Maladie et bénédiction

Avec l’aimable permission des deux coéditeurs Impact et La joie de l’Éternel, nous reprenons un extrait du journal de Georges Müller : G. Brunel, Georges Müller, sa vie et son œuvre (1805-1898). Georges Müller ne demanda jamais de salaire comptant uniquement sur Dieu quant à ses revenus ; il édifia plusieurs orphelinats dans ce même esprit. Il prêcha aussi et amena une multitude d’âmes au Christ. Ce passage est extrait du chapitre 8, « Ouverture des premiers orphelinats ». L’homme y fait part de ses douleurs physiques insupportables. Voyons la réaction d’un tel homme de Dieu. Puissent ces pages nous servir d’exemple et nous encourager dans notre faiblesse. Les intertitres et caractères gras sont ajoutés par la rédaction de Promesses

Georges Müller expérimente une bénédiction supplémentaire due à sa maladie.

6 janvier 1838. Maladie et bénédiction. Il me semble que l’état de ma tête ne s’améliore pas, bien que l’état général soit plus satisfaisant?; mais mon bon docteur assure que je vais mieux et conseille un changement d’air. Or, ce même jour, une sœur qui habite à quelque cinquante-quatre kilomètres d’ici (elle ne sait donc rien de l’ordonnance du docteur) m’a envoyé 375 francs en spécifiant que c’était pour un changement d’air. Dieu prend soin des siens de façon merveilleuse? ! J’ai donc les moyens de suivre l’avis du docteur.

Malgré ses douleurs et les sentiments qu’elles provoquent, sa préoccupation est la préservation de la gloire de Dieu dans ses réactions.

7 janvier. Ma tête est dans un état pitoyable et aussi malade que jamais, me semble-t-il. Les nerfs doivent être touchés ; et ceci provoque en moi une forte tendance à l’irritabilité, mêlée de je ne sais quel sentiment satanique, qui est étranger à ma nature. Ô Seigneur ! Veuille garder ton serviteur de te déshonorer ! Mieux vaudrait que tu me prennes à toi.

À cause de son mal, G. Müller commence à lire une biographie de Whitefield [note] Prédicateur anglais du XVIIIele siècle et instigateur, avec John Wesley de ce qu’on a appelé « le grand réveil », et l’un des leaders du méthodisme[/note] qui va le bouleverser et renouveler sa vie de prière et sa communion.

10 janvier. Aujourd’hui nous sommes partis pour Trowbridge, ma famille et moi.

12 janvier. Trowbridge. J’ai commencé la lecture de la Vie de Whitefield par M. Philip.

13 janvier. La lecture de cette biographie m’a déjà été en bénédiction. Il est évident qu’il faut attribuer les grands succès de la prédication de Whitefield à sa vie de prière intense et au fait qu’il lisait la Bible à genoux. Je sais depuis quelques années déjà l’importance de ce dernier point?; mais jusqu’ici je ne m’y suis que très peu conformé. J’ai eu aujourd’hui plus de communion avec Dieu que je n’en avais eue ces temps passés.

Par sa prière et ses méditations de la Parole, Georges Müller jouit de sa communion avec Dieu, au-delà des douleurs.

14 janvier. Jour du Seigneur. J’ai continué la lecture de la Vie de Whitefield, et Dieu continue de bénir celle-ci pour mon âme. J’ai passé plusieurs heures en prière aujourd’hui. À genoux, j’ai lu le psaume soixante-troisième, ce qui a été pour moi l’occasion de deux heures de méditation et de prière. Mon âme est maintenant parvenue à ce point, qu’elle fait ses délices de la volonté de l’Éternel, quelle qu’elle soit. Oui, du plus profond du cœur, je puis dire maintenant que je ne voudrais pas guérir aussi longtemps que je ne jouis pas pleinement de la bénédiction que Dieu veut me dispenser par ce moyen. Hier et aujourd’hui, il a puissamment attiré mon âme vers lui.

