Quelques repères pour réfléchir aux formes de la musique dans l’église

La musique a une place de choix parmi les sujets à controverses, voire même de tension, parmi les chrétiens et en particulier dans la vie des églises locales.

Beaucoup de diversité existe au niveau de la musique dans les églises :

  • Certaines pratiquent uniquement le chant a cappella, alors que d’autres ont l’habitude d’accompagner leurs chants au piano, à la guitare, ou avec un groupe musical plus important — et plus sonore.
  • Certaines pratiquent le chant à quatre voix, alors que d’autres chantent à une seule voix.
  • Certaines utilisent un répertoire de chants datant de plusieurs siècles, alors que d’autres préfèrent les chants ayant été composés durant la dernière décennie.
  • Certaines chantent en frappant des mains, en levant les mains, voire en ajoutant des danses ou d’autres formes d’expression artistique, alors que d’autres s’abstiennent de ce genre d’expression.

L’intention de cet article est de fournir quelques repères bibliques pour guider notre réflexion dans ce domaine.

Diversité musicale dans la Bible

Remarquons, pour commencer, que la diversité des formes musicales est présente dans la Bible.

Par exemple, diverses formes sont mentionnées dans certains passages bibliques parlant du chant dans l’église : « Entretenez-vous par des psaumes, par des hymnes, et par des cantiques spirituels, chantant et célébrant de tout votre cœur les louanges du Seigneur. »(Éph 5.19)

Pour ce qui est de l’accompagnement instrumental, nous trouvons également divers exemples bibliques :

– un grand groupe instrumental, au fort niveau sonore (Ps 150 ; 1 Chr 16.5-6) ;

– des chants accompagnés avec un seul instrument, plus discret (Ps 43.4).

Ainsi, si la Bible ne donne pas d’instruction stricte quant aux formes de nos chants, ne menons pas de « faux combats » en essayant d’imposer notre préférence là où la Parole de Dieu ne l’impose pas.

Aussi précieuses que puissent être nos habitudes à nos yeux (qu’elles soient celle du chant à quatre voix, de l’accompagnement avec un important groupe instrumental, ou d’autres encore), ne leur mettons pas l’étiquette « biblique » si la Parole de Dieu ne les commande pas.

Respect et soumission mutuels

Dans les domaines de « liberté chrétienne » comme celui qui nous occupe, la Bible nous exhorte au respect et à la soumission mutuels :« … vous soumettant les uns aux autres dans la crainte de Christ. » (Éph 5.21, dont le contexte immédiat mentionne le chant dans l’Église, voir v. 19.)

« Ne faites rien par esprit de parti ou par vaine gloire, mais que l’humilité vous fasse regarder les autres comme étant au-dessus de vous-mêmes. Que chacun de vous, au lieu de considérer ses propres intérêts, considère aussi ceux des autres. Ayez en vous les sentiments qui étaient en Jésus-Christ… »(Phil 2.3-5 ; voir aussi Rom 14)

C’est un point qu’il est bon de garder en tête lorsque nous réfléchissons aux nombreux aspects des formes de nos chants.

De plus, quand nous parlons de louange et d’adoration, sujets très souvent liés au chant, souvenons-nous que celles-ci ne sont pas uniquement exprimées par le chant, mais aussi par notre attitude — par exemple par notre soumission les uns aux autres !

Ce point est confirmé par les versets suivants :« … afin que vous soyez purs et irréprochables pour le jour de Christ, remplis du fruit de justice qui est par Jésus-Christ, à la gloire et à la louange de Dieu. »(Phil 1.10-11)

Notre société actuelle tend à créer des fossés entre les générations, alors que ce passage biblique nous encourage plutôt à abandonner nos préférences personnelles par amour pour nos frères et sœurs dans l’Église et à être prêts à chanter dans le style que ceux-ci préfèrent.

D’ailleurs, Dieu cherche davantage une certaine sorte d’adorateurs qu’un certain style de louange :« Mais l’heure vient, et elle est déjà venue, où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité; car ce sont là les adorateurs que le Père demande. » (Jean 4.23)

Dieu ne cherche donc pas des adorateurs qui adoreront en chantant à quatre voix, ou avec un piano plutôt qu’une batterie, mais plutôt avec une attitude de cœur appropriée.

L’âge du répertoire de chants

Dans ce domaine se rejoue souvent l’ancienne « querelle des anciens et des modernes » que de nombreuses époques ont connue face à plusieurs formes d’art ou d’expression.

