Lire Luc 23.13-47
Ce passage tragique de l’évangile est animé par quatre prisonniers:
- un meurtrier gracié et libéré,
- trois prisonniers exécutés, dont:
- un malfaiteur endurci,
- un malfaiteur repentant dans sa dernière heure
- un innocent injustement condamné.
- 50% de fautes imputables à la justice humaine sont mises en évidence:
- condamnation de l’innocent,
- libération du meurtrier.
- Peut-être 75% d’insatisfaction si on regrette que le malfaiteur repentant n’ait pas été récupéré par la société.
La justice de Dieu est tout à fait différente, exempte d’erreur et empreinte de la volonté de pardon et de restauration du coupable. D’autre part. une grande promesse lourde d’avenir est faite à quiconque souffre d’injustice ici-bas. C’est Mat 5.6 (Darby): Bienheureux ceux qui ont faim et soif de la justice, Car ils seront rassasiés.
Il est raisonnable d’aimer la justice de Dieu, car elle est guidée par l’amour(Pr 3.12; 1 Cor 11.32). En revanche le présent récit démontre que le plus grand juste peut avoir peur de la justice exercée par l’homme.
Comparons maintenant le jugement de l’homme avec celui de Dieu.
Barabbas
C’est le meurtrier libéré à la place de Jésus. Il doit son élargissement à la haine des puissants Juifs envers leur Messie, dont ils craignent le règne terrestre (Jean 19.21). Quelle différence avec la justice de Dieu, qui ne tient pas le coupable pour innocent(Nom 14.18) et n’agit pas différemment selon les personnes(Rom 2.11)!
Barabbas ne comprend peut-être même pas d’où lui vient la faveur de la foule. Mais mieux que quiconque il sait que Jésus le juste est mort à sa place. Il a connu d’emblée ce message central de l’Evangile; il a peut-être été le premier homme à être convaincu sur ce point(Jean 18.39s.).
Mais la connaissance entraîne la responsabilité (Rom 1.21). Barabbas, quelle responsabilité tu as, toi qui sais!
Que fera-t-il de sa connaissance? Se convertira-t-il à la première prédication de Pierre? Retournera-t-il à son ancienne vie? On ne le sait pas. Sa conduite future n’alimentera pas les controverses chrétiennes sur le code pénal des nations. Elle n’aidera ni un camp, ni l’autre.
Le malfaiteur repenti
Il n’a pas eu la chance de Barabbas. La chance influençait déjà la justice des hommes: ce n’était plus l’ancienne théocratie en Israël.
Mais avant de mourir, il s’est repenti, il a confessé son péché et il a fait appel au roi juste qui souffrait encore à côté de lui: Souviens-toi de moi quand tu viendras comme roi!
Quel dommage qu’il n’ait pas été gracié à ce moment! Il nous devient tellement sympathique subitement. Et quel extraordinaire témoin il aurait été dans la future Eglise! Le témoignage des gangsters notoires convertis est très apprécié, on le suppose très efficace, mais c’est une pensée très humaine que d’attribuer une grande efficacité spirituelle aux puissants. Le Seigneur pense autrement et il préfère les instruments faibles, pourvu qu’ils soient conscients de leur faiblesse (Cor 1.27).
Le brigand converti prêchera cependant l’Evangile de la grâce, mais depuis la tombe. Son témoignage sera souvent cité avec succès: des multitudes comprendront le salut par ce moyen.
Un tel succès n’est pas étonnant, car au paradis le brigand converti n’aura ni la possibilité ni l’envie de s’en glorifier; en effet, la tentation de se glorifier est un des principaux freins du succès spirituel(Cor 1.28s.). Et je vous le demande: quel ouvrier du Seigneur est aussi peu capable qu’un mort de se féliciter de ses résultats?
Quant à la justice de Dieu, nous la trouvons encore très différente: tant qu’il n’est pas trop tard, tout pécheur perdu peut changer de comportement en se repentant et envisager sur le champ une nouvelle vie avec le Seigneur(Act 17.30).
Le malfaiteur endurci
Dans ce cas, les principes de la justice divine correspondent à ceux de la justice romaine.
Comme son compagnon ce brigand n’échappe pas au châtiment et il est en contact avec le même Dieu sauveur à portée de voix. Mais quelle différence dans le résultat: il se moque de l’innocent condamné. Les souffrances, l’humiliation et la mort ne changent pas ses sentiments. Dans cet exemple, la peine de mort n’est pas un moyen d’amélioration; mais la grâce du condamné n’aurait sans doute pas été plus efficace. Objectivement, on ne voit pas de relation de cause à effet entre le supplice des deux brigands et leur comportement: devant la même mort, l’un se convertit et l’autre s’endurcit.
Dans le domaine spirituel, combien d’hommes avertis de la destination éternelle, raillent et s’endurcissent définitivement! Remarquons que la menace de la colère de Dieu n’est pas le meilleur argument pour appeler les gens à se repentir.
L’innocent crucifié
Ce sera différent au tribunal de Dieu: aucune erreur, aucune injustice ne sera possible. Nous n’avons pas besoin d’avocat pour ces risques. En fait, si nous avons un avocat, et de quelle taille, c’est bien parce que nous sommes coupables, et notre seul issue est de plaider coupable. C’est ainsi du reste que le Seigneur plaide pour nous, en termes de loi, parce que son salut ne concerne que des coupables(Tim 1.15).
En ce qui concerne la mort du Seigneur, il ne s’agit pas d’une erreur, mais d’un crime de la justice.
Bien sûr, les coalisés étaient nombreux à vouloir se débarrasser du Seigneur: Satan, les chefs religieux, le chef politique. Ce sont ces trois mêmes puissances qui dirigent le monde et bientôt se coaliseront vainement pour régner sur lui à la place du Seigneur. Tous avaient quelque chose à perdre si le Seigneur prenait le pouvoir. Alors, devant ce risque, ils ont choisi la mort du Seigneur, accomplissant sans le savoir de dessein de Dieu annoncé par les prophètes(Mat 17.22; Es 53).
Il est remarquable que de nombreux avertissements (de portée prophétique) concernant la justice, mettaient les Juifs en garde contre l’injustice envers le Messie(Ps 22; Pr 17.15).
Dans un coeur où règne le Seigneur, tout change. Mais le monde, lui, ne change pas, ni son prince. Aussi le monde est-il déjà jugé, car il ne changera pas avant que le Messie annoncé, Jésus lui-même, ait établi son royaume annoncé par l’Ecriture.
Pour changer le monde, les hommes de bonne volonté sont impuissants. Impuissants leurs choix politiques ou judiciaires. Le seul chemin ne vaut que pour une personne à la fois, c’est le Seigneur Jésus( Jean 16.8; 17.9,16; 14.6).
Une dernière pensée: des trois brigands, Barabbas et les deux larrons, lequel fut le plus grand pécheur au regard de Dieu?
Ce pouvait être n’importe lequel des trois, sans aucune incidence sur leur destinée éternelle. Seul compte le changement de comportement qui suit la repentance, ce nouveau départ avec le Seigneur Jésus ( Rom 3.23)
Henri Larçon