Une leçon des livres historiques

Les livres historiques de Josué à Rois [note]Hors Ruth, qui est classée dans la Bible juive parmi les « 5 rouleaux ».[/note] forment un ensemble important de 147 chapitres, soit 23 % environ du texte de l’A.T. Le canon hébraïque l’inclut dans la deuxième division de l’A.T., les Nebiim, et les désigne sous le titre « les premiers prophètes[note]Les « derniers prophètes » regroupent Ésaïe, Jérémie, Ézéchiel et les 12 petits prophètes. Le nombre de mots de ces livres représente aussi 23 % du texte de l’A.T.[/note] » . Ce long développement expose l’histoire du peuple d’Israël de son entrée en Canaan jusqu’à la déportation de Juda à Babylone.
Dans ces chapitres, nous trouvons nombre d’histoires riches d’applications morales — comme l’appel de Gédéon, David et Goliath, les miracles d’Élisée, etc. Toutefois, si intéressants que soient les récits particuliers, il faut se souvenir qu’ils s’inscrivent dans un grand mouvement d’ensemble, dont une section du Deutéronome donnait en quelque sorte le sommaire par avance.
Le Deutéronome, ou « deuxième loi », donne les instructions que le peuple d’Israël devait suivre dans le pays où il allait entrer. Au cours du livre, Moïse va évoquer une suite d’« institutions » selon Dieu qui vont permettre au peuple de « fonctionner ». De Deutéronome 16.18 à 18.22[note]La partie centrale du Deutéronome (12-25) donne des lois détaillées qu’il est possible de relier successivement au Décalogue (voir Eugene H. Merrill, Deuteronomy, NAC). La portion 16.18-18.22, sur les autorités dans le pays, se rattache au 5e commandement, l’autorité dans la famille. Le juge puis le roi puis le prophète ont joué historiquement un rôle de « père » pour la nation (cf. 1 Sam 24.12 ; 2 Rois 2.12 ; 6.21)[/note] , trois catégories d’autorités sont mentionnées successivement :

  •  les juges et les sacrificateurs (16.18-17.13) ;
  •  le roi (17.14-18.8) ;
  •  le prophète (18.9-22).

Jusque-là, pendant toute la traversée du désert, Moïse jouait à la fois le rôle de « roi en Israël » (Deut 33.5) et de prophète (Deut 18.18, « un prophète comme toi »), tandis que la sacrificature était confiée à Aaron son frère.
Après leur décès, Josué d’un côté et Éléazar de l’autre vont prendre leur suite pour faire entrer le peuple dans le pays. Le livre de Josué se termine par la double mention de la mort de Josué (Jos 24.29-31) et d’Éléazar (Jos 24.33). Les porteurs de la conquête disparaissent, et les institutions prévues par Dieu vont devoir prendre la suite.

1. La décadence de la sacrificature et des juges

De façon significative, le livre des Juges commence par rappeler la mort de Josué (Jug 1.1), avant de donner deux introductions successives. La première (Jug 1.1-2.5) surprend : les fils d’Israël n’ont pas chassé les Cananéens, alors que la fin de Josué suggérait que la conquête avait été achevée ; la mission de Josué n’avait pas été totalement remplie. La seconde (Jug 2.6-3.6) donne le résumé du cycle qui va se répéter au cours des siècles qui suivront sous les 12 juges : les fils d’Israël rejettent Dieu ; Dieu envoie un ennemi pour les asservir ; les Israélites implorent Dieu ; Dieu suscite un juge pour les délivrer et opérer un retour temporaire vers lui. Ces cycles vont aller de mal en pis, en particulier quant à l’attitude du peuple vis-à-vis du juge — jusqu’à Samson, rejeté par son peuple qui prend son parti de la domination des Philistins (Jug 15.11).
Dans cette période, Dieu prend soin de son peuple au travers de la sacrificature et des juges : Israël est alors une théocratie directe, comme l’indique le dernier verset du livre : « En ce temps-là, il n’y avait point de roi en Israël. Chacun faisait ce qui lui semblait bon » (Jug 21.25).
Mais cette médiation de la sacrificature et des juges entre Dieu et le peuple a failli. Les juges ont été incapables de ramener durablement le peuple à Dieu. Quant à la défaillance de la sacrificature, elle est exposée dans les deux conclusions du livre (Jug 17-18 et 19-21). La première narre le dévoilement de la sacrificature par un homme qui, via un Lévite, va établir son propre culte en détournant ce que Dieu avait institué pour y substituer une idole. La seconde conclusion rapporte l’histoire très glauque d’un autre Lévite et témoigne de l’épouvantable décadence morale qui sévissait parmi le peuple ; or ce récit ne se situe pas à la fin de la période des Juges, mais au début puisque Phinées, successeur d’Éléazar, est encore vivant (Jug 20.28) ; la faillite de la sacrificature a donc été très rapide, et même la présence du champion de la sainteté selon Dieu qu’est Phinées (cf. Nom 25) ne suffit pas à éviter l’horreur décrite dans ces chapitres. La sacrificature, parce qu’elle était confiée à des humains faillibles, n’a pas été capable d’assurer la bénédiction du peuple de Dieu.