Ô Dieu ! Continue de manifester tes bontés envers moi, et remplis-moi d’amour ! Je voudrais te glorifier davantage ?; pas tellement par une activité extérieure que par la conformité intérieure à l’image de Christ.

Qu’est-ce qui empêcherait Dieu de faire d’un être aussi vil que moi un autre Whitefield ? Il est certain que Dieu pourrait faire reposer sur moi autant de grâce, qu’il en fit reposer sur lui.

Psaume de David. Lorsqu’il était dans le désert de Juda.
Ô Dieu ! Tu es mon Dieu, je te cherche ; mon âme a soif de toi, mon corps soupire après toi, dans une terre aride, desséchée, sans eau. Ainsi je te contemple dans le sanctuaire, pour voir ta puissance et ta gloire. Car ta bonté vaut mieux que la vie. Mes lèvres célèbrent tes louanges. Je te bénirai donc toute ma vie, j’élèverai mes mains en ton nom. Mon âme sera rassasiée comme de mets gras et succulents, et, avec des cris de joie sur les lèvres, ma bouche te célébrera. Lorsque je pense à toi sur ma couche, je médite sur toi pendant les veilles de la nuit.
Car tu es mon secours, et je suis dans l’allégresse à l’ombre de tes ailes. Mon âme est attachée à toi ; ta droite me soutient. Mais ceux qui cherchent à m’ôter la vie iront dans les profondeurs de la terre ; ils seront livrés au glaive, ils seront la proie des chacals. Et le roi se réjouira en Dieu ; quiconque jure par lui s’en glorifiera, car la bouche des menteurs sera fermée. Psaume 63

Georges Müller remonte la pente et entrevoit de nouveau son avenir. Il prend des initiatives.

15 janvier. Les douleurs de tête ont été bien moins vives depuis hier après-midi. Cependant, je suis loin d’être bien. Mais à cause des bénédictions spirituelles que le Seigneur m’a déjà accordées, j’ai l’assurance que par cette maladie il veut me purifier pour son service béni, et qu’il me rendra bientôt, avec la santé, la possibilité de travailler encore pour lui.

16 janvier. Journée bénie ! Oh ! Que le Seigneur est bon ! Sa grâce entretient en moi la ferveur d’esprit. Le psaume soixante-six a fait l’objet de mes méditations, et plus spécialement les versets dix, onze et douze, qui s’appliquent à mes circonstances particulières. Par le moyen de cette maladie, Dieu m’a déjà « mis au large et dans l’abondance », et je crois qu’il veut me bénir encore davantage. Que n’a-t-il pas fait déjà pour moi durant les dix-huit années écoulées ! Si j’établis un parallèle entre ce 16 janvier 1838 et le 16 janvier 1820, jour de la mort de ma chère mère, je puis mesurer la grandeur de son amour à mon endroit. Aujourd’hui j’ai pris la résolution, si Dieu me rend la santé, d’avoir une fois par semaine ou tous les quinze jours, avec les enfants de nos écoles et les orphelins, une réunion spéciale à la chapelle pour étudier avec eux les Écritures. Le Seigneur incline mon cœur à prier pour bien des choses ; celle-ci par exemple : qu’il veuille allumer en moi un saint désir de lui gagner des âmes et un plus grand amour pour les perdus. C’est la lecture de la Vie de Whitefield qui m’a fait sentir mon devoir sur ces points particuliers.

Peuples, bénissez notre Dieu, faites retentir sa louange ! Il a conservé la vie à notre âme, et il n’a pas permis que notre pied chancelle.
Car tu nous as éprouvés, ô Dieu ! Tu nous as fait passer au creuset comme l’argent. Tu nous as amenés dans le
filet, tu as mis sur nos reins un pesant fardeau, tu as fait monter des hommes sur nos têtes : nous avons passé par le feu et par l’eau. Mais tu nous en as tirés pour nous donner l’abondance.
Psaumes 66.8-12

En méditant la Parole de Dieu, Georges Müller retrouve le courage de prendre Dieu au mot et de compter sur lui seul quant à la suite de son œuvre.

