L’église d’Antioche

L’étude d’une église locale qui a existé il y a 2 000 ans est très intéressante ! Au iiie siècle av. J.-C., une importante communauté juive s’installe à Antioche, suite à diverses récompenses accordées par des rois Séleucides à leurs mercenaires juifs, sous forme de terrains.

La cité est la 3e ville importante de l’Empire romain (64 av. J.-C.). Elle devient un centre cosmopolite prospère entre le monde gréco-romain et les civilisations orientales sur les plans commerciaux, culturels, religieux et intellectuels.

A. Les débuts de l’église d’Antioche (Act 11.19-30)

1. En premier lieu, la persécution qui débute avec le martyr d’Étienne à Jérusalem (Act 7.59 ; 8.1) provoque la dispersion des convertis. Les chrétiens, hébraïques et anciens prosélytes grecs, fuient la persécution juive et se réfugient à Antioche, en Syrie.

2. En second lieu, les premiers immigrés sont majoritairement d’origine juive. Par réflexe communautaire, ils n’annoncent l’Évangile qu’aux Juifs (Act 11.19). Une minorité de langue grecque évangélise toutefois les Grecs, à cause de son origine (Act 11.19-20).

Quatre principes se dégagent de ce rapport apparemment banal :

a. Ils ont besoin des éléments de base de la vie quotidienne : logement, nourriture, emploi ;

b. Les immigrés, toutefois, semblent avoir comme principe d’évangéliser d’abord (Act 11.19) ;

c. Les convertis juifs se dirigent en toute logique vers les leurs. Leur effort est récompensé (Act 11.21) ;

d. Les convertis grecs vont aussi vers les leurs, avec les mêmes résultats. Chaque groupe s’adapte à son nouveau contexte culturel avec souplesse. Antioche est bien différente de Jérusalem ! Jusqu’à quel point sommes-nous flexibles, sans compromettre la doctrine ? Certaines églises se sont figées dans certaines pratiques héritées des siècles passés, sans reconnaître que la tâche primordiale est, non seulement la préservation de la doctrine, mais également le partage enthousiaste de l’Évangile.

Dans son évangélisation, chaque communauté s’adapte au contexte et à la culture de ses interlocuteurs :

• Les Juifs utilisent l’A.T. pour annoncer la parole messianique et prophétique – la Parole écrite ;

• Les Grecs annoncent la personne du Seigneur Jésus – la Parole vivante.

Que fait notre communauté pour l’évangélisation ? La pratiquons-nous avec l’enthousiasme que produit l’amour de Christ en nous pour les perdus ?

3. Le Seigneur, par son Esprit, opère des conversions (Act 11.21). Aucun truc particulièrement astucieux n’est utilisé, mais le zèle , l’Esprit, la Parole et le Seigneur rendent la récolte abondante. Voilà les leçons à retenir : l’obéissance des premiers croyants (notamment à l’injonction d’Act 1.8), la présence du Seigneur par l’Esprit, l’Évangile présenté et le sens de l’urgence quant au témoignage !

4. Les prédicateurs des deux ethnies présentent la même vérité avec une approche différente. De plus, ils prêchent dans les lieux populaires propres à la culture à laquelle ils s’adressent :

• les Juifs dans les synagogues où l’A.T. est lu (Act 17.17a),

• les Grecs dans les lieux publics (Act 17.17b, 21).

5. Tous sont attachés à Jésus-Christ seul comme Seigneur (Act 11.21, 23c). Il n’y a ni clan ni tradition humaine non biblique à suivre. Où en est-on dans notre assemblée ? Cherchons-nous à ne suivre que les voies du N.T. ? Notez bien que l’assemblée à Antioche, avant l’arrivée de Barnabas, n’avait aucune figure prééminente ni aucun ouvrier à plein-temps. Tous s’impliquaient, sur la base sans doute du modèle de Jérusalem (Act 2.42-48). Sommes-nous tous autant engagés (prière d’intercession personnelle, culte, étude biblique, réunions, évangélisation, aide aux autres, etc.) ?

6. Ce rassemblement, quoiqu’ethniquement hétérogène, est solidement attaché au Seigneur Jésus-Christ. Il est le ciment et le centre de tout et pour tous pendant assez longtemps (Act 11.21-22, 1 Cor 1.11-12).

