Les Lamentations de Jérémie : survol d’une élégie biblique

Les Lamentations de Jérémie : survol d’une élégie[1] biblique

 

Un livre particulier dans le canon

Une complainte sur la chute de Jérusalem

Le Livre des Lamentations se compose de cinq chapitres écrits en poésie hébraïque, réunis par les thèmes communs de la douleur causée par la destruction de Jérusalem en 586 avant J.-C. et de l’humiliation de la population de Juda. Chacune de ces cinq élégies pourrait avoir été écrite peu après la destruction de la ville de Jérusalem. Aucune d’entre elles n’évoque la reconstruction du temple lors du retour de captivité.

Un des 5 rouleaux

Le livre n’apparaît pas dans la section prophétique de la Bible hébraïque, mais dans la deuxième partie des « autres écrits », appelée « les 5 rouleaux »[2]. Ces 5 livres sont associés à des fêtes juives et celui des Lamentations au 9e jour du mois d’Av (selon la tradition juive, les destructions du premier et du second temples auraient eu lieu à la même date, courant août).

Une complainte de Jérémie ?

L’auteur n’est pas nommé dans la version hébraïque, et une grande partie du livre donne la parole à l’expérience commune :

– Dans les chapitres 1-2, Jérusalem est personnifiée comme « Fille de Sion… » (1.6 ; 2.1,4,8,10,13,18) et s’exprime à plusieurs reprises pour compléter la voix du poète (ex : 1.9b,11b-16 ; 2.22).

– Dans le chapitre 3, une personne anonyme, qui pourrait éventuellement être identifiée avec l’auteur du livre, parle à travers une complainte à la première personne.

– Les formes plurielles sont utilisées dans le chapitre 4 (« nos yeux », 4.17 et « nos pas », 4.18).

– La voix plurielle à la première personne continue au chapitre 5, dans ce qui est essentiellement une lamentation collective.

La personnalité de l’écrivain s’estompe progressivement au fil de ce livre ; l’auteur se met en arrière-plan du but principal de ces poèmes, qui est d’exprimer le chagrin de la perte de Jérusalem et de parler à haute voix des effets dévastateurs du péché de Juda.

La tradition hébraïque a attribué la paternité de ce livre à Jérémie :
– La traduction grecque des LXX attribue explicitement ce livre au prophète Jérémie plongé dans la douleur[3]. Dans certains manuscrits grecs et latins, l’attribution à Jérémie est répétée au début du ch. 5, comme si ce chapitre, qui pour l’essentiel est une lamentation collective, avait besoin de cette précision.
– De plus, dans le canon des LXX, les Lamentations suivent immédiatement Jérémie et Baruch.
– La proximité du style et la reprise d’expressions caractéristiques de Jérémie sont frappantes.
– Enfin, les Lamentations forment un complément aux prophéties de Jérémie, celui d’offrir encore une autre présentation inspirée du destin de Juda.

L’arrière-plan

Les Lamentations s’inscrivent dans le contexte de la dernière partie de la vie du prophète et donnent un éclairage sur les Judéens de l’époque. Les conséquences du siège de Jérusalem par l’armée babylonienne, puis de la destruction par le feu de la ville et du temple sont partout présentes et se reflètent dans le caractère poignant de la poésie.

D’une certaine façon, ce livre est un sommaire sublime et poignant des lamentations que les Judéens fidèles (appelés dans Jérémie « le reste »), conscients de l’égarement du peuple, ont exprimé collectivement dès le début de l’exil afin de se souvenir de Jérusalem, la capitale, la « mère » symbolique du peuple et le lieu où se trouvait le temple :

– dans Jérémie déjà (41.4-8), il est fait mention d’hommes pieux des anciens territoires israélites, voyageant vers les ruines du temple de Jérusalem pour adorer. Leurs barbes sont rasées, leurs vêtements déchirés, et leurs corps entaillés en signe de deuil.

– selon Zacharie 7.1-7, il y avait un deuil traditionnel au cinquième mois de l’année, le mois de la destruction du Temple 68 ans auparavant.

Un livre d’une poésie très élaborée

Les cinq chapitres ne sont pas narratifs (ils ne reposent pas sur une intrigue littéraire). L’effet de leur lecture séquentielle amène au constat de la répétition poétique, où réapparaissent les thèmes de la souffrance, du jugement, de la confession du péché, et de l’abandon divin.

Les chapitres 1 à 4 sont des acrostiches : la première lettre de chaque verset (pour les chapitres 1, 2 et 4) ou la première lettre de chaque groupe de 3 versets (pour le chapitre 3) commence par une lettre qui suit l’ordre des 22 lettres de l’alphabet hébraïque.

Le chapitre 5 est quelque peu différent ; il contient bien 22 versets, mais la lettre initiale de chaque verset ne suit plus l’ordre alphabétique. Même si ce chapitre n’est pas un acrostiche, le nombre de versets n’est sans doute pas une coïncidence !

