Gérer nos propos

Le pouvoir des mots est incroyable. Ils sont puissants et affectent tellement ceux qui les entendent. Pour leur bien ou pour leur mal. Une femme affligée d’un bec-de-lièvre a écrit cette histoire saisissante du bien-être que peuvent fournir nos propos : « J’ai grandi sachant que j’étais différente. Je suis née avec un bec-de-lièvre, et lorsque j’ai commencé l’école, mes amis m’ont clairement montré comment ils me voyaient : une petite fille aux lèvres tordues, au nez crochu, aux dents de travers et au langage brouillon. Lorsqu’on me demandait : ‘Que s’est-il passé pour que tu aies une bouche comme ça ?’, je leur disais que j’étais tombée et que je m’étais coupée sur du verre. Il me semblait plus facile de me présenter en victime d’un accident que d’être née différente. J’étais convaincue que personne d’autre que ma famille ne pouvait m’aimer. Il y avait cependant une enseignante d’école primaire que tout le monde aimait — Mme Léonard. Elle était petite, ronde, et joyeuse — une femme pétillante. Chaque année on testait notre audition… Mme Léonard fit passer le test à toute la classe, et ce fut mon tour. Je savais, par l’expérience des années précédentes, qu’il fallait répéter ce que la maîtresse chuchotait de son bureau — des phrases comme ‘le ciel est bleu’ ou bien ‘as-tu de nouvelles chaussures ?’ J’attendais donc les mots que je devais répéter. Dieu a dû les placer dans sa bouche, ces sept mots qui ont changé ma vie. Mme Léonard chuchota : ‘J’aurais tant aimé que tu sois ma fille.’1 »

Attention à l’influence de nos propos (Jac 3.1-2) !

Mes frères, qu’il n’y ait pas parmi vous un grand nombre de personnes qui se mettent à enseigner, car vous savez que nous serons jugés plus sévèrement. Nous bronchons tous de plusieurs manières. Si quelqu’un ne bronche point en paroles, c’est un homme parfait, capable de tenir tout son corps en bride.

Comme à son habitude, Jacques appelle ses lecteurs en des termes affectueux pour mieux faire passer des paroles assez dures. Les frères en question vont en prendre pour leur grade sur leur manière de communiquer — et nous aussi ! Le texte commence par une mise en garde qui touche les enseignants, car c’est ce que veut dire le mot « docteur ». Lorsque Jacques écrit cette lettre, une petite vingtaine d’années se sont écoulées depuis la mort et la résurrection du Christ. L’Église se compose essentiellement de Juifs ayant compris que Jésus est véritablement le Messie d’Israël. Et l’Église naissante s’est inspirée des cultes de la synagogue. Ceux-ci se déroulaient sous une forme plus ou moins rigide et comportaient un message dont on attendait qu’il soit surtout attractif, qu’il éveille l’attention — et évite l’endormissement. Comme aujourd’hui, il y avait des prédicateurs à la mode, et d’autres moins. Et c’est là où se fait le lien avec les propos de Jacques. Puisqu’il fallait impressionner, les enseignants populaires avaient recours à des jeux de mots à partir des textes bibliques. On supprimait une partie de la phrase pour associer des mots entre eux, et donner un sens inhabituel ou nouveau à la Parole de Dieu, qui ne visait pas le respect du sens plein de la Bible.

Jacques nous dit ici : enseigner n’est pas à rechercher par tout le monde. Parce que cette responsabilité s’associe d’un jugement plus grand, plus dur, plus sévère. Ne faites pas passer vos opinions, sous couvert d’un enseignement agréable ou facile. Prêchez la Bible.

Vous vous dites peut-être que ce message ne vous concerne pas : vous n’enseignez pas dans l’église et vous n’avez aucune intention de le revendiquer. Erreur ! C’est tout le sens du reste du message. Point n’est besoin d’être pasteur, ancien, responsable d’une cellule de vie, enseignant d’une école du dimanche, pour enseigner :

– Lorsqu’un homme parle à ses enfants, il enseigne. Oui, lorsque son enfant renverse un verre d’eau et que le père se met à crier, ou qu’il se met à rire s’il le voit faire une grimace à quelqu’un, cet homme enseigne des « valeurs » fausses : la maladresse est très grave, la méchanceté pas trop.