2. La faillite de la royauté

Le livre de Samuel s’ouvre par l’histoire d’Elkana, le père de Samuel. Samuel joue un rôle important dans cette métahistoire, puisqu’il est à la fois un Lévite et un juge. Il fait l’intermédiaire entre la période des juges-sacrificateurs et celle des rois. Même s’il est personnellement fidèle, ses fils ne le sont pas (1 Sam 8.3-4) et le peuple exige un roi. Ce faisant, les Israélites rejettent la théocratie directe en vigueur jusque-là : « Écoute la voix du peuple dans tout ce qu’il te dira ; car ce n’est pas toi qu’ils rejettent, c’est moi qu’ils rejettent, afin que je ne règne plus sur eux » (1 Sam 8.7).
Même si Dieu, dans sa souveraineté, avait déjà prévu dans le Deutéronome la demande du peuple (Deut 17.15), il ne dédouane pas pour autant Israël de sa responsabilité. Ce dernier doit assumer pleinement son mauvais choix.
Le premier roi, Saül, ayant tôt fait de montrer qu’il ne faisait pas l’affaire, Dieu choisit un autre roi, David, « selon son cœur » (1 Sam 13.14). Après de multiples péripéties, David devient enfin roi (2 Sam 5.4). Peu après, l’Éternel annonce à David une magnifique promesse : « J’élèverai ta postérité après toi, celui qui sera sorti de tes entrailles, et […] j’affermirai pour toujours le trône de son royaume. Je serai pour lui un père, et il sera pour moi un fils. » (2 Sam 7.12-14) Arrivés à ce point, nous pourrions penser que la royauté est enfin la solution, puisque Dieu a établi une dynastie « pour toujours ».
La suite du livre révèle qu’il n’en est rien : David, infidèle, doit fuir devant son fils Absalom, l’héritier auto-proclamé. Le roi finit son règne fatigué et guère perspicace [note]Voir par exemple son jugement hâtif concernant Méphibosheth (2 Sam 19.29).[/note].
La promesse de Dieu envers le fils de David semble s’accomplir en Salomon. Si David a, en partie, failli, le début du règne de Salomon est brillant : le roi met en œuvre la sagesse qu’il a demandée et reçue de Dieu dans ses affaires intérieures (1 Rois 3.16-28), dans ses relations extérieures, dans ses écrits (1 Rois 4.29-34), dans ses réalisations (1 Rois 5.1-12). La dédicace du magnifique temple qu’il construit pour Dieu est l’apogée de son règne. L’institution de la royauté aurait-elle réussi là où l’institution précédente avait failli ? Hélas non et la triste fin du règne de Salomon le démontre : contrairement aux recommandations du Deutéronome, il accumule femmes, chevaux et or ; pire encore, il tombe dans l’idolâtrie.
La suite de la royauté s’enfonce dans la décadence jusqu’à la reconstruction de Jéricho sous Achab (1 Rois 16.34) qui ramène le peuple avant la conquête, au début du livre de Josué. C’est comme si tout ce qui avait été construit pendant tous ces siècles s’écroulait.

