Othniel: Portrait d’un juge négligé

ETUDE DANS L’ANCIEN TESTAMENT

Les Israélites furent asservis à Kouchân-Richeatayim pendant huit ans. Les Israélites crièrent à l’Eternel, et l’Eternel suscita aux Israélites un libérateur qui les sauva, Othniel, fils de Qenaz, frère cadet de Caleb. L’Esprit de l’Eternel fut sur lui. Il devint juge sur Israël et il partit pour la guerre. L’Eternel livra entre ses mains Kouchân-Richeatayim, roi de Mésopotamie, et sa main fut puissante contre Kouchân-Richeatayim. Le pays fut tranquille pendant quarante ans. (Jug 3.9-11)

Attention aux apparences. Ce qui prend le plus de place, n’est pas toujours le plus important. Le rôle stratégique d’un général ne se mesure pas à sa corpulence. En littérature, un mot peut changer tout le sens d’un texte. Othniel est ce mot pour le livre des Juges. Bien que son ministère soit résumé en trois versets, Othniel est comme une tour fortifiée à l’entrée d’un défilé, comme un pion avancé sur l’échiquier du livre des Juges. La compréhension de son ministère est fondamentale; elle est un passage obligé pour l’interprétation de tout le livre. Négliger Othniel, c’est s’aventurer sans guide dans les régions escarpées et difficiles de ce livre.

Othniel tient son rôle clé de sa place et de son origine. Des douze juges du livre, il est le premier, l’éclaireur en quelque sorte; il est aussi le seul qui vienne de Juda (Jug 1.13; 3.9), c’est-à-dire de la tribu qui, soit lors de la conquête du pays (au début du livre), soit lors de l’attaque de la ville renégate de Guibéa (à la fin du livre), est désignée par 1’Eternel comme devant ouvrir le chemin pour montrer aux autres la voie à suivre (Jug 1.2; 20.18). Othniel est le premier juge et il vient de la tribu leader: tout le désigne pour servir de guide.

Le portrait d’Othniel est sommaire. L’auteur qui va consacrer la partie centrale de son ouvrage à développer le ministère des juges (Jug3.5-16.31), ne veut pas, dans un premier temps, noyer son sujet sous une foule de détails. Au contraire, il cherche à mettre en évidence les points saillants des juges. Othniel servira de portrait-robot. Ce qui est dit de lui sera vrai des autres. Les repères nécessaires pour orienter le lecteur dans une compréhension du comportement des juges doivent être nets. Aucun ornement, rien de superflu.

Comme l’arbre dépouillé de ses feuilles en hiver laisse apparaître toutes les branches maîtresses, le tableau du premier juge sera squelettique. Mieux encore, il sera isolé sur la scène puisque, durant le ministère de ce libérateur, aucune information n’est donnée sur le peuple. L’attention du lecteur est ainsi focalisée exclusivement sur Othniel. Sont relevés en particulier son appel, son ministère de rédemption et l’onction divine. Ces points méritent une étude attentive. Ils sont l’objet des prochains développements.

L’appel et le ministère d’Othniel

L’Eternel suscita aux Israélites un libérateur qui les sauva (Jug 3.9). A l’origine de tout vrai appel se trouve Dieu. C’est lui le catalyseur, le moteur de tout ministère. «l »Eternel suscite». L’expression est ramassée. Pas un mot sur la manière ni la réaction du juge. Une nouvelle fois, les détails sont relégués à des développements ultérieurs, car il faudra attendre les ministères de Gédéon et de Samson pour recevoir des informations plus abondantes sur l’appel d’un juge. Pour l’heure, l’auteur se limite à l’ossature de ces appels. Dieu suscite. Voilà ce qu’il faut savoir, rien de plus.

