, les chrétiens se doivent de prévenir et d’avertir avec amour et conviction la société dans laquelle ils vivent. Le gouvernant devient alors prophète !

Le prophète

Le prophète a toujours eu un devoir d’interpellation du pouvoir politique. Qu’on se souvienne de Nathan qui vient au-devant du roi David et l’interroge sur la conduite à tenir à l’égard d’un homme riche et puissant qui s’est emparé de la brebis d’un pauvre (2 Sam 12.3). David se met en colère et affirme qu’un tel homme ne doit pas échapper à la justice. « Tu es cet homme ! » lui déclare alors Nathan. Quel courage ! Nathan a su trouver les mots qui étaient à la fois respectueux de la fonction du roi David et révélateurs des mauvais choix que le monarque avait faits. En tant que porte-parole du Collectif des Maires Pour l’Enfance, ou que président du CPDH, j’ai souvent connu ces moments de face-à-face avec les détenteurs du pouvoir temporel et dans ces moments les mots de l’apôtre Pierre m’ont fortement aidé : « Soyez toujours prêts à défendre l’espérance qui est en vous, devant tous ceux qui vous en demandent raison, mais faites-le avec douceur et respect, en gardant une bonne conscience » (1 Pi 3.15).

Le mot de la fin !

« Par la bénédiction des hommes droits la ville s’élève.» (Prov 11.11).
Mon vœu le plus cher, ma prière, c’est que le nombre de ces « hommes droits » soit toujours plus important et que les chrétiens viennent en grossir le chiffre. J’ai pu personnellement constater cette bénédiction à de maintes reprises. Je sais à qui je la dois et c’est à Jésus-Christ que je veux donner gloire. Je sais aussi que la bénédiction n’est pas sans souffrance, sans prix à payer et qu’il faut essayer d’en évaluer le coût avant de s’engager ; toutefois « le champ politique n’est pas hors de la moisson dont nous parle Jésus dans l’Évangile et dont il nous dit qu’elle est grande, mais qu’il y a peu d’ouvriers (Mat 9.37) !  Prions donc le Père pour qu’il en envoie … et soyons prêts, pour certains d’entre nous, à être une partie de la réponse à nos prières ! »[note]Franck Meyer, Foi, politique et société, Ourania, 2010, p. 163.[/note]

les articles plus lus

En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)