Dans ce domaine, il nous semble que l’équilibre est de mise.

En effet, d’une part :

  • Seule la Bible est inspirée de Dieu. Et celle-ci nous commande à de nombreuses reprises de ne rien lui ajouter (Prov 30.5-6 ; Deut 4.2 ; Apoc 22.18-19).
  • Éphésiens 5.19 (cité plus haut) et Colossiens 3.16 nous encouragent à utiliser différents types de chants.
  • Plusieurs passages bibliques nous encouragent à « chanter un cantique nouveau »[note]Même si le sens de cette expression vise sans doute d’abord « une nouvelle vision théologique », il est aussi possible de l’appliquer dans le sens d’un chant « récemment composé ».[/note] (Ps 96.1 ;És 42.10 ;Apoc 5.9).

Mentionnons également que le langage musical, tout comme le langage parlé, change avec le temps. Il suffit de lire un texte en vieux français, voire les paroles de certains chants anciens, pour nous rendre compte que certaines formes de langage ne sont plus utilisées aujourd’hui.

Ainsi, résistons à la tentation de « canoniser » un répertoire de chants (qu’il soit ancien, comme certains recueils de cantiques, ou plus récent, comme par exemple les recueils de Jeunesse en Mission). Acceptons de faire évoluer régulièrement la liste des chants que nous chantons en Église.

Sachons également encourager ceux qui, dans nos églises, ont des dons de parolier ou de musicien, afin de les amener à composer de nouveaux chants, aux paroles bibliques, donnant un enseignement solide (allant au-delà du simple « Je te loue, Seigneur ») et dont la musique corresponde à notre temps.

Cela dit, évitons de « sur-corriger » un déséquilibre par un autre déséquilibre. Plusieurs églises ont connu, après des générations de  « blocage » sur un répertoire de cantiques anciens, une « révolution du répertoire », opérée parfois sans discernement. S’il est positif d’enrichir régulièrement notre répertoire par quelques nouveaux chants, il n’est pas sage de rejeter tout ce qui est ancien pour autant. Nous vivons une époque où le terme « nouveau » est commercialement désirable et où les choses anciennes sont rapidement considérées comme secondaires, voire obsolètes. Or, il y a des richesses dans les anciens cantiques, en particulier au niveau du contenu des paroles et de la richesse de leur enseignement. Ne tombons pas dans un esprit de consommation, où l’important serait plus la nouveauté d’un chant que son contenu. Sachons aussi respecter les personnes qui, dans notre église locale, chantent plus volontiers des chants plus anciens (sans toutefois nous limiter à de tels chants).

Si notre culture tend à créer des divisions entre les générations, la Bible présente des rencontres de croyants toutes générations mélangées (Jér 31.13 ; Joël 2.16 ; 1 Tim 5.1-2 ; 1 Pi 5.5).Dans l’Église, différents styles de chants devraient donccoexister, alliant styles plus anciens et plus modernes.

La place des instruments de musique

La Bible fait mention des instruments de musique à de nombreuses reprises.

Citons, par exemple :

  • le livre des Psaumes et en particulier le Psaume 150,
  • le texte d’Éphésiens 5.19, cité plus haut, où le terme grec psallo, traduit par « célébrer » signifie littéralement « pincer les cordes d’un instrument »,
  • Apocalypse 5.8 et 14.2, où les chants dans le ciel sont accompagnés de harpes,
  • Psaumes 9.17 qui semble même mentionner un passage de musique instrumentale.

Il est donc légitime d’utiliser des instruments pour accompagner nos chants.

Cela dit, nous ne pouvons pas pour autant en conclure que les instruments sont obligatoires. Des passages comme Matthieu 26.30 – où Jésus chante avec ses disciples – ou encore Psaumes 57.1 – où David compose un chant alors qu’il est caché dans une caverne, fuyant devant le roi Saül – évoquent des chants sans mentionner d’instruments, voire induisant une grande discrétion. Nous pensons également aux nombreux chrétiens qui, dans notre monde, doivent se cacher de leurs autorités pour rendre culte à Dieu, ce qui exclut le plus souvent des chants trop sonores.

Enfin, le Nouveau Testament lie fortement la musique dans l’Église à la parole :

  • Dans Éphésiens 5.19 et Colossiens 3.16, on se parle mutuellement par les chants.
  • Dans Apocalypse 5.9 et 15.3, les croyants chantent et disent des louanges rapportées dans le texte.

