Le jeûne

<

.« Lorsque vous jeûnez, ne prenez pas un air triste, comme les hypocrites, qui se rendent le visage tout défait, pour montrer aux hommes qu’ils jeûnent. Je vous le dis en vérité, ils ont leur récompense. Mais quand tu jeûnes, parfume ta tête et lave ton visage, afin de ne pas montrer aux hommes que tu jeûnes, mais à ton Père qui est là dans le lieu secret ; et ton Père, qui voit dans le secret, te le rendra. » (Matthieu 6.16-18)

Les pharisiens jeûnaient « deux fois par semaine » (Luc 18.12), le lundi et le mercredi. Jean-Baptiste et ses disciples jeûnaient assez régulièrement, et même « souvent », mais les disciples de Jésus ne jeûnaient pas (Mat 9.14) ; aussi est-il surprenant que Jésus attende de ses disciples qu’ils jeûnent et consacre une partie de son enseignement sur la colline aux détails de cette pratique. Nous-mêmes, nous vivons souvent comme si ce passage n’existait pas dans la Bible. La plupart des chrétiens insistent sur l’importance de la prière quotidienne et de la libéralité, mais peu nombreux sont ceux qui attachent de l’importance au jeûne. Les chrétiens des courants évangéliques qui insistent sur le caractère intérieur de la vie chrétienne, laissant une large place au cœur et à l’esprit, ne parviennent pas toujours à s’accommoder de cette discipline extérieure, corporelle qu’est le jeûne. Ne serait-ce pas une pratique de l’Ancienne Alliance ordonnée par Moïse le Jour des Propitiations, pratique exigée plusieurs fois l’an après le retour de Babylone, mais que le Christ serait venu abroger ? Les contemporains de Jésus ne sont-ils pas venus lui demander : « Pourquoi les disciples de Jean et les disciples des pharisiens jeûnent-ils et tes disciples ne jeûnent-ils pas ? » Le jeûne n’est-il pas une pratique propre à certaines Églises ou un reste de l’Église médiévale qui a élaboré un calendrier détaillé des jours de fête et des jours de jeûne ? N’est-il pas lié à une conception du culte rendu à Dieu qui attacherait beaucoup d’importance aux rites ?

En utilisant tantôt les Écritures, tantôt l’histoire de l’Église, on pourrait probablement répondre positivement à toutes ces questions. Mais quelques faits permettent de rétablir une vue plus globale de cette pratique. Jésus lui-même, le Maître et Seigneur de tous, jeûna quarante jours et quarante nuits dans le désert. Et c’est lui aussi qui répondait à la question de ses interlocuteurs en disant : « Lorsque l’époux leur sera enlevé, alors ils (mes disciples) jeûneront » (Mat 9.15). Dans le Sermon, Jésus enseigne comment jeûner, ce qui suppose que ses disciples jeûnent bel et bien. Les Actes des Apôtres et les Épîtres du Nouveau Testament font maintes références au jeûne des apôtres. Aussi, ne pouvons-nous le rejeter comme étant une pratique de l’Ancienne Alliance abrogée par la Nouvelle, ni comme la pratique d’une Église que telle autre Église rejette.

Le jeûne est une abstinence totale de nourriture. Cependant, cette notion s’étend à toute abstinence partielle ou totale de nourriture pendant des périodes plus ou moins longues, d’où la désignation de notre premier repas de la journée comme du petit dé-jeûner qui interrompt le jeûne de la nuit.

Dans les Écritures, le jeûne a une connotation d’abnégation et d’auto-discipline. En tout premier lieu, le jeûne est associé à l’humiliation devant Dieu (Ps 35.13 ; És 58.3,5). Quelques fois le jeûne était une expression de pénitence pour le péché passé. Des personnes profondément attristées par leur péché et leur culpabilité pleuraient en jeûnant. Néhémie, par exemple, assembla les fils d’Israël « vêtus de sacs… pour le jeûne… et ils se mirent en place pour confesser leurs péchés ». Les gens de Ninive se repentirent en entendant la prédication de Jonas ; ils proclamèrent un jeûne et se revêtirent de sacs ; Daniel chercha Dieu « en priant, en suppliant et en jeûnant, revêtu du sac et de la cendre » ; il implora le Seigneur son Dieu et confessa les péchés de son peuple. Après sa conversion, Saul de Tarse fit pénitence pour avoir persécuté le Christ et ne but ni ne mangea pendant trois jours (Néh 9.1 ; Jon 3.5 ; Dan 9.3 ; 10.2-3 ; Act 9.9).

