L’Eglise selon le Nouveau Testament

 

T. Ernest Wilson1 a écrit : « Le but de toute œuvre missionnaire des assemblées est de planter des églises néotestamentaires sur sol indigène, totalement autonomes, sans aucune domination étrangère, et dépendant du Saint-Esprit pour leur direction et progrès. Tandis qu’on poursuit des activités médicales, éducatives et sociales, l’objet principal n’en reste pas moins l’établissement de l’église indigène ».

Cette déclaration soulève un certain nombre de questions : Qu’entend-on par églises néo-testamentaires ? Quels principes le N.T. nous donne-t-il pour l’établissement de l’Église ? Ces principes fonctionnent-ils aujourd’hui ?

A. Principes directeurs

Qu’est-ce que l’Église ?

Trois mots grecs nous aideront à comprendre la signification de ce mot.

1. Ekklésia

Ce mot vient du verbe ekkaléô, qui signifie littéralement « appeler en dehors de ». Il désignait le gouvernement municipal d’Athènes, où des représentants de différents groupes dans la société étaient appelés pour, en quelque sorte, « sortir de leurs groupes » et se réunir, se trouver ensemble dans un but précis. Ainsi, l’Église n’est ni un bâtiment ni une institution mais un rassemblement de personnes qui ont quelque chose de très important en commun : elles ont répondu à l’Évangile, la Bonne Nouvelle du Seigneur Jésus-Christ, Fils de Dieu, qui est venu dans le monde, a souffert et est mort pour leurs péchés, puis est ressuscité. Elles se sont repenties de leurs péchés, ont mis leur confiance en Jésus, reconnaissant en lui leur Sauveur et leur Seigneur. Pardonnées et adoptées dans la famille de Dieu, elles sont rassemblées pour des raisons que nous évoquerons plus loin.

Le mot ekklésia est utilisé dans deux sens :

• Dans un sens universel, unissant tous les croyants partout et en tout temps en une seule grande famille spirituelle. Le Seigneur, par exemple, dit à Pierre « Je bâtirai mon Église » (Mat 16.18). Paul écrit que par l’Église « la sagesse de Dieu doit être connue » (Éph 3.10).

• Dans un sens local, faisant allusion aux croyants qui se réunissent à une époque et dans un lieu particuliers, où ils agissent comme une congrégation visible, tangible. Ainsi, notre Seigneur donne des instructions à l’église locale sur la manière d’exercer la discipline (Mat 18.15-20). De nombreuses fois, les apôtres adressent leurs lettres à des églises locales. Notre étude ici sera consacrée à cette utilisation du mot.

2. Koinônia

Koinônia vient de koinos : « commun ». Le mot parle de la communauté et de l’unité. Un exemple merveilleux nous est donné dans Actes 2.41-47, où les premiers chrétiens avaient tout en commun, tandis qu’ils se consacraient à l’enseignement des apôtres, à la communion fraternelle, à la fraction du pain et à la prière.

Cette communion dans l’unité s’exprime de plusieurs manières :

• la louange et l’adoration,

• la prière,

• l’évangélisation des non-convertis,

• l’édification des croyants,

• les conseils pastoraux,

• les services sociaux.

Notre Seigneur a donné à ses disciples un exemple de ce ministère « holistique » en enseignant, prêchant, nourrissant les affamés et guérissant les malades (Mat 9.35) ; puis il les a envoyés faire la même chose (Mat 10.1s).

3. Kuriakê

Kuriakê dérive de kurios : « Seigneur ». Il nous rappelle que l’Église appartient au Seigneur ! C’est lui qui l’a fondée, qui la bâtit et qui la dirige par l’intermédiaire de la Parole et du Saint-Esprit. Il n’a pas dit à Pierre : « Je bâtirai ton Église », pas plus que : « Tu bâtiras mon Église » ni même : « Vous bâtirez votre Église ». Non ! Il a dit : « Je bâtirai mon Église ! »

Autonomie de l’église locale

Alors que les apôtres missionnaires voyageaient et prêchaient l’Évangile, ils fondaient des églises locales, les laissaient sous la direction d’anciens, et les confiaient au Seigneur (Act 14.21-23). Les premiers chapitres de l’Apocalypse contiennent des lettres adressées par le Christ individuellement à sept églises différentes, chacune de celles-ci étant responsable directement envers lui.

Une église autonome, par définition, se gouverne elle-même. Elle n’est soumise à aucun synode, conseil ou hiérarchie, soit religieux soit politique. L’Histoire dénonce la tendance vers la centralisation d’autorité qui a marqué l’évolution malsaine, non-biblique, de l’Église au travers des siècles.