17 janvier. Dieu continue de me manifester sa faveur en maintenant en moi la ferveur d’esprit. À plusieurs reprises aujourd’hui, je me suis senti attiré par la prière, et j’ai prié longuement. J’ai lu à genoux le psaume soixante-huit en priant et en méditant. Au verset sixième, le qualificatif de « Père des orphelins » donné à Jéhovah m’a été en bénédiction. Je me suis approprié immédiatement tout ce qu’il comportait en pensant aux enfants qui me sont confiés ; jamais encore je n’avais réalisé comme aujourd’hui la vérité contenue dans ce passage. Dieu aidant, elle deviendra mon argument pour les heures difficiles.

Au chef des chantres. De David. Psaume. Cantique.
Dieu se lève, ses ennemis se dispersent, et ses adversaires fuient devant sa face. Comme la fumée se dissipe, tu les dissipes ; comme la cire se fond au feu, les méchants disparaissent devant Dieu. Mais les justes se réjouissent, ils triomphent devant Dieu, ils ont des transports d’allégresse.
Chantez à Dieu, célébrez son nom ! Frayez le chemin à celui qui s’avance à travers les plaines ! L’Éternel est son nom, réjouissez-vous devant lui !
Le père des orphelins, le défenseur des veuves, c’est Dieu dans sa demeure sainte. Dieu donne une famille à ceux qui étaient abandonnés, il délivre les captifs et les rend heureux ; les rebelles seuls habitent des lieux arides.
Psaumes 68.1-7

Il est leur Père, il s’est engagé à pourvoir à leurs besoins, à prendre soin d’eux. Je n’ai donc qu’à lui rappeler les besoins des orphelins pour qu’il donne le nécessaire. Mon âme s’est encore élargie pour les malheureux enfants sans parents. Cette expression : « le Père des orphelins » recèle assez d’encouragement pour que je puisse sans crainte placer des milliers d’orphelins sur le cœur du Père, et les remettre à son amour.

Le séjour de Georges Müller touche à sa fin ; il n’est pas guéri pour autant, mais il s’est rapproché de Dieu par la foi, par la lecture et par la prière.

11 février. Ce matin, j’ai lu les versets cinq à douze du chapitre trois des Proverbes, pendant les quelques instants libres que j’avais avant le déjeuner.

Confie-toi en l’Éternel de tout ton cœur, et ne t’appuie pas sur ta sagesse ; reconnais-le dans toutes tes voies, et il aplanira tes sentiers. Ne sois point sage à tes propres yeux, crains l’Éternel, et détourne-toi du mal : ce sera la santé pour tes muscles, et un rafraîchissement pour tes os.
Honore l’Éternel avec tes biens, et avec les prémices de tout ton revenu : alors tes greniers seront remplis d’abondance, et tes cuves regorgeront de moût.
Mon fils, ne méprise pas la correction de l’Éternel, et ne t’effraie point de ses châtiments ; car l’Éternel châtie celui qu’il aime, comme un père l’enfant qu’il chérit.
Proverbes 3.5-12

Et ces mots m’ont particulièrement frappé : « Ne te rebute pas quand l’Éternel te reprend ». Certes, je n’ai pas méprisé le châtiment du Seigneur, mais il m’arrive de temps à autre d’être las d’être repris.

« Ô Dieu, aie pitié de moi, ton serviteur inutile ! Tu sais bien que l’homme intérieur veut endurer l’affliction avec patience, et que même il ne voudrait pas qu’elle se retire avant qu’elle n’ait parfaitement accompli son œuvre et porté les fruits paisibles de justice qu’elle doit porter. Mais tu sais aussi quelle épreuve c’est pour moi que de continuer à vivre comme je le fais maintenant. Viens à mon secours, Seigneur ! ».

 

les articles plus lus

En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)