Vers le meilleur

L’Épître aux Hébreux tient une place à part dans le canon :

– C’est une lettre importante : Sans elle, il nous serait difficile de comprendre la portée et la pertinence actuelle d’une large partie de l’A.T., au premier chef le livre du Lévitique. Sans elle, nous ne connaîtrions pas aussi complètement le service actuel de Jésus dans la gloire en notre faveur.

– C’est néanmoins une lettre difficile : D’abord, les circonstances des destinataires (voir ci-dessous) sont très différentes des nôtres. Ensuite, les si nombreuses références à l’A.T., explicites ou implicites, nous échappent facilement, car nous sommes moins familiers avec ces textes que les premiers destinataires. Enfin, son art des enchaînements souples peut nous dérouter.

– C’est avant tout une lettre centrée sur Jésus : Aucune Épître du N.T. ne parle autant de lui ! Avec les Évangiles et l’Apocalypse (« révélation de Jésus-Christ »), elle fait partie des livres de la « bibliothèque divine » les plus directement christocentriques. L’Église, qui occupe une place importante dans plusieurs autres Épîtres, n’est presque pas mentionnée ici : Jésus est prédominant.

1. Auteur

L’Épître aux Hébreux est la seule du N.T. dont l’auteur est inconnu. Pour autant, ce n’est pas un écrit anonyme : si le nom du rédacteur nous est inconnu, il était connu des premiers destinataires (13.23).

Cet anonymat a fasciné les commentateurs depuis les premiers siècles. Des hypothèses multiples ont été avancées :

–  L’auteur serait l’apôtre Paul. Il serait séduisant en effet d’avoir 14 lettres de sa plume (2 x 7) et non pas 13… La cohérence de la doctrine de l’Épître avec la doctrine paulinienne plaide en faveur de cette hypothèse. Cependant cette dernière doit être rejetée : le style est sensiblement différent, davantage qu’un simple changement de secrétaire pourrait le suggérer ; il n’y a pas de mention d’autorité apostolique (2.3-4) ; dès le canon de Muratori, Paul était écarté comme auteur de cette lettre ; enfin il est douteux que Paul puisse parler de Timothée dans les termes de 13.23.

– L’auteur serait un des proches de Paul. De nombreux noms ont été avancés, parmi lesquels les plus vraisemblables sont Apollos ou Silas1. Il s’agirait alors d’un Juif converti de la deuxième génération (2.3).

– L’Épître se charge elle-même de répondre à ces spéculations souvent oiseuses : l’auteur est Dieu (c’est lui qui parle, 1.1) et l’apôtre est Jésus-Christ (3.1). Ne sommes-nous pas parfois plus préoccupés par l’instrument humain, que sensibles au message qui vient de Dieu lui-même ?

2. Destinataires

Des questions ouvertes

Là encore, nous n’avons guère plus de précisions. La suscription « Aux Hébreux » apparaît à la fin du iie siècle, mais elle n’est pas inspirée.

– Il semble bien néanmoins que ce soit une lettre adressée à des judéo-chrétiens, car d’une part ils professent le christianisme, d’autre part ils connaissent bien le système judaïque.

– Il ne semble pas que ce soit une lettre circulaire, mais un message adressé à une église précise, dont les circonstances sont connues de l’auteur (13.18-19,23 ; 10.32-34 ; 6.10). Peut-être l’auteur s’adresse-t-il à un groupe particulier d’une grande église tenté de revenir au judaïsme, au risque de provoquer une scission (10.25).

– La localisation des destinataires n’est pas plus claire. L’expression « ceux d’Italie vous saluent » (13.24) est ambiguë.

