Je n’ai pas le temps

Christiane a 38 ans ; elle est mariée et mère de trois enfants d’âge scolaire et elle travaille à 80 %. Christiane aime le Seigneur et désire s’impliquer dans son église : elle a accepté de faire l’école du dimanche une fois sur deux. Elle aime bien entourer les jeunes et les personnes âgées en les invitant le dimanche. Avec les activités des enfants, les courses, les soins de la maison, le mercredi et le samedi sont une course contre la montre à répétition. Et le dimanche est très rempli. Quant aux quatre autres jours « travaillés », ils passent comme un éclair ; du matin jusqu’au soir, Christiane court, court, court ! Et, latente, toujours cette culpabilité de ne pas consacrer assez de temps à la prière, à la lecture de la Parole, à ses enfants, à son mari, à ses amis, à ses voisins, à faire des visites, etc. Quelle lectrice (ou quel lecteur) ne se reconnaît pas dans ce portrait ? Nos vies sont trop souvent scandées par ce leitmotiv : « Je n’ai pas le temps, je n’ai jamais le temps ! »

Paradoxalement, les chrétiens sont en moyenne plus stressés par le temps que les autres : ils prennent leur travail au sérieux, ils ont à cœur de consacrer du temps à leur famille, ils ne négligent pas leur maison (Tite 2.5), ils donnent du temps à leur vie d’église, ils se soucient des besoins des autres, etc.

DES VISIONS DU TEMPS

Le temps de l’homme

La Bible compare la vie de l’homme à une fleur, à une vapeur :

– « L’Éternel sait de quoi nous sommes formés, il se souvient que nous sommes poussière. L’homme,… ses jours sont comme l’herbe ; il fleurit comme la fleur des champs ; car le vent passe dessus, et elle n’est plus, et son lieu ne la reconnaît plus. » (Ps 103.14-16)

– « Qu’est-ce que votre vie ? Elle n’est qu’une vapeur qui paraît pour un peu de temps et puis disparaît. » (Jac 4.14)

Ces comparaisons nous ramènent à notre finitude. Un des pré-requis pour bien gérer notre temps est de prendre conscience que nous ne sommes pas comme Dieu : chacun de nous dispose d’environ 35 000 quarts d’heure par an1, pas plus !

Le temps de Dieu

Dieu, lui, « habite » l’éternité : « Toi, dans les commencements, Seigneur, tu as fondé la terre, et les cieux sont les œuvres de tes mains ; eux, ils périront, mais toi, tu demeures ; ils vieilliront tous comme un habit, tu les plieras comme un vêtement, et ils seront changés ; mais toi, tu es le Même, et tes années ne cesseront pas. » (Héb 1.10-12) Face à notre finitude, Dieu est le maître du temps :
– du temps en général, car il est celui pour qui « un jour est comme mille ans, et mille ans sont comme un jour » (2 Pi 3.8),
– de mon temps en particulier : « Mes temps sont dans ta main. » (Ps 31.15, Darby)

Le temps d’une vision

Servir au dessein de Dieu en 2011 : « David, après avoir en sa propre génération, servi les desseins de Dieu, s’est endormi. » (Act 13.36) Tout comme la nôtre, la vie de David a été une « fleur », une « vapeur », mais elle a été utile pour Dieu dans son temps. Sa vie n’a pas été parfaite, mais il a néanmoins pu « servir » son Dieu.

Avoir un projet de vie : Pour éviter une vie de lutte frénétique contre le temps, il nous faut avoir une vision, un temps orienté, où, quoi que nous fassions, nous faisons « tout pour la gloire de Dieu » (1 Cor 10.31). Cette vision va nous aider à ne pas subir notre vie, mais à choisir notre gestion du temps en fonction de notre vocation profonde. Prenons le temps de réfléchir à ce que nous voulons faire de notre vie.

Refuser une vie gâchée : Jésus avertit : « Celui qui voudra sauver sa vie la perdra ; mais celui qui perdra sa vie à cause de moi, celui-là la sauvera. Que profitera-t-il, en effet, à un homme de gagner le monde entier, s’il se perd ou se détruit lui-même ? » (Luc 9.24-25) Dieu nous invite : « Choisis la vie ». Choisis de mettre Dieu en premier dans ta vie, choisis de mettre les autres en deuxième, choisis de te mettre en troisième place. Choisis l’être plutôt que l’avoir ; choisis la relation plutôt que le faire. Si nous manquons de temps, c’est souvent que nous nous trompons dans ces priorités.

TROIS TEMPS SELON LA BIBLE

Nous avons l’habitude de découper le temps en trois parties : le passé, le présent et le futur.

