Se marier avec un/e incrédule?

La question est fréquemment posée, dans des groupes de jeunes, dans des entretiens pastoraux, dans les familles chrétiennes : « Qu’est-ce qui, dans la Bible, interdit à un croyant ou une croyante de se marier avec une ou un incrédule ? »

Poser une telle question est a priori bon signe : la Parole de Dieu est bien notre référence en matière de doctrine et de conduite. Nous allons d’abord poser quelques principes relatifs au mariage, puis regarder les textes du N.T. ainsi que les commandements et des exemples de l’A.T. qui donnent des jalons de réponse, avant de terminer par quelques remarques pastorales.

L’alliance du mariage, un principe de vie

Dieu a créé l’homme avec une partie matérielle, son corps, et une partie immatérielle. Cette dernière est souvent appelée indifféremment âme ou esprit ; quelques textes, toutefois, distinguent les deux (1 Thes 5.23) ; dans ce cas, l’âme est plutôt le siège des sentiments, de l’intelligence et de la volonté, alors que l’esprit met l’homme en relation avec Dieu1. Depuis la chute, par nature, l’esprit de l’homme est « mort », sans relation avec Dieu, et doit être renouvelé par la nouvelle naissance. Il passe de la mort à la vie. L’homme retrouve alors sa pleine humanité.

L’alliance que Dieu veut établir avec l’homme couvre ces trois domaines : l’esprit est vivifié, l’âme est transformée progressivement et le corps connaîtra un jour le renouveau de la résurrection.

De même, pour les chrétiens, l’analogie de l’alliance du mariage vise également ces trois parties. Le mariage ne se limite pas à l’union des corps, comme trop souvent aujourd’hui avec la multiplication des relations sexuelles sans lendemain, mais s’étend à l’union des âmes par un amour réciproque, des centres d’intérêt partagés et des projets communs, pour aller jusqu’à la communion de deux esprits avec le Père et le Fils. Quelle magnifique « corde triple », selon l’image de l’Ecclésiaste (Ecc 4.12), pour donner stabilité et durabilité à un mariage !

Les chrétiens entrevoient en plus dans leur mariage une image temporelle et temporaire, imparfaite mais réelle, de la relation éternelle qui unira Christ et son Église (voir Éph 5.22-33).

Dans ce cadre, l’union entre un(e) croyant(e) et un(e) incrédule apparaît bancale et incomplète :

– L’alliance du mariage se limitera à la seule union des âmes et des corps, sans communion spirituelle possible.

– L’analogie avec l’union de Christ et de son Église est perdue.

– Le projet d’alliance de vie de Dieu, qui ne se limite pas à la terre mais va jusqu’en la vie éternelle, ne peut pas se réaliser pour les deux conjoints. L’alliage est hétérogène entre quelqu’un qui « a la vie éternelle » (Jean 3.36), qui est habité par l’Esprit de Dieu, qui est destiné au ciel — et quelqu’un qui est « mort par ses offenses et ses péchés » (Éph 2.1), qui n’a pas l’Esprit et qui se dirige vers l’enfer. La vie s’allie à la mort.

Sur un plan pratique, les difficultés d’une union hétérogène sont nombreuses :

– Un(e) croyant(e) cherchera « le royaume de Dieu et sa justice », alors que son conjoint, même respectueux de la foi de l’autre, n’aura pas les mêmes buts. Même au niveau de l’âme, la communion ne sera donc pas aussi complète que possible.

– Le lien du mariage est un des moyens privilégiés que Dieu utilise pour nous transformer. En l’absence du ressort que constituent l’appel aux directives divines, la prière à deux, la lecture biblique partagée, la vie d’église et le service en commun, cette transformation sera bien moins efficace.

– Enfin, les innombrables questions pratiques, grandes et petites, seront considérablement plus compliquées à résoudre — que ce soit l’éducation des enfants, la gestion de l’argent, l’emploi des loisirs, etc. Tant les centres d’intérêt que les modes de décision sont différents.

L’enseignement du Nouveau Testament

Les considérations précédentes sont basées sur des principes généraux. Or il est souvent demandé : « Quel verset précis interdit-il ce type d’union ? » Force est de constater que le N.T. comporte peu de versets qui donnent un enseignement positif ferme. Peut-être était-ce parce que le contexte de l’époque conduisait souvent à des mariages pré-arrangés. Le christianisme n’avait pas vocation à renverser les structures sociales, mais à changer les cœurs ; par conséquent, les apôtres n’imposèrent pas de rompre avec la pratique du mariage pré-arrangé : le ministère chrétien était alors plutôt de « gagner » à Christ le conjoint incrédule par sa conduite (1 Cor 7.16 ; 1 Pi 3.1).

