La marque du vrai disciple

Consécration et engagement

Philip Nunn a travaillé de 1992 à 2007 en Colombie comme missionnaire. A ce titre, il a été très impliqué dans le travail d’évangélisation, d’enseignement de jeunes croyants et a participé à l’implantation de plusieurs nouvelles assemblées chrétiennes. Toujours en contact avec la Colombie, il vit en Hollande à Eindhoven où il est s’est établi récemment. Cet article, comme d’autres, peut être téléchargé sur le site www.philipnunn.com.

Beaucoup d’entre nous ont eu le privilège d’être nés et élevés dans un foyer chrétien. Nous allons à de bonnes réunions chrétiennes, nous lisons la Bible et nous chantons les cantiques. Nous sentons que nous sommes à la bonne place, faisant ce qu’il faut… Et pourtant, il manque quelque chose. À l’occasion, dans des moments d’introspection, nous nous alarmons de l’émotion insipide qui accompagne notre manière de vivre chrétienne. Cela nous semble si éloigné de l’excitation et de la satisfaction qui nous envahissent lorsque nous progressons dans nos études ou grimpons dans l’échelle de notre entreprise. C’est tellement différent de la fraîcheur et de l’excitation que nous ressentons en réservant nos prochaines vacances à l’étranger ou en revenant à la maison avec un nouveau gadget électronique. Cette platitude chrétienne est-elle normale ? Notre version de la foi chrétienne est-elle authentique ? Pouvons-nous vraiment nous appeler des « disciples de Jésus Christ » ?

Qu’est-ce qu’un disciple de Jésus ?

Être un disciple, c’est être quelqu’un qui apprend, qui suit un maître et se soumet à son enseignement. Dans le Nouveau Testament, le terme « disciple » est utilisé environ 270 fois. Il ne doit pas être utilisé indifféremment à la place de « sauvé », « saint », ou « chrétien né de nouveau ». Dans un sens large, il est utilisé pour parler des personnes qui marchaient avec Jésus ou dont le cœur était bien disposé à son égard (Jean 6.66, 19.38). Il est parfois utilisé exclusivement pour les douze qui le suivaient (Luc 22.11). Il est aussi utilisé pour identifier ceux dont l’attachement à Christ était le plus grand. Nous trouvons des disciples des deux sexes (Actes 9.10, 36). Il est probable que c’est par mépris que les disciples furent appelés « chrétiens » vers l’année 44 (Actes 11.26) – un terme qui n’est utilisé que trois fois dans le Nouveau Testament. Et ce n’est qu’à partir du IIe siècle que le nom de « chrétien » a été accepté par les croyants comme un titre honorifique. Dans ses écrits, l’apôtre Paul n’utilise jamais les mots disciple ni chrétien.

Luc, le docteur, raconte l’histoire au cours de laquelle Jésus explique ce qu’il attend de l’un de ses disciples (Luc 14.25-35). Ce jour-là, beaucoup de gens avaient laissé leur travail et leurs occupations pour venir apprendre et manifester leur adhésion à l’enseignement du Seigneur Jésus. Étaient-ils vraiment des disciples ? Quel était leur degré d’engagement ? Jésus se tourne vers cette foule qui le suivait facilement et la choque. Il place devant elle trois conditions primordiales.

1. Jésus, celui que j’aime le plus

« Si quelqu’un vient à moi, et ne hait pas son père, et sa mère, et sa femme, et ses enfants, et ses frères, et ses soeurs, et même aussi sa propre vie, il ne peut être mon disciple. » (v. 26). Les Écritures encouragent les valeurs familiales. Il ne nous est bien évidemment pas demandé de mépriser les membres de nos familles. Le mot « haïr » est utilisé dans un sens relatif (Matthieu 10.37). Dans le cercle de nos connaissances, nous aimons naturellement certaines personnes plus que d’autres. Ce que Jésus dit, c’est qu’à moins de l’aimer lui plus profondément et avec plus de force que quiconque, nous ne pouvons pas être son disciple. Le Seigneur Jésus réclame cette place suprême dans notre cœur et nos affections. Quelle place Jésus a-t-il dans votre cœur ?

2. Jésus, la première de mes priorités

« Et quiconque ne porte pas sa croix, et ne vient pas après moi, ne peut être mon disciple. » (v. 27). À l’époque, sous la domination romaine, ceux qui portaient leur croix n’avaient plus que quelques heures à vivre. Quelles pensées pouvaient donc bien passer par l’esprit d’un homme portant sa croix ? Il devait éprouver un changement radical de ses priorités. Cette dispute familiale au sujet d’un héritage devait lui sembler tellement insignifiante, maintenant. Ses diplômes, comptes bancaires et statut social devaient être devenus bien peu dignes d’intérêt. La récolte à venir, ses projets d’affaires et son plan de retraite devaient alors lui paraître tellement hors de propos. Porter sa croix, c’est vivre le présent. Porter sa croix volontairement, c’est renoncer à nos droits fondamentaux. La croix change nos valeurs et nos priorités. Il n’y a rien de mal à faire des plans, à rêver, à aspirer à quelque chose. Ce que Jésus dit, c’est qu’à moins de l’avoir, lui, comme première des priorités dans notre vie, au dessus de nos rêves et de nos aspirations personnelles, nous ne pouvons pas être ses disciples. Quel rêve ou quelle force dirige votre vie ?

