Emu de compassion

« Pour moi, ici, à Ban Vinai, Thaïlande, la compassion revêt des formes particulières. Hier, il a fallu très rapidement enlever à des parents leur jeune enfant qui se mourait et pour lequel ils accomplissaient des rites animistes. J’ai pris le bébé et je l’ai conduit au dispensaire le plus proche, afin qu’on puisse le soigner et le sauver. Aujourd’hui, les choses paraissent moins urgentes, mais n’en sont pas moins importantes. Pendant que je donne mon cours, je m’aperçois que l’un de mes élèves a du mal à assimiler mon enseignement; il faut que je prenne du temps pour répéter, et répéter encore, alors que je suis si fatiguée. J’aurais envie de remettre tout cela à demain. Dans ce camp de réfugiés cambodgiens, il y a tant de problèmes, et je me sens souvent dépassée par les événements. Je me dis qu’il faudrait davantage de moyens, davantage de personnes pour répondre à tant de besoins et en même temps. Je veux faire confiance à Dieu, croyant qu’il veillera à ce que la tâche commencée viendra un jour à son terme; qu’à la place des ténèbres de ce camp, la lumière de l’Evangile resplendira.» Ainsi témoigne Ruth Neckerson.

Face à tant de besoins et de misères, aucune personne de bonne volonté ne peut rester insensible. Il y a certainement beaucoup à faire. Mais comment s’y prendre? Etre plus solidaires? Soutenir les grandes actions humanitaires? Nos interrogations se mêlent et se compliquent au fur et à mesure que nous y réfléchissons. Les lignes qui suivent voudraient tenter de mettre un peu d’ordre dans les pensées, afin de discerner quelle doit être le comportement du chrétien aujourd’hui face aux im­menses besoins des hommes.

La première démarche qui s’impose consiste à examiner ce que l’Ecriture nous enseigne quant à la compassion.

Au commencement

Lorsque l’oeuvre de la création s’achève, le Créateur affirme que tout est très bon. Les relations humaines sont parfaites, et l’homme trouve en Eden tout ce qui lui est nécessaire, matériellement, spirituellement et socialement. Cette réalité sera complètement défigurée par le péché. Dès lors, l’injustice et l’égoïsme vont prendre le dessus. Les récits de l’Ancien Testament et notre propre expérience en donnent de trop nombreuses preuves.

Cependant, nous voyons aussi se déployer une autre ligne de force déjà dans l’Ancien Testament: Dieu n’abandonne pas l’homme à sa situation misérable; il se révèle à lui et lui fait connaître sa propre compassion. Il prend plaisir à la miséricorde (Mich 7.18). Cette compassion divine pourra faire naître la compassion humaine, l’amour pour le prochain. La loi que Dieu donne à son peuple contient de nombreuses précisions sur la manière dont cet amour pourra s’exercer. Une attention toute particulière est portée au plus faible, au pauvre, à la veuve et l’orphelin. La fonction de la loi