Tyrannique, la pub ?

La publicité est omniprésente : tel est le sentiment que nous éprouvons devant le bombardement continu auquel le flux des messages publicitaires expose nos esprits, par tous les vitrages (lunette, pare-brise, écrans, lucarnes…) à travers lesquels nous observons le monde.
Où fuir loin de la pub ?

Certes, il reste aux privilégiés que nous sommes la retraite du culte, et quelques heures ici et là de méditation à huis clos, lesquelles, hélas ! pèsent peu dans la balance de nos journées ! À ces exceptions près, en effet, l’époque « formidable » (terme dont le sens littéraire est « dangereux »…) qui est la nôtre paraît tout entière orchestrée par la publicité. La « pub » (l’apocope témoigne de son caractère familier !) ne préside pas seulement à la prospérité des entreprises ; elle contribue à l’éclat des fêtes, subventionne les exploits sportifs et les élans humanitaires ; elle s’enorgueillit même dans le champ politique, du pouvoir de faire ou de défaire les princes ; depuis peu, elle protège des épidémies et éduque en douceur les réfractaires à l’hygiène. La pub tient en éveil du matin au soir une nuée de serviteurs qui rivalisent d’habileté et de finesse, dans les services de marketing des entreprises et dans les agences spécialisées. Elle possède aussi des élites dont les plus éminentes ont rang de gourous dont la modestie n’est pas le fort. Mais ils ont les puissants à leurs pieds !

La pub : inévitable et omniprésente

Le chrétien, même s’il est instinctivement sur la réserve, doit commencer par reconnaître que la publicité commerciale répond à une nécessité sociale. Chérie ou honnie, la pub n’est étrangère ni à son bien-être matériel ni à la prospérité générale des nations dites développées, elle n’est absente que des pays les plus totalitaires, où la propagande des tyrans la remplace. La pub assure l’indispensable communication des producteurs aux consommateurs. Aucun entrepreneur raisonnable ne se donnerait le but de produire sans chercher à vendre, et ne pourrait longtemps souffrir de voir ses entrepôts se remplir sans perspective de clientèle. Et cette fonction vitale de la publicité ne se manifeste que très exceptionnellement sans qu’on la suscite. Il faut des situations de pénurie aggravée (d’économie de guerre) pour que le « bouche à oreille » permette à la multitude des consommateurs de connaître les biens disponibles qui leur sont destinés. La communication, dans tous les autres cas, doit être organisée : c’est là le rôle dévolu à l’industrie publicitaire. Celle-ci est appelée à un développement proportionnel à l’abondance, à la diversité, à la complexité des produits à promouvoir. À leur caractère innovant, ou… superflu aussi. La société de consommation dite avancée qui est la nôtre, où les firmes du monde entier ambitionnent de séduire un consommateur versatile et blasé, est inévitablement une société de saturation publicitaire. Les mesures de cette saturation varient. Tel auteur estime que chaque personne, en France, serait exposée à 500 messages par jour, tel autre avance le chiffre de 1000, un autre encore celui de 2500… à faire frémir même un rat de bibliothèque !

Devant ce constat, le croyant soucieux de mener une vie simple et chrétienne, ancrée dans le monde mais affranchie de l’esprit mondain, ne peut réprimer une double angoisse : celle d’un accaparement tel des espaces cérébraux par la publicité que le message de l’Évangile ne pourrait plus guère y être entendu, celle aussi de se trouver lui-même sous son influence, victime plus ou moins consentante d’un air du temps — la « culture pub » — qui le détournerait insensiblement de ses priorités de foi ou qui ferait de lui, sans qu’il s’en rende compte, un consommateur frivole.