Cela nous mène à un principe : dans l’Église, la musique devrait servir les paroles. L’accompagnement instrumental ne devrait pas couvrir les paroles et le chant de la communauté réunie – un temps en église n’est pas un temps de concert.

Cela ne veut toutefois pas dire qu’il ne puisse pas y avoir d’interventions musicales plus sonores (souvenons-nous du Psaume 150), ni qu’il n’y ait aucune place pour la musique instrumentale[note]Alex Sarran, dans une présentation donnée en 2014 sur « La musique dans le culte », déclare très justement que, selon le lieu où notre église est située, un intermède de musique instrumental sera parfois meilleur pour la méditation et la concentration que le silence, surtout si celui-ci nous fait entendre les bruits extérieurs.[/note].

Pour conclure cette partie :

  • La Bible donne la liberté d’utiliser des instruments de musique pour accompagner les chants dans l’Église.
  • Mais l’accompagnement instrumental devrait rester au service des textes exprimés par le chant de la communauté.

Autres expressions artistiques

Que penser de la pratique de ceux qui frappent dans leurs mains en chantant, lèvent les mains, dansent ou utilisent des bannières ?

Nous trouvons certains exemples bibliques, par exemple :

– le fait de se prosterner (Ps 95.6 ; Phil 2.9-11),

– le fait de lever les mains (Ps 63.4 ; 1 Tim 2.8)[note]Notons toutefois que, dans la Bible, cette pratique est plus souvent associée à la prière qu’au chant.[/note],

– le fait de frapper des mains (Ps 47.1).

Voici quelques éléments bibliques pour nous guider dans cette réflexion :

  • « Tu adoreras le Seigneur, ton Dieu, et tu le serviras lui seul. »(Mat 4.10)
    Ce passage exclut tout vedettariat ou mise en avant de l’homme. Les rencontres de l’Église doivent mettre Dieu en avant, pas moi. Je devrais donc régulièrement examiner mes motivations. Est-ce que je fais tel ou tel geste dans un esprit de louange ? Ou pour ma satisfaction personnelle ? Pour attirer l’attention sur moi ? Pour montrer ma « spiritualité » ?
  • « Que tout se fasse avec bienséance et avec ordre. »(1 Cor 14.40)
    Même si les termes « bienséance » et « ordre » sont sujets à interprétation[note]Par exemple, est-ce que le fait de battre des mains est un signe de désordre ? Apparemment pas, selon Ps 47.1.[/note], cela nous donne un bon principe pour jauger nos formes musicales et artistiques.
  • Rappelons-nous l’objectif essentiel des rencontres de l’Église : regarder à Dieu et écouter sa Parole (Act 2.42,47). Ne passons pas l’entier de nos rencontres à nous focaliser sur des activités qui, finalement, ne devraient rester que de simples « outils » (musique, danse ou autres). Trop souvent, ces activités « annexes » finissent par prendre une place exagérée dans les rencontres.
  • Enfin, le contenu des paroles de nos chants est plus important que la forme de ceux-ci. Ce contenu, qui doit être objectivement biblique, devrait davantage faire l’objet de notre attention et de nos réflexions, que les questions de formes qui, nous l’avons vu, peuvent être diverses, d’un point de vue biblique.

* * *

En conclusion, donnons la parole à Alex Sarran, qui a déclaré, dans une présentation sur La musique dans le culte :

« Je pense que vous serez d’accord sur l’importance qu’il y a dans nos églises au moins à réfléchir à la question de la musique dans le culte. Y réfléchir, quelles que soient les conclusions auxquelles on va parvenir, est déjà mieux que de se laisser porter indifféremment par le diktat de la tradition ou de la mode ou du  « show-biz chrétien » sans éprouver nos pratiques à la lumière de la Parole de Dieu.

Je finis sur un avertissement : la musique dans le culte étant un sujet relativement controversé qui a fait couler beaucoup d’encre, qui a suscité bien des passions, faisons attention à ne pas laisser ce sujet prendre une place disproportionnée dans nos relations avec d’autres chrétiens et avec d’autres églises.

Surtout ne devenons pas des  « pharisiens de la musique ». Considérer un idéal, y réfléchir ensemble, c’est bien.
Mais puisse cet idéal nous faire remarquer plutôt la poutre qui est dans notre œil ou dans notre église que la paille qui est dans celle du voisin.
Soyons vigilants pour nous-mêmes, pas pour les autres. »

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les articles plus lus

En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)