L’Apocalypse comme genre littéraire

Un de mes amis distribuait il y a quelques années des NT sur un campus universitaire américain gratuitement à la seule condition que les étudiants promettent de le lire. Quelques semaines après, il rencontra un étudiant, à qui il en avait donné un, et lui demanda s’il l’avait lu. Celui-ci, qui jusque là ignorait tout de la Bible, lui répondit : « Oui, j’ai tout lu. Mais c’est un livre bizarre. Au début, c’est très répétitif ; on trouve la même histoire quatre fois. Mais j’ai beaucoup aimé la partie de science-fiction à la fin. »

Cette remarque nous indique premièrement à quel point l’Apocalypse ressort d’un genre littéraire qui nous est étranger. Plus personne aujourd’hui n’écrit en style apocalyptique. C’est un genre mort, qui s’est développé environ entre –300 et +300. L’idéal, avant d’étudier l’Apocalypse, serait de se plonger dans la littérature apocalyptique, par exemple en lisant le 4e livre d’Esdras1. Notre livre de l’Apocalypse nous apparaîtrait alors moins étrange, voire même modéré dans son symbolisme !

Cette remarque nous montre aussi à quel point l’Apocalypse se rapproche de films ou de clips, avec beaucoup d’images et d’impressions, très adapté finalement au contexte post-moderne et à la façon de penser des jeunes. C’est pourquoi j’utilise de plus en plus l’Apocalypse pour mes campagnes d’évangélisation dans les universités. Ce livre ne doit pas être confiné aux seuls chrétiens matures mais il est un support puissant pour prêcher l’évangile.

Le genre apocalyptique

La recherche actuelle sur l’Apocalypse, reflétée dans les débats entre spécialistes et dans les commentaires, s’intéresse de plus en plus au genre littéraire du livre. Le sujet est complexe, parce que tout genre littéraire n’est pas monolithique et se trouve rarement à l’état pur. Par exemple, une lettre peut contenir un récit. De plus, un genre peut avoir des caractéristiques liées au fond et à la forme. Les 7 points qui vont suivre sont typiques du livre de l’Apocalypse proprement dit, même s’ils se trouvent généralement dans l’ensemble de la littérature apocalyptique.

1. L’Apocalypse contient une trame narrative.

Le livre présente Dieu, Christ, un ancien ou un ange, communiquant une révélation à un intermédiaire humain (Jean en l’occurrence) pour qu’il la transmette à d’autres. Cette révélation est faite d’une trame narrative, avec de la tension, une intrigue, un dénouement ; elle n’est pas simplement une juxtaposition d’impressions éparses ou de maximes (comme les Proverbes). L’Apocalypse est une révélation immédiate de Dieu à travers des visions.

On trouve des allusions à des visions dans d’autres types de livres, comme par l’exemple l’expérience que l’apôtre Paul relate en 2 Corinthiens 12 : il a été ravi dans le troisième ciel où il a reçu des révélations spéciales, mais dans ce cas il ne lui a pas été permis de les transmettre à d’autres. Ce moyen de communication divin remonte aux visions de Daniel ou d’Ézéchiel. Les rudiments de l’apocalyptique se trouvent déjà chez Ésaïe.

Cela signifie que les textes apocalyptiques nous présentent la vision panoramique de Dieu sur l’histoire — non pas comme la réflexion d’un apôtre sur le dessein de Dieu par l’évangile, mais sous la forme de visions directes, hautement symboliques, descendues du ciel. Cette vision panoramique n’est pas liée à une situation de crise particulière — même si des allusions à des situations historiques sont souvent cachées dans le symbolisme — mais la trame narrative se déroule et va jusqu’à la fin et culmine soit en enfer, soit dans les nouveaux cieux et la nouvelle terre. Dans ce sens, ce livre est d’une extrême importance : il traite des questions ultimes. Il ne s’occupe pas de sujets comme les qualifications des anciens, la discipline ecclésiastique — quelques importants que soient ces sujets par ailleurs — mais du ciel et de l’enfer ! Pas étonnant alors qu’on puisse utiliser ces textes pour l’évangélisation.

Ainsi le but principal de ce genre littéraire est la vision de Dieu sur les destinées ultimes et la division finale de l’humanité. Gardons-le toujours présent à l’esprit.

2. L’Apocalypse schématise l’histoire en utilisant généralement les nombres de façon symbolique.

En général, les textes apocalyptiques schématisent l’histoire en utilisant des nombres dans un sens symbolique.

Pour autant, il ne faudrait pas en déduire que les nombres soient toujours utilisés de façon symbolique. Ce n’est pas le cas dans les portions narratives de la Bible, où les nombres n’ont pas forcément de sens caché.