Leurs caractéristiques morales et les parallèles à notre situation

– Des chrétiens pauvres : « Vous avez accepté avec joie l’enlèvement de vos biens, sachant que vous avez des biens meilleurs et qui durent toujours. » (10.34 ; cf. 13.5-6)

– Des chrétiens persécutés ou en danger de l’être : « [Pendant] ces premiers jours, vous avez soutenu un grand combat au milieu des souffrances, d’une part, exposés comme en spectacle aux opprobres et aux afflictions, et de l’autre, vous associant à ceux dont la position était la même. » (10.32-33) En abandonnant la foi juive (et son statut particulièrement favorable au sein de l’Empire romain) pour embrasser le christianisme, ces croyants ont dû subir des persécutions.

– Des chrétiens éprouvés : « Vous endurez des peines comme discipline. » (12.7) Outre la persécution, diverses épreuves accablent ces croyants.

– Des chrétiens en danger : l’apostasie, la lassitude, le découragement, la régression les guettent… : « Prenez garde, frères, que quelqu’un de vous n’ait un cœur mauvais et incrédule, au point de se détourner du Dieu vivant. » (3.12)2

– Des chrétiens paresseux : « Vous, en effet, qui depuis longtemps devriez être des maîtres, vous avez encore besoin qu’on vous enseigne les principes élémentaires des oracles de Dieu. » (5.11-12).

Nos circonstances sont différentes, mais qui peut nier qu’il existe des parallèles frappants entre notre situation et la leur ? Qui ne connaît des frères ou sœurs en danger de lâcher prise ? Qui ne déplore une fréquentation décroissante des réunions d’église (10.25) ? Quel groupe de chrétiens ne connaît pas d’épreuves ? Oui, c’est une lettre qui garde toute son actualité !

3. Date de rédaction

Tout laisse à penser que cette Épître a été écrite avant la destruction de Jérusalem et du temple en l’an 70 : les sacrifices sont encore offerts (9.6 ; 10.11) et l’appel à « sortir hors du camp » (13.13) se comprend mieux ainsi. Peu avant cette destruction, néanmoins, car Timothée est emprisonné (13.23), fait non mentionné dans les Épîtres de Paul, et l’auteur suggère que la première génération de témoins du christianisme est passée (2.3). On peut donc raisonnablement avancer une date autour de l’an 67.

4. Style

Une lettre curieuse : Elle ne comporte pas d’introduction épistolaire, mais sa conclusion est presque « paulinienne ». L’auteur « parle » (2.5 ; 6.9 ; 9.5 ; 11.32). C’est en fait plus un sermon mis par écrit qu’une lettre proprement dite. Ainsi nous comprenons mieux l’alternance entre les enseignements et les exhortations (cf. infra).

Un style choisi : L’Épître est écrite dans un style fluide, artistiquement élaboré, dans un grec riche et classique (154 hapax3 !), tout en conservant l’art hébraïque de l’arrangement des mots, de l’allitération et du rythme de la phrase.

Une formule courante et importante : le raisonnement a fortiori. L’auteur part de prémisses incontestées pour en tirer une conséquence encore plus irréfutable, souvent introduite par l’expression « combien plus » ou « combien moins » (cf. 9.13-14 ; 12.25).

5. Mots clefs

L’Épître comprend au moins quatre mots clefs, qui éclairent magnifiquement le but de l’auteur.

« Meilleur »

Par sa venue et son sacrifice, Jésus-Christ a introduit un ensemble de choses « meilleures » que celles qui prévalaient dans la période précédente de la loi :

• Quant à lui-même :

– Son nom est meilleur que celui des anges par lesquels la loi avait été donnée (1.4).

– Le ministère qu’il a obtenu est meilleur que celui des sacrificateurs selon la loi (8.6).

– Son sacrifice est meilleur que ceux de l’A.T. (9.23), car lui seul apporte la solution définitive au problème du péché.

– Son sang est meilleur que celui d’Abel (12.24), car il parle de pardon et non de vengeance.

• Quant à nous-mêmes :

L’alliance dont nous bénéficions (et qui donne), est meilleure que la première (qui exigeait) (7.22 ; 8.6).