Aujourd’hui encore, des chrétiens convaincus de péché et poussés à la repentante l’expriment par un deuil, des pleurs ou le jeûne. Les enseignements brefs contenus dans la liturgie de certaines Églises commencent par les instructions sur le jeûne. C’est une application possible de la parole de Jésus selon laquelle « lorsque l’époux leur sera enlevé, alors mes disciples jeûneront … ». C’est comme si les disciples se réjouissent en Christ et à cause de son salut tant qu’il est avec eux et qu’ils participent aux noces et qu’ils s’affligent dès que la fête est interrompue et que surgit la défaite ou l’adversité. Alors « c’est le moment de s’humilier par le jeûne devant le Dieu tout-puissant, de faire le deuil et de regretter ses péchés d’un cœur contrit » dit l’une de ces liturgies1. Toutefois, ce n’est pas seulement pour faire pénitence en raison de notre passé de péché que nous nous humilions devant Dieu. C’est aussi pour reconnaître que nous comptons sur sa miséricorde future. Ici à nouveau, le jeûne peut être l’expression de notre humiliation. Dans la Bible, le jeûne est plus souvent associé à la prière qu’à la pénitence. Il s’agit moins d’une pratique régulière que d’une observance occasionnelle qui exprime l’intention de chercher la volonté ou la bénédiction de Dieu ; à cette fin, le croyant se détourne de toute nourriture et de tout ce qui peut distraire. Ainsi, lorsque Dieu renouvela son alliance avec son peuple sur le Mont Sinaï, Moïse jeûna. Plus tard, devant les armées de Moab et d’Ammon, Josaphat « décida de consulter l’Éternel et décréta un jeûne sur tout Juda ». Il y eut aussi la reine Esther qui, avant de mettre sa vie en jeu en approchant le roi, demanda à Mardochée de convoquer les Juifs et de jeûner en sa faveur pendant qu’elle et ses servantes feraient de même. À Babylone, Esdras proclama un jeûne avant de prendre la tête des exilés qui retournaient à Jérusalem, afin, dit-il de « nous humilier devant notre Dieu… de chercher la faveur de cheminer sans encombre ». Puis, à la suite de Jésus lui-même, l’Église primitive jeûna. Ainsi l’Église d’Antioche jeûna avant d’envoyer Paul et Barnabas pour leur premier voyage missionnaire. Et Paul et Barnabas firent de même avant de désigner des Anciens dans toutes les jeunes églises qu’ils avaient fondées (Ex 24.18 ; 2 Chr 20.3 ; Est 4.16 ; Esd 8.21 ; Mat 4.1-2 ; Act 13.1-3 ; 14.23). Des entreprises spéciales requièrent des prières spéciales ; et une prière spéciale peut inclure le jeûne.

Il y a encore une autre raison biblique pour jeûner. La faim constitue l’un de de nos appétits humains fondamentaux et la gourmandise l’un des péchés les plus généralisés. Aussi la maîtrise de soi perd-elle tout son sens si elle n’inclut pas le contrôle de notre corps. Paul utilise l’exemple de l’athlète qui, pour être en mesure de participer à une compétition, doit cultiver sa forme physique en s’entraînant. L’entraînement suppose une discipline alimentaire, du sommeil et de l’exercice. « Un athlète s’entraîne à la maîtrise de soi dans tous les domaines. » Et les disciples engagés dans la course chrétienne sont soumis aux mêmes règles. Paul parle de « traiter durement son corps » (littéralement « de lui faire des bleus ») et de le tenir « assujetti » (ou « de le traiter comme un esclave », 1 Cor 9.27). Ce n’est pas là du masochisme (qui éprouve du plaisir à s’infliger des souffrances), ni un faux ascétisme (qui porte le cilice et la haire ou qui dort sur un lit de clous), ni encore une tentative de s’attirer des mérites comme les pharisiens dans le temple (Luc 18.12). Une telle conception ne serait pas du tout paulinienne et, partant, ne saurait nous inspirer. Nous n’avons aucune raison de « punir » notre corps, car il est création de Dieu. Mais nous devons le discipliner afin qu’il nous obéisse ; et l’une des façons de développer notre maîtrise de nous-mêmes, c’est de nous abstenir volontairement de nourriture.