Par exemple, pour un Juif, les 3 ans et demi ou 42 mois ou 1260 jours lui faisaient immédiatement penser à la période difficile de 3 ans et demi que les Juifs ont vécu sous le règne d’Antiochus Épiphane entre –168 et –164, avant d’être délivrés par Judas Macchabée2. Ces nombres symbolisent donc une période de persécution sévère et d’oppression du peuple de Dieu.3

3. L’Apocalypse utilise de nombreux symboles tirés de la nature.

Le genre apocalyptique décrit souvent beaucoup de « bêtes », horribles ou magnifiques. Plus généralement, les symboles tirés de la nature abondent. Il en est de même de l’Apocalypse : cela va des grenouilles repoussantes (16.13) aux radieux « êtres vivants »4 (4.6).

Dans les ch. 12 à 13, nous trouvons trois bêtes : le diable lui-même, décrit comme un dragon, puis la bête qui sort de la mer et la bête qui monte de la terre. Elles doivent être comprises dans un sens symbolique. Ces trois bêtes sont tellement interdépendantes qu’il est possible de les relier à des phrases de l’Évangile selon Jean, de sorte que ce triumvirat de bêtes devient une sorte de simulacre de la Trinité telle qu’elle nous est présentée dans les « dernières paroles » de Jean 13 à 17.5

4. L’Apocalypse a une relation à la fois distendue et forte avec l’Ancien Testament.

Cette caractéristique ne se retrouve pas dans tous les textes apocalyptiques. C’est une double relation : – distendue, car il n’y a pas de longue citation directe de l’A.T. (la plus évidente est sans doute la louange des êtres vivants dans la vision du ch. 4 : « Saint, saint, saint est le Seigneur Dieu, le Tout-Puissant », qui est tirée d’Ésaïe 6) ; – forte, car c’est le livre qui comporte le plus d’allusions bibliques à l’A.T. de tous les livres du N.T. : les emprunts à Daniel, Zacharie, Ésaïe, Ézéchiel, etc., abondent.

Ces emprunts à l’A.T. sont de nature très différente ; ils se limitent parfois au seul langage, tandis que le sens sous-jacent est différent ; dans d’autres cas, le lien est plus fort, mais pas total.

Considérez les quatre êtres vivants du chapitre 4 : ils font clairement référence aux quatre animaux (ou « chérubins ») qui soutiennent le trône mobile de Dieu en Ézéchiel 1 et 10. Mais ils empruntent aussi une partie de leur symbolisme aux séraphins d’Ésaïe 6. Il faut garder les deux références en tête, sans spéculer sur la nature « plutôt séraphin » ou « plutôt chérubin » des êtres vivants.

L’Apocalypse utilise de nombreux symboles sans qu’on puisse les intégrer dans une vision parfaitement cohérente. Chaque détail symbolique contribue à la signification d’ensemble sur le plan théologique, mais il ne peut pas se comprendre si on essaie de les intégrer sur le seul plan symbolique. L’apocalyptique aime mixer les métaphores.

L’exemple le plus connu est la vision du ch. 5. Une question est posée par un ange : « Qui est digne d’ouvrir le livre et d’en rompre les sceaux ? » — ce qui signifie, dans le langage symbolique de l’époque : « Qui a le droit d’accomplir le propos de Dieu en bénédiction et en malédiction pour l’univers entier ? » Un des 24 vieillards répond : « Le lion de la tribu de Juda, le rejeton de David, a vaincu pour ouvrir le livre et ses sept sceaux. » Le symbole nous ramène à la promesse de 2 Samuel 7 d’un roi davidique. Mais en même temps, Jean voit « au milieu du trône et des quatre êtres vivants et au milieu des vieillards, un Agneau qui était là comme immolé ». N’imaginons pas qu’il s’agisse de deux animaux côte à côte, un lion et un agneau ; l’Apocalypse mixe les métaphores : l’agneau est le lion. Mais l’agneau lui-même a « sept cornes », la perfection du pouvoir royal, ce qui nous ramène au lion !

De tels exemples pourraient être multipliés. Une grande partie des erreurs d’interprétation commises sur l’Apocalypse vient d’une méconnaissance de ce principe. Si on essaie d’intégrer « visuellement » les images, on arrive à des représentations grotesques comme celles qu’on trouve sur certains bas-reliefs de cathédrales où les artistes ont essayé de représenter un lion-agneau. Le langage permet des associations que le visuel ne permet pas.

5. L’Apocalypse est aussi une lettre et une prophétie.

Contrairement aux autres écrits apocalyptiques juifs ou chrétiens, l’Apocalypse est donnée sous la forme d’une « lettre ». L’introduction (1.4-8) et la conclusion (22.6-21) lui sont spécifiques. Il inclut de plus les « lettres » des ch. 2 et 3.