– Les promesses que nous avons reçues sont meilleures, car elles sont inconditionnelles (8.6).

– Nos biens réels sont meilleurs que des biens temporaires, car célestes et impossibles à nous enlever (10.34).

– Notre patrie est meilleure qu’une patrie terrestre (11.16).

– Notre espérance est meilleure, car elle n’est pas fondée sur la loi (7. 19).

– À la suite des héros d’autrefois, nous attendons une meilleure résurrection (11.35).

Oui, Dieu a « en vue quelque chose de meilleur pour nous » (11.40). Quel privilège extraordinaire de vivre pendant la période chrétienne !

« Céleste »

Ce que Jésus-Christ a introduit est meilleur, car lié au ciel où il est assis : – notre appel est céleste (3.1), – nous avons goûté du don céleste (6.4), – notre patrie est céleste (11.16), – notre Jérusalem est céleste (12.22).

Le ciel — les « choses célestes » (8.5 ; 9.23) — est la sphère morale dans laquelle Christ est introduit et à laquelle nous avons accès par la foi. Dans cette lettre, le « ciel » est mis en contraste avec la « terre ». Ce qui a trait à la terre est passager, mais nécessaire4;.

« Éternel »

L’Épître insiste sur le changement opéré par l’œuvre de Christ : d’un ordre temporaire, muable et qui allait disparaître, on passe à un nouvel ordre, éternel, introduit par la place du Fils à la droite de Dieu5. Le terme « éternel » est lié :

À la position du Seigneur : Il est le même éternellement (7.24 ; 13.8) ; son trône est éternel (1.8) ; sa sacrificature selon l’ordre de Melchisédek est éternelle (5.6 ; 6.20 ; 7.17, 21) ; il est rendu parfait pour l’éternité (7.28).

Aux résultats de son œuvre : Le salut (la rédemption) qu’il nous a acquis par son sang est éternel (5.9 ; 9.12) ; le jugement qui attend ceux qui refusent ce salut aussi, d’ailleurs (6.2)… ; un héritage éternel nous est promis (9.15) et l’alliance au bénéfice de laquelle nous sommes est éternelle (13.20).

« Parfait »

Ce dernier mot clef est difficile, parfois mal traduit. Il signifie : amener à un état complet, rendre achevé et parfait, parvenir à la maturité, mener à une pleine qualification pour une tâche assignée. Pourtant, ce mot résume une grande partie du message de la lettre.

• Ce mot s’applique d’abord à Jésus dans sa personne. Non pas que Jésus ait été imparfait, loin de là (4.15b), mais ce qu’il a vécu et appris sur la terre l’a dûment qualifié pour son rôle actuel.

– Comme prince ou auteur de notre salut, il a été rendu parfait par les souffrances et par son obéissance (2.10 ; 5.9).

– Comme homme et Fils de Dieu glorifié, il a été rendu parfait pour être notre grand souverain sacrificateur (7.28).

– Comme modèle de la foi, il est celui qui l’a portée à son plus haut point (12.2).

• Ce mot s’applique aussi à l’œuvre que Jésus a faite : L’offrande de lui-même rend définitivement parfaits ceux qu’elle sanctifie (10.14), en contraste avec l’imperfection de la loi (7.11,19) et de l’ancien culte (9.9 ; 10.1).

• Pour autant, le croyant est appelé à progresser vers la « perfection », dans le sens de maturité (5.14 ; 6.1), sachant que la perfection totale est encore à venir et sera un jour la part de tous les croyants de toutes les périodes (11.40 ; 12.23).

Synthèse

Ces quatre termes sont étroitement liés : Dieu, qui veut le « meilleur » pour nous, le réalise en nous introduisant dans sa sphère à lui, « céleste », « éternelle » et, par une personne « parfaite », qui a accompli une œuvre « parfaite », il nous conduit vers la perfection. Ainsi cette lettre nous montre comment les aspirations profondes de l’homme, jamais satisfaites par le monde et très imparfaitement contentées sous la loi, trouvent dès maintenant leur « port d’attache » pour le croyant, en attendant le jour où il sera comblé lorsqu’il aura enfin atteint la cité meilleure, céleste, éternelle, parfaite (cf. 6.19-20).

