Célibat, fiançailles et concubinage sous l’éclairage biblique

Nous reproduisons ici quelques extraits de son dernier livre « Vivre l’éthique de Dieu » (Éditions Emmaüs, CH-1806 Saint-Légier, Suisse, 2010) avec l’aimable autorisation de l’auteur. Nous avons retenu quatre enseignements du chapitre 12 consacré au mariage et à la sexualité.

1)  Le célibat

 Dans l’A.T., la question du célibat n’est pas directement abordée. Le mariage sert de norme aux hommes et aux femmes. D’une part, les êtres humains doivent peupler le monde (« Soyez féconds, multipliez-vous, remplissez la terre » Gen 1.28) et d’autre part, « il n’est pas bon que l’homme soit seul » (Gen 2.18). Les enfants, même âgés, demeuraient dans la sphère familiale jusqu’à leur mariage. Alors, ils « quittaient père et mère » pour devenir une seule chair avec leur conjoint (Gen 2.24). Les femmes en particulier restaient sous l’autorité paternelle tant qu’elles n’étaient pas mariées.

Le célibat existait dans l’A.T., mais il est difficile d’en estimer l’importance. Avant le déluge, les hommes se mariaient, mais moins rapidement qu’aujourd’hui. Selon les généalogies de la Genèse (Gen 5), les prédiluviens engendraient leur premier enfant après un siècle et demi en moyenne. On peut en déduire que le temps de célibat était d’une durée équivalente. Il faut dire que l’espérance de vie dépassait les neuf cents ans ! Après le déluge, les hommes engendrent beaucoup plus rapidement. Sem engendre son premier fils deux ans après le déluge (Gen 11.10), et les huit générations suivantes apparaissent tous les trente ans environ (Gen 11.12-24).

Plusieurs patriarches semblent très attachés à leur mère, au point qu’ils ne se marient qu’après le décès de celle-ci. C’est le cas d’Isaac qui s’est marié à 40 ans (Gen 25.20), trois ans après le décès de Sara (cf. Gen 17.17 ; 23.1), et « c’est ainsi qu’Isaac fut consolé après (la perte) de sa mère » (Gen 24.67). Jacob, lui aussi très attaché à sa mère (Gen 27), trouve une épouse (Rachel) dès qu’il est contraint de quitter Rébecca (Gen 27.40-28.5 ; 29.1-20). Il est alors âgé de 77 ans.1 Par contre, Esaü, son frère jumeau, moins attaché à sa mère (cf. Gen 25.28), se marie (déjà) à 40 ans (Gen 26.34). Parfois, c’est la séparation de la famille élargie qui semble avoir favorisé le mariage : Juda trouve une épouse après avoir « quitté ses frères » (Gen 38.1-2) et Moïse se marie après avoir dû fuir l’Egypte, pays où il avait grandi et où se trouvaient les Hébreux (Ex 2.15-21).

Dans l’A.T., les épouses des hommes de foi sont rarement mentionnées. Il faut dire que l’on identifiait un homme par son père. Parfois on indiquait aussi le nom de ses enfants, mais on ne nommait presque jamais son épouse. La seule exception est celle des rois de Juda dont on connaît le nom de l’épouse et du fils aîné. Par contre, on ignore souvent tout de la vie familiale des prophètes, excepté pour Osée (Os 1.1-3) et Ésaïe (És 8.3, 18). Les autres étaient-ils mariés, eux aussi ? On peut le penser, mais pas le prouver. Quoi qu’il en soit, l’absence de toute référence à une épouse ne signifie pas que ces prophètes étaient célibataires.

Le livre des Juges fait mention de la « virginité » de la fille de Jephthé (Jug 11.37-38). Ce texte est souvent mal compris, car on le lit au premier degré. Le père ne s’est jamais engagé à brûler la personne qui l’accueillerait au retour victorieux du combat (« Je l’offrirai en holocauste » Jug 11.31), mais à la consacrer au service du Seigneur. Le langage du juge est imagé, comme celui de Paul lorsqu’il encourage les chrétiens à offrir leur corps « comme un sacrifice vivant » (Rom 12.1). Jephthé est désolé de voir sa fille unique venir à lui, car il sait qu’elle restera toujours vierge. Celle-ci honore l’engagement de son père et va pleurer sa virginité (et non sa mort). Son engagement est remarquable (et non stupide), c’est pourquoi les jeunes filles commémoraient chaque année son engagement (Jug 11.39-40). Jephthé lui-même est placé parmi les héros de la foi dans le N.T. (Héb 11.32). La fille de Jephthé a été consacrée au service féminin du tabernacle. Cette activité est mal connue, mais elle incluait, comme le montre le récit des Juges, le célibat de ces personnes.2