L’Apocalypse ressort aussi du genre prophétique, par ses appels à se repentir, à se détourner du péché et à se tourner vers Dieu, tandis que les autres écrits apocalyptiques font une dichotomie entre le bien et le mal qui évoluent ainsi jusqu’à la fin, sans appel moral.

6. L’Apocalypse introduit souvent un symbole ou un thème qui ne sera détaillé que plus tard dans le livre.

Un prédicateur ne devrait jamais commencer à prêcher sur un livre sans l’avoir lu au préalable plusieurs fois pour en avoir une idée d’ensemble. C’est particulièrement vrai pour l’Apocalypse. Parfois il suffit de finir le chapitre : en 1.13, Jean voit quelqu’un au milieu des « sept chandeliers » : que représentent-ils ? Cela ne nous est pas révélé avant le v. 20 : « Les sept chandeliers sont les sept églises. »

D’autres exemples sont beaucoup plus complexes : il est impossible de comprendre ce que représentent les deux bêtes du ch. 13 sans avoir étudié au préalable le ch. 17 où la première bête ressurgit et les ch. 19 et 20 où elles vont à leur destruction.

7. Le symbolisme de l’Apocalypse est particulièrement approprié pour décrire les réalités divines transcendantes.

Illustrons par un exemple : ma sœur a été missionnaire en Papouasie-Nouvelle Guinée il y a trente ans, au sein d’une tribu primitive vivant avant l’âge de la pierre, qui n’avait jamais eu de contact avec la civilisation occidentale. Comment expliquer, sans illustration ni objet, à ces personnes ce qu’est l’électricité ? Seules des métaphores tirées de leur quotidien, comparant nos ampoules à un « petit soleil » ou le courant à un « esprit » pourrait leur faire (un peu) saisir ce qu’est l’électricité. Non que ces personnes soient stupides, mais elles manquent d’expérience. S’il est peut-être possible de leur faire comprendre les effets de l’électricité, impossible de les initier à la différence entre courant continu ou alternatif, aux unités de mesure comme les ohms ou les volts, aux transistors qui ont donné naissance à toute l’informatique moderne.

Comment alors parler du « trône de Dieu » ? Paul avait été « enlevé dans le paradis » où il avait entendu « des paroles merveilleuses qu’il n’est pas permis à un homme d’exprimer » (2 Cor 12.4) — non par interdiction, mais par impossibilité de notre part : nous n’avons pas les représentations mentales adéquates. Alors l’Apocalypse parle d’« émeraude », d’« arc-en-ciel », de « lion », d’« êtres vivants », etc. — seul langage adapté à notre esprit enténébré et pollué par le péché, qui reflète dans une mesure les réalités du tabernacle céleste, tout comme le système sacrificiel matériel de l’A.T. était une image de réalités spirituelles à venir.

Dans les nouveaux cieux et la nouvelle terre, la mer n’est plus (21.1) : inutile de cogiter sur les principes hydrologiques qui seront en vigueur dans le nouveau monde. Dans l’imaginaire juif, la mer représente le chaos et la boue (cf. És 57.20) ; l’absence de mer signifie simplement qu’il n’y aura plus jamais de chaos, mais tout sera dans l’ordre et la pureté voulus par Dieu.

La sainte cité est bâtie comme un cube. Rien à voir avec nos villes modernes, mais avec le seul cube dont il est question dans l’A.T. : le lieu très saint où se trouvait la présence de Dieu. Les dimensions cubiques indiquent donc que les croyants seront dans la présence immédiate de Dieu pour toujours.

Dieu, dans sa miséricorde, utilise ainsi des symboles pour entrouvrir le voile sur des réalités que notre ignorance spirituelle, notre cécité et notre péché nous empêchent de saisir autrement. Et nous commençons à percevoir, à imaginer, à rêver…

1 NDLR : Le 4e livre d’Esdras ou Apocalypse d’Esdras est un livre apocryphe pseudépigraphique (faussement attribué à Esdras) et rédigé au 1er siècle.
2 Cette symbolique existe pour chaque peuple : par exemple, pour un Français, les « 30 glo-rieuses » font immédiatement penser à la période de croissance économique de la France entre 1945 et 1975.
3 NDLR : D’autres auteurs prennent les indications de 42 mois (11.2 ; 13.5) comme une indication directe d’un nombre de jours réel, au sens littéral et non symbolique.
4 Les traductions modernes répugnent à utiliser le terme d’ « animaux », comme dans les versions Darby en français ou King James en anglais.
5 En passant, cette identité de thème est un indice de plus que le Jean qui a reçu l’Apocalypse est le même Jean que celui qui a écrit l’Évangile, même si le genre littéraire de ces deux livres est très différent.

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En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Écrit par

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

Écrit par

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Écrit par

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)

 

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