– Lorsqu’un homme parle le visage fermé à son conjoint, il communique quelque chose. Il enseigne une valeur à l’autre.

Les mots ont un pouvoir, une puissance, une influence. Et le pouvoir de nos lèvres est si sérieux que Jésus nous met solennellement en garde : « Par tes paroles tu seras justifié, et par tes paroles tu seras condamné. » (Mat 12.37) Parce que ce qui sort de notre bouche reflète ce qui est dans notre cœur.

Ce texte implique la notion de gradation dans la manière dont notre vie sera couronnée, récompensée. Il s’agit ici de l’évaluation de la vie du chrétien, qui aura lieu lors du tribunal du Christ (2 Cor 5.10).

Au v. 2, Jacques rappelle que personne n’est exempt de péchés. Chacun d’entre nous a des « talons d’Achille », qui le poussent à demeurer près du Seigneur, et à grandir. Mais il semble que tous les péchés, toutes les fautes de l’homme, passent un jour ou l’autre par la langue. L’utilisation de la langue devient donc un indicateur de sa maturité. C’est l’un des deux sens du mot « parfait » utilisé par Jacques. Parfois il décrit l’absence de toute corruption, parfois il décrit la notion de maturité.

Jacques donne trois raisons à cette mise en garde, qui dépasse de loin le rôle de l’enseignement.

1. La langue dirige (Jac 3.3-5a)

Si nous mettons le mors dans la bouche des chevaux pour qu’ils nous obéissent, nous dirigeons ainsi leur corps tout entier. Voici, même les navires, qui sont si grands et que poussent des vents impétueux, sont dirigés par un très petit gouvernail, au gré du pilote. De même, la langue est un petit membre, et elle se vante de grandes choses.

Jacques relève la disproportion entre la taille du mors et celle du cheval, entre la taille d’un gouvernail et celle du navire.

Le mors que l’on passe dans la bouche d’un cheval repose sur sa langue. En tirant à droite ou à gauche, la tête de l’animal bouge, puis son corps bouge… Sans lui, le cheval le plus docile qui soit ne sera jamais suffisamment attentif aux instructions de son cavalier. Le contrôle de sa langue engendre le contrôle de tout le corps du cheval.

Des pétroliers faisant plus de 10 fois le poids de la Tour Eiffel sillonnent les mers. Il leur faut parcourir 8 km en 25 minutes pour s’arrêter. Ces bateaux gigantesques virent grâce à un gouvernail ridiculement petit.

La langue aussi est bien petite. Elle ne pèse que quelques dizaines de grammes, mais quel pouvoir ! La langue dirige le comportement des autres : comme un miroir, elle sculpte la compréhension que l’on a de soi.

Michener est l’auteur de plusieurs romans où les personnages sont riches d’un héritage familial fouillé, détaillé. Michener est un enfant abandonné, élevé par une veuve qui l’a accueilli et lui a donné ce nom de famille. Dès la publication de ses premiers romans, un membre de la famille Michener lui a envoyé des lettres anonymes pleines de haine et d’insultes, le traitant d’usurpateur, et disant qu’il n’avait même pas le droit de porter ce nom. Elles étaient toutes signées « un vrai Michener ». Lorsqu’il obtint le prix Pulitzer, une note lui rappela qu’il était un hypocrite, qu’il n’avait pas le droit de porter ce nom, que toute sa vie ne serait que mensonge et usurpation. Lorsqu’il fut reçu par le président Ford en 1976, cet homme reçut son dernier courrier : « Tu es toujours un menteur, toujours un fraudeur, toujours à essayer de paraître mieux que tu ne l’es. » À la fin de sa vie, Michener dit, abattu : « Il avait raison dans toutes ses accusations, j’ai essayé toute ma vie d’être une personne meilleure que je ne le suis et le frère de tous ceux qui partagent cette aspiration. » Le bonheur de cet homme a été gâché… par quelques lettres récurrentes… créant une mélancolie dans son âme.

La langue dirige les autres. Elle encourage ou décourage, elle excite ou pacifie.

