La persévérance

La question de la persévérance est la suivante : tous les croyants tiendront-ils ferme jusqu’au bout ou bien, s’ils tombent dans un péché ou s’éloignent de Dieu, risquent-ils de perdre leur salut ? Depuis les débuts de l’histoire de l’Église, cette question a taraudé les théologiens et suscité crainte et anxiété chez les croyants. Essayons, en nous appuyant le plus possible sur les textes bibliques, parfois difficiles, et même apparemment contradictoires, d’y voir un peu plus clair…

Les trois options historiques

L’option des Pères de l’Église

Selon eux, la persévérance est la part de l’homme dans le salut qu’il doit ajouter ou conjuguer à la grâce pour aboutir à la vie éternelle, qui in fine dépend du bon vouloir humain.

Certains Pères de l’Église pré-augustienne (comme Clément ou certains gnostiques) ont défendu cette option pour contrer le fatalisme païen et encourager leurs ouailles à ne pas se relâcher.

L’option calviniste

Pour Calvin, la persévérance finale est un don de Dieu qu’il accorde par grâce à tous ceux qu’il régénère ; aucun de ceux-là, quelle que soit la gravité de leurs chutes ou de leur éloignement, ne sera perdu.

Cette option a été fermement maintenue par les calvinistes dont c’est le 5e point du TULIP1. Modulo certaines atténuations importantes, c’est celle qui nous paraît la plus conforme aux textes bibliques.

L’option arminienne

La persévérance finale est un don de Dieu qu’il accorde par grâce à tous ses élus mais non pas à tous les régénérés. Certains croyants succombent et seront perdus.

Cette option a été développée par les luthériens, les arminiens2, puis les méthodistes et trouve aujourd’hui un large écho dans le pentecôtisme. Elle est aussi celle des catholiques.

L’existence d’apostats

La Bible évoque, du point de vue théorique, des personnes qui ont montré, pendant un temps, l’apparence la plus complète de vrais croyants mais se sont détournés ensuite de la foi pour « apostasier ». Elle donne aussi certains exemples pratiques de tels individus. La foi peut, hélas, n’être que de façade ou temporaire. Le vocabulaire biblique surprend parfois, car il pourrait laisser penser qu’il y a eu foi puis abandon de la foi ; il indique simplement que, chez ces personnes, l’apparence était tellement contraire à la réalité profonde, que les appréciations les plus positives pouvaient être formulées.

– Leur présence parmi les chrétiens n’implique pas la vie de Dieu : « Maintenant aussi il y a plusieurs antichrists, par quoi nous savons que c’est la dernière heure : ils sont sortis du milieu de nous, mais ils n’étaient pas des nôtres ; car s’ils eussent été des nôtres, ils fussent demeurés avec nous ; mais c’est afin qu’ils fussent manifestés comme n’étant aucun d’eux des nôtres. » (1 Jean 2.18-19) Ce texte est parmi les plus clairs pour démontrer que l’abandon de la foi ne suppose pas la possession au préalable de la vie divine : « ils n’étaient pas des nôtres », même s’ils s’étaient rassemblés longtemps avec les vrais croyants.

Leur capacité à réaliser des miracles ou à prêchern’implique pas la vie de Dieu : Jésus avertit : « Plusieurs me diront en ce jour-là : Seigneur, Seigneur, n’avons-nous pas prophétisé en ton nom ? n’avons-nous pas chassé des démons par ton nom ? et n’avons-nous pas fait beaucoup de miracles par ton nom ? Alors je leur dirais ouvertement : Je ne vous ai jamais connus , retirez-vous de moi, vous qui commettez l’iniquité. » (Mat 7.22-23) Insistons sur le « jamais » : Jésus ne les a pas d’abord connus, puis rejetés ensuite ; au contraire, à aucun moment, ils n’ont eu cette relation vitale induite telle qu’elle est traduite par ce verbe « connaître ». Ne nous laissons pas duper par certains prédicateurs ou par de prétendus guérisseurs « chrétiens » dont la doctrine ou la pratique ne serait pas en cohérence avec la Bible.

Leur joie manifestée à l’écoute de la Parole n’implique pas la vie de Dieu : La parabole du semeur évoque cette joie temporaire d’un salut superficiel : « Une autre partie tomba dans un endroit pierreux, où elle n’avait pas beaucoup de terre ; elle leva aussitôt, parce qu’elle ne trouva pas un sol profond ; mais, quand le soleil parut, elle fut brûlée et sécha, faute de racines. […] Les autres, pareillement, reçoivent la semence dans les endroits pierreux ; quand ils entendent la parole, ils la reçoivent d’abord avec joie ; mais ils n’ont pas de racine en eux-mêmes, ils croient pour un temps, et, dès que survient une tribulation ou une persécution à cause de la parole, ils y trouvent une occasion de chute. » (Marc 4.5-6,16-17) Au début, tout laissait à penser qu’il y avait la vie : la croissance avait même été rapide ! Qui n’a connu de ces « conversions » parfois spectaculaires, pleines de joie, mais qui n’ont pas tenu la distance ?