3. Jésus, mon trésor le plus précieux

« Ainsi donc, quiconque d’entre vous ne renonce pas à tout ce qu’il a, ne peut être mon disciple. » (v. 33). Ceci constitue-t-il une condamnation de la propriété privée ? Non. Le problème, c’est notre attitude vis-à-vis de ce que nous possédons. Nous sommes des administrateurs provisoires des bénédictions de Dieu, jamais des propriétaires absolus. Nous sommes nés nus, et nous n’emporterons rien avec nous lorsque nous partirons. Et pourtant, au cours de ces quelques décades de vie, il est surprenant de considérer combien fermement nous pouvons tenir à des choses matérielles. Pour certains, il s’agit d’une voiture, d’une maison ou d’un portefeuille d’actions. Pour d’autres, c’est un ordinateur portable, des vêtements ou une collection de CD. Dans ce que vous possédez, qu’est-ce qui vous apporte une grande satisfaction ? Jésus dit qu’à moins de l’estimer, lui, au dessus de tout ce que nous avons, nous ne pouvons pas être son disciple.

La saveur

Nous savons que notre salut est un don de Dieu. Nous ne pouvons pas le gagner. Nous le recevons humblement et avec reconnaissance. Le Seigneur Jésus n’établit pas ici les conditions de notre salut. Il souligne clairement l’attitude requise pour une vie chrétienne normale. L’expression « il ne peut être mon disciple », réaffirmée trois fois par notre Seigneur, ajoute une grande force à ce standard. La foi chrétienne moderne s’autorise une plus grande flexibilité. Beaucoup semblent se satisfaire de suivre les traditions de l’église, d’être baptisé, ou d’aller à ce qu’ils considèrent être des réunions chrétiennes ayant une doctrine correcte. Notre style de vie diffère-t-il de manière significative des matérialistes, humanistes et épicuriens qui nous entourent ? Il n’y a bien sûr rien de mal à créer de la richesse, à aider son prochain ou à s’amuser. Mais le standard auquel Jésus nous appelle engendre une perspective complètement différente dans notre vie. Notre appel n’est pas de ressembler à du sel, mais d’être du sel. D’avoir du goût, d’influencer, de transformer, d’avoir de la saveur (v. 34). Cet engagement pour le Seigneur Jésus doit s’exprimer dans les détails de notre manière de vivre. Et si nous y manquons ? Malheureusement, ça nous arrive ! Nous ne devons jamais oublier la grâce de Dieu. En tant que chrétiens nés de nouveau, nous sommes maintenant enfants de Dieu. Nous sommes acceptés et aimés profondément par le Seigneur, de manière inconditionnelle. Nos succès et nos échecs ne le font pas nous aimer plus ou nous aimer moins. Son amour pour nous est constant et notre salut est certain. Pourquoi donc le Seigneur nous appelle-t-il à un niveau de consécration si élevé ?

Construire une tour, combattre

En exposant les trois conditions requises pour être un disciple, Jésus dépeint deux images à l’esprit de son auditoire. La première est celle d’un bâtisseur qui voudrait construire une tour (v. 28-30), et la suivante celle d’un roi qui voudrait partir en guerre contre un autre roi (v. 31-32). Le bâtisseur et le roi devaient regarder aux objectifs souhaités et évaluer ce dont ils avaient besoin pour les atteindre. Nous pouvons comprendre ces images comme un appel à considérer le coût d’être disciple de Jésus Christ. Le salut est un don gratuit de Dieu, mais il implique le brisement de notre orgueil et de notre volonté propre. Voulons-nous payer un tel prix ? Recherchons-nous une version plus aisée de la foi chrétienne ?

Nous pouvons peut-être également regarder à ces images depuis un angle différent. Nous savons qu’actuellement, le Seigneur a un objectif : l’édification de son église. Vous et moi sommes des pierres vivantes. En posant ces conditions, le Seigneur souligne la qualité désirée des pierres nécessaires à la construction. Nous savons que nous sommes actuellement engagés dans une guerre spirituelle. Ces trois conditions reflètent le degré d’engagement que Jésus demande à ses soldats. Si Jésus n’est pas celui que nous aimons en premier, à un moment critique nous le renierons pour complaire à quelqu’un d’autre. Si Jésus n’est pas la première de nos priorités, à un moment critique nous refuserons de nous laisser guider par lui et suivrons notre rêve. Si Jésus n’est pas notre trésor le plus précieux, à un moment critique nous rejetterons sa cause pour protéger notre investissement.

C’est à prendre ou à laisser !

