Sortir de sa culture

RENCONTRER LES AUTRES


Le défi de la communication avec les musulmans n’est pas seulement d’ordre théologique, mais aussi d’ordre culturel. Si les différences théologiques sont aisément identifiables et font appel à l’intellect et à la connaissance, les questions culturelles touchent des notions profondément ancrées dans notre vécu. Ainsi, l’objet de cet article n’est pas de traiter les différences théologiques entre l’islam et le christianisme.
Dans notre communication de l’Évangile, quelles sont les limites à ne pas dépasser entre transmission du message du Christ et envahissement culturel ?

Aujourd’hui, le monde vient à vous

Il est facile de comprendre que des efforts culturels soient nécessaires pour travailler dans des pays musulmans. Cependant, nous avons du mal à accepter que les chrétiens en Europe doivent eux aussi faire un effort culturel pour toucher leurs compatriotes issus de l’immigration et d’arrière-plan musulman. Le témoin de l’Évangile est suffisamment sensible à la culture qu’il est prêt à changer certaines de ses habitudes, il comprend que son mode de vie n’est pas la norme. Jésus n’a pas dénigré les autres cultures pour favoriser la sienne. Il a au contraire proclamé des valeurs transposables pour tous. L’Évangile est multiculturel et les cultures sont pour lui une richesse !

Qu’est-ce que la culture ?

Rapidement dit, la culture « c’est la manière de faire, ici ! ». C’est la façon de faire d’un groupe, l’organisation d’une société.

En voici quelques domaines essentiels : la vie familiale, l’alimentation, l’habillement, la langue, l’éducation, les valeurs, les croyances, les coutumes, les lois, etc.

C’est la manière de penser, de dire, de faire – le savoir appris d’un groupe, le savoir transmis de génération en génération.

Bonne ou mauvaise culture ?

Dieu veut être le Dieu des hommes de toutes les cultures. Le péché entrant sur la terre a fait son travail de corruption, de destruction jusque dans la structure de nos sociétés.

Plus une culture est éloignée de Dieu, de ses valeurs et de ses principes, plus la confrontation est grande quand l’Évangile la pénètre.

Les cultures ne sont ni divines, ni sataniques en elles-mêmes. Elles sont un produit humain et la scène permanente d’influences divines et sataniques. Nous pouvons affirmer que l’Occident judéo-chrétien n’est plus en position de prétendre que la majorité de ses habitants vivent en accord avec des valeurs reflétant celles du Christ. Les exemples ne manquent pas : l’individualisme et la cupidité qui sont au cœur des sociétés modernes ne reflètent en rien les valeurs du Royaume de Dieu.

Il y a autant de cultures qu’il y a de langues

Notre tendance première est d’éviter de nous retrouver dans des situations inconnues ou sur des terrains où nous n’avons plus de repères. Ainsi beaucoup de chrétiens évitent de rencontrer des musulmans, certainement par crainte de l’inconnu, par crainte de commettre des erreurs…

Suite à de mauvaises expériences, vous avez peut-être décidé de ne plus faire d’effort de communication avec ces gens. Ils sont décidemment trop compliqués et il est impossible de s’entendre !

La connaissance de leur environnement culturel est pourtant indispensable. La communication sera facilitée quand nous saurons pourquoi les gens que nous voulons atteindre pensent et agissent d’une manière différente de la nôtre.

« Allez ! Le commandement de Jésus à ses disciples n’est pas seulement ni surtout un ordre de marche, mais aussi et d’abord un ordre de sortir de sa culture. C’est prendre conscience qu’il y a autant de manières de penser, de s’exprimer, d’organiser nos relations humaines et de nous définir une identité qu’il y a de langues. » Ch. D. Maire

L’ordre de faire de toutes les nations des disciples inclut un mandat culturel. Le processus de former des disciples ne peut se faire en dehors des aspects culturels de la vie du disciple.

Aucun messager de l’Évangile ne peut s’occuper uniquement des « âmes perdues ». Avant de parler de doctrine et de foi, il rencontre le musulman dans un certain cadre culturel. Cela est inévitable, la religion en fait partie intégrante, elle est comme immergée dans la culture au sens le plus large.

Trois réactions face à une nouvelle culture

Notre communication de l’Évangile ne doit pas nous amener à dénigrer les traits de la société islamique.