La pub : pas toujours efficace

Un peu de sang-froid permet de relativiser les craintes. De l’aveu même des théoriciens du marketing, les messages publicitaires ont une efficacité aléatoire, et toujours difficile à mesurer, même à l’ère d’internet. Leur impact s’échelonne dans le temps entre l’immédiat et le très long terme, et vont du rejet à l’adhésion complète, en passant par l’indifférence et la non-compréhension. Il n’y aurait jamais d’invendu ni de mévente si la pub atteignait toujours son but. Que l’on songe par exemple que l’un des « géants de Detroit », constructeur d’automobiles sauvé in extremis de la faillite, était l’un des tout premiers budgets publicitaires du monde ! Les causes de l’échec publicitaire ne sont pas toujours explicables. Il est certes des pubs qui échouent par manque d’attrait (lequel peut avoir différentes causes : un travail mal fait, une prise de risque mal calculée, un excès d’humour ou de scrupules…), mais la psychologie humaine est trop complexe pour garantir le succès à quiconque, et même une personnalité fruste est capable de déjouer certaines des tentatives de manipulation dont elle est l’objet. Il ne faut pas se départir d’une saine théologie de la providence divine (la création, heureusement, n’est pas tout entière livrée aux vicissitudes humaines) ! Ni oublier que le méchant « fait une œuvre qui le trompe ». Il est frappant que les objectifs prêtés à la publicité soient loin d’être toujours atteints, et que les effets obtenus soient parfois à l’opposé même de ceux qui avaient été visés. Sur l’échec publicitaire, un cas d’école se déploie sous nos yeux. Les limites de la culture pub ne sont-elles pas démontrées par la multiplication des foulards et des voiles dans les banlieues, parmi les populations pourtant téléphages, soumises autant que les autres à un matraquage médiatique prônant plutôt le minimalisme textile… Quels que soient les autres motifs qui assurément entrent en ligne de compte, force est de constater que le phénomène manifeste un rejet radical d’une atmosphère médiatico-publicitaire que l’on dénonce pourtant, à d’autres moments, comme confinant au conditionnement mental. L’adoption du voile paraît un phénomène préoccupant dans la France laïque, révélateur d’autres conditionnements, mais le phénomène démontre au moins une certaine autonomie du sujet face à la pression publicitaire, ou la possibilité pour d’autres discours de s’imposer contre elle. (Tout à fait incidemment, notons que le débat sur la bienséance vestimentaire concerne aussi les chrétiens, par-delà le voile… La prescription biblique de « sobriété vestimentaire » doit être réactualisée par chaque génération de chrétiens, auxquels il appartient de définir un code acceptable, qui repousse à la fois ce qui est malséant par manque de pudeur et ce qui le serait par excentricité passéiste.)

Quoi qu’il en soit, les cas de résistance à la pub observés dans différents domaines démontrent que l’influence qu’elle exerce requiert toujours un certain degré de coopération de celui qui la subit. Nous ne pouvons pas, a fortiori comme chrétiens, nous considérer comme exonérés de la responsabilité de nos décisions sous prétexte que l’environnement médiatico-publicitaire nous y aurait conditionné. Les tentations de la pub sont humaines (1 Cor 10.13).

La pub dans la spirale de la surenchère et de la provocation

Le fait que la pub soit dépourvue de pouvoir hypnotique ne fait pas d’elle pour autant une réalité inoffensive. Le marketing fait en particulier un large usage des acquis de la psychologie, et affectionne opérer au niveau de l’imaginaire et de l’inconscient. Il participe à la création d’une ambiance sociale où la simplicité de l’Évangile paraît de plus en plus étrange et où le virtuel et le luxueux prennent rang de réalités dernières. De la réclame bariolée qui avait choqué, jadis, par son envahissement des murs des villes et des campagnes, on est passé au « marketing intégré ». Celui-ci se préoccupe de susciter et d’entretenir le désir de plus en plus tôt dans la stratégie de la firme. De la promotion du produit, on est passé à l’exaltation de la marque, autour de laquelle il s’agit de créer une ambiance propice, une connivence « soft » qui ôte tout déplaisir à l’acte d’achat — tant le standing acquis est désirable. Le consommateur, enserré dans un entrelacs de messages qui visent à entretenir son désir, sera satisfait mais préservé de tout sentiment de satiété qui serait naturellement préjudiciable aux affaires… Toutes les facettes de la sensualité et de la séduction peuvent être mobilisées, comme les différents degrés d’un humour parfois très efficace. Le registre de l’information n’est pas toujours abandonné, mais l’exigence de sincérité est absente, et la relation du message à la vérité est de nature élastique. L’intérêt « véritable » du consommateur, lié à la qualité intrinsèque du produit et à son utilité réelle, est une notion reléguée de plus en plus à l’arrière-plan, au point qu’elle s’efface des mentalités. Il existe certainement des exceptions. Mais que penser du « marketing de la peur », efficace en matière alimentaire, qui joue sur les craintes des consommateurs pour promouvoir des produits coûteux et proclamés bienfaisants ? Sincérité toute relative et sollicitude intéressée, serait-on tenté de conclure… Les employés du « bureau de vérification de la publicité », qui répriment les mensonges grossiers auxquels les moins habiles se laissent aller, sont en réalité démunis devant les escroqueries raffinées qui pullulent.