L’enseignement du N.T. sur le célibat est beaucoup plus étoffé. Le texte de base se trouve dans 1 Cor 7.1 : « Il est bon pour l’homme de ne pas toucher de femme »3. Paul élève le statut du célibat au-dessus de celui du mariage : mieux vaut rester célibataire que de se marier (1 Cor 7.20,27,38). Paul fonde ce renversement de perspective sur le fait que l’essentiel n’est pas du domaine matériel, mais du spirituel. Concrètement, la condition du célibataire est préférable en raison « des calamités présentes » (1 Cor 7.26) et des attentions que le mariage demande (1 Co 7.32-34). Or, les soucis du Royaume doivent venir en premier. Fondamentalement, Paul désire que rien ne fasse obstacle au ministère ; c’est pourquoi tous les sacrifices sont bons s’ils servent à l’avancement du Royaume. Néanmoins, il faut rester réaliste. L’apôtre reconnaît la difficulté du célibat et ne l’impose à personne, même pas aux serviteurs de Dieu (contrairement à la pratique de l’Église catholique). En aucun cas, les désirs sexuels ne doivent mener un chrétien à l’immoralité. C’est pourquoi « il vaut mieux se marier que de brûler » (1 Cor 7.9) et « à cause des occasions d’inconduite, que chacun ait sa femme, et que chaque femme ait son mari » (1 Cor 7.2). Pour rester célibataire, il faut un don du Seigneur : « Je voudrais que tous les hommes soient comme moi ; mais chacun tient de Dieu un don particulier, l’un d’une manière, l’autre d’une autre » (1 Cor 7.7).

Face à la valorisation du célibat dans le N.T., il est intéressant de noter que Jésus accomplit son premier miracle lors d’un mariage (Jean 2.1-11). Puisqu’il participe au bon déroulement de cette fête en suppléant au manque de vin, il ne rejette manifestement pas l’institution du mariage. D’autre part, Jésus met à profit cet événement pour manifester sa gloire à ses disciples (Jean 2.11). En d’autres termes, Jésus resserre les liens avec ses disciples à l’occasion de noces. Or, Jésus est resté célibataire toute sa vie, et les disciples semblent avoir été détachés de tous liens conjugaux durant les trois ans du ministère terrestre du Seigneur. Ainsi, le mariage de Cana donne à Jésus (le célibataire) l’occasion d’établir une relation de grande proximité avec ses disciples (« célibataires »), à l’image de la relation intime qu’un époux a avec son épouse après le mariage. Aux disciples qui étaient venus voir « où il demeurait » (Jean 1.38), « Jésus manifesta sa gloire, et ses disciples crurent en lui » (Jean 2.11). La foi, élément indispensable pour entrer dans la nouvelle cellule familiale de Jésus, est mentionnée pour la première fois.

La perspective néotestamentaire est manifestement spirituelle. Le célibat dans le N.T. n’a de valeur « supérieure » que s’il conduit à un plus grand engagement avec le Seigneur. Ce célibat « pour raison spirituelle » n’est pas synonyme de solitude, mais de communion et d’engagement. Les filles et les fils spirituels remplacent (avantageusement) les enfants issus de la chair. Rappelons aussi que dans le ciel, il n’y aura ni mariage physique ni relations sexuelles (Mat 22.30).

Avant de conclure, rappelons que le célibat n’est pas une obligation pour servir, mais une opportunité. Paul et Barnabas n’avaient pas d’épouse, alors que Pierre et les autres apôtres en avaient une (1 Cor 9.5 ; cf. Marc 1.30). Paul avait reçu du Seigneur le don du célibat, ce qui a permis à cet apôtre des païens de voyager sans relâche pour annoncer le message de l’Évangile. Pierre avait été appelé à un autre ministère (Jean 21.15-17 ; Gal 2.8), manifestement plus sédentaire.

Pour certains chrétiens, le célibat ne résulte pas d’un choix ou d’une vocation, mais de l’absence d’un conjoint chrétien avec lequel il aurait été bon de s’engager. C’est en particulier le cas lorsque l’un des sexes est largement majoritaire dans une église, et que les chrétiens ne veulent se marier que « dans le Seigneur » (1 Cor 7.39). En effet, mieux vaut ne pas se marier que de vivre un mariage boiteux. Le Seigneur donne la force et la grâce d’affronter toutes les circonstances de la vie.

2)  Les fiançailles

 Les fiançailles sont pour un couple une déclaration d’intention de mariage. Le terme de fiançailles désigne le jour de cette déclaration, ainsi que le temps qui sépare cette date de celle du mariage. Ce n’est pas forcément un acte religieux. Une bague de fiançailles matérialise souvent cette décision. 