Contrairement à des philosophies antiques qui reprennent vigueur actuellement, le temps selon Dieu n’est pas circulaire, il est orienté : il a un début et une fin. Ses plans pour l’avenir de l’homme et la gloire de son Fils se déroulent dans un temps qui s’écoule. Ce qui est vrai à l’échelle « cosmique » du dessein de Dieu l’est également à la petite mesure de notre vie personnelle.

Le passé

Il peut être :

– Soit le temps des regrets : Jacob, à la fin de sa vie, déclare : « Les jours des années de ma vie ont été courts et mauvais. » (Gen 47.9). On pense aux jours qui ne reviendront plus, aux occasions ratées, aux chemins de traverse suivis trop longtemps, aux années perdues, « dévorées par la sauterelle » (Joël 2.25).

– Soit le temps du souvenir de la grâce de Dieu : « Tu te souviendras de tout le chemin par lequel l’Éternel ton Dieu t’a fait marcher. » (Deut 8.2)

Le futur

Il peut être :

– Soit le temps de la présomption : « Ne te glorifie pas du jour de demain, car tu ne sais pas ce qu’un jour enfantera. » (Prov 27.1) Jacques avertit ceux qui préjugent du lendemain (Jac 4.13-15). Nous ne disposons pas du futur ; aussi la vieille expression : « Si Dieu le veut » garde-t-elle sa pertinence.

– Soit le temps de l’espérance : Elle se concentre en une personne, « Jésus-Christ notre espérance » (1 Tim 1.1). Son retour est notre attente ultime pour le futur.

Le présent

Il peut être :

– Soit le temps de l’incrédulité : « Mangeons et buvons, car demain nous mourrons » (És 22.13), telle est la devise de beaucoup.

– Soit le temps de Dieu : Plus que le passé ou même l’avenir, le présent est le temps privilégié pour l’action de Dieu.

Les mots du présent

Trois mots nous incitent à vivre le temps présent :

– « Aujourd’hui » : C’est le mot du salut : « Aujourd’hui le salut est venu pour cette maison. » (Luc 19.9 ; voir aussi Luc 23. 43). C’est le mot de l’avertissement dont nous avons tous besoin quand nous écoutons la Parole : « Aujourd’hui, si vous entendez sa voix, n’endurcissez pas vos cœurs. » (Héb 3.15). C’est aussi le mot de la ressource de Dieu : « Donne-nous aujourd’hui le pain qu’il nous faut. » (Matt 6.11)

– « Premièrement » : C’est le mot des priorités : « Cherchez premièrement le royaume de Dieu et sa justice, et tout cela vous sera donné par dessus. » (Matt 6.33)

– « Maintenant » : C’est le mot de l’engagement : « Ce que je vis maintenant dans la chair, je le vis dans la foi, la foi au Fils de Dieu qui m’a aimé et qui s’est livré lui-même pour moi. » (Gal. 2. 20) et c’est le mot du service : « Voici, c’est maintenant le temps favorable. » (2 Cor. 6. 2). Pour le vivre, il nous faut vivre notre position en Christ : c’est pourquoi ce mot est souvent lié, dans le N.T., non pas tellement à un engagement à prendre qu’à notre position actuelle : au « autrefois », s’oppose le triomphant « maintenant » (voir Rom 3.21 ; 8.1).

Vivre au présent

Le diable cherche à nous renvoyer dans le passé des regrets inutiles ou dans le futur des vaines rêveries, pour nous détourner du présent, où Dieu veut agir, en nous d’abord, et par nous ensuite.

Paul a bien vécu ce présent de Dieu : « Je fais une chose : oubliant ce qui est en arrière et me portant vers ce qui est en avant, je cours vers le but, pour remporter le prix de la vocation céleste de Dieu en Jésus-Christ. » (Phil 3.13b-14) De son passé chargé, il retirait non pas les regrets du blasphémateur et du persécuteur, mais le souvenir de la miséricorde de Dieu (1 Tim 1.13). Sa vie était orientée : il avait un but, fixé par la vision sur le chemin de Damas (1 Cor 9.26) et il vivait au présent (notez le temps des verbes de ces versets). À sa suite, vivons dans le présent, dans l’espérance du futur, en laissant de côté le passé — auquel, d’ailleurs, nous ne pouvons jamais rien changer !

DU TEMPS TYRAN AU TEMPS SERVITEUR

Quatre actions pour gérer notre temps

1. Prioriser

Un principe de base est : « On a toujours du temps pour ce qui est important. » Mais qu’est-ce qui est vraiment important pour nous ? Prenons plutôt la question à l’envers : examinons honnêtement à quoi nous passons réellement notre temps… et nous découvrirons ce qui est vraiment important pour nous !

En gestion du temps, on définit souvent quatre cadrans, selon le degré d’urgence et d’importance :

Le secteur clef est le n° 2, colorié en rouge vif : attention à ne pas faire passer les choses importantes mais pas très urgentes après les choses urgentes mais peu importantes ! Le secteur n° 3 comprend typiquement ce qu’on se fait imposer par certaines personnes qui ont une capacité étonnante à faire passer pour important tout ce qui les concerne… Apprenons à dire « non », poliment, affectueusement mais fermement à certaines sollicitations.