Le jeûne peut aussi être une occasion de partager ce que nous aurions mangé avec ceux qui sont sous-alimentés. On trouve des indications d’une telle pratique dans l’A.T. déjà. Job pouvait dire : « Ma ration, l’ai-je mangée seul, sans que la veuve et l’orphelin aient leur part ? » (Job 31.16-17) Par contre, lorsque Dieu, par l’intermédiaire d’Ésaïe, condamne le jeûne hypocrite des habitants de Jérusalem, il se plaint du fait qu’ils recherchent leur propre satisfaction et oppriment leurs employés au moment même où ils jeûnent. Dans leur esprit et dans leurs actions, il n’existait aucune relation entre la nourriture dont ils s’abstenaient et les besoins matériels de leurs ouvriers. La religion qu’ils pratiquaient était dépourvue de justice et de charité. Aussi Dieu leur rappelle-t-il que  « le jeûne que je préfère n’est-ce pas ceci : dénouer les liens provenant de la méchanceté… renvoyer libres ceux qui ployaient… N’est-ce pas partager son pain avec l’affamé ? », et encore, « les pauvres sans abri, tu les hébergeras… » (És 58.6-7) Jésus reprend implicitement le même enseignement lorsqu’il raconte l’histoire du riche qui donnait chaque jour des fêtes somptueuses alors qu’à sa porte était couché un mendiant qui pour se nourrir attendait les miettes qui tomberaient de sa table (Luc 16 .19-31).

Il ne manque pas d’exemples plus récents de telles situations. Ainsi dans l’Angleterre du xvie siècle, l’abstinence de viande était prescrite certains jours de l’année. Elle était remplacée par du poisson. Cette prescription émanait non de l’Église mais de l’État qui entendait ainsi « soutenir l’économie des ports maritimes » et « limiter le prix des victuailles afin d’améliorer l’existence des pauvres ». De nos jours, le sort de millions d’affamés nous est présenté quotidiennement par la télévision. Des repas-ceinture (occasionnels ou mieux encore réguliers), ou le jeûne une ou deux fois par semaine sont au moins un moyen de lutter contre la suralimentation que traduit l’embonpoint. Cette manière de jeûner exprime notre solidarité avec les pauvres.

Que ce soit pour faire pénitence ou pour prier, par autodiscipline ou par solidarité, la Bible nous donne bien des raisons de jeûner et le jeûne a sa place dans la vie chrétienne. Comme pour l’aumône ou la prière, il est important de ne pas attirer l’attention sur soi lorsqu’on jeûne. Ce sont les hypocrites qui prennent « un air triste » et vont « le visage tout défait ». Le mot aphanisô traduit par « défait » signifie littéralement « faire disparaître », « rendre invisible ou méconnaissable ».

Il se peut que les hypocrites négligeaient leur hygiène personnelle ou recouvraient leur visage de cendres afin de paraître pâles et mélancoliques. Leur « sainteté » pouvait ainsi être vue de tous et susciter l’admiration qui était la récompense attendue. « Mais pour toi, poursuit Jésus, quand tu jeûnes, parfume-toi la tête et lave-toi le visage », « donne-toi un coup de peigne » dirait-il peut-être aujourd’hui ! Jésus ne demande rien d’extraordinaire ; il ne s’agit pas pour les disciples d’endosser un air de gaieté forcé. En effet, comme Calvin l’explique, le « Christ ne nous retire pas d’une espèce d’hypocrisie pour nous faire retomber en l’autre ». Il part du principe que les disciples faisaient leur toilette tous les jours et que les jours de jeûne ils la feraient comme d’habitude afin que nul ne se doute de leur état. Dans cette situation aussi, « ton Père qui voit dans le secret te le rendra ». L’objectif du jeûne n’est pas d’en faire la publicité ou de cultiver la réputation de ceux qui le pratiquent. Il exprime l’humilité de l’homme devant Dieu et sa préoccupation pour ceux qui sont dans le besoin. Si ces objectifs sont atteints, le jeûne a déjà obtenu son comptant de récompense.

1Voir par exemple la Liturgie de l’Église Anglicane.

les articles plus lus

En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)