Les fiançailles sont un engagement qui lie les futurs conjoints par la parole en vue du mariage. Dans l’Ancien Testament, la transgression des fiançailles était aussi grave que celle du mariage. Dans les deux cas, on parlait d’adultère, et les coupables étaient punis de mort (Deut 22.23-27).

Le temps des fiançailles était un temps où les futurs époux exprimaient verbalement leur amour. Jérémie utilise l’expression « les chants du fiancé et les chants de la fiancée » pour caractériser une période de joie profonde (Jér 7.34 ; 16.9 ; 25.10 ; 33.11). Les fiancés échangeaient leurs sentiments (Cant 4.8-12), mais ils se gardaient de l’union sexuelle. C’est pourquoi le fiancé n’était pas enrôlé dans l’armée afin de pouvoir consommer son mariage le jour des noces : « Qui est-ce qui a fiancé une femme, et ne l’a point encore prise ? Qu’il s’en aille et retourne chez lui, de peur qu’il ne meure dans la bataille et qu’un autre ne la prenne. » (Deut 20.7) Lorsque Joseph découvre que Marie, sa fiancée, est enceinte, il pense qu’elle l’a trompé, car il n’a eu aucun rapport sexuel avec elle (Mat 1.18-19). La conception miraculeuse de Marie n’a d’ailleurs de sens que si Marie était vierge à ce moment-là (Luc 1.26-38). Paul décrit aussi l’Église comme la fiancée qui est « une vierge pure » (2 Cor 11.2). Même les filles de Loth (qui n’étaient pourtant pas les plus vertueuses des femmes : Gen 19.31-38) étaient restées vierges, alors qu’elles étaient déjà promises en mariage (Gen 19.8,14).

La notion de fiançailles est utilisée pour décrire la relation entre l’Eternel et son peuple. Pour Ésaïe et Osée, Israël est la fiancée de l’Eternel (Es 49.18 ; 61.10 ; 62.5 ; Os 2.21-22), et pour Paul, l’Église est la fiancée de Christ (2 Cor 11.2). Fondamentalement, le sens des fiançailles se trouve dans le Seigneur. L’alliance de Dieu avec son peuple est déjà réalisée, mais la pleine manifestation de cette union est encore à venir. Nous sommes dans le temps de l’attente, « dans le déjà et le pas encore ». Jésus est maintenant avec nous : « Voici, je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin du monde » (Mat 28.20), mais l’union n’est pas encore entièrement réalisée. Nous sommes dans le temps des fiançailles et attendons les noces de l’Agneau (Mat 22.2-14 ; 25.1-13 ; Apoc 19.7-9). Alors nous serons pour toujours dans sa présence.

3)  Le concubinage

 Dans l’Écriture, le concubinage est presque toujours associé à la polygamie. Les concubines étaient des épouses de second rang. Parfois, la servante d’une épouse qui avait eu un rapport sexuel avec le mari est appelée concubine (pilegesh). C’est le cas de Bilha, la servante de Rachel qui a engendré deux fils à Jacob (Gen 35.22). Qetoura est aussi appelée concubine (1 Chr 1.32) bien qu’elle ait épousé Abraham après la mort de Sara (Gen 25.1).

Le concubinage marque le lien fragile qui unit un homme à une femme. L’histoire du lévite, qui sacrifie sa concubine aux homosexuels de Guibéa pour se tirer d’une situation difficile, illustre le peu d’attachement qu’un homme peut avoir pour une épouse de second rang (Jg 19.25-29).4 Relevons que cette femme était plus qu’une simple maîtresse du lévite, puisque le narrateur désigne l’homme par les termes de mari et de gendre (Jug 19.3,5), et celui-ci va chercher sa concubine chez son beau-père (Jug 19.4).

Notons que, souvent, les hommes qui avaient des concubines étaient des personnages puissants (juges ou rois) : Gédéon (Jug 8.31), Saül (2 Sam 3.7 ; 21.11), David (2 Sam 5.13 ; 15.16 ; 20.3), Salomon (1 Rois 11.3), Roboam (2 Chr 11.21), Assuérus (Est 2.14), Belchatsar (Dan 5.23), Darius (Dan 6.19). Coucher avec la concubine d’un roi était interprété comme un signe d’usurpation du trône (2 Sam 3.7 ; 16.21-22 ; 1 Rois 2.21-24).

Le concubinage aux temps bibliques n’était pas caractérisé par l’amour et la communion, mais par l’égoïsme et le désir de puissance et de notoriété ; parfois aussi pour pallier la stérilité d’une épouse. Le concubinage « occidental moderne » se différencie passablement de celui décrit dans la Bible, mais ce qui les rapproche, c’est la faiblesse de l’alliance.