Le ministère du juge est lié au dessein de Dieu, et si l’on désire mieux cerner ce ministère, c’est donc du côté divin qu’il faut chercher des explications. La relation entre Dieu et Israël repose sur l’alliance conclue au Mt Sinaï. Les termes du contrat sont bien résumés dans Deut 28: si Israël est fidèle, il sera béni; s’il désobéit, il tombera sous le jugement de Dieu. De plus, une repentance sincère permet en tout temps à celui qui a péché de revenir sous l’aile protectrice de l’Eternel. Pendant les trois siècles de la période des Juges, Israël n’a cessé d’osciller entre la révolte et le repentir. Tour à tour, Dieu répond au peuple par l’envoi d’oppresseurs (en cas d’ infidélité) et de libérateurs (en cas d’humiliation). Cette valse lugubre où tyrans et sauveurs se succèdent au rythme des penchants du peuple est parfaitement décrite au chapitre 2 des Juges.

L’envoi d’oppresseurs soulève cependant une question: comment le Dieu juste peut-il punir Israël par des hommes injustes? Si le peuple élu tombe sous le jugement divin, pourquoi n’en est-il pas de même pour les païens? Pourquoi le méchant dévore-t-il celui qui est plus juste que lui? (Rab 1.13). Leur triomphe et apparente bénédiction pose problème. La réponse donnée à Habakuk peu avant l’exil (Rab 2.8-17) est valable aussi ici: quand Dieu aura fini avec Israël, il se tournera vers les nations. Si le jugement commence avec la maison d’Israël. il s’ achèvera avec les païens.

Sous cet éclairage, le ministère des juges est très intéressant. Suscités par Dieu pour répondre au repentir du peuple, les juges entrent dans le dessein de la justice divine. La voie suivie est marquée par deux traces parallèles. D’un côté, le juge est appelé à libérer son peuple, de l’autre sa tâche consiste simultanément et dans le même élan à punir les oppresseurs injustes. Le jugement d’Israël étant terminé, celui des nations peut commencer.

Trop souvent les commentateurs se méprennent sur la fonction des juges. Beaucoup leur contestent un ministère de juridiction et ne voient en eux que des généraux conduisant leurs troupes au combat. Pour ces théologiens, les juges ont usurpé leur titre. Erreur. La réalité est tout autre. Les juges sont de vrais juges, des juges de première importance même. S’il est vrai qu’ils semblent peu impliqués dans les affaires domestiques (à l’exception peut-être de Débora), leur ministère s’exerce surtout au niveau suprême, celui des nations. Comme justiciers de Dieu, ils doivent non seulement libérer le peuple grâcié, mais encore punir les ennemis coupables.

Econome en explications pour Othniel, l’auteur relève cependant par plusieurs expressions la dimension punitive du ministère du premier juge. L’ennemi Cuschan-Rischeathaïm, dont le nom signifie « double méchanceté », est livré à Othniel qui le traite avec une main puissante. Aucun pardon pour celui qui n’en mérite aucun. Influencés par des pensées humanistes, les chrétiens se trompent trop souvent sur le rôle de la grâce et de la justice. Cette dernière doit punir le mal sous peine de devenir, elle-même injustice. D’autre part, la grâce divine, qui reporte le jugement mérité du pécheur sur le Messie, ne peut agir que dans le cadre d’un repentir sincère.

Lorsque la justice est exprimée dans sa totalité, lorsque le peuple réconcilié est libéré, lorsque l’ennemi est écarté et jugé, alors la paix peut régner. Le repos du pays est fixé à quarante ans. Ce chiffre, historiquement vrai, symbolise aussi toute une génération, celle du juste juge suscité par l’Eternel.

L’onction spirituelle

Homme de Dieu, le juge est marqué du sceau de Dieu: L’Esprit de l’Eternel fut sur lui (Othniel) (Jug 3.10). Avant d’entrer dans les détails, un bref arrêt sur le sens de la spiritualité évitera certaines confusions.

Contrairement aux religions orientales, qui opposent le bien à la matière et situent ainsi les notions du bien et du mal dans le domaine de la métaphysique, la Bible place ces éléments dans le domaine de la morale, c’est-à-dire sur le plan du comportement de l’homme. Est spirituel celui qui obéit à Dieu; est charnel celui qui lui désobéit. Un homme oint de l’Esprit divin est donc, par définition, un homme marqué par la morale divine.