7. Barnabas est la personne idéale pour aller enquêter sur ce nouveau phénomène – une œuvre commencée sans l’initiative des apôtres et à leur insu. Voici ses bonnes « lettres de créances » :

• son aptitude à faire du bien aux autres (Act 11.24a),

• sa connaissance de l’A.T. et de l’enseignement apostolique (Act 11.23c),

• sa connaissance du grec et de la culture grecque (Act 4.36),

• sa capacité à être rempli du Saint-Esprit (Act 11.24b),

• sa foi triomphante (Act 11.24),

• son discernement de l’œuvre de la grâce de Dieu (Act 11.23 ; il pouvait suivre la direction de l’Esprit au lieu d’essayer d’appliquer à la jeune église naissante le « système » qui fonctionnait à Jérusalem où il n’y avait que les juifs et prosélytes grecs sauvés – Act 11.23b. Sommes-nous aussi flexibles ?),

• sa joie de voir le Seigneur à l’œuvre et de constater l’engagement de tous auprès de lui (il n’est ni jaloux ni égoïste – Act 11.23c),

• sa vision et sa capacité à encourager les autres à suivre le Seigneur plutôt que des chefs de clan ou un « nom ». Le monde évangélique depuis la Réforme aime souvent porter la bannière de tel ou tel « grand nom » (1 Cor 1.11-13) au lieu de n’avoir que Jésus comme guide (Héb 12.2).

L’église locale naissante devient un objet de soins doctrinaux et pastoraux poussés avec l’envoi de Barnabas (Act 11.22), bien connu de tous à Jérusalem pour :

• sa connaissance biblique (Act 4.36),

• ses qualités pastorales (Act 4.36),

• sa générosité (Act 4.37),

• sa reconnaissance de l’autorité apostolique (Act 4.37).

8. Résultat de cette combinaison :

• Un corps multiracial, multiculturel, vibrant et vivant pleinement engagé dans l’évangélisation génératrice de nombreuses conversions (Act 11.24d). Notre communauté a-t-elle eu des conversions de païens ces dernières années ?

• La contribution temporaire d’un homme très capable (Act 11.24d) entraîne la croissance saine des convertis attachés uniquement au Seigneur. Le « dénominationnalisme » n’existe pas.

9. Pendant que l’œuvre de l’église locale se consolide et grandit considérablement, Barnabas reconnaît que la communauté dans laquelle il œuvre pourrait profiter avantageusement de l’aide d’autres serviteurs. Il va chercher Saul à Tarse pour en faire son partenaire dans l’enseignement.

Le fait que Barnabas puisse laisser l’assemblée, tandis qu’il entreprend d’Antioche à Tarse un voyage de plus de 250 kilomètres, démontre que le corps local pouvait bien fonctionner grâce à un enseignement sain et à sa vie sous la dépendance de l’Esprit. Une œuvre florissante peut se développer lorsque plusieurs frères capables d’enseigner et de faire des visites pastorales sont à l’œuvre et que tous participent, chacun selon son don, dans un esprit de complémentarité et non de compétition.

10. Le Saint-Esprit à travers Luc (l’auteur des Actes), met en évidence la nécessité (Act 11.26) :

• d’un enseignement constant et régulier,

• d’un nombre important de réunions régulières,

• d’un grand nombre de convertis assistant aux réunions d’enseignement, de prière et de communion fraternelle. Sans doute, les jeunes croyants de cette assemblée ont-ils besoin d’un soin particulier, de visites régulières, de réponses à leurs questions dues à leurs origines diverses et à un manque de connaissance biblique.

Une nouvelle dynamique se crée grâce à l’attachement de plusieurs à Jésus-Christ comme seul Sauveur et Maître. La ville en est grandement influencée. La nécessité de l’enseignement et ses conséquences sont primordiales pour que l’église puisse envoyer des missionnaires sans affaiblir l’œuvre locale (Act 11.22-26 ; 13.1-3).

11. L’assemblée idéale est sensible à la parole de Dieu et sait agir en conséquence dans le domaine des offrandes. Les membres de l’assemblée sont issus de différents niveaux de vie et classe sociales (Act 11.27-30).

B. L’envoi de missionnaires depuis Antioche (Act 13.1-3)

1. Un seul corps local existait : l’unité régnait ! La communauté de croyants convertis était une entité solide parce qu’elle était centrée sur Jésus-Christ (Act 11.26 ; 13.1). Il semble que 11 ans se soient passés entre le début des conversions en 37 et l’envoi missionnaire en 48.

2. Le texte ne mentionne pas l’existence des anciens et des diacres mais insiste sur le ministère de la Parole (par les prophètes et par des docteurs), sur le ministère d’évangélisation et sur celui de l’enseignement. Nous avons besoin d’un retour aux pratiques de cette église néo-testamentaire : la prédication de la parole et l’évangélisation accompagnées par l’onction de l’Esprit.

3. Arrêtons-nous un instant sur les cinq hommes mentionnés dans Actes 13.1, car quelques leçons spirituelles en découlent :

Barnabas. Juif de Chypre devenu chrétien, lévite fin connaisseur de l’Ancien Testament, instruit par les apôtres à Jérusalem. Quelqu’un d’important avec de grandes qualités spirituelles et un bon sens pratique (Act 4.36-37 ; 11.22-26).