6. Relations avec l’A.T.

Des citations très nombreuses

L’Épître aux Hébreux comprend une trentaine de citations directes de nombreux livres de l’A.T.6, ainsi qu’une cinquantaine d’allusions directes7. Pour l’auteur, c’est Dieu (ou l’Esprit) qui a parlé dans l’A.T. (1.1) ; l’instrument humain est reconnu, mais n’est pas du tout mis en avant (« quelqu’un, quelque part », 2.6 — pour le « grand » David !).

L’Épître aux Hébreux est indispensable pour comprendre l’A.T. : plusieurs textes sont désormais directement appliqués au Seigneur Jésus, dévoilant un sens profond sous la surface du sens immédiat. Cette lettre est en quelque sorte une leçon d’herméneutique (liée aux principes de progression de la Révélation et d’interprétation christocentrique). Quel encouragement pour nous à lire (aussi !) l’A.T. en y cherchant avant tout le Seigneur (et non des spéculations sur les détails, 9.5).

Deux textes clefs

Psaume 110.1,4 : « Assieds-toi à ma droite, jusqu’à ce que je fasse de tes ennemis ton marchepied. […] Le Seigneur a juré, et il ne se repentira pas : Tu es sacrificateur pour toujours, selon l’ordre de Melchisédek. » L’auteur fondera plusieurs de ses argumentations sur ces deux versets.

Lévitique 16 : Ce chapitre qui traite du grand jour des expiations (Yom Kippour) n’est pas cité littéralement, mais il y est fait de nombreuses allusions aussi implicites qu’évidentes, en particulier dans le développement des ch. 7 à 10.

Des analogies et des contrastes

L’Épître est construite autour :

D’analogies : Il existe une magnifique continuité entre les deux Testaments : le Premier donnait des préfigurations, des « ombres » (8.5 ; 10.1) ; le Nouveau en montre l’accomplissement, la réalité.

– De contrastes : Il existe néanmoins une rupture entre l’A.T. (basé sur une ancienne alliance, liée à la loi) et le N.T. (basé sur la nouvelle alliance, accordée par grâce). De façon non polémique, l’auteur montre tranquillement et respectueusement la fin de l’ancienne alliance (8.13). « Autrefois » s’oppose à « maintenant » ou « aujourd’hui ». « Ici-bas », le « terrestre », s’oppose à « en haut », au « céleste ». L’accès autrefois fermé est désormais ouvert !

Toutefois, le contraste n’est pas encore total : notre appel est céleste, mais notre cheminement reste terrestre ; nous sommes dans la période du « déjà / pas encore » : déjà sanctifiés pour toujours (10.14), mais encore appelés à rechercher la sanctification (12.14).

7. Plan et but

L’Épître est remarquable par le soin porté aux enchaînements et aux liaisons entre les diverses parties. Elle est centrée sur Jésus-Christ, plus excellente personne, meilleur sacrifice, pionnier de la foi.

Mais c’est avant tout une « parole d’exhortation » (13.22). Les développements doctrinaux ont toujours pour but la pratique, donnée en particulier dans cinq sections d’avertissements vigoureux.

Cette parole est encore pour aujourd’hui :

– Nous sommes toujours tentés de revenir à une religion de formes et de rites. Alors regardons à une meilleure personne qui a offert un meilleur sacrifice : Jésus.

– Nous sommes menacés par l’apostasie qui se développe ou par le relâchement. Alors suivons le chemin de foi, inauguré par notre pionnier, Jésus.