Il est incontestable que la structure alphabétique de ce livre donne à sa lecture dans le texte original une intensité qu’aucune traduction ne peut apporter. Elle lui a donné une place éminente dans le judaïsme.

Cette structure évoque sans doute la plénitude ou la complétude, quelque chose comme notre expression « de A à Z » ou « l’Alpha et l’Oméga » de l’Apocalypse.

La discipline poétique de l’acrostiche, de nature plutôt rigide, ne minimise en rien la spontanéité de l’expression émotionnelle du poète. Et c’est sur ce plan que sa structure est la plus perceptible. Les références à l’espérance quasi absentes dans le 1er chapitre vont croissant pour atteindre leur point culminant au milieu du 3e chapitre, puis décroissent pour laisser place au désespoir à la fin du livre.

Les Lamentations s’inscrivent aussi dans la lignée d’autres textes de l’A.T. comme les chants funèbres (2 Sam 1.19-27), les complaintes de Job contre Dieu et ses amis, les oracles prophétiques contre les peuples ou les Psaumes de lamentations (cf. Ps 137).

Le livre de la souffrance

Un livre prié aujourd’hui par les Juifs

Après la tragédie de la destruction de Jérusalem en 70, le rituel de deuil lié à la déportation à Babylone a été complété par le deuil consécutif à la destruction romaine. Ainsi, dans le judaïsme classique, le 9e jour du mois d’Av, en août, les Juifs jeûnent et lisent le livre des Lamentations[4]. À travers ce langage lugubre, les fidèles rappellent les deux destructions du temple. Cette cérémonie est aussi importante que le Yom Kippour.

Un livre qui aide au processus de deuil

Tout être humain a un besoin viscéral de suivre un processus de deuil, lors de la perte d’un être cher, « pour venir à bout de son chagrin ». Dans la culture occidentale moderne, on le fait au travers de la compréhension psychologique et parfois de pratiques thérapeutiques. Les cultures pré-modernes n’ont pas traité ces questions sous l’angle psychologique « moderne », mais au travers de formes diverses de rituels et d’actes symboliques.

Très probablement, les Lamentations ont donné aux Judéens une forme pour vivre le processus de deuil. Apparemment, leurs formes poétiques psalmodiées ont opéré de manière si efficace que la pratique de leur lecture est devenue un rituel annuel.

La souffrance et la confession des péchés

Les Lamentations contiennent à la fois le deuil qui vient de la tragédie et la douleur qui vient de la reconnaissance du péché et de ses conséquences. Les propos expriment d’abord une catastrophe historique et un jugement qui est tombé sur un peuple particulier. Mais le langage utilisé s’adresse aux sentiments et il est au service d’une perspective plus large. Les pleurs proviennent à la fois d’une perte catastrophique et des conséquences de l’échec. Même les personnes qui n’ont pas vécu les événements tragiques de 586 avant J.C. peuvent prendre les mots des Lamentations pour apprendre d’eux (par exemple 3.40-42). Les chants (gospels) « spirituels » au sein de la communauté afro-américaine jouent un peu le même rôle, car ils continuent d’instruire une communauté longtemps après la disparition de l’esclavage.

Deuil, plainte et espérance en Dieu

La valeur durable du livre réside dans le fait qu’il n’y a pour ainsi dire pas de demande de rétablissement mais celle d’un retour à Dieu. Les plaintes sont placées devant Dieu dans l’espoir de la venue de la compassion de Dieu ; la prière et la mémoire amènent le peuple à s’attendre à Dieu. Publiquement et par la prière, il apporte sa douleur et son chagrin devant le même Dieu qui avait utilisé les Babyloniens pour les juger, eux et leurs ancêtres. Comme le visiteur insistant à minuit (Luc 11.5-8) ou la veuve (Luc 18.1-8), ceux qui prient les Lamentations amènent leurs circonstances devant Dieu.

Déblayer le terrain pour une nouvelle croissance

Dans un sens, la poésie liturgique des Lamentations joue un rôle similaire à celui de l’Ecclésiaste dans la tradition de sagesse. L’Ecclésiaste rappelle aux lecteurs les limites de la sagesse, de ce que les sages parmi les hommes ne peuvent pas toujours savoir ou expliquer, les inégalités de la vie et ses déceptions. Au service d’une plus grande révélation à venir, il illumine le terrain pour que nous discernions les obstacles à une nouvelle croissance.

Les Lamentations reprennent de façon similaire les traditions de la poésie funéraire et les prières d’angoisse pour effacer tout vestige d’auto-justification, pour nous fermer les voies conduisant à nous disculper de la responsabilité de l’échec, pour nous ramener à la vérité inconfortable que personne ne peut finalement être exempté des jugements justifiés de Dieu. Mais pour nous encourager, les Lamentations reconnaissent que la miséricorde de Dieu se renouvelle chaque matin (3.22-24). La force principale de ces élégies est de sonder les profondeurs de l’angoisse humaine, de mesurer le désespoir et de parler de ces expériences à l’Éternel. Au service d’une grande révélation à venir de Dieu, celle de l’œuvre salvatrice du Christ, les Lamentations parlent à la fois pour et à la souffrance humaine.