Siméon. Appelé Niger (un surnom latin signifiant « noir » ou de couleur de peau très foncée) met en évidence la belle harmonie régnant dans cette assemblée malgré la différence de race.

Lucius de Cyrène. Son exemple met en évidence la capacité de travail de frères d’autres origines et d’autres « nationalités » (Act 11.20).

Manahen (Menahen : « consolateur »). Homme cultivé, de bonne éducation en latin, en grec et en hébreu, faisant partie de l’élite de sa culture d’origine mais aussi de la culture romaine. Un jour, le Seigneur Jésus-Christ entre dans sa vie et il devient quelqu’un d’apprécié pour ses dons spirituels pour édifier la communauté des rachetés à Antioche.

En y ajoutant Saul, nous constatons que ces quelques frères fonctionnaient en une équipe solidaire, unie. Quelle bénédiction pour l’œuvre de Dieu, pour le Seigneur : harmonie, efficacité, amour, communion fraternelle ! Sans doute exerçaient-ils leur ministère à plein-temps (Act 13.2).

4. Le verbe « servaient » (leitourgountôn, qui a donné « liturgie ») est unique ici par le fait qu’il combine l’idée de service en tous genres et pour toutes sortes de personnes (Phil 2.25, 30 ; Rom 13.6). Il inclut aussi l’idée de service comme une adoration et une louange rendues à Dieu.

D’après le contexte, l’adoration du Seigneur dans la vie spirituelle des cinq frères semble être la base de leur service envers les autres (l’adoration sans service d’aide et sans évangélisation est un non-sens et pourrait même être hypocrite !). L’œuvre à Antioche est un exemple à suivre. La Parole, la prière, et l’évangélisation, le Saint-Esprit et des gens capables : quelle combinaison exquise !

Le jeûne occupe une place importante dans leur conception de leur activité pour le Seigneur et pour l’église locale. Ces hommes n’ont que Dieu pour ressource.

5. Ils témoignent généralement par le « un à un », là où se trouvent les croyants (motivés par l’amour de Christ, selon 2 Cor 5.14-15). Le texte ne parle pas des évangélistes, mais de tous ceux qui évangélisent (Act 11.19-21). Sommes-nous prêts à nous inspirer de la « méthode » d’Antioche ?

6. L’Esprit commande que les responsables mettent à part deux hommes. L’appel consiste à évangéliser en terre étrangère (terrain vierge de l’Évangile). L’emploi du mode moyen (en grec) signifie que c’est l’Esprit qui prend l’initiative. Pourquoi l’Esprit appelle-t-il ceux-là plutôt que d’autres ? Peut-être pour les raisons suivantes :

• Ils ont déjà travaillé ensemble ;

• Ils sont probablement célibataires ou veufs, donc disponibles pour le travail de missionnaires itinérants et pionniers ;

• Ils connaissent bien les Écritures, la prière, l’activité de l’évangélisation, et la soumission à l’Esprit ;

• Ils vont bénéficier de l’accord de toute l’assemblée.

Ils ont été formés de maintes manières avant d’être « lâchés dans la nature ». Un « envoyé » doit avoir plus qu’un appel. Il a besoin de formation biblique et pratique et avoir fait ses preuves avant.

7. Au travers de trois frères, c’est l’église locale qui impose les mains sur Barnabas et Paul (Act 11.20-26). L’imposition des mains dans le N.T. est un acte d’identification, de solidarité, d’amitié, de confiance. Cet acte ne confère pas de bénédiction surnaturelle spéciale, car :

• Barnabas a déjà été envoyé comme missionnaire (Act 11.22) ;

• Paul a vu le Seigneur ressuscité et a déjà reçu un appel spécial (Act 9.15-16). L’église à Antioche n’a rien à ajouter, excepté le témoignage par tous les convertis qu’ils acceptent la volonté du Saint-Esprit et qu’ils se sentent solidaires avec Barnabas et Paul pour leur voyage missionnaire.

8. Une fois de plus, jeûne et prière vont de pair (Act 13.3). Deux activités intimement liées mais si peu vécues en Occident. Trop enfoncés dans la facilité du matérialisme et trop habitués au confort, savons-nous encore jeûner et prier ?

9. L’église locale « laisse partir » Paul et Barnabas : c’est l’Esprit qui les envoie.

C. Le retour à Antioche de Paul et Barnabas (Act 14.26-15.29)

De retour à Antioche, l’équipe missionnaire formée de Paul et Barnabas rend compte de l’œuvre du Seigneur par l’Esprit pendant leur voyage. Par la suite, ils montent ensemble à Jérusalem pour traiter une importante question de doctrine.

1. Toute l’église locale est réunie (Act 14.27) pour entendre le rapport missionnaire du voyage qui a probablement duré d’avril 48 en septembre 49.