C’est ici que l’incompréhension et même l’opposition à la spiritualité des juges est la plus forte. Comment peut-on qualifier un comportement de moral quand – visiblement il ne l’est pas, car pour beaucoup de théologiens, l’action de certains juges est à l’opposé de la justice divine. Devant une telle interprétation, il ne reste plus qu’à minimiser l’onction divine sous prétexte d’être située dans l’Ancien Testament Au plus, l’esprit qualifierait un homme pour accomplir une tâche particulière: par exemple commander une armée. Cette attitude devant le texte biblique est vouée à l’échec, car elle ne cherche pas à comprendre la parole révélée. Elle veut au contraire lui imposer le carcan d’une pensée étrangère.

Contrairement à ces raisonnements circulaires dont les explications se bornent à justifier les a priori, les juges sont réellement revêtus de l’Esprit divin. Ils sont les guides spirituels, et donc moraux, de leur génération. L’auteur inspiré l’avait d’ailleurs déjà suggéré au chapitre précédent (Jug 2) puisque, dans ce résumé de la période des juges qui retrace la chute du peuple génération après génération, aucun reproche n’est adressé aux juges. Sur fond de grisaille, leur parcours est lumineux. En fait, l’égarement du peuple vient précisément de son incapacité à maintenir le cap fixé par ses guides.

Pas de reproche dans le résumé portant sur trois siècles; mention de l’onction divine: voilà des indices fondamentaux pour interpréter les actions des juges favorablement. Un mot doit cependant encore compléter notre propos sur l’onction divine. La venue de l’esprit sur un juge apparaît à sept reprises dans ce livre. Ce nombre, loin d’être dû au hasard, est le résultat délibéré d’un auteur particulièrement attentif au symbolisme des chiffres. Pour exprimer la totalité, notre historien recourt plus d’une fois à ce chiffre de la perfection. (Après la création du monde, Dieu ne s’est-il pas reposé le septième jour?)

Nul besoin de mentionner toutes les oppressions jalonnant plus de 300 ans d’histoire: sept suffiront pour représenter l’ensemble (voir la partie centrale du livre: Jug 3.5-16.31).

Nul besoin de signaler tous les instruments de libération «dérisoires» utilisés par des fidèles pour repousser l’oppresseur: sept suffiront: la courte épée d’Ehud, l’aiguillon à boeufs de Schamgar , le pieu de Jaïr, l’action cumulée des trompettes, cruches et flambeaux de Gédéon, la meule à moulin pour la tête d’ Abimélek, les mains nues de Samson et, pour fermer définitement la bouche vorace des ennemis, une mâchoire d’âne fraîche (Jug 3.16,31; 4.21; 7.16; 9.53; 14.6; 15.16).

Nul besoin de rapporter tous les mémoriaux du passé: en les précédant du refrain jusqu’à ce jour, sept suffiront (1.21, 26; 6.24; 10.4: 15.19; 18.1, 12).

Quant à l’envoi de l’Esprit, le rappeler pour chaque juge serait laborieux et insipide. Si on l’indiquait pour le juge type, une seule mention suffirait. D’un autre côté, sept mentions témoigneraient de la multiplicité et de la totalité tout à la fois. C’est la solution adoptée par notre auteur.

Sept mentions de l’Esprit pour indiquer qu’il est venu sur tous les juges: la répétition est nécessaire, mais elle n’est pas monotone sous la plume chevronnée de notre écrivain, car, en plus de la première référence relative au stéréotype des juges (Othniel), les six autres occupent toutes une place stratégique. Comme des panneaux de signalisation routière orientant les voyageurs aux croisements, l’Esprit est mentionné chaque fois que le lecteur pourrait s’égarer et ne pas comprendre l’action juste du juge. Rencontré une fois en salle de théorie avec Othniel, le panneau réapparaît six fois sur le terrain, là où les difficultés sont réelles: une fois pour Gédéon (6.34), une fois pour Jéphté (11.29), quatre fois pour Samson (13.25; 14.6,19; 15.14).