Les « codes conjugaux » des Épîtres (Éph 5.22-33 ; Col 3.18-19 ; 1 Pi 3.1-7) laissent cependant penser qu’à côté de couples mixtes, il y avait aussi dans les églises du temps apostolique des couples chrétiens qui étaient la « norme » à viser. L’enseignement est alors dispensé tant au mari qu’à la femme, dans une symétrie des plus modernes (voir 1 Cor 7.2-6,10-11).

En 1 Corinthiens 7.12-16, Paul s’adresse « aux autres ». Il traite le cas d’un mariage mixte d’un(e) croyant(e) et d’un(e) incrédule, conséquence probable de la conversion d’un des deux conjoints après le mariage. Dans cette situation, sans doute très courante dans des églises jeunes, il n’était pas nécessaire que le couple se sépare tant que le conjoint incroyant acceptait de continuer la vie conjugale, contrairement à ce qui prévalait dans l’A.T. (voir infra). De plus, l’espoir d’une conversion restait ouvert (1 Cor 7.16). Mais en tirer argument pour justifier un mariage mixte en espérant convertir le conjoint incrédule serait tordre le sens évident du verset.

Le texte le plus clair est sans doute 1 Corinthiens 7.39 : « Une femme est liée aussi longtemps que son mari est vivant ; mais si le mari meurt, elle est libre de se marier avec qui elle veut ; seulement, que ce soit dans le Seigneur. » Cette permission apostolique du remariage des veuves est limitée par l’expression « dans le Seigneur » qui peut se comprendre comme : « avec quelqu’un qui a Jésus comme son Seigneur ». La veuve est libre de son choix, plus besoin de se conformer à un possible mariage arrangé ; et si tel est le cas, l’union avec un croyant est la règle. En 1 Timothée 5.14, l’injonction apostolique du remariage des jeunes veuves d’Éphèse n’inclut aucune précision sur le conjoint ; le mariage est pourtant vu comme un antidote à une situation où elles se « détachent de Christ » (1 Tim 5.11) — il est donc possible d’en déduire que le mariage doit les en rapprocher, ce qui implicitement suppose une union avec un chrétien.

Le texte le plus souvent cité est 2 Corinthiens 6.14-16 : « Ne vous mettez pas avec les infidèles sous un joug étranger. Car quel rapport y a-t-il entre la justice et l’iniquité ? ou qu’y a-t-il de commun entre la lumière et les ténèbres ? Quel accord y a-t-il entre Christ et Bélial ? ou quelle part a le fidèle avec l’infidèle ? Quel rapport y a-t-il entre le temple de Dieu et les idoles ? » Toutefois, le sens direct de ces versets, d’après le contexte, ne concerne pas le mariage, mais l’alliance entre les croyants de Corinthe collectivement et de mauvais serviteurs de Dieu, incrédules par leur conduite. Des applications secondaires multiples sont possibles, en particulier au mariage : le « joug » conjugal est assurément un des premiers qui vient à l’esprit. La mention du « temple de Dieu », résidence du Saint-Esprit, évoque le corps du croyant dans lequel il doit glorifier Dieu en ne s’unissant pas sexuellement à quelqu’un qui n’est pas uni au Seigneur (1 Cor 6.13-20).

Les commandements et les exemples de l’Ancien Testament

Si le N.T. définit pour le chrétien les normes de sa conduite, l’A.T. donne également des enseignements utiles et les illustre par des exemples.

À plusieurs reprises, Dieu avertit son peuple de ne pas contracter des mariages avec des personnes non israélites : « Tu ne contracteras point de mariage avec ces peuples, tu ne donneras point tes filles à leurs fils, et tu ne prendras point leurs filles pour tes fils. » La raison en est l’influence néfaste que l’étranger(ère) pourrait avoir sur le conjoint israélite, en particulier pour l’inciter à adorer ses idoles : « car ils détourneraient de moi tes fils, qui serviraient d’autres dieux. » (Deut 7.2-3) Même si la transposition à la situation actuelle doit être faite avec prudence, l’A.T. nous indique ainsi que Dieu n’approuve pas ces unions « mixtes » volontaires et en pointe le risque majeur : la mauvaise influence du conjoint incrédule sur la foi du croyant.

Au-delà des enseignements didactiques, l’A.T. est riche d’exemples instructifs. Plusieurs unions d’hommes de foi avec des femmes incrédules ou païennes n’induisent aucun reproche explicite :

– Abraham, remarié à Ketura (Gen 25) ;

– Joseph, marié avec Asnath (fille d’un sacrificateur païen) ;

– Moïse marié à Séphora, fille d’un sacrificateur de Madian, connaissant le vrai Dieu (au moins en partie), puis éventuellement remarié avec une éthiopienne (Nom 12.1) conserve la faveur de Dieu (v. 3,7,8) 2 ;

Parfois l’épouse païenne avait déjà fait la démarche de se rapprocher du peuple de Dieu :

– Rahab, qui a épousé Salmon (peut-être un des deux espions) ;

– Ruth, qui s’est remariée avec Boaz.