« Apprendre à connaître une culture, c’est s’en approcher sans jugement préconçu, chercher à comprendre ou admettre une logique différente, sans se croire obligé d’approuver ou de condamner. 1 »

Avant tout, réalisez qu’un musulman est premièrement un être humain. Sa culture est bien plus riche que le fait religieux seulement ! Essayez d’oublier une seconde la croyance pour vous attacher à la personne, à sa vie, à son histoire, à ses espoirs ! Tristement, nous avons tendance à dépersonnaliser les musulmans et à déshumaniser les individus et leurs croyances.

Face à la différence culturelle, nous pouvons avoir trois réactions : le rejet, l’acceptation sans critique, ou le chemin du milieu, celui d’un examen critique. Les deux solutions extrêmes amènent le messager dans une impasse : s’il rejette toutes les traditions et toutes les coutumes, lui-même et le message de l’Évangile ne seront jamais intégrés. S’il les accepte toutes, il entre dans le syncrétisme.

Certains fondements bibliques amènent inévitablement à des confrontations avec le message coranique. Ceci est une réalité et nous ne cherchons pas à la sous-estimer. Nous affirmons simplement que dans beaucoup de cas, cette confrontation est due à notre méconnaissance ou à une forme de « prétention culturelle ». Faisons le maximum pour ne pas dresser des obstacles qui ne se justifient pas.

Chaque culture a en elle des aspects :
– en accord avec les valeurs bibliques,
– en désaccord avec les valeurs bibliques,
– neutres.

Viser le coeur du message

Jésus s’est « limité » à prêcher le Royaume de Dieu. En aucun cas, ses propos ne se sont basés sur la transmission de principes culturels ou sur des manières de faire propres au peuple juif.

Le Royaume de Dieu est clairement défini par Christ comme un royaume céleste. Trop souvent nous sommes tentés de défendre et d’enseigner des valeurs qui nous sont propres et finalement secondaires. Elles n’ont rien à voir avec le cœur du message du salut.

Voici quelques questions que nous pouvons nous poser :

Notre manière de vivre un culte est-elle la référence ? Notre manière occidentale de fêter la naissance de Jésus est-elle la norme ? Ne pourrions-nous pas envisager la cérémonie du mariage de façon différente dans une autre culture ?

Confrontations

Il n’est pas acceptable de parler de « culture biblique » ; on préférera parler de « valeurs bibliques ».

Del Tarr est prêt à dire que la culture dans laquelle baigne le chrétien n’est pas, a priori, plus biblique que celle du musulman. Jésus lui-même n’a pas hésité à prendre comme exemple un ennemi des Juifs, un Samaritain, pour donner aux Juifs une leçon de bonté (le « bon Samaritain »).

De ce constat, nous pouvons tirer deux enseignements :
– Tous les hommes sont pécheurs, quelles que soient leur religion ou leur culture ;
– D’autres sociétés ou ethnies peuvent avoir des valeurs aussi bibliques que les nôtres.

Ainsi, par exemple, l’étranger de passage dans certains pays musulmans recevra un accueil bien plus chaleureux qu’un étranger débarquant en Europe. Sur ce point, laquelle de ces deux cultures reflète-t-elle le plus les valeurs du Royaume ?

Processus de compréhension culturelle

Voici 3 principes ; les pratiquer, c’est acquérir l’avantage d’une meilleure compréhension de l’autre et le bénéfice d’une communication authentique :

1)  Confronter sa propre culture au message biblique

Avant de parler de la confrontation de notre société avec celle du musulman, il est important de commencer par prendre de la distance face à notre propre culture. C’est notre première responsabilité : interpréter le message biblique sans l’influence de notre culture de référence.

Pour nous y aider, nous pouvons nous poser trois questions. Quels traits de ma culture sont :
– en accord avec le message biblique ?
– en désaccord avec le message biblique ?
– neutres, c’est-à-dire ni bibliques, ni anti-bibliques ?

2)  Connaître la culture étrangère

Découvrir l’autre culture, c’est commencer par vivre et développer des amitiés. L’objectif ici n’est pas d’entrer dans le témoignage verbal. L’occasion peut bien sûr se présenter, mais le but immédiat est :
– de passer du temps avec notre interlocuteur,
– de lui poser des questions sur ses croyances et sa religion,
– de rendre et de recevoir des visites,
– en toute amitié, de participer aux fêtes familiales (mariage, naissance, etc.).

