Qu’est-ce que l’église émergente?

Deux notions de base

Pour comprendre l’église émergente il est indispensable d’assimiler les notions de modernité 1 et de postmodernité.

Qu’est-ce que la modernité ?

« La modernité n’est ni un concept sociologique, ni un concept politique, ni proprement un concept historique. C’est un mode de civilisation caractéristique, qui s’oppose au mode de la tradition […]. Liée à une crise historique et de structure, la modernité […] est repérable en Europe à partir du xvie siècle, et ne prend tout son sens qu’à partir du xixe siècle. Les manuels scolaires font succéder les Temps modernes au Moyen Âge, à la date de la découverte de l’Amérique par Christophe Colomb (1492) […]. Pendant les xviie et xviiie siècles, se mettent en place les fondements philosophiques et politiques de la modernité : la pensée individualiste et rationaliste moderne dont Descartes et la philosophie des Lumières sont représentatifs 2».

Qu’est-ce que la postmodernité ?

La postmodernité ne fait pas que succéder à la modernité : elle se présente surtout comme une réaction aux valeurs de la modernité. Des spécialistes pensent qu’une distinction absolue entre modernité et post-modernité (comme si le « monde ancien » faisait place à un « monde nouveau ») est artificielle voire simpliste.

Prenons un exemple tiré de chaque courant, pour mieux les définir :

Au sein de la modernité, en particulier sous l’influence de Descartes (1596-1650), l’homme dit : « Je peux tout connaître 3 ». Mais les siècles suivant suscitent le désenchantement dans tous les domaines. Les progrès techniques sont, certes, extraordinaires mais ils n’engendrent ni l’âge d’or ni l’amélioration morale de l’homme ni même la diminution de la pauvreté mondiale. Le siècle passé est le plus meurtrier de l’Histoire. Quant à la connaissance, elle augmente de façon spectaculaire mais, paradoxalement, l’ignorance grandit plus vite que la connaissance, car chaque découverte repousse les limites du savoir.

Au sein de la postmodernité, l’homme perd ses illusions. Désabusé, il se fait moins prétentieux et plus réaliste. Il confesse : « Je ne peux rien connaître », la vérité – à supposer qu’il y en ait une ! – se révèle inaccessible, insaisissable par l’homme. Il ne peut accéder qu’à des approches de la vérité. Il faut accepter que chacun puisse avoir sa perspective de la vérité, une perspective différente mais tout aussi pertinente. D’une façon quelque peu caricaturale, on pourrait dire que, dans la modernité, la vérité est absolue et connaissable alors que dans la postmodernité, la vérité est relative, indéfinissable et finalement insaisissable.

Qu’est-ce que l’église émergente ?

a. Son origine

Elle est une excroissance de l’Église, liée au processus accéléré de sécularisation de la société occidentale. La moitié de la population serait déjà atteinte par le phénomène de sécularisation, l’autre moitié se contentant d’un « christianisme de sens commun » sous la forme de code moral, ou de cadre pour les rites de naissance, de mariage et de décès 4.

La génération actuelle mesure avec difficulté le chemin parcouru par la société occidentale en un demi-siècle. Les historiens ont pourtant identifié ce « tournant de l’histoire » : « Les années 60 ont apporté un bouleversement du paysage social, technologique, économique, culturel, et religieux5  ». Sur le plan religieux, « on peut en venir à considérer ces années comme marquant une rupture aussi profonde que celle qui a été apportée par la Réforme 6 ». Plus d’une décennie après Mai 68 un constat général s’impose : Les églises sont en perte de vitesse, elles se vident et leur message paraît obsolète7 . Que faire face à une telle situation ? S’adapter ou disparaître ? L’église émergente propose de s’adapter aux évolutions de la société et d’offrir à notre génération un espace convivial, ouvert, innovant, et acceptable pour elle : « En présence de nouveaux publics 8, qui sont maintenant à des années lumière des églises classiques, il est nécessaire de construire avec eux, des propositions nouvelles, des communautés nouvelles. C’est ainsi que commence à naître une église émergente 9. »

b. Son identité

L’église émergente consiste globalement à appliquer des principes postmodernes à l’Église. Il ne s’agit pas d’un tout homogène mais d’un mouvement très large dont l’enseignement peut aller du pertinent à l’inacceptable. Nous avons là une des causes du dialogue de sourds entre les partisans de l’église émergente et ses opposants, les premiers ne voulant voir que le pertinent et les seconds se contentant de mettre en garde contre l’inacceptable.