Mais, en général, Dieu réprouve les unions entre quelqu’un de son peuple et une étrangère :

– Isaac et Jacob, héritiers de la promesse, reçoivent une épouse dans la « famille », en opposition avec Ésaü dont les deux épouses païennes sont en aversion à sa mère (Gen 27.46) ;

– David eut plusieurs femmes non israélites parmi son harem, dont la mère de l’impie Absalom. Il fut suivi — et avec quelle amplification ! — par son fils Salomon : ses femmes étrangères détournèrent son cœur (1 Rois 11.2) 3 ;

– Achab épousa Jézabel, union sur laquelle la Bible porte un jugement extrêmement négatif (1 Rois 16.31 ; 21.25) ;

– Après l’exil, les responsables du peuple, Esdras puis Néhémie, obligèrent les Juifs mariés avec des femmes étrangères à les renvoyer (Esd 10.2-44 ; Néh 13.23-31) ;

– Enfin de nombreux proverbes ou exhortations prophétiques mettent en garde contre la « femme étrangère » — expression transposable au masculin.

Reste le cas particulier des filles de Tsélophchad : elles furent enjointes de ne se marier qu’avec quelqu’un de leur tribu. La raison était liée à la stabilité des territoires tribaux et il est difficile d’en tirer un principe pour notre sujet (Nom 36.6-9).

Au total, au travers de ces multiples textes, le poids est clairement du côté d’un mariage entre deux personnes du peuple de Dieu, sans exclure ceux (ou plutôt celles) qui, sans en être de sang, s’y joignent par une démarche de foi.

Quelques considérations pratiques

Pour celui ou celle qui n’est pas encore marié(e) et que l’approche ci-dessus a convaincu de l’immense privilège d’une union entre deux chrétiens, nous suggérons au moins trois démarches :

1. Prier pour un conjoint : Le choix d’un conjoint est, après la conversion, la démarche la plus lourde de sens de notre vie terrestre. Aussi est-ce un sujet à porter dans la prière avec régularité et instance, pour recevoir direction et patience. Et Dieu répondrait-il selon sa volonté en conduisant vers une personne incrédule ? Au contraire, attendre son exaucement « sans inquiétude » (1 Cor 7.32) conduira à la joie d’une réponse pleine, « dans la joie de son cœur » (Cant 3.11).

2. Garder son cœur : « Garde ton cœur plus que toute autre chose, car de lui viennent les sources de la vie » recommandent les Proverbes (Prov 4.23). Veillons donc sur nos pensées pour éviter de se laisser entraîner vers un attachement, même s’il semble seulement superficiel au début, à un(e) incrédule. Les fréquentations ambiguës sont à proscrire d’entrée.

3. Prendre une ferme résolution : C’est ce que fit Daniel pour ne pas se souiller à la table du roi païen (Dan 1.8). Quel jeune lecteur(trice) prendra devant Dieu, en comptant sur sa grâce, la ferme décision de ne pas même penser à un mariage avec un(e) incrédule ? Le prix à payer d’une désobéissance est tellement cher !

Et pour celui ou celle qui a contracté une union bancale, la repentance reste toujours largement ouverte : certes la « cible » voulue par notre Dieu sauveur a été ratée, mais la grâce de Dieu est toujours là pour pardonner, restaurer et parfois même produire le miracle de la nouvelle naissance dans le cœur du conjoint incrédule. C’est en tout cas notre prière.

1 Les théologiens se divisent depuis des siècles entre « dichotomistes » (pour qui l’âme et l’esprit sont deux termes totalement interchangeables) et « trichotomistes » (présentation que nous adoptons ici). L’argumentation reste aussi valable dans une vue dichotomiste.
2 Il n’est pas certain que la femme mentionnée en Nom 12.1 soit Séphora. Les commentateurs hésitent.
3 En marge de cet exemple à ne pas suivre, rappelons que le plan initial de Dieu est l’union d’unhomme et d’unefemme. Le concubinage (ou la polygamie) qui fut introduit par Lémek (Gen 4.19), et devint coutumier chez bien des personnages de l’AT, n’est pas conforme au projet divin originel (cf. Gen 2.18-24 ; Mat 5.32 ; 19.4-6). La tolérance provisoire de Dieu à l’égard de cette distorsion du mariage n’est pas synonyme d’approbation de sa part. Au contraire, l’Écriture tout comme l’histoire des sociétés nous enseignent que la multiplication des « partenaires » conjugaux est à l’origine d’innombrables déboires pour Israël, et dans le monde. (N.D.L.R.)

les articles plus lus

En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Écrit par

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

Écrit par

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Écrit par

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)

 

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