2. Barnabas et Paul reprennent leurs activités locales avant de repartir en voyage (Act 14.28).

3. J’aime la présence du mot « disciples » (Act 14.28). La conception du discipulat semble floue et peu actuelle en Occident. Nous avons besoin d’un retour aux récits de l’Évangile et aux Actes pour découvrir ce qu’est la vie de disciple.

4. Paul et Barnabas avaient été « recommandés » (Act 14.26). Le vrai missionnaire biblique est :

• recommandé par une église locale, même par plusieurs si possible (Act 16.1-2),

• recommandé pour une œuvre spéciale ou précise (attention au risque de « lâcher » un missionnaire comme un électron libre !),

• reconnu comme ayant atteint l’objectif déterminé (Act 14.27) :

–  annoncer la parole (Act 13.5),

annoncer la doctrine du Seigneur (Act 13.12 ; 26-41),

annoncer le pardon des péchés et la justification par la foi (Act 13.38-41),

annoncer la lumière aux nations (Act 13.46-48 ; 14.15).

 5. Ceux qui ont la capacité de contrer la mauvaise doctrine légaliste doivent le faire (Act 15.1-2a).

6. L’église avait une équipe de frères responsables mais discrets (pas de Diotrèphe, semble-t-il), qui conduisaient sainement la communauté (Act 15.2b). Sur une importante question de fond, l’église (Act 15.3a) envoie Paul et Barnabas à Jérusalem avec son équipe de témoins pour régler ce conflit doctrinal (Act 15.2c). Il existe ici un principe dans le cas où une assemblée est confrontée à une question de doctrine importante et que ses délibérations ne parviennent pas à satisfaire tout le monde : il est sage de chercher l’opinion neutre et objective de frères qui possèdent des références solides et ancrés dans l’enseignement biblique (Act 15.5-29) qui jugeront avec équité.

D. Le retour du concile de Jérusalem (Act 15.30-40)

Après avoir participé au concile doctrinal à Jérusalem, Paul et Barnabas reviennent à Antioche. Ce qu’ils font ensuite suit probablement ce schéma chronologique :

Première étape (Act 15.30-34)

• La lettre émanant de la communauté de Jérusalem est lue à toute l’assemblée (Act 15.30-31a).

• Tout le monde en ressort encouragé. Son contenu s’impose à tous car il est profondément ancré dans la vérité biblique (Act 15.31b).

• Jude et Silas, reconnus pour leur ministère prophétique, ajoutent à cette lecture plusieurs prêches d’encouragement (Act 15.32).

• La délégation de Jérusalem comprend que son ministère à Antioche arrive à sa fin et retourne à Jérusalem. Silas est le seul à sentir que sa présence pourrait être encore utile et reste à Antioche (Act 15.33-34).

Deuxième étape (Act 15.35)

Des frères connus et moins connus se rassemblent pour un même objectif : former une équipe d’enseignants. Tous enseignent et tous évangélisent en employant les paroles du Seigneur lui-même.

Troisième étape (Act 15.36-39)

L’équipe de Paul et Barnabas connaît une rupture à cause d’un différent. Barnabas veut récupérer son cousin Jean-Marc en lui donnant une seconde chance après son abandon peu glorieux lors du premier voyage (Act 13.13). Paul juge inopportun le choix de Barnabas. Le désaccord est tel que l’équipe d’origine est dissoute. Barnabas quitte Antioche et entame ainsi son propre second voyage missionnaire, avec Jean-Marc.

Quatrième étape (Act 15.40-41)

Une nouvelle équipe composée de Paul et Silas se met en place pour le deuxième voyage missionnaire. Les responsables expriment l’accord de toute l’église locale et bénissent au nom du Seigneur cette nouvelle équipe.

E. Fin du voyage missionnaire et début du troisième (Act 18.22-23)

À la fin de leur deuxième voyage missionnaire, Paul et Silas se rendent à Antioche (Act 18.22). Paul exerce son ministère d’enseignant probablement 6 mois (hiver 52 – printemps 53) à Antioche (Act 18.23). Paul et son équipe partent ensuite pour le troisième voyage missionnaire, lequel va durer environ 4 ans (53-57) et se terminer avec son arrestation au printemps 57 à Jérusalem.

Ainsi se termine les rapports étroits du grand apôtre Paul avec les frères et sœurs d’Antioche. Pendant plus de 10 ans, ils auront été en contact proche de Paul, d’automne 47 à mai 57.

Antioche est la première église pionnière mixte dont nous avons une référence dans le N.T. Une assemblée constituée de convertis d’origine juive et païenne. Il semble que l’Esprit a choisi l’église d’Antioche comme un « bon exemple » de ce que doit être un rassemblement efficace et digne pour représenter Christ devant les païens.

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En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)