Quel est le but de l’Épître aux Romains ?

La situation de l’église à Rome

À partir d’éléments du livre des Actes et de l’Épître aux Romains, il est possible de reconstituer l’histoire de l’église à Rome.

On peut penser qu’elle a été fondée par des convertis du jour de la Pentecôte vers l’an 33 : plusieurs Juifs ou prosélytes habitant Rome y séjournaient pour la fête (Act 2.10) et ont été touchés par la prédication de Pierre.La première phase de l’église est donc sans doute judéo-chrétienne.

En 49, l’empereur Claude décide d’expulser les Juifs de Rome (Act 18.2)[note]Voir pour plus de détails l’excursus de Ben Witherington III, The Acts of the Apostles, a Social-RhetoricalCommentary, p. 539-545.[/note]. L’église à Rome devient majoritairement pagano-chrétienne. La longue liste des salutations envoyées par Paul (16.3-16) suggère que plusieurs païens convertis par Paul (directement ou non) se sont établis dans la ville.

À partir de 54, les Juifs sont autorisés à revenir à Rome et le retour de chrétiens d’arrière-plan juif a pu créer quelques tensions avec les chrétiens d’origine païenne, même si ces derniers restent majoritaires (cf.« vous, païens », 11.13,28)

C’est dans ce contexte que Paul, en 58, rédige de Corinthe cette lettre. Contrairement à plusieurs de ses Épîtres, Paul n’écrit pas pour contrer un danger imminent : l’église est globalement prospère et dynamique : leur « foi est renommée dans le monde entier » (1.8) ; ils sont « pleins de bonnes dispositions, remplis de toute connaissance, et capables de [s’]exhorter les uns les autres » (15.14).

Paul, quant à lui, estime son travail autour de la mer Égée arrivé à sa fin (15.23a) et désire porter l’évangile jusqu’en Espagne (15.24,28) en s’arrêtant à Rome au passage. Il profite donc du voyage de Phoebé pour envoyer cette lettre à Rome (16.1). L’Épître aura des résultats positifs si on en juge à l’accueil chaleureux que Paul, prisonnier, recevra de la part des frères de Rome, trois années plus tard (Act 28.15). Et l’église à Rome va continuer à se développer, tout en souffrant le martyre sous Néron. Elle produira une génération d’écrivains doués, tels Clément de Rome[note]Un des principaux « pères apostoliques », probablement mort martyr en 98 et auteur d’une Épître aux Corinthiens qui était tellement appréciée qu’elle avait été intégrée un moment dans le canon du N.T. avant d’en être retirée.[/note].

Une lettre pour nous affermir

Dans son introduction, Paul donne le but premier de sa lettre: puisqu’il ne peut pas encore rendre visite physiquement aux chrétiens de Rome, il va leur écrire pour les « affermir » (1.11). Et dans ce but, il va leur prêcher l’Évangile, dans le plein sens du mot (1.15-17 ; 15.15-16) — cet Évangile qui va bien au-delà de la seule prédication du salut « initial » et qui englobe tout le développement ultérieur de la vie chrétienne.

Affermir va aussi pour Paul avec réfuter : il semble que des opposants de l’apôtre lui aient attribué indûment des propos (3.8) ou aient tordu certaines de ses affirmations (d’où ses « Loin de là ! », 6.2,15 ; 7.7,13 ; 9.14 ; 11.1,11).

Affermir passe avant tout pour Paul par un exposé clair et ordonné de la vérité chrétienne. L’Épître aux Romains est sans doute la plus systématique de ses lettres, développant de façon logique l’état de perdition de l’homme devant Dieu (1.18-3.20), puis l’œuvre de justification de Dieu en notre faveur par l’œuvre de son Fils à la croix (3.21-5.11), ensuite l’œuvre de sanctification et de libération par l’Esprit (5.12-8.39). Il poursuit en examinant les liens entre l’œuvre de Dieu pour les Juifs et pour les nations (9.1-11.36), avant de s’attarder sur les applications pratiques de ces doctrines dans notre vie personnelle, d’église, publique ou fraternelle (12.1-15.13).