Pour s’en tenir aux caractéristiques les plus saillantes de l’industrie publicitaire contemporaine, ajoutons que celle-ci paraît entraînée, dans sa conquête des « espaces cérébraux » par une double spirale de surenchère et de provocation. La surenchère est un effet direct de la compétition industrielle globalisée. Elle se remarque dans le discours publicitaire, qui est par construction incapable de laisser le dernier mot à autrui. Elle se manifeste aussi par les moyens humains et matériels placés au service de la pub, garants d’une progression constante de sa perfection formelle, et donc de sa capacité à séduire, car le beau est utile pour convaincre ! Les chiffres peinent à traduire les trésors d’intelligence et d’habileté que nos sociétés placent au service de la pub. Pour plus d’un artiste incertain, la fée publicité a conjuré la malédiction de sa condition matérielle, en transformant en or une existence de plomb… Le concours d’artiste n’est pas superflu : les « fils de pub » doivent rivaliser de talent pour capter l’attention, obtenir l’adhésion, et entretenir l’affect d’un consommateur inconstant qui doit être conduit pas à pas à la découverte de ses besoins cachés. Cette surenchère de moyen s’associe fréquemment à une arme relativement nouvelle dans l’arsenal publicitaire : le recours à la provocation calculée. Au-delà même de l’excitation à la consommation que produit la pub, c’est bien en tant qu’agent de subversion des codes sociaux que la pub paraît avoir l’action la plus corrosive sur l’éthique. De fait, dans un monde où le pire échec est de passer inaperçu, les publicitaires n’hésitent plus (on se souvient du rôle pionnier de l’entreprise Benetton dans ce registre, il y a une vingtaine d’années) à choquer volontairement le public, selon la logique propre de la provocation, qui impose sans cesse de nouvelles transgressions. La notoriété avant tout ! Ainsi, de simples auxiliaires de la société de consommation, les publicitaires ont-ils mutés, en acteurs à part entière du consensus social, capables d’influer directement sur le discours dominant. L’inertie apparente des autorités morales, qui ne peuvent recourir à des moyens analogues, communique souvent un sentiment exagéré de dérive de l’éthique, l’évolution réelle étant en réalité beaucoup lente et contrastée. Mais le ton est donné par la pub et les médias qui marchent d’un même pas.

Certes, nous n’avons pas à défendre tout ce dont le médiatico-publicitaire se moque, mais nous devons réfléchir à la formulation d’une éthique chrétienne argumentée sur bien des questions qui, il y a peu de temps encore, nous paraissaient tranchées pour l’éternité.

Pour une éthique du contentement et de la générosité

Les enjeux éthiques du phénomène publicitaire se sont transformés avec la publicité elle-même. La réclame d’autrefois était essentiellement ressentie par le consommateur chrétien comme un défi lancé à son idéal de frugalité et à sa résolution à se conformer au « tu ne convoiteras point ». La question de la convoitise n’a rien perdu de son actualité (Deut 20.17 : « ni la maison… ni la voiture… ni la femme de ton prochain »), pas plus que la tentation du gaspillage ; mais les assauts du marketing ont gagné en ampleur. C’est aujourd’hui non seulement le rapport aux biens matériels, mais le style de vie tout entier qui subit son influence. Quintessence de la société de consommation, le discours publicitaire éduque, message après message, l’homme postmoderne qu’il a contribué à faire advenir. Il faut des convictions chrétiennes aguerries pour identifier comme telles les œillades enjôleuses du matérialisme ambiant qui nous pousse insensiblement à l’hédonisme et au narcissisme. C’est par imprécision de langage, me semble-t-il, que l’on déplore ici et là l’individualisme contemporain (l’individualisme est aussi une victoire sur le communautarisme et l’esprit de clan) : c’est plus précisément dans le narcissisme exacerbé que se trouve la régression postmoderne, accélérée, sans aucun doute, par la pub.