Le concubinage moderne, appelé aussi union libre, se décrit difficilement, car ses formes sont multiples et rien n’est défini. L’engagement est généralement oral et privé. Concrètement, les partenaires décident simplement d’emménager ensemble pour un temps indéfini, mais tous les individus qui cohabitent ne sont pas concubins. Les voisins sont rarement informés officiellement de l’union. Avec le temps, l’alliance « s’officialise », mais le flou juridique reste avec tous les inconvénients que cela peut engendrer. Dans de nombreux pays, le législateur édicte des lois pour éviter trop de souffrances en cas de séparation des partenaires. A cet effet, les autorités encouragent fortement les concubins à établir une convention écrite.5

Henri Blocher s’interroge sur le « statut » de la cohabitation. Faut-il voir « la cohabitation sérieuse et durable comme un mariage ‘imparfait’, comme ‘sous-mariage’, plutôt que comme fornication stabilisée » ? « Nos cohabitants stables pèchent-ils de s’unir (comme dans la fornication) ou pèchent-ils de ne pas achever une union matrimoniale qu’on voit déjà, réellement, entre eux ? Nous donnons l’avantage du réalisme biblique à la deuxième analyse. Ils s’écartent du commandement divin parce qu’ils ne scellent pas leur alliance en assumant toute sa portée sociale, dans la forme donc prévue par le magistrat ».6

Le concubinage est la marque d’un amour au rabais, d’un amour qui ne s’engage pas dans la durée (jusqu’à la mort). Pour les chrétiens, vivre en concubinage, c’est ignorer la dimension de l’alliance, un élément fondamental de la foi chrétienne. Les chrétiens concubins sont des chrétiens qui suivent l’esprit libertin du monde. Ils devraient concentrer leurs regards sur le Christ qui s’est livré sans retenue pour nous.

1 Ce chiffre est obtenu par recoupement. Jacob a 130 ans quand il descend en Egypte (Gen 47.9). A ce moment-là, Joseph est âgé de 39 ans : 30 ans au sortir de prison (41.46), plus 7 années d’abondance et 2 années de famine. Jacob a donc 91 ans quand il engendre Joseph. Or, le premier fils de Rachel est né 14 ans après l’arrivée de Jacob à Haran (Gen 31.41 ; cf. 30.25-30).
2 Les jeunes femmes qui dansaient lors d’une fête à l’Éternel à Silo (devant l’arche) étaient apparemment vierges, elles aussi (Jug 21.19-21).
3 Cette affirmation n’est pas une simple citation des Corinthiens, comme le suggère la Bible du Semeur : « C’est une excellente chose, dites-vous, qu’un homme se passe de femme ». Paul expose, au début de son développement, le principe général qu’il s’efforce ensuite de nuancer et d’étoffer.
4 Le tiers des références à une pilegeshse trouve dans ce récit (Jug 19.1-20.6)
5 Michel Johner : A quoi sert le mariage ? Aix-en-Provence, Kerygma, 1997, 40 p.
6 Henri Blocher : « Mariage et cohabitation. Perspectives bibliques et théologiques » in Fac-Réflexion16 (1990) p. 36.

La masturbation

La masturbation est du domaine personnel. L’Ecriture ne la mentionne pas spécifiquement.

Le jugement dont Onan a été frappé dans la Genèse ne peut pas servir de précédent à une condamnation de la masturbation, car l’homme voulait jouir du rapport sexuel avec la femme de son frère décédé, sans pour autant lui susciter une descendance comme la loi du lévirat le demandait. C’est pourquoi l’Eternel lui a enlevé la vie (Gen 38.8-10).

Les « pollutions nocturnes » masculines mentionnées dans le Lévitique concernent le plan rituel et n’ont aucun rapport avec la morale. Elles étaient probablement accidentelles et rendaient un homme impur jusqu’au soir (Lév 15.16-17), au même titre que les règles rendaient une femme impure (Lév 15.19-24). La perte de sperme ou de sang, symboles de la vie, rendait une personne impure pour une courte période.

Le texte le plus en lien avec la masturbation est sans doute la parole de Jésus sur la convoitise : « Moi, je vous dis que quiconque regarde une femme pour la convoiter a déjà commis un adultère avec elle dans son cœur » (Mat 5.28). Sur le plan éthique, ce n’est pas la masturbation en elle-même qui est problématique, mais les pensées impures qui y sont associées.

les articles plus lus

En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Écrit par

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

Écrit par

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Écrit par

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)

 

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