2. La langue détruit (Jac 3.5b-8)

Voyez, comme un petit feu peut embraser une grande forêt ! La langue aussi est un feu ; c’est le monde de l’iniquité. La langue est placée parmi nos membres, souillant tout le corps, et enflammant le cours de la vie, étant elle-même enflammée par la géhenne. Toutes les espèces de bêtes, d’oiseaux, de reptiles et d’animaux marins, sont domptés et ont été domptés par l’homme ; mais la langue, aucun homme ne peut la dompter ; c’est un mal qu’on ne peut réprimer ; elle est pleine d’un venin mortel.

La France connaît chaque année près de 5 000 feux de forêts, qui ravagent environ 34 000 hectares. 3 % seulement de ces feux proviennent de causes naturelles. Le reste provient d’actes de malveillance ou d’accidents. Dans la grande majorité de cas, des milliers d’hectares partent en fumée à partir du mégot d’un fumeur, d’un barbecue mal préparé… de tout petits feux.

Un petit feu embrase une grande forêt. C’est vrai ! Les records sont tristement célèbres. En 1825, au Canada, 1 600 000 ha ont brûlé. En 1947, dans les Landes, 400 000 ha ont brûlé.

C’est cela la langue. Le feu et les animaux sauvages ont ceci en commun qu’ils peuvent détruire et sont peu contrôlables.

Quand la Bible parle de communication, elle voit un grand danger. Le premier péché a eu lieu par une suggestion verbale. Lorsque Dieu a demandé des comptes à l’homme de sa désobéissance, l’homme a usé de sa langue pour manquer de respect à Dieu : « C’est la femme que tu as mise à mes côtés… »

L’un des moyens que la Bible utilise pour montrer l’universalité du péché, c’est d’évoquer la manière de parler des hommes :

– « Leur gosier est un sépulcre ouvert ; ils se servent de leur langue pour tromper ; Ils ont sous leurs lèvres un venin d’aspic ; leur bouche est pleine de malédiction et d’amertume. » (Rom 3.13-14)

– Ésaïe est effrayé lorsque Dieu l’appelle à son service. Il réplique : « Malheur à moi ! je suis perdu, car je suis un homme dont les lèvres sont impures, j’habite au milieu d’un peuple dont les lèvres sont impures, et mes yeux ont vu le Roi, l’Éternel des armées. » (És 6.5)

Jacques parle des problèmes de communication dans chaque chapitre de son Épître. Mais ce n’est pas le seul livre biblique à traiter ce sujet. Les Proverbes abondent en conseils et mises en garde2 :

– « Celui qui surveille sa bouche et garde sa langue en bride, préserve sa vie de bien des tourments. » (21.23)

– « Qui veille sur sa bouche préserve sa vie, mais celui qui ouvre trop souvent les lèvres court à sa ruine. » (13.3)

– « Le sot lui-même passe pour sage s’il sait se taire ; qui tient sa bouche en bride est prudent. » (17.28)

– « Le juste réfléchit bien avant de répondre, mais les répliques rapides des méchants répandent le mal. » (15.28)

– « Le sot ne se soucie guère de réfléchir, il ne demande qu’à faire étalage de son opinion. » (18.2)

– « La mort et la vie sont au pouvoir de la langue : vous aurez à vous rassasier des fruits que votre langue aura portés. » (18.21)

– « Les paroles du pervers sont comme un feu dévorant. » (16.27b)

– « L’homme au cœur tortueux ne trouvera pas le bonheur et celui qui manie une langue perfide tombera dans le malheur. » (17.20)

3. La langue révèle (Jac 3.9-12)

Par elle nous bénissons le Seigneur notre Père, et par elle nous maudissons les hommes faits à l’image de Dieu. De la même bouche sortent la bénédiction et la malédiction. Il ne faut pas, mes frères, qu’il en soit ainsi. La source fait-elle jaillir par la même ouverture l’eau douce et l’eau amère ? Un figuier, mes frères, peut-il produire des olives, ou une vigne des figues ? De l’eau salée ne peut pas non plus produire de l’eau douce.

J’ai entendu parler d’un chirurgien spécialisé dans les troubles de l’oreille. Lors d’une consultation, une amie envisageait de lui confier l’opération délicate de la reconstitution d’un tympan. Au milieu de l’entretien, le chirurgien mit ses mains sur la table, et mon amie constata avec effroi que les mains de cet homme tremblaient comme une feuille. Elle ne s’est pas fait opérer. Devinez pourquoi !