Leur nature profonde se révèle par l’abandon de la foi : « En effet, si après s’être retirés des souillures du monde, par la connaissance du Seigneur et Sauveur Jésus Christ, ils s’y engagent de nouveau et sont vaincus, leur dernière condition est pire que la première. Car mieux valait pour eux n’avoir pas connu la voie de la justice, que de l’avoir connue et de se détourner du saint commandement qui leur avait été donné. Il leur est arrivé ce que dit un proverbe véritable: Le chien est retourné à ce qu’il avait vomi, et la truie lavée s’est vautrée dans le bourbier. » (2 Pi 2.20-22) La truie avait beau être très propre, elle était restée une truie et tôt ou tard, sa nature l’a conduite à retourner à son bourbier. Qui n’a connu de ces réformations extérieures temporaires des mœurs et de la conduite, mais qui n’ont pas duré ?

Judas est sans doute l’exemple d’apostat le plus emblématique du N.T. Aucun disciple ne semble avoir même soupçonné qu’il serait un jour prêt à trahir leur Maître (Mat 26.22). Pourtant la perdition de Judas ne fait hélas aucun doute (Jean 6.64,70 ; 17.12).

La doctrine biblique de la persévérance

Elle repose sur deux affirmations qu’il faut garder en tension positive.

1. Tous ceux qui sont véritablement régénérés persévéreront jusqu’à la fin

La Bible enseigne que ceux qui sont véritablement nés de nouveau le resteront jusqu’à leur mort et seront finalement glorifiés.

La sécurité éternelle du croyant provient :

– de l’œuvre du Père fidèle qui a choisi les élus de toute éternité : la chaîne de l’élection aboutit à la glorification ; celle-ci est vue déjà comme si certaine qu’elle est au passé : « Ceux qu’il a prédestinés, il les a aussi appelés ; et ceux qu’il a appelés, il les a aussi justifiés ; et ceux qu’il a justifiés, il les a aussi glorifiés. » (Rom 8.30) ;

– de l’œuvre du Fils qui a accompli à la croix une œuvre unique et suffisante et qui la poursuit par son action de médiateur, de souverain sacrificateur et d’avocat : « Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? Lui qui n’a point épargné son propre Fils, mais qui l’a livré pour nous tous, comment ne nous donnera-t-il pas aussi toutes choses avec lui ? Qui accusera les élus de Dieu ? C’est Dieu qui justifie ! Qui les condamnera ? Christ est mort ; bien plus, il est ressuscité, il est à la droite de Dieu, et il intercède pour nous. Qui nous séparera de l’amour du Christ ? […] Car j’ai l’assurance que ni la mort ni la vie, ni les anges ni les dominations, ni les choses présentes ni les choses à venir, ni les puissances, ni la hauteur ni la profondeur, ni aucune autre créature ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu manifesté en Jésus-Christ notre Seigneur. » (Rom 8.31-39)

– de l’œuvre du Saint-Esprit qui habite le croyant éternellement et qui agit en transformation progressive dans son être intérieur jusqu’au jour de la rédemption : « Le Père vous donnera un autre consolateur, afin qu’il demeure éternellement avec vous. » (Jean 14.16) « N’attristez pas le Saint Esprit de Dieu, par lequel vous avez été scellés pour le jour de la rédemption. » (Éph 4.30)

Au-delà de ces considérations trinitaires, d’autres affirmations attestent de la sécurité du croyant :

– Jésus ne perdra aucun des siens : « Or, la volonté de celui qui m’a envoyé, c’est que je ne perde aucun de tous ceux qu’il m’a donnés, mais que je les ressuscite au dernier jour. La volonté de mon Père, c’est que quiconque voit le Fils et croit en lui ait la vie éternelle ; et je le ressusciterai au dernier jour. » (Jean 6.39-40)

– Jésus et le Père garderont la main sur chacun : « Mes brebis entendent ma voix ; je les connais, et elles me suivent. Je leur donne la vie éternelle ; et elles ne périront jamais ; et personne ne les ravira de ma main. Mon Père, qui me les a données, est plus grand que tous ; et personne ne peut les ravir de la main de mon Père. » (Jean 10.27-29)

– Le salut est d’ores et déjà parfait pour toujours : « Car, par une seule offrande, il a amené à la perfection pour toujours ceux qui sont sanctifiés. » (Héb 10.14)

Ainsi un vrai chrétien pourrait apostasier (possibilité logique), mais il ne le fera pas (impossibilité théologique), car il sera gardé jusqu’au bout par Dieu. La liberté de l’homme est ainsi préservée : il est capable de renier sa foi, mais il décide de ne pas le faire, en particulier grâce à l’écoute des avertissements de l’Écriture.3

2. Seuls ceux qui persévèrent jusqu’à la fin sont véritablement nés de nouveau

Dieu ne garde pas le croyant indépendamment de sa foi et agit au contraire par son moyen pour rendre capable de continuer à croire en lui. C’est pourquoi la Bible abonde en avertissements à continuer à mettre en œuvre la foi jusqu’au bout :

– persévérer dans la Parole : « Si vous demeurez dans ma parole, vous êtes vraiment mes disciples » (Jean 8.31).