Nous ne qualifierions pas actuellement les propos de notre Seigneur Jésus de « politiquement correct ». En fait, il est parfois plutôt radical, provocateur et recherche la confrontation. Il ne mangerait pas en d’autres compagnies ni ne retarderait un miracle pour éviter d’offenser les religieux. Il parle ouvertement des ennemis, de l’adultère, du divorce et de l’hypocrisie religieuse. Il n’atténue pas ses mots pour satisfaire son auditoire ou augmenter le nombre de ceux qui le suivent. En Jean 6, nous voyons Jésus encourager à délaisser la superficialité au profit d’une relation et d’une consécration plus profondes. En l’entendant, plusieurs se sont exclamés : « Cette parole est dure ; qui peut l’écouter ? » (v. 60) Que ressentez-vous face au standard élevé établi par Jésus ? Beaucoup étaient attirés par la personnalité chaleureuse de Jésus. Beaucoup suivaient Jésus pour un bénéfice matériel ou à la recherche d’un miracle. Mais lorsque Jésus a demandé un engagement plus profond, beaucoup « se retirèrent ; et ils ne marchaient plus avec lui » (v. 66). Que ressentent les meneurs lorsque ceux qui les suivent commencent à s’écarter ? Jésus a-t-il à offrir une version de la marche chrétienne meilleur marché, moins exigeante ? Jésus veut-il maintenant négocier un accord particulier avec ses amis les plus proches pour qu’ils ne le quittent pas ? En regardant au loin les silhouettes de ceux qui s’en allaient, Jésus se tourne vers les Douze qui étaient restés et leur demande : « Et vous, voulez-vous aussi vous en aller ? » (v. 67) Ils étaient eux aussi libres de partir et s’en aller. Bien qu’ils soient ses plus proches amis, Jésus n’allait pas diminuer son standard pour les retenir. Ne nous trompons pas, ce haut standard de consécration à Jésus est toujours nécessaire aujourd’hui.

Quel autre choix possible ?

Chacun de nous a un moteur à l’intérieur de lui. Il y a quelque chose qui nous motive, quelque chose qui nous fait nous lever le matin, quelque chose qui nous incite à étudier et à travailler dur. Ce quelque chose inspire notre créativité et nous fait faire des sacrifices. Ce moteur peut être une recherche de confort, sécurité, reconnaissance ou succès. Il peut être une fuite devant la peur, l’insignifiance ou le vide. Quelle est la force motrice de votre vie ? Qu’est-ce qui vous fait avancer ? L’apôtre Pierre a considéré les options qui lui étaient offertes. Jésus demandait-il trop ? Devait-il aussi quitter Jésus et suivre la foule qui s’en allait ? Il a regardé à Jésus et lui a répondu : « Seigneur, auprès de qui nous en irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle ; et nous, nous croyons et nous savons que toi, tu es le Saint de Dieu. » (v. 68-69) Quelle chose ou quelle personne est-elle digne de cette place centrale dans nos cœurs et dans nos vies aujourd’hui ? Le Seigneur Jésus n’appelle pas les chrétiens à se couper de la vie sociale normale et à se cacher au fond d’un monastère. Mais il les appelle à un changement intérieur radical. Vous ne vous verrez plus comme une mère de famille, un ingénieur ou une infirmière qui se trouve être chrétien(ne). Vous vous verrez comme un(e) chrétien(ne) qui se trouve être une mère de famille, un ingénieur ou une infirmière. Cette consécration à Jésus ne rend pas les gens excentriques ni détachés de ce monde. Lorsque Jésus est la passion de notre cœur, notre vie se place alors dans la bonne perspective. Nous sommes de meilleurs étudiants, de meilleurs travailleurs, de meilleurs voisins, de meilleurs enfants, de meilleurs parents, de meilleurs chrétiens. Seule, la présence centrale de Jésus dans une vie la rend saine et équilibrée.

Conclusion

Jésus Christ a donné sa vie afin de racheter un peuple pour qu’il lui appartienne. Le salut est actuellement offert gratuitement à qui se repent, croit et donne sa vie à Jésus. Le salut est un don, la vie chrétienne un défi. Si nous voulons être utiles à notre Maître, si nous voulons être de vrais disciples du Seigneur Jésus, quelque chose en nous doit céder. Lorsque Abraham a montré qu’il préférait Dieu à son fils, il a reçu son fils en retour. Mais ce faisant, le Seigneur a brisé quelque chose en Abraham. Êtes-vous arrivé à ce point de brisement devant Dieu ? Retenez-vous toujours quelque chose pour vous ? Nous devons volontairement abandonner nos propres plans et rêves, nous devons prendre notre croix, et placer Jésus au centre de nos cœurs. Comment l’apôtre Paul arrivait-il à avancer, avec joie, dans des circonstances tellement adverses ? Il était consacré et engagé envers une personne : « Pour moi, vivre, c’est Christ ! » (Phil 1.21). Certainement, le Seigneur Jésus en vaut encore la peine !

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En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Écrit par

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

Écrit par

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Écrit par

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)

 

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