Notre foi se doit d’être intelligente. Même si le péché a obscurci les pensées de l’homme (1.20-21), la foi s’appuie sur ce que Dieu expose de façon claire et adaptée à l’intelligence qu’il nous a donnée, éclairée par le Saint Esprit.

L’Épître n’est pourtant pas un traité juridique ou un manuel de théologie. C’est un exposé « en situation », où l’on ressent la fraîcheur de la vie de l’auteur et des destinataires.

Romains aborde des thèmes bibliques fondamentaux, comme — dans le désordre — la justice de Dieu, le péché, le salut, la colère de Dieu, la sanctification, l’élection, l’œuvre du Saint Esprit, les plans de Dieu quant à Israël, etc. L’Épître aux Romains mérite donc sa place en tête des 21 lettres du canon[note]En fait, elle figure en premier lieu car c’est la plus longue. Les lettres de Paul sont en effet classées par ordre décroissant de longueur, sans logique ou signification particulière.[/note]. Toutefois des thèmes importants ne sont pas touchés, ou à peine esquissés, dont plusieurs chers à Paul comme l’Église (il en parlera dans Éphésiens ou 1 Corinthiens), l’eschatologie (cf. 1 & 2 Thessaloniciens) ou la personne de Christ (plus développée en Colossiens).

Néanmoins, relisons fréquemment à cette riche lettre, car, même après des années de vie chrétienne, nous avons toujours besoin de revenir aux fondements et d’être mieux affermis dans la position où Dieu nous a mis, dans la liberté où l’Esprit nous introduit, dans la grandeur des plans de Dieu dans lesquels nous sommes inclus. Un commentateur encourageait à « se prêcher l’évangile chaque jour » — c’est sans doute un secret de la maturité chrétienne et du bonheur au quotidien. Redisons-nous :« Heureux ceux dont les iniquités sont pardonnées et dont les péchés sont couverts ! » (4.7) Relire cette lettre nous aidera également à savoir présenter l’Évangile de façon claire, dans toute l’étendue de la portée de ce terme.

Une lettre pour nous aider à vivre ensemble

Le N.T. se fait l’écho de tensions dans les églises du 1ersiècle. Cohabitaient des Juifs encore attachés à la loi de Moïse et à tous leurs privilèges (3.1-2 ; 9.3-5) et des païens encore influencés par leur ancien mode de vie laxiste (cf. la description de 1.18-32).

C’est pourquoi Paul fait de fréquents parallèles entre Juifs et Grecs :

– Tous sont également coupables : « Nous avons déjà prouvé que tous, Juifs et Grecs, sont sous l’empire du péché. » (3.9)

– Tous sont également sauvés : « Il n’y a aucune différence, en effet, entre le Juif et le Grec, puisqu’ils ont tous un même Seigneur, qui est riche pour tous ceux qui l’invoquent. Car quiconque invoquera le nom du Seigneur sera sauvé. » (10.12-13)

Le salut n’est pas une question d’origine religieuse ou ethnique ! « Il y a un seul Dieu, qui justifiera par la foi les circoncis, et par la foi les incirconcis. » (3.30)

Ainsi les chapitres 9 à 11, loin d’être une parenthèse, participent pleinement au développement de l’Épître. Et on peut voir la section 12.1 à 13.13 comme une préparation au dernier sujet majeur que Paul a devant lui : améliorer la cohabitation entre chrétiens de convictions différentes sur des sujets pratiques (14.1-15.13).

Les tensions se traduisaient par des dissensions entre « faibles » et « forts » : certains se permettaient des choses que d’autres condamnaient. Paul enjoint qu’il n’y ait :

– ni jugement : « Que celui qui ne mange pas ne juge point celui qui mange, car Dieu l’a accueilli » (14.3) ;

– ni mépris : « Que celui qui mange ne méprise point celui qui ne mange pas » (14.3)

Au contraire, nous sommes invités à nous accueillir « les uns les autres, comme Christ [nous] a accueillis, pour la gloire de Dieu » (15.7). Chacun a sa place dans l’Église, vue sous l’image d’un corps dont les membres sont interdépendants (12.3).