Il n’est pas facile de définir clairement l’identité de l’église émergente. Elle peut aussi bien se trouver dans les grandes institutions comme le catholicisme, le protestantisme ou le mouvement évangélique 10, qu’en dehors d’elles comme les églises indépendantes. Simples églises de maison ou mega-churches 11, l’église émergente ne se reconnaît pas à une structure mais consiste en un « courant », un « état d’esprit », un « processus 12 ». C’est une sorte de ferment qui se répand dans les églises traditionnelles, provoquant soir leur  « évolution », soit leur scission 13.

Son intention est de guérir une Église jugée malade, par des propositions qui répondent aux attentes d’une société postmoderne : « L’église émergente, c’est une nouvelle culture chrétienne en phase avec les aspirations spirituelles des nouvelles générations 14. »

Le site Témoins 15 présente, recense et analyse « ce qui peut être appelé émergent en francophonie ». C’est une base de données incontournable pour l’étude du mouvement : « Le courant de l’église émergente […] s’inscrit tout naturellement dans le changement des comportements sociaux. En France, […] le courant de l’église émergente est encore peu visible […]. On assiste aujourd’hui à un changement majeur : le passage de la prédominance de l’institution catholique à un contexte nouveau caractérisé par l’affirmation de l’autonomie croyante et du “croire sans appartenir”. Or, c’est bien dans ce terreau que le courant de l’église émergente progresse […] car il répond à des aspirations spirituelles qui ne se reconnaissent pas dans les pratiques classiques des institutions religieuses […] Le comportement “croire sans appartenir” est désormais une réalité centrale dans le paysage religieux français […]. C’est dire combien une offre alternative, telle que celle qui est proposée par l’église émergente, aurait toute sa place. Quoiqu’il en soit, rien ne peut arrêter une germination spirituelle 16. »

c. Son évaluation

L’église émergente séduit à cause de sa recherche d’authenticité, son absence de prétention, son ouverture d’esprit, son désir de rejoindre « l’autre » là où il est. Des pistes sont proposées mais non imposées : vous pouvez les utiliser « telles quelles » ou les modifier à votre convenance pour votre vie personnelle ou celle de votre église locale.

Toutefois, chaque médaille a son revers : le fait de ne pas vouloir juger les autres conduit vite à accepter le mal. La tolérance généralisée finit par rejeter tout absolu. L’ouverture sans esprit critique conduit au pluralisme et au syncrétisme.

Sans parler de réserves concernant la place de la psychologie dans la foi chrétienne, le reproche le plus sévère que l’on puisse faire au « courant émergent » est l’abandon des enseignements clairs et fondamentaux de la Bible. Celle-ci n’est plus considérée comme Parole de Dieu et base certaine et unique de la foi 17. Le message fondamental du christianisme est ainsi édulcoré ou tronqué au point de le rendre acceptable par des pécheurs impénitents 18. Il n’est, en revanche, plus acceptable pour ceux qui restent attachés à l’Évangile de notre Seigneur Jésus-Christ 19.

Pour ne choquer ou ne repousser personne, on occulte la notion de l’homme pécheur, perdu, éloigné de Dieu encourant sa juste condamnation et son jugement éternel. La repentance, la foi en Jésus-Christ mort et ressuscité, sa « substitution pénale » sur la croix, l’obéissance à la Parole de Dieu, deviennent des notions encombrantes. En effet, elles imposent des prises de position qui s’opposent à la pensée émergente : « accepter tout ce qui unit, rejeter tout ce qui divise ». Il ne faut plus ni croire ni dire que « Jésus est le chemin et que nul ne vient au Père que par lui » : cet absolutisme choque l’église émergente, il s’oppose à la vérité plurielle, puisque chacun peut et doit avoir son propre cheminement, ses propres expériences et ses propres convictions. C’est à juste titre que Brian McLaren appelle ces disciples de l’Église émergente « un nouveau genre de chrétiens » : ils ne remplissent plus les conditions fixées par la Parole de Dieu. Un christianisme où la croix de Christ n’occupe plus la place centrale que lui donne l’Écriture 20 peut être un christianisme sympa, attrayant, innovant et dynamique, il n’est, hélas, plus un christianisme biblique.