La pub qui tente de nous convaincre, fantasme après fantasme, que nos désirs sont des besoins légitimes, ne nous permet plus de faire l’économie d’une réflexion globale sur l’éthique biblique. Nous devons nous attacher à réexaminer, à la lumière de l’Écriture, nos modes de consommation, nous forger une vision bibliquement fondée des institutions et de la vie sociale, affuter notre compréhension du rôle de l’Église dans un monde pécheur. Qu’il s’agisse d’éthique familiale, conjugale, sexuelle, économique ou domestique, nous devons « actualiser les fondamentaux ». Une fois ces bases affermies, nous pourrons proposer au monde une éthique fondée sur les colonnes jumelles — politiquement incorrectes et potentiellement sources d’autres provocations — du contentement et de la générosité. Une éthique du contentement ne demande à Dieu « ni pauvreté ni richesse », et cultive, à l’exemple de l’apôtre Paul, le sentiment de reconnaissance vis-à-vis de la situation particulière qui est la nôtre (Phil 4), notamment pour ce qui est des biens matériels dont nous disposons. C’est dire que nous aurons à cœur, autour de nous, d’aider les autres à déjouer les pièges de la recherche du standing par la consommation. L’éthique de la générosité est aussi plus que jamais à redécouvrir. Parce que la générosité est à l’opposé de l’égocentrisme ambiant, qui contamine aussi l’Église. N’avez-vous jamais remarqué que souvent, et sans doute plus qu’hier, une forme ou une autre de gratification narcissique est nécessaire pour que les chrétiens soutiennent l’œuvre de Dieu par leur argent ? Comment interpréter autrement la nécessité, pour les œuvres et les missions, de recourir toujours davantage aux services de publicitaires pour convaincre les donateurs ? Je ne crois pas qu’il n’y ait ici que l’effet de l’expansion du mouvement évangélique. Jusque dans l’Église, il est nécessaire de réhabiliter le « don joyeux », le sentiment spontané du devoir de solidarité vis-à-vis des plus pauvres, vis-à-vis de l’humanité souffrante et de l’Église persécutée, comme vis-à-vis de tous ceux dont l’Église a la responsabilité (exemple pris au hasard : combien de chrétiens, riches ou moins riches, soutiennent-ils vraiment les écoles de formation biblique, pourtant essentielles pour leur avenir ?).

Vigilants vis-à-vis de la pub, nous devons éviter de la condamner pour la part d’influence que nous choisissons en réalité de subir, comme nous nous en rendons compte après un peu d’introspection. Pour cela nous devons demander à Dieu de nous rendre résistants aux tentations de la consommation futile et du gaspillage, et de nous donner, sans esprit de jugement, une lucidité active. Nous pourrons nous entraîner communautairement à une vision vraiment chrétienne des biens matériels ; à la gratitude envers Dieu pour les biens qu’il nous confie et que la convoitise d’autres biens nous porterait en réalité à mépriser ; à une forme équilibrée d’ « ascèse intramondaine », pour parler comme un sociologue célèbre. Nous devons aussi nous enhardir à réagir dans la vie concrète. L’écran de télévision n’est pas une distraction obligatoire, et nous pouvons nous garder, par l’abstention, d’encourager les dérives que nous observons. Une connaissance même limitée de la doctrine évangélique permet de répliquer à tous ceux qui nous proposent monts et merveilles en nous susurrant que « nous le valons bien »…

Soyons cependant remplis de compassion pour ceux qui, loin de Dieu, se laissent séduire : seul l’Évangile est capable de vraiment convaincre que les promesses de ce monde ne sont pas celles auxquelles nous devons ajouter foi.

les articles plus lus

En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Écrit par

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

Écrit par

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Écrit par

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)

 

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