L’église locale doit-elle pour autant « se débrouiller seule », indépendamment de toute relation extérieure ? Pas du tout. Les églises locales ont besoin les unes des autres pour la communion fraternelle, la communication, la collaboration et la consultation. Le peuple de Dieu est appelé à former une famille spirituelle de frères et sœurs dans la foi qui donnent, reçoivent exhortation et encouragement spirituels. En conséquence, l’église, l’assemblée locale, apprend à être responsable directement envers le Seigneur, développe la force nécessaire pour repousser toute attaque hostile, et reste assez souple pour s’adapter à la culture locale. N’ayant pas d’autorité centralisée qui pouvait être directement visée, les assemblées en Allemagne pendant l’ère nazie ont été protégées de l’interférence par ce régime dictatorial. Il y a plus de 40 ans T. E. Wilson écrivit à ce propos : « À travers la brousse et dans pratiquement toutes les villes [de l’Angola], on peut trouver des rassemblements de chrétiens africains, complètement indigènes, qui se réunissent de la manière la plus simple, voire primitive, et cherchent à répandre l’Évangile parmi les leurs. Leur seule littérature est la Bible ou le Nouveau Testament traduit dans leur propre langue, un recueil de cantiques qu’ils aiment – car ils sont un peuple musical qui aime chanter – et peut-être un ou deux traités sur le baptême et l’ordre ecclésiastique […]. Il y a littéralement des centaines de tels groupes en Angola aujourd’hui, qui se multiplient constamment en nombre malgré les difficultés qui viennent de sources diverses 2 ».

En plus de son autonomie, l’église locale veille à son indépendance financière et à sa multiplication par l’évangélisation.

B. Gouvernement collégial

1. Anciens

Selon un texte déjà évoqué (Act 14.23), Paul et Barnabas « firent nommer » des anciens dans chaque église locale. Nous ne sommes pas renseignés sur la manière exacte dont il l’ont fait. Ils ont probablement respecté la coutume des synagogues juives. Paul écrit à « tous les saints en Christ-Jésus qui sont à Philippes, aux évêques et aux diacres » (Phil 1.1). Il exhorte les Thessaloniciens à « avoir de la considération pour ceux qui travaillent parmi vous, qui vous dirigent dans le Seigneur et qui vous avertissent » (1 Thes 5.12 ; Héb 13.17). Les anciens portent deux appellations :

Presbuteros (litt. plus âgé) : indique la maturité de l’expérience spirituelle, et la sagesse ;

Episkopos (du verbe episkopéô, veiller sur) : indique la nature de leur ministère de surveillants, capables de diriger l’assemblée.

Deux passages soulignent leurs qualités morales et spirituelles (1 Tim 3.1-7 ; Tite 1.5-9). La manière de les choisir est moins importante que la nécessité qu’ils soient reconnus par l’assemblée en vertu de leur caractère et de leur engagement actif dans la vie et le bien-être de l’église. Une pluralité d’anciens protège contre le danger de domination par un seul homme.

2. Diacres

Le mot diakonos est souvent utilisé à travers le Nouveau Testament, généralement dans le sens de « serviteur ». Paul reconnaît toutefois un groupe officiel d’hommes, à côté des anciens, qu’il appelle « diacres » (Phil 1.1). Leur origine remonte probablement au moment où les apôtres demandent à l’Église de choisir des hommes pleins de foi, du Saint-Esprit et de sagesse, qui les libéreraient de considérations pratiques, leur permettant de se consacrer à la prière et au ministère de la Parole (Act 6.1-7). L’expression « servir aux tables » semble indiquer qu’ils auraient le rôle d’être des aides, des serviteurs en choses pratiques3. Nous ignorons si la femme Phoebé était simplement une « servante » de l’église à Cenchrées, ou si elle avait le titre officiel de « diaconesse » (Rom 16.1-2).

C. Ministères multiples

Le ministère d’un seul homme ne peut jamais couvrir tous les besoins d’une église locale, car aucun homme ne possède toutes les qualifications indispensables. C’est la raison pour laquelle divers membres ont diverses « manifestations » du Saint-Esprit sous la forme d’un ou de plusieurs dons spirituels (charismes). Ce sujet mériterait une étude complète en soi, mais nous devons nous contenter ici d’un bref survol. Paul consacre plusieurs passages d’enseignement à ce propos 4 . Le but principal des ministères multiples est d’édifier les saints, de les conduire vers une unité plus grande, vers la maturité et la stabilité, de les exhorter, de les consoler, afin que, par la qualité de leur vie, ils confessent que « Jésus est le Seigneur ».

Le Saint-Esprit est souverain, et libre de distribuer les dons spirituels comme bon lui semble. Paul nous encourage à « aspirer aux dons les meilleurs » (1 Cor 12.31). Les dons d’importance primordiale, toujours valables, sont ceux qui équipent les évangélistes, les pasteurs-enseignants, les aides, les administrateurs, et qui permettent le discernement des esprits. Sans l’amour ces dons restent inutiles. Les croyants – anciens en particulier – devraient encourager les membres à s’engager activement dans la vie de l’église, montrant de cette manière qui possède l’aptitude pour quel ministère.