Jésus nous est en modèle : pressé par les gens de Capernaüm de rester encore chez eux, il ne se laisse pas détourner de sa mission et s’en va prêcher dans d’autres villes (Luc 4.42-43).

La pression médiatique rentre presque toujours dans ce secteur n° 3 : il faut que je lise le journal du jour car ses informations seront obsolètes demain ; il faut que je me dépêche pour ne pas rater le début du film à 20h35, etc. Mais ces « urgences » sont-elles si importantes que cela ?

2. Renoncer

Le renoncement est directement lié à notre finitude : il m’est impossible de tout voir, de tout savoir, de tout faire, de tout lire… La visite dans une librairie évangélique peut générer un sentiment de frustration et de pression terrible : tous ces livres édifiants, impossible de trouver le temps pour tous les lire !

Pour renoncer, nous devons être forts, matures et tendre vers la maîtrise de soi. Contrairement à ce qu’on entend parfois, le besoin ne crée pas forcément l’appel, car en tant que créature finie, il me sera toujours impossible de répondre à tous les besoins auxquels j’aurais été rendu sensible.

3. Organiser

Identifions les « voleurs de temps » : qui n’a pas regretté d’avoir perdu un temps précieux à chercher un document égaré dans un amoncellement de papiers sur un bureau mal rangé ? Ordonner, planifier, classer, se discipliner, être ponctuel… tout cela nous fait gagner un temps précieux.

… Sans pour autant tomber dans un perfectionnisme excessif : l’organisation doit être un principe général de nos vies, mais nous devons accepter de nous laisser un peu « désorganiser » quand le Seigneur place un imprévu sur notre chemin.

4. Déléguer

Ne nous croyons pas indispensable ! Jéthro porte un regard extérieur lucide et juste sur Moïse, submergé par l’accumulation des tâches, et lui donne le sage conseil de déléguer afin de se consacrer aux affaires importantes (Ex 18.18-23). En Actes 6, les apôtres réalisent qu’ils doivent déléguer le service matériel à d’autres pour se concentrer sur leur vocation première.

D’autres peuvent tout à fait remplir certains services à ma place — même si je dois accepter qu’ils ne seront peut-être pas accomplis exactement comme je le faisais ou comme je voudrais qu’ils soient faits.

Vers le temps serviteur

Compter ses jours

« Enseigne-nous ainsi à compter nos jours, afin que nous en acquérions un cœur sage. » (Ps 90.12) Notre temps sera toujours un peu de temps par rapport à Dieu qui travaille dans et pour l’éternité. Et c’est dans la mesure où nous aurons « compté nos jours » — c’est-à-dire réfléchi à l’utilisation de notre temps — que nous aurons de la sagesse, cette capacité à nous conduire dans les détails de vie d’une façon qui honore Dieu. Pour cela, n’attendons pas les 120 ans qu’avait Moïse, l’auteur de ce beau Psaume !

Racheter le temps

« Prenez donc garde afin de vous conduire avec circonspection, non comme des insensés, mais comme des sages ; rachetez le temps, car les jours sont mauvais. » (Éph 5.15-16) 2011 n’est pas ni meilleur ni pire que l’an 62, que Paul qualifiait déjà de « mauvais ». Aujourd’hui comme autrefois, transformons le chronos (le temps qui s’écoule) en kairos (l’occasion qui se présente)2.

L’œuvre de Christ nous a « rachetés » dans tous les aspects de notre vie, y compris dans notre gestion du temps. Loin d’une vision utilitariste où l’on s’efforcerait vainement d’optimiser chaque seconde pour que le Seigneur soit content de nous, entrons dans la libération que nous apporte la victoire de Christ à la croix et transformons le temps-tyran en temps-serviteur. Dieu est un bon maître : il nous donne tout le temps nécessaire pour « achever » ce qu’il nous donne à faire ! Alors vivons dans la grâce de Dieu, sans nous laisser angoisser par la gestion de notre temps, mais en mettant à profit ce capital fongible3 qu’il met à notre disposition, selon une quantité que lui seul mesure, dans l’attente du « jour » où le temps ne sera plus.

1Le quart d’heure est une unité de temps adaptée à la mise en œuvre d’une petite activité ; elle me semble mesurer, mieux que la seconde ou l’heure, l’écoulement du temps utile dont nous disposons.
2C’est pourquoi certaines versions rendent « rachetez le temps » par « saisissez l’occasion » ou même « tirez le meilleur parti du moment présent ».
3« fongible » : se dit des choses qui se consomment par l’usage (argent, denrées, etc.).

les articles plus lus

En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)