Si le lecteur n’a pas écouté les recommandations de départ, la sortie de route est garantie, en particulier sur un terrain aussi verglacé que celui de Samson où peu d’interprètes terminent le parcours sans être meurtris à l’image de ce héros qu’ils finissent tous par blâmer plus que nécessaire. (Que le lecteur averti cherche, d’ici la parution du portrait de Samson, l’image de ce héros de la foi (Héb 11.32) tel que nous le dépeint l’auteur des Juges!)

Le caractère du juge

Pour être complet le portrait d’Othniel exige encore une touche. Elle lui sera apportée du chapitre 1 qui avait déjà introduit notre héros auprès des lecteurs des Juges. Les circonstances relatives au mariage d’Othniel (Jug 1.12-16) jettent un peu de couleur sur l’esquisse de notre premier juge; elles brossent surtout les lignes d’un caractère empreint de foi et de courage. Pour comprendre la pointe du récit, il faut se tourner vers le beau-père. Pourquoi Caleb a-t-il dit: Je donnerai ma fille Acsa pour femme à celui qui battra Kirjath-Sépher et qui la prendra (Jug 1.12)? Caleb, faut-il le rappeler, était l’un des deux héros d’Israël. Avec Josué, ils avaient été les seuls à vouloir conquérir la Palestine après l’exploration du pays (Nom 13-14). Cette détermination était signe non de témérité, mais de foi, car ces hommes avaient pris la parole de l’Eternel au sérieux. Si Dieu avait promis au peuple un pays, n’allait-il pas le leur donner; n’allait-il pas mener leur armée à la victoire?

Après la conquête de la Palestine, Caleb, toujours animé de la même foi, choisit la ville de Hébron comme part d’héritage (Jos 14.12-13), c’est-à-dire la ville même des géants! Confiant non dans sa force, mais dans la fidélité de l’Eternel, il choisit le morceau le plus coriace, et laisse ainsi au peuple un témoignage exemplaire. Faites comme moi, n’ayez pas peur, Dieu est avec nous. Ces remarques nous permettent de comprendre et d’apprécier les critères retenus pour trouver un beau- fils: Caleb ne cherche pour sa fille ni athlète musclé ni soldat couvert de cicatrices, mais un homme de foi qui prend Dieu au mot, un leader spirituel qui s’engage en première ligne, assuré de la victoire promise.

Relevons encore que la ville à conquérir était d’importance. Quiryath-Arba, la «ville du livre» comme son nom l’indique, contenait probablement une grande bibliothèque; hypothèse renforcée par son nouveau nom de Debir, qui signifie «parole». Ce centre culturel et haut lieu de l’idéologie cananéenne devait certainement être bien défendu.

Si l’époux recherché est valeureux, l’épouse ne manquait pas d’attrait. La prime offerte était alléchante; en plus du privilège d’entrer dans la famille d’un héros de la foi, Caleb offrait au vainqueur une femme de qualité. Rien n’est dit sur le physique d’Acsa, mais l’essentiel est ailleurs, comme le soulignera la mère de Lemuel dans son poème sur la femme idéale (Prov 31.10-31). Les qualités intérieures d’Acsa sont révélées lorsque, soucieuse du bien de son mari, elle demande à son père la double faveur d’un champ et de fontaines d’eau (Jug 1.14-15). Caleb cède aux désirs de sa fille, et semble même aller au-delà de sa demande, puisqu’il lui offre les sources supérieures et inférieures. Lorsque confiance et respect règnent, n’est-ce pas un plaisir pour les parents de transmettre leur héritage à leurs enfants, convaincus que ces derniers le mettront en valeur?

Sur cette image du couple idéal, nous terminerons notre portrait du juge type. Le cadre est fixé, et nous verrons dans les prochaines études comment les qualités relevées chez Othniel (appel divin, onction spirituelle, foi vivante) se manifestent dans le concret. De la charpente, nous passerons au mobilier; du squelette, à la chair. En cela nous suivrons le cheminement proposé par l’auteur du livre des Juges.

les articles plus lus

En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)