Un évangéliste disait souvent :
« Prêche la Parole en tout temps, et si nécessaire, utilise des mots. »

3)  Traduire le message de manière convaincante et significative dans la nouvelle culture

Non seulement nous faisons une démarche pour mieux comprendre les musulmans, mais aussi des efforts pour qu’ils nous comprennent.

Nous entrons alors dans la communication verbale, celle-ci vient étayer le témoignage non verbal du point précédent (l’amour, la compréhension, l’entraide, etc).

Certaines de mes actions peuvent-être neutres dans ma société, mais avoir une connotation fortement négative dans la communauté musulmane. Prenons quelques exemples classiques : poser le Bible par terre ou souligner des versets au stylo est interprété par les musulmans comme un manque de respect au livre révélé et donc à Dieu. Autre exemple, refuser systématiquement le thé offert exprime clairement un désintérêt, voire un dénigrement de la personne ou de la famille qui vous invite. Ce dernier exemple peut facilement être compris par quelqu’un issu d’une culture africaine, où nombreuses sont les valeurs analogues à celles du Moyen-Orient.

Réalisant que dans l’islam il y a des valeurs en accord avec celles de la Bible, il m’est possible de construire ma communication sur les priorités que Dieu a mises dans leur conscience (respect des anciens, de la famille, importance de la piété, de la dévotion, de la justice).

Il faut également savoir que certains mots utilisés par les chrétiens n’ont pas le même sens en islam. Par exemple, le paradis (le Coran le définit comme un lieu de plaisir), la prière (la prière musulmane est ritualisée, elle se fait cinq fois par jour), le péché (le Coran dit que l’homme est bon à sa naissance, que c’est son entourage qui le corrompt).

Les musulmans sont souvent issus de cultures orales. Nos développements logiques basés sur la raison sont souvent en porte-à-faux avec leur perception et leur mode de communication. Il est plus approprié de développer un sujet sur la base d’une histoire ou d’un témoignage personnel.

Après la conversion

Notre but n’est pas seulement de gagner quelques âmes à Christ, mais de faire grandir une église dans des milieux où trop souvent il n’y a aucun témoignage de chrétiens fidèles. Pour atteindre ce but, les nouveaux convertis ne devraient pas être enlevés de leur contexte social et culturel. Comme nous l’avons vu, donner sa vie à Jésus ne signifie pas changer de culture pour en adopter une autre.

Il est vrai que dans une grande partie des cas, le converti est exclu de sa communauté et les conséquences de son choix peuvent être graves, voire dramatiques. Il est pourtant nécessaire de comprendre qu’un déracinement culturel pourrait être la cause d’une chute à plus long terme.

Si cela est possible, il faut encourager le nouveau converti à persévérer malgré les outrages. Il sera un exemple extraordinaire de témoignage vivant de Christ dans sa communauté. La persécution fait partie de la vie chrétienne et participe à la révélation de Christ dans nos vies. L’Église occidentale semble l’avoir oublié…

Comprenons maintenant qu’il pourrait être difficile à la personne issue de l’islam de s’intégrer à une église de culture occidentale. Le pasteur que vous êtes peut-être ne pourra que mieux l’accompagner s’il connaît son arrière plan culturel. Une réflexion est à mener, un accompagnement et un enseignement personnalisés semblent indispensables.

Un frère en la foi, syrien, aimait dire : « Si tu regardes quelqu’un comme ton ennemi, tu fais de lui ton ennemi ». Jésus notre prophète et notre ami a pris le chemin de l’Amour avant nous. Imitons-le, ne prenons pas la voie de la médiocrité. Restons une « bonne nouvelle » pour le monde musulman, que les hommes puissent « voir Christ » à travers l’amour qui se dégage de nos vies.

Références bibliographiques :

– Ben Naja, Moussa Sy, Bénir les enfants d’Ismaël, édition Frontiers, Bienne, 2009

– Rothenberger Hans, Initiation à l’anthropologie culturelle, dossier, cours EMF, 2003

– Paul-Gordon Chandler, Pilgrims of Christ on the Muslim Road, Cowley Publications, 2007

  1. Rothenberger Hans, « Initiation à l’anthropologie culturelle » ; dossier. Cours EMF, 2003.

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En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Écrit par

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

Écrit par

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Écrit par

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)

 

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