En conclusion

Personne ne peut nier l’évolution de la société et des mentalités ni la nécessité de tenir compte de cette réalité dans le témoignage chrétien. Mais avant de la rejoindre dans ses pratiques, dans ses convictions et dans ses paradigmes, il semble urgent de se poser quelques questions :

• L’évolution de la société va-t-elle dans le bon sens ? S’approche-t-elle ou s’éloigne-t-elle des principes divins ? Quels sont les fruits déjà visibles qu’elle porte ?

• Si la « rupture » de la Réforme au xvie siècle avait ramené à la Parole de Dieu, où la « rupture » de 1968 nous amène-t-elle ? Plus près ou plus loin de la Parole de Dieu ?

• Si l’homme est au centre des préoccupations de l’église émergente, quelle est la place de Dieu et de sa Parole dans cette « église » ?

Certains chrétiens pensent que le mal n’est pas si grand qu’on le dit et que l’on peut adapter une église émergente « à la sauce locale » en ne prenant que les bonnes idées et en ignorant le reste. N’est-ce pas, d’une certaine manière, apporter une caution à l’inacceptable 21 ? Une église ne peut-elle plus exister et vivre sans être, oui ou non, émergente ? Notre référentiel est-t-il encore la Bible ou déjà « l’église émergente » ?

L’église fidèle serait-elle privée des ressources divines au point qu’il nous faille tant de « ressources humaines » ? Notre Seigneur Jésus-Christ ne bâtirait-il plus son Église ? Ne la chérirait-il plus ? Ne la guiderait-il plus par son Esprit et par sa Parole ? Un authentique réveil ne se ferait-il plus par l’action de l’Esprit de Dieu appliquant la Parole de Dieu dans les consciences et dans les cœurs ? Le xxie siècle aurait-il besoin d’un christianisme différent de celui qu’ont connu les fidèles pendant 20 siècles ? D’une autre Bible ? D’un autre Jésus ?

À mon avis, l’église émergente n’est pas une nouvelle église au sens de l’Écriture, elle n’en est souvent qu’une caricature. C’est une sorte de groupe humaniste généreusement inspiré de la morale chrétienne. Elle a déjà bien des points communs avec l’église apostate de la fin des temps et, à défaut de l’être, elle a bien des atouts pour le devenir.

