Pièges autour de la musique chrétienne

La musique chrétienne a connu une évolution significative dans les années 60, aux États-Unis, atteignant l’Europe dans les années 80-90. L’usage de styles musicaux plus contemporains (pop, rock), combiné à une utilisation grandissante des medias, a popularisé la louange chrétienne, longtemps contenue à l’intérieur des églises. Cette vague mondiale a entraîné une nouvelle perception et une nouvelle compréhension du christianisme, et provoqué une modernisation du culte. Toutefois, un certain nombre de questions ont fait leur apparition face aux développements de la musique chrétienne moderne et nécessitent d’interroger la vérité, afin d’essayer de comprendre ce phénomène à la lumière des enseignements des Écritures.

Une précision à propos des termes employés

Assurons-nous de partager la même définition de « la musique chrétienne » : initialement, nous parlons de la louange à Dieu. C’est le point fondamental qui doit présider à notre réflexion. C’est bien la « louange à Dieu », en effet, qui a pris un nouvel essor, pour englober ce qu’on appelle dans les milieux charismatiques « l’adoration ». Dans les lignes qui suivent, ces expressions seront donc proches, voire synonymes : musique chrétienne, louange, adoration, car elles font désormais partie de la même sphère. La musique chrétienne moderne revendique clairement la dimension de l’adoration, et l’adoration semble devenue inséparable de la musique : ce sont là des faits avérés. Il existe bien évidemment des nuances lorsque nous entrons dans les détails, mais on conservera ici l’idée générale d’un domaine commun.

Rappel à propos de la louange

Il ne devrait pas être nécessaire de démontrer à quel point la louange tient une place importante dans la vie du croyant. Elle est l’objet d’un grand nombre d’exhortations bibliques : « Louez l’Éternel ! » (Ps 150) « Rendez grâce en toutes choses. » (1 Th 5) « Soyez reconnaissants. » (Col 3) Sa légitimité spirituelle n’est plus à démontrer ! Elle fait partie intégrante de la foi et de la piété : elle dirige nos regards et nos cœurs vers Dieu, rassemble le peuple dans une unité de reconnaissance personnelle et communautaire, et ce, de l’Ancien au Nouveau Testament. Elle est initialement l’exaltation de Dieu : sa puissance, sa beauté, son infinie sagesse, sa miséricorde, sa grâce. Des fêtes ordonnées par Dieu venaient rythmer l’année des Israélites, au cours desquelles avaient lieu de grandes réjouissances, dont Dieu était l’objet.

Dans le Nouveau Testament, nous voyons que Jésus a chanté lui aussi des Psaumes (Mat 26.30), et que l’apôtre Paul encourage les chrétiens dans ce sens : « Entretenez-vous par des psaumes et des hymnes et des cantiques spirituels, chantant et psalmodiant de tout votre cœur au Seigneur. » (Éph 5.19) Enfin, l’Apocalypse nous dévoile, à la fin des choses et après que la dernière page terrestre est tournée, une louange céleste, inspirée et éternelle, par la vision de la gloire de Dieu (Apoc 5.9 ; 14.3 ; 15.3).

Un déplacement du centre de gravité…

Jusqu’au milieu du XXe siècle, l’hymnologie était plutôt de type classique et les chants étaient davantage structurés sur un schéma littéraire que musical. La priorité était donnée aux paroles, avec une recherche poétique inspirée des Psaumes. La musique était au service du message, elle servait d’écrin.

La nouvelle louange, portée par le courant de la musique chrétienne moderne, a inversé cette tendance, en une ou deux décennies seulement : la musique est devenue prépondérante et les chants se sont simplifiés. D’après la psychologue chrétienne Srika Pilet, depuis les années 1990, les chants qui ne parlaient que de Dieu ont commencé à disparaître des recueils les plus utilisés : « Placés sous la loupe, les paroles des 837 chants publiés en trente ans par les éditions Jeunesse en Mission (recueils J’aime l’Éternel) traduisent une évolution vers une louange qui s’est décentrée de Dieu pour se focaliser sur l’individu, ses attentes et ses demandes. » [note]Christian Willi, enquête du journal Christianisme aujourd’hui, «Notre louange est-elle devenue narcissique ?», novembre 2006.[/note]

… vers un culte spectacle…

Les temps de louange — qui occupent souvent aujourd’hui la moitié du culte — continuent, la plupart du temps, de laisser la place à l’expression de la louange personnelle des chrétiens : ils sont audibles. Mais dans beaucoup de cas, on assiste à des prestations musicales qui sont certes convaincantes techniquement, mais qui induisent une attitude plus passive, proche de celle de spectateur.

Les raisons sont sans doute à chercher dans la volonté des responsables de rendre l’église attractive : la musique, avec son langage universel, est propice à intéresser un public plus large et plus jeune. De fait, on constate que les églises qui ont fait ce choix rassemblent des auditoires plus nombreux. Mais nous sommes ici dans des considérations qui risquent de nous éloigner de la vocation spirituelle de la louange biblique : rendre gloire à Dieu (et non attirer le monde).