Même si les opinions divergentes aujourd’hui ne portent plus sur les viandes sacrifiées au temple ou sur les jours de la semaine, les différences d’origine géographique, ethnique, de rang social, d’habitudes, de styles familiaux, etc., peuvent facilement créer des incompréhensions, voire des dissensions, au pire des divisions dans les églises locales (cf. 16.17-19). Aussi apprenons de cette lettre à voir d’abord l’unité que crée entre nous notre commun salut et accueillons la diversité des modes de vie sur les questions secondaires.

Une lettre pour nous réveiller

Un troisième but peut être perçu dans l’exhortation vigoureuse que Paul adresse à la fin du chapitre 13 : « Cela importe d’autant plus que vous savez en quel temps nous sommes : c’est l’heure de vous réveiller enfin du sommeil, car maintenant le salut est plus près de nous que lorsque nous avons cru. La nuit est avancée, le jour approche. Dépouillons-nous donc des œuvres des ténèbres, et revêtons les armes de la lumière. Marchons honnêtement, comme en plein jour, loin des orgies et de l’ivrognerie, de la luxure et de la débauche, des querelles et des jalousies. Mais revêtez-vous du Seigneur Jésus-Christ, et n’ayez pas soin de la chair pour en satisfaire les convoitises. » (13.11-14)

Même si les chrétiens de Rome avaient une foi plutôt vivante, ils sont invités à ne pas se relâcher dans leur vie pratique.

Paul les exhorte aussi indirectement (10.14-17) et directement (15.24) à réveiller leur zèle missionnaire. Il désire faire de l’église de Rome sa nouvelle tête de pont dans le but d’évangéliser la partie occidentale du bassin méditerranéen.

Les projets ont été partiellement compromis et le N.T. n’indique nulle part s’il a pu aller plus à l’ouest que Rome ou si le zèle missionnaire des Romains a été réveillé, mais il est certain que l’Épître aux Romains a suscité ou provoqué de nombreux réveils au cours de l’histoire de l’Église :

– Vers 386, Augustin se convertit en entendant une voix lui dire : « Prends et lis ! » Il ouvre Romains 13.13-14 et cède. Quelques années plus tard, vers 411, c’est la controverse pélagienne :Pélageaffirme que l’homme est innocent et bon à sa naissance et ne devient pécheur que par imitation. Augustin réfute fermement cette erreur et développe la doctrine du péché originel et de la nécessité de la grâce, à partir de l’Épître aux Romains.

– Au début du XVIe siècle, Luther se convertit à partir de Romains 1.16-17 qu’il était en train d’exposer. L’Épître aux Romains est au cœur de ses écrits et du début de la Réforme.

– Wesley, insatisfait de ses exercices spirituels, se convertit en 1738 en entendant lire la préface du commentaire de Luther sur l’Épître aux Romains. La doctrine du salut et surtout de la sanctification qu’il prêche ensuite est l’occasion d’un réveil extraordinaire en Grande-Bretagne et aux États-Unis.

– Le prédicateur écossais Haldane est à l’origine du réveil de Genève (1817). C’est l’exposé systématique fait dans sa chambre d’hôtel par ce chrétien qui fut à l’origine de la conversion ou de l’affermissement des pionniers du réveil en Europe continentale (Empeytaz, Malan, Monod).

Alors que nous fêtons le 500e anniversaire de la Réforme et le 200e anniversaire de ce dernier réveil, la même Épître vient nous stimuler pour nous réveiller de notre matérialisme, de notre conformisme, de notre légalisme ou de notre laxisme. Au milieu des difficultés inhérentes à la condition intermédiaire dans laquelle nous sommes (8.18-25), elle vient nous proposer une vie dans la puissance du Saint Esprit qui peut faire abonder dans chacun de nous la justice, la paix et la joie (14.17) pour la gloire de Dieu.