Les Lamentations à la lumière du Nouveau Testament

Jésus

Jésus a pleuré sur Jérusalem : l’incrédulité de ses habitants allait avoir des conséquences tragiques sur son avenir (Luc 19.41-44). À Gethsémané, Jésus a prié pour que la coupe de la souffrance passe loin de lui, et il s’est placé dans les mains de Dieu (Luc 22.39-46). La posture est similaire dans les prières des Lamentations – similaire dans le sens où l’on met résolument son sort entre les mains de Dieu qui semble absent, ou peut-être lointain et impénétrable, à un moment de grand besoin.

La passion de Jésus est le rappel salutaire que la souffrance et le chagrin sont endémiques à la race humaine déchue et qu’il n’y a pas d’exception. En effet, un élément de l’expiation accomplie dans la passion de Jésus est sa parfaite identification à la souffrance humaine. Pas question ici de nier ou de minimiser la nature sacrificielle de sa mort, mais seulement de constater que sa mort est à la fois parfaitement et totalement sacrificielle et tragique. Cependant, le péché que Christ expiait était le nôtre, pas le sien ; en cela il y a une différence essentielle avec les Lamentations qui expriment justement que c’était la désobéissance du peuple qui entraînait sur lui le jugement de l’Éternel.

Paul et nous

La lamentation, comme forme de prière, n’est pas courante dans les lettres du N.T. Paul, par exemple, nous enjoint de rendre grâce en toutes circonstances, avec des supplications (1 Thes 5.16-18 ; Rom 12.12 ; Phil 4.4-7). Pourtant lui-même a supplié le Seigneur trois fois de lui enlever sa souffrance (2 Cor 12.7b-10). Il a également exhorté les croyants à être solidaires les uns des autres (1 Cor 12.12-27), et lorsque l’occasion se présente, de « pleurer avec ceux qui pleurent » (Rom 12.15).

Le salut, antidote de la lamentation

Peut-être que la raison pour laquelle l’expression de la lamentation n’est pas présente dans les lettres du N.T. se trouve dans la conviction que, dans le Christ, Dieu a montré de façon décisive qu’il veut sauver son peuple et tout homme (Mat 1.21 ; Jean 3.16). En dépeignant Dieu comme puissant dans la colère et le jugement, le livre prend sa place dans le déploiement d’une révélation qui pointe vers un Dieu encore plus fortement résolu à sauver. Terminons par la fin du commentaire de Jean Calvin sur les Lamentations : « Les fidèles, même quand ils portent leurs maux et se soumettent au châtiment de Dieu, peuvent alors déposer dans son sein familièrement leurs plaintes, et ainsi eux-mêmes, se décharger… Nous savons alors que, bien que les fidèles prennent parfois cette liberté de remontrances envers Dieu, ils ne le font pas alors sans révérence, modestie, soumission, ou humilité. »

Proposition de plan pour les Lamentations de Jérémie

La misère de Jérusalem                                                                1

La triste description de la misère de Jérusalem                                                         1.1-11

Le triste appel de Jérusalem aux spectateurs                                                            1.12-19

L’appel de Jérusalem à l’Éternel                                                                                 1.20-22

Le châtiment divin contre Jérusalem                                          2

La colère de Dieu contre Jérusalem                                                                            2.1-10

La lamentation du poète sur Jérusalem                                                                     2.11-19

L’appel de Jérusalem à l’Éternel                                                                                 2.20-22

Le poète face à Dieu                                                                      3

Les souffrances du poète sous la colère de Dieu                                                      3.1-18

L’espérance du poète dans les compassions de Dieu                                              3.19-40

L’appel du poète à l’Éternel                                                                                         3.41-66

Les horreurs du siège de Jérusalem                                            4

Les conditions du siège                                                                                                 4.1-11

Les causes du siège                                                                                                        4.12-20

L’espérance après le siège en délivrance et jugement                                             4.21-22

La prière du fidèle                                                                        5

L’appel à l’Éternel à se souvenir                                                                                 5.1-18

L’appel à l’Éternel à rétablir son peuple                                                                    5.19-22

[1] Une élégie est un poème triste ayant pour thème le deuil, la souffrance ou la mort.

[2] Les Juifs nomment ainsi le Cantique des cantiques, l’Ecclésiaste, Ruth, Esther et les Lamentations.

[3] « Or ceci arriva après qu’Israël eut été réduit en captivité et que Jérusalem fut devenue déserte ; Jérémie s’assit en pleurant, et il fit cette lamentation sur Jérusalem, et il dit : » (1.1a, LXX)

[4] Ils appellent ce jour Tischa Beav.

les articles plus lus

En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Écrit par

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

Écrit par

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Écrit par

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)

 

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