… avec des mélanges douteux…

Peut-on louer Dieu sur n’importe quelle musique ? C’est une question qui revient souvent, et que certains tentent de marginaliser en opposant la subjectivité (les goûts, les modes) à la supposée neutralité du langage musical. Nous vivons à l’époque où les lignes de séparation sont effacées, entre le sacré et le profane, entre le bien et le mal, et la musique est particulièrement touchée par ce révisionnisme : on dit que toutes les musiques se valent et que nous pouvons louer Dieu selon n’importe quel style musical. C’est justement ce que pensaient Nadab et Abihu, les deux sacrificateurs qui sont morts dans leur service de l’autel, dans la présence de l’Éternel (Lév 10). Ils pensaient allumer le feu à leur idée… Leur sanction a-t-elle été disproportionnée ? C’est sans doute ce que penserait notre mentalité religieuse moderne, parce que nous avons perdu le sens de la consécration et la compréhension de la sanctification. Mais Dieu reste le Même. Les Écritures rappellent que nous ne pouvons avoir part en même temps « à la table de Dieu et à celle des démons » (1 Cor 10.21). Encore faut-il admettre qu’il existe une ligne qui sépare les deux. Si vous pouvez imaginer que Jésus, ou Paul, auraient payé leur place pour un concert de louange, sur des musiques empruntées (ou communes) à l’adoration des Baals, des idoles, alors vous pouvez effectivement tout vous permettre. Vos lignes sont déjà effacées.

… et une altération du sens de l’adoration

La musique chrétienne moderne est devenue aujourd’hui le support indispensable de la louange cultuelle, et elle a donné naissance à un nouveau ministère (contestable, pour certains, au regard de la définition d’Éph 4.11, Rom 12 ou 1 Cor 12), dont l’une des missions consiste « à conduire l’église dans l’adoration » — que nous pourrions définir, selon les critères d’aujourd’hui, comme un moment d’union spirituelle avec le Saint-Esprit, moment favorable à certaines manifestations charismatiques (l’onction). Ce sont des termes très importants, constitutifs d’une doctrine qui est enseignée dans les formations à la Louange. Il ne s’agit pas ici de contester le pouvoir de stimulation émotionnelle de la musique, dans un but spirituel : ce n’est pas le roi David qui dira le contraire (1 Sam 16.16), ni le prophète Élisée (2 Rois 3.15). Mais il s’agit de contester la prétention de la musique chrétienne moderne d’être la clé de l’adoration[note]« Nous semblons étiqueter tellement de choses comme étant de la “musique d’adoration”. J’aimerais voir une plus grande distinction faite entre ce qui est de la musique d’adoration pour l’assemblée et ce qui est simplement une expression artistique personnelle d’adoration, qui n’est pas nécessairement un bon moyen pour conduire les autres gens dans l’adoration. » (Matt Redman) « Toutefois, nous continuons à avoir une mauvaise utilisation et une mauvaise compréhension du mot “adoration” ; il y a un changement de vocation de l’adoration en tant qu’expérience de groupe pour l’adoration avec un accent personnalisé. » (Rick Warren,Magazine Worship Leader, traduit par www.muzikparadise.org)[/note]. En effet, la conception biblique de l’adoration va beaucoup plus loin qu’une émotion ou un contact avec l’Esprit de Dieu et avec son onction[note]« L’onction ne change pas les vies, mais c’est l’obéissance qui change les vies, qui est le signe de notre circoncision intérieure. » (Pierre Truschel)[/note] : on peut voir par exemple que le premier adorateur biblique explicitement identifié est Abraham, qui emploie ce verbe « adorer » lorsqu’il s’apprête à offrir son fils Isaac, en obéissant à une exigence divine absolue et totale (Gen 22.5). Cette première adoration ne nous est pas décrite comme un saint recueillement, un chant inspiré ou une extase, mais comme un acte dont l’engagement était coûteux à l’extrême.

En hébreu, « adorer » signifie « se prosterner », ce qui est le témoignage extérieur d’une vérité cachée. Mais si nous retirons la vérité cachée, alors toute expression visible devient sans valeur, vide de sens. L’adoration doit être « en esprit et en vérité » (Jean 4.24) : faute de quoi elle devient une apparence de piété, privée de ce qui en fait la force (le prix) (cf. 2 Tim 3.5). Dans ce cas, l’adoration du peuple de Dieu peut devenir réprouvable (Amos 5.21).

En résumé

Bien que l’on puisse se réjouir que le monde résonne, comme jamais, de la louange, et qu’elle soit devenue la trame sonore de la vie de millions de croyants, nous déplorons en même temps des altérations du sens spirituel de la louange et de l’adoration, et ce constat ne relève pas de la subjectivité, ou de l’habituelle tension entre le progressisme et le conservatisme. La notion de plaisir est devenue directrice, comme on peut en juger à la différence de fréquentation des réunions d’adoration et des réunions de prière. C’est très révélateur.

Un espace supplémentaire serait nécessaire pour aborder le volet de la marchandisation de la louange, qui pose des questions spirituelles et éthiques importantes  qui ne devraient pas laisser notre esprit indifférent : les artistes chrétiens, en intégrant les circuits de l’industrie de la musique, sont obligés de respecter une logique qui n’a rien d’évangélique : recherche de croissance des parts de marché, productivité et réalisation de profits . Le mélange du commerce et de la sainteté est le cimetière de nombreuses vocations .

Pour conclure, on entend dire un peu partout que le christianisme a besoin d’une nouvelle réforme ; rappelons simplement qu’il ne s’agit pas de chercher à adapter l’Église et son message à l’air du temps, aux attentes des hommes, dans le but d’en faire un produit acceptable, désirable et vendeur . Au contraire, la véritable réforme consiste toujours à revenir à l’Éternel et à sa Parole, sans aucune concession sociale, culturelle, politique ou religieuse. Tout ce qui est douteux, impur, corrompu, malsain, est alors abandonné avec un sens aigu de l’obéissance, ce que la Bible appelle « un réveil » . Voilà bien le besoin du moment !

 

les articles plus lus

En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)