3. L’échec de la prophétie

Dieu introduit alors le ministère prophétique avec Élie le Thischbite. Autant David a symbolisé la royauté [note] Les rois de Juda sont estimés par rapport à David tout au long du livre des Rois.[/note] , autant Élie a incarné la prophétie[note]C’est ainsi que le N.T. le présente à maintes reprises.[/note] . Puisque la sacrificature et la royauté ont failli, la prophétie est instaurée pour ramener le peuple à Dieu — et en premier lieu, à travers Élie et Élisée, le royaume du nord, Israël, qui s’était le plus éloigné. En dépit de leur ministère puissant, la décadence continue jusqu’à la déportation du royaume du nord en –722 par les Assyriens. « L’Éternel fit avertir Israël et Juda par tous ses prophètes, par tous les voyants, et leur dit : Revenez de vos mauvaises voies, et observez mes commandements […] Mais ils n’écoutèrent point. […] Les enfants d’Israël s’étaient livrés à tous les péchés que Jéroboam avait commis ; ils ne s’en détournèrent point, jusqu’à ce que l’Éternel ait chassé Israël loin de sa face, comme il l’avait annoncé par tous ses serviteurs les prophètes.» (2 Rois 17.13-14,22).
Le royaume du sud connaît la même fin tragique, en dépit de deux rois fidèles, Ézéchias et Josias, qui essayent de réveiller le peuple, et des prophètes qui se succèdent pour avertir (cf. 2 Rois 24.2). La prophétie n’a pas eu plus de succès que la sacrificature ou la royauté pour maintenir le peuple près de Dieu. Toutes ces institutions, pourtant établies par l’Éternel, n’ont pas apporté la solution.

4. La seule solution

De façon surprenante, le livre des Rois ne se termine pas sur la fin de Jérusalem, mais par le rétablissement partiel de Jojakin, l’héritier direct de la couronne de David (2 Rois 25.27-30). Du tronc d’Isaï qui paraissait complètement mort sort un tout petit rejeton… qui allait permettre à la lignée de continuer et à un descendant de David de remplir enfin un jour la promesse de 2 Samuel 7 (És 11.7).
Car si la sacrificature, la royauté et la prophétie ont failli, c’est parce que Jésus est le seul espoir. Toutes ces longues pages de l’A.T. nous sont données pour nous prouver qu’aucune solution humaine ne peut réussir : tout ce qui a été essayé a été insuffisant et a échoué. Si Jésus-Christ n’était pas venu pour changer le cours de l’histoire dans le cœur des hommes, il n’y aurait aucune solution. Ce ne sont pas des institutions humaines, si bien pensées qu’elles puissent être — et comment auraient-elles pu être mieux pensées que données directement par Dieu — qui ouvriront une solution au drame de l’humanité. Israël est le prototype choisi par Dieu, mais si Dieu avait choisi une autre nation, le résultat aurait été exactement le même.
Chacun de nous avons besoin d’intérioriser profondément ce constat : Jésus est la seule solution — tant pour l’humanité en général que pour notre vie individuelle. Confusément, nous espérons toujours en « l’homme providentiel » :
 lors d’une élection, nous attendons le dirigeant politique providentiel qui remettra l’économie, la société, les institutions en bon ordre — et nous sommes toujours déçus, comme autrefois le roi décevait toujours ;
 les « prophètes » d’aujourd’hui, qu’ils soient sociologues, économistes, penseurs ou autres, ont peut-être de bonnes idées qui nous séduisent, mais elles ne pourront pas être appliquées efficacement, parce que la « matière humaine » n’est pas bonne ;
 dans notre vie personnelle, nous mettons si vite notre espoir en un médecin, un psychologue, un conseiller, en oubliant qu’ils ne sont que des hommes faillibles ;
 ce constat vaut aussi pour l’église. N’arrive-t-il pas que nous attendions beaucoup, trop, d’un « pasteur providentiel », d’un prédicateur puissant ?
Jésus est, lui, l’homme providentiel, à la fois le parfait sacrificateur, le parfait roi et le parfait prophète. Pour chaque homme en salut et pour chaque croyant dans le quotidien de son chemin, Jésus est le seul espoir. Telle est une leçon fondamentale de ces livres historiques.

les articles plus lus

En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)