PROPOSITION DE PLAN

A. Jésus-Christ : la plus glorieuse personne 1-7
Introduction : Grandeur de Jésus-Christ, le Fils de Dieu 1.1-4
1. Jésus-Christ supérieur aux anges 1.5-14
      Conséquence : 1ère exhortation : Ne pas s’écarter
2.1-4
2. Jésus-Christ supérieur dans son humanité 2.5-18
3. Jésus-Christ supérieur à Moïse 3.1-6
     Conséquence : 2ème exhortation : Ne pas douter de la Parole 3.7-4.13
4. Jésus-Christ supérieur à Aaron 4.14-5.10
Conséquence : 3ème exhortation : Ne pas être paresseux 5.11- 6.20
5. Jésus-Christ, sacrificateur d’un ordre supérieur 7.1-28

B. Jésus-Christ : le plus excellent sacrifice 8-10
Introduction : Résumé de la 1ère partie de l’épître 8.1-2
1. Jésus-Christ, médiateur d’une meilleure alliance 8.3-13
2. Jésus-Christ, entré avec son sang dans un meilleur sanctuaire 9.1-28
3. Jésus-Christ, un meilleur sacrifice par l’offrande de son corps 10.1-18
Conséquence 1 : S’approcher 10.19-25
Conséquence 2 : 4ème exhortation : Ne pas se retirer 10.26-31
Conséquence 3 : Transition : Persévérer dans la foi 10.32-39

C. Jésus-Christ : le pionnier de la foi 11-13
1. La nuée des témoins de la foi 11.1-40
Conséquence : Fixer les yeux sur Jésus-Christ, l’exemple suprême de foi 12.1-3
2. La discipline paternelle 12.4-11
Conséquence : Prendre soin les uns des autres 12.12-17
3. Une meilleure position 12.18-24
Conséquence 1 : 5ème exhortation : Ne pas refuser 12.25-29
Conséquence 2 : Amour mutuel et confiance 13.1-6
4. Vers Jésus-Christ : le vrai culte 13.7-19
Conclusion 13.20-25

1 Origène a dit très justement : « Mon avis est que les pensées sont de l’apôtre [Paul], mais la phrase et la composition sont de quelqu’un qui rapporte les enseignements de l’apôtre, et pour ainsi dire de l’écolier qui écrit les choses dictées par le maître. Mais qui a écrit la lettre ? Dieu seul le sait. »
2 Ces Hébreux devenus chrétiens étaient-ils tous réellement convertis ? L’auteur le suppose a priori, mais il leur envoie néanmoins cinq séries d’avertissements, au cas où certains n’auraient embrassé le christianisme qu’en façade. Voir notre article sur ce sujet dans Promesses 175, « La sécurité du croyant, Hébreux 6 et 10 ».
3 Un hapax désigne un mot grec qui n’apparaît qu’une seule fois dans le texte original du N.T.
4
Contrairement à ce qui a été parfois avancé, l’Épître n’est pas sous influence platonicienne ou philonienne (de Philon d’Alexandrie, Juif du Ier siècle qui a cherché à faire une synthèse entre le judaïsme et la philosophie de Platon).
5 À noter que l’Épître aux Hébreux ne fait pas de distinction entre deux périodes que d’autres textes du N.T. permettent de distinguer (1 Cor 15 ; Apoc 20-21) : le millénium, l’état éternel. Le sacrifice de Christ inaugure une ère nouvelle, le « déjà », qui se poursuit jusqu’en l’éternité.
6
Gen (3), Ex (3), Deut (1), Jos (1), 1 Chr (1), Ps (15), Prov (1), És (2), Jér (2), Hab (1), Aggée (1).  
7
Ces citations sont généralement tirées de la version grecque de l’A.T. dite des Septante, ce qui peut expliquer quelques variations d’avec notre A.T., traduit directement de l’hébreu. L’auteur joue d’ailleurs parfois habilement de ces différences.

 

les articles plus lus

En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Écrit par

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

Écrit par

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Écrit par

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)

 

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