1Selon S. Grenz « la modernité est née après une longue période de gestation. Peut-être pourrions-nous dire que la Renaissance (XVIe siècle) fut la grand-mère de la modernité, sa vraie mère étant l’ère des Lumières (XVIIIe siècle) » (Cité par Alfred Kuen, Les défis de la postmodernité, Emmaüs, 2002, p. 24). Certains la font commencer à la Révolution française (1789) et cesser à la chute du mur de Berlin (1989).
2Encyclopédie Universalis, s.v. « Modernité ».
3« L’esprit moderne présuppose la connaissance comme certaine, objective et bonne. Elle est accessible à l’esprit humain » (Alfred Kuen, ibid., p. 20. La Bible dit : « Au commencement, Dieu » (Genèse 1.1), tandis qu’avec les humanistes, modernes ou postmodernes, on a toujours : « Au commencement, je ».
4Hugh McLeod, Secularisation in Western Europe, 1848-1914, London, Macmillan Press, 2000.
5Henri Mendras (sociologue et historien), La Seconde Révolution Française, 1965-1984, Paris, Gallimard-Jeunesse, 1994.
6Hugh McLeod, The religious crisis of the 1960s, Oxford, Oxford University Press, 1967, publié en paperback en 2010, p. 1.
7 Grâce à Dieu, ce constat ne concerne pas de nombreuses églises évangéliques.
8Ce terme est important : l’Église n’est plus l’ensemble des personnes converties, nées de nouveau, mais un espace qui offre des prestations répondant aux besoins d’un public potentiel.
9Jean Hassenforder , « Le courant de l’église émergente, un état d’esprit, un processus », 4 décembre 2004 sur le site de Témoins. URL : http://www.temoins.com/etudes/le-courant-de-leglise-emergente.-un-etat-desprit-un-processus.html (page consultée le 24 mai 11).
10En France, ce sont principalement les églises évangéliques qui sont concernées.
11En Amérique, le courant émergent préconise plutôt la multiplication de petites églises.
12« L’église émergente, ce n’est pas un modèle, mais un état d’esprit » (Michael Moynagh, Goodbye models, hello mindset, cité par Jean Hassenforder, cf. note 9). Voir aussi http://eglise-de-demain.hautetfort.com/archive/2010/08/25/dix-ans-d-eglise-emergente.html#more.
13« Mais me direz-vous, ce nouvel activisme théologique ne va-t-il pas générer des conflits nouveaux ? N’allons-nous pas assister à toutes sortes de schismes ? Oui, c’est très possible. Mais peut-être pas ! » (Brian McLaren, Réinventer l’Église, Valence, LLB France, 2006, p. 71).
14Jean Hassenforder, art. cité note 9.
15« À partir de la culture de sciences sociales présente à Témoins, un groupe de recherche a été créé en 1998, prenant l’appellation de “Chrétiens pour la recherche et l’innovation”. Depuis dix ans, cette recherche s’est développée sur un registre international ; elle vérifie, en particulier, l’hypothèse de la perte de pertinence de nombreuses pratiques d’église face à la mutation culturelle en cours. En regard, pour remédier au déphasage, des innovations apparaissent, porteuses de fruits. Parmi ces innovations, Témoins porte une attention particulière au courant de l’église émergente. » (Site Internet Témoins, « Qui sommes-nous ? ». URL : http://www.temoins.com/presentation-de- temoins/temoins-qui-sommes-nous.html (page consultée le 24 mai 2011).
16Jean Hassenforder, « Le courant de l’Eglise émergente. Dix ans de recherches », site Témoins, 9 août 2010. URL : http://www.temoins.com/etudes/le-courant-de-l-eglise-emergente.-dix-ans-de-recherches.html (page consultée le 24 mai 2011).
17Le chrétien postmoderne « relativise son propre point de vue moderne » en comprenant que « tout ce qu’il croit à propos de la Bible et du christianisme est seulement relatif et incertain ». « La Bible ne devrait pas constituer notre unique autorité mais seulement une parmi d’autres, comme la tradition, la raison, des personnes exemplaires, des institutions qui ont gagné notre confiance, et l’expérience spirituelle »; « La Bible n’est pas l’infaillible Parole de Dieu et aucune doctrine ou théologie n’est absolue, aussi devons-nous aborder la Bible de façon moins rigoureuse » (Brian MacLaren, A New Kind of Christian, Jossey-Bass, 2001, p. 35, 54s).
18« La théologie couvre toute la gamme depuis l’orthodoxie des temps anciens jusqu’au libéralisme hétérodoxe, construite à partir du refus postmoderne de la possibilité de connaître la vérité. » (Mark Driscoll, cité par David Brown dans son blog. URL: http://www.editionsfarel.com/blog_davidbrown/index.php?2008/02/15/2-differences-entre-une-eglise-evangelique-contemporaine-et-une-eglise- emergente (page consultée le 24 mai 11).
« La prédication de la croix est une folie pour ceux qui périssent. » (1 Cor 1.18)
19« Nous vous l’avons dit précédemment, et je le répète à cette heure : si quelqu’un vous annonce un évangile s’écartant de celui que vous avez reçu, qu’il soit anathème ! » (Gal 1.9 ; lire 6-10)
20« Car je [Paul] n’ai pas eu la pensée de savoir parmi vous autre chose que Jésus-Christ ,et Jésus-Christ crucifié. » (1 Cor 2.2)
21« De certains pasteurs novateurs on entend dire que ce n’est pas le message qui change, c’est juste le support. C’est très à la mode. C’est loin d’être vrai à cette époque de transition et va s’avérer absolument faux quand nous aurons atteint “l’autre côté”. » (Brian McLaren , Réinventer l’Église, p. 70).

les articles plus lus

En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)