 

 

Un plan détaillé de l’Épître aux ROMAINS

Introduction                                                                                                1.1-17

Salutations                                                                                                           1.1-7

Actions de grâces et annonce de sa visite                                                      1.8-15

Le thème de l’Épître : l’Évangile                                                                     1.16-17

Condamnation : la culpabilité de l’homme                                  1.18 – 3.20

La culpabilité des païens                                                                                 1.18-32

La culpabilité des païens éduqués                                                                  2.1-16

La culpabilité des Juifs                                                                                      2.17 – 3.8

La culpabilité de tous les hommes devant Dieu                                          3.9-20

Justification : l’œuvre de Dieu pour nous                                     3.21 – 5.11

La justice de Dieu pour tous les hommes par l’œuvre de Christ               3.21-30

Les exemples d’Abraham et de David                                                             4.1-25

Abraham et David justifiés sans les œuvres                                                   4.1-8

Abraham justifié sans la circoncision                                                             4.9-12

Abraham justifié sans la loi                                                                              4.13-16

Abraham justifié par sa foi en une promesse                                               4.17-22

Application à ceux qui ont la même foi qu’Abraham                                  4.23-25

La certitude de la justification et ses effets                                                     5.1-11

Sanctification : l’œuvre de Dieu en nous                                     5.12 – 8.39

Le règne de la grâce par la justice                                                                      5.12-21

La sanctification quant au péché                                                                       6.1-23

Unis avec Christ dans sa mort et sa vie                                                             6.1-11

Libérés pour servir volontairement Dieu                                                         6.12-23

La sanctification quant à la loi                                                                          7.1-25

L’autorité de la loi                                                                                                 7.1-6

Le rôle de la loi                                                                                                       7.7-13

L’impuissance de la loi pour la sanctification                                                  7.14-25

La sanctification par la puissance de l’Esprit                                                   8.1-17

Le but de la sanctification au travers des épreuves                                        8.18-39

Les souffrances actuelles et l’espérance                                                             8.18-28

Le dessein de Dieu                                                                                                  8.29-30

L’assurance de l’amour de Dieu                                                                            8.31-39

Dispensation : l’œuvre de Dieu pour Israël et les nations      9.1 – 11.36

La souveraine élection de Dieu dans le passé                                                      9.1-33

Les sentiments de Paul pour les Israélites                                                           9.1-6

Le libre choix de Dieu dans l’histoire d’Israël                                                      9.7-19

Le libre choix de Dieu dans l’élection                                                                    9.19-33

L’égalité du salut pour Juifs et païens dans le présent                                       10.1-21

Le salut obtenu par la foi confessée                                                                         10.1-13

L’annonce du salut                                                                                                       10.14-21

Le rejet temporaire d’Israël et son rétablissement dans le futur                        11.1-36

Le rejet n’est pas complet                                                                                           11.1-10

Le rejet n’est pas final                                                                                                  11.11-24

Le rétablissement futur d’Israël                                                                                11.25-32

Doxologie : louange à la sagesse de Dieu                                                                11.33-36

Application : l’œuvre de Dieu par nous                                                12.1 – 15.13

Dans notre vie personnelle                                                                                        12.1-2

Dans la vie de l’Église                                                                                                  12.3-16

Quant à l’usage des dons spirituels                                                                            12.3-8

Quant à l’amour en pratique                                                                                        12.9-21

Dans la vie publique                                                                                                      12.17 – 13.14

Par rapport à nos ennemis                                                                                           12.17-21

Par rapport aux autorités                                                                                              13.1-7

Par rapport à notre prochain                                                                                        13.8-10

Se réveiller dans la perspective du retour de Christ                                                13.11-14

Dans nos relations fraternelles avec les « faibles »                                                     14.1 – 15.13

Le principe de liberté : ne pas juger                                                                             14.1-12

Le principe de fraternité : chercher le bien de l’autre                                               14.13-23

L’accueil réciproque à l’exemple de Christ                                                                  15.1-13

Conclusion et salutations                                                                               15.14 – 16.27

Le service et les projets de Paul                                                                                     15.14-33

Salutations aux chrétiens de Rome                                                                               16.1-16

Épilogue et louange finale                                                                                                16.17-27

Avertissement sur les diviseurs                                                                                       16.17-20

Salutations des chrétiens présents avec Paul                                                               16.21-24

Louange finale                                                                                                                     16.25-27

 

 

les articles plus lus

En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)