Quand Jésus-Christ voit les enfants qu’il s’est acquis par son propre sang, il voit une extension physique de sa présence spirituelle. Nous formons, collectivement, le corps de Christ (1 Cor 12). Que ce soit dans une dimension locale ou universelle, les chrétiens authentiques sont les « doigts » de notre Dieu. Nous ne pouvons pas faire ce que nous voulons de notre corps :

– Romains 12.1-2 commande ainsi d’offrir nos corps en sacrifice vivant.

– 1 Thessaloniciens 4.4 commande de tenir nos corps dans la sainteté et l’honnêteté.

– 1 Corinthiens 6.13 nous rappelle que le corps n’est pas pour l’inconduite mais pour le Seigneur, et le Seigneur pour le corps.

Beaucoup d’entre nous ne pécheront pas dans certains domaines parce que l’occasion de le faire ne se présentera pas : si on ne fréquente pas assidûment un groupe de buveurs, on a moins de risques de devenir alcoolique. Si on ne passe pas ses soirées à hanter les night-clubs, on ne deviendra peut-être pas un débauché.

Mais la langue est l’un des organes les plus sollicités. Il est impossible de passer une journée sans l’utiliser. Elle est l’expression la plus directe de ce que nous sommes. Elle est la fenêtre la plus immédiate sur ce qui anime nos cœurs. La distance entre la langue et notre être intérieur, est très, très courte.

Un proverbe est particulièrement pertinent pour relever ce lien entre pensées et paroles : « Les pensées mauvaises sont en horreur à l’Éternel, mais les paroles agréables sont pures à ses yeux. » (Pr 15.26) Le contraste est semblable à celui que montre Jacques : des propos agréables sont purs et reflètent ainsi des pensées pures.

Ce que Jacques relève dans cette section, c’est qu’il n’est pas envisageable qu’un homme se réclamant de Dieu puisse faire couler de ses lèvres des malédictions. Mes amis, cela se produit parfois. Dans les églises, il y a des calomnies, des accusations et des divisions. Dans les familles, il y a des propos qui « tuent » un conjoint ou une progéniture. Commençons par louer le positif chez les autres et prier pour le négatif. Ensuite, lorsqu’il faut parler du négatif, prions pour discerner le meilleur moment, les meilleures paroles, et surtout, que ce soit pour le bien et la croissance de l’autre.

Quand on regarde le ciel, on distingue les étoiles des planètes par leur scintillement. La lumière des étoiles scintille, celle des planètes est stable. On peut confirmer ce diagnostic à l’aide d’un petit télescope ou une bonne paire de jumelles, en observant qu’une étoile n’est qu’un point lumineux, alors qu’une planète apparaît comme un disque. Si quelqu’un examinait nos propos, pourrait-il discerner la source qui nous anime ?

Conclusion

On a demandé à un couple qui célébrait ses noces d’or, le secret de leur mariage. L’homme raconta son histoire. Il avait grandi dans un orphelinat. Il avait travaillé dur pour obtenir tout ce qu’il avait, son diplôme et sa position dans une entreprise. Il n’avait jamais fréquenté de femme jusqu’à son coup de foudre pour Sarah. Émotion partagée qui les avait conduit à s’épouser. Le jour du mariage, le père de la jeune femme a pris le nouveau marié à l’écart pour lui donner un cadeau. Il lui dit : « Dans ce cadeau, il y a tout ce dont tu as vraiment besoin pour savoir comment avoir un mariage heureux. » C’était une magnifique montre en or. Il la sortit avec précaution, et remarqua une petite phrase, gravée sur le dessus, qu’il ne pouvait manquer de voir chaque fois qu’il regarderait l’heure : « Dis quelque chose d’aimable à Sarah. »

Demandons à Dieu de nous donner cette sagesse de paroles qui change la vie des autres, pour le bien.

1Gray Alice, Histoires qui touchent le cœur, Éditeurs du Trésor Caché, 2002.
2 Citations tirées de la transcription « Parole vivante » par A. Kuen

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En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Écrit par

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

Écrit par

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Écrit par

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)

 

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