– rester ferme dans la foi reçue : « … pour vous faire paraître devant lui saints, sans défaut et sans reproche, si du moins vous demeurez fondés et inébranlables dans la foi, sans vous détourner de l’espérance de l’Évangile que vous avez entendu » (Col 1.22-23). « Car nous sommes devenus participants de Christ, pourvu que nous retenions fermement jusqu’à la fin l’assurance que nous avions au commencement » (Héb 3.14).

– pardonner à son frère : « C’est ainsi que mon Père céleste vous traitera, , si chacun de vous ne pardonne à son frère de tout son cœur. » (Mat 18.35)

– ne plus pratiquer les mauvaises œuvres précédentes : « Car, sachez-le bien, aucun débauché, ou impur, ou cupide, c’est à dire idolâtre, n’a d’héritage dans le royaume de Christ et de Dieu. » (Éph 5.5)

– ne pas renier Christ : « Si nous le renions, lui aussi nous reniera » (2 Tim 2.12).

Le point crucial est alors le suivant : pour un vrai chrétien, les avertissements ci-dessus sont-ils purement théoriques ou rhétoriques, ou bien sont-ils réels (c’est-à-dire si leur non-respect entraînera automatiquement la perte du salut) ? Sur le plan théologique, ils sont théoriques (nous avons vu plus haut qu’un croyant est assuré de son salut), mais sur un plan pastoral, ils sont rhétoriquement indispensables, car ils conduisent le vrai croyant à persévérer dans son salut en écoutant ces avertissements.

Par ailleurs, même si les auteurs du N.T. s’adressent à leurs lecteurs en supposant a priori qu’ils sont véritablement nés de nouveau, ils savent qu’il se peut qu’il y ait (et qu’il y a sans doute) parmi eux des personnes professant la foi sans l’avoir réellement. Ces avertissements doivent alors raisonner comme une menace salutaire. Faire entendre davantage cette note pourrait éviter de conforter dans un salut illusoire certaines personnes dont la conduite (par exemple une absence de pardon persistant) ne manque pas d’inquiéter quant à leur destinée éternelle.4

Les conséquences de la doctrine de la persévérance

– Le croyant peut avoir l’assurance de son salut éternel sans craindre d’être un jour perdu. Il peut anticiper avec joie la vie éternelle.

– Le croyant sait que cette assurance doit être mise en œuvre en continu dans sa vie et qu’il ne peut absolument pas se reposer sur une expérience historique (par exemple, s’être avancé un jour lors d’une campagne d’évangélisation) pour mener une vie laxiste ou paresseuse qui serait encore marquée par l’emprise du péché. Il montrerait ainsi que cette soi-disant expérience n’a pas été une transformation salvatrice. Aussi entretient-il cette foi avec persévérance chaque jour en étant conscient de sa faiblesse qui peut l’amener à s’éloigner du Seigneur et en étant conscient aussi que Dieu par cette prise de conscience même le protège.

1 La doctrine de Calvin et de ses successeurs sur l’élection a été résumée par l’acronyme anglais TULIP, qui reprend les « cinq points du calvinisme » :
– Total depravity (dépravation totale de toute la race humaine) ;
– Unconditional predestination (prédestination inconditionnelle de la souveraineté de Dieu) ;
– Limited atonement (expiation limitée aux élus seuls) ;
– Irresistible grace (grâce irrésistible qui attire vers Jésus) ;
– Perseverance of the saints (persévérance des saints : l’élection divine est efficace : tous ceux qui sont élus seront certainement sauvés et persévèreront dans la foi jusqu’à la fin).
2 Les arminiens ont suivi les doctrines développées par Jacob Arminius (1560-1609), un pasteur hollandais, qui a insisté sur la part humaine dans le salut.
3 Voici une illustration classique : Des parents peuvent être inquiets de voir leur enfant courir dans la rue et être renversé par une voiture. Une façon de prévenir ce danger est de construire un grand mur autour de leur jardin, mais cela limiterait la liberté de leur enfant. Une autre possibilité pour les parents est de laisser leur enfant libre mais de lui enseigner les dangers de la rue en lui appre-nant à être très prudent. Dans les deux cas, le résultat est le même, mais la 2de solution responsabi-lise l’enfant. Dieu agit envers nous, pour ainsi dire, selon la 2de solution.
4 La place manque pour détailler les chapitres controversés de l’Épître aux Hébreux (6 et 10). Cf. mon article sur « La sécurité du croyant », Promesses, n° 175, disponible en ligne sous : www.promesses.org/arts/175p8.html.

les articles plus lus

En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Écrit par

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

Écrit par

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Écrit par

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)

 

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