D. Sacerdoce universel des croyants

S. Ridout5 souligne que dans l’Ancien Testament le service religieux était centré sur l’adoration : le sanctuaire, la prêtrise, les sacrifices, les temps prescrits et les fêtes. Mais tout cela, dit-il, était provisoire et incomplet. Le Christ est venu, le voile a été déchiré, et nous avons maintenant la hardiesse d’entrer dans le lieu très saint par le sang de Jésus. « L’adoration chrétienne a sa source dans une œuvre de rédemption accomplie : son objet est Dieu le Père et le Fils ; sa place est la présence de Dieu ; sa puissance est le Saint-Esprit ; sa matière sont les vérités pleinement révélées dans la Parole de Dieu ; et sa durée est l’éternité ». Tous les croyants sont sacrificateurs (1 Pi 2.5,9) et seuls les croyants le sont ! Ridout de continuer : « La grande occasion pour adorer est quand les croyants sont réunis le premier jour de la semaine pour rompre le pain. La louange, sans être limitée à ce moment là, s’y exprime de la façon la plus complète […]. Le Seigneur est au milieu de nous pour conduire nos accents de louange (Héb 2.12). Le Saint-Esprit est présent pour guider, selon la Parole (1 Cor 14.25) ; et les symboles qui rappellent l’amour du Sauveur manifesté dans sa mort sont là pour être partagés. » Les sacrifices de l’Ancien Testament ont cédé la place à des « sacrifices spirituels » de louange dans le chant, la prière, la lecture et la méditation de la Parole, et la participation au pain et à la coupe.

E. Deux ordonnancs

Le Seigneur a institué le baptême d’eau (Mat 24.19) et le repas du Seigneur (Mat 26.17s). Le baptême du croyant par immersion, accordé à ceux qui le demandent comme une confession publique de leur foi en Christ et leur engagement envers lui, est un acte simple d’initiation, normalement administré par un ancien. Le repas du Seigneur est, dans les mots de S. Ridout, « une fête commémorative […] où le peuple du Seigneur, réuni auprès de lui, se souvient de son amour plus fort que la mort6 ».

F. Ces principes fonctionnent-ils aujord’hui ?

En 1975, une guerre civile qui devait durer 27 ans a éclaté en Angola. Parmi les missionnaires qui devaient quitter le pays figuraient mes parents, qui avaient consacré plus de 50 ans à une œuvre paisible centrée sur Kavungu, à l’extrême est du pays dans la région du haut Zambèze. Ils ont mis deux valises dans leur voiture et sont partis vers le sud jusqu’en Zambie, laissant derrière eux toutes leurs possessions personnelles. Ils ont aussi laissé deux assemblées, des anciens formés et préparés pour l’épreuve, un dispensaire médical, une école primaire, et la Bible traduite dans la langue Luvale.

Ils se sont retirés, âgés de 75 ans, aux États-Unis, où ma mère est décédée en 1979,  et mon père l’a rejointe 17 ans plus tard, âgé de 95 ans. La dernière fois que je l’ai vu, quelques mois avant son départ, il se demandait tristement s’il restait quoi que se soit de leurs labeurs. Il se pouvait que tous les croyants soient morts… J’ai écrit à une missionnaire de ma connaissance à Chavuma, juste de l’autre côté de la frontière en Zambie, lui demandant si elle avait des nouvelles. J’ai pu transmettre sa réponse stupéfiante à mon père, pour le consoler, juste avant son départ pour la gloire.

Alors que le pays était encore fermé aux blancs, des croyants africains avaient fait le voyage vers le nord, et étaient revenus pour dire que les réfugiés rentraient au pays afin de reconstruire à partir de zéro, et que des anciens des assemblées organisaient des retraites pour enseigner l’Écriture, en utilisant la Bible traduite en Luvale par mon père. Au milieu de toute cette souffrance atroce et du dénuement absolu, des maisons détruites et des champs dévastés, les églises se sont multipliées pour atteindre près de 70 congrégations en 2007. Aujourd’hui, vous représentez 500 000 croyants réunis dans 2 000 communautés locales à travers 15 des 18 provinces de l’Angola !

« C’est de l’Eternel que cela est venu : c’est un miracle à nos yeux. C’est ici la journée que l’Eternel a faite : à cause d’elle, soyons dans l’allégresse et la joie ! » Ps 118.23-24

1 Angola Beloved, Loiseaux Brothers, 1967, p. 15. T. Ernest Wilson fut un des missionnaires pionniers des Assemblées de Frères qui ont commencé une œuvre en Angola dès 1884.
2 In Angola Beloved, Loiseaux Brothers, 1967, p. 16.
3 Voir les qualités nécessaires décrites en 1 Tim 3.8-13.
4 Voir 1 Cor 12 à 14 ; Rom 12.3-8 ; Éph 4.1-16.
5 VThe Church and its Order According to Scripture, Loiseaux Brothers, 1915, pp. 42ss.
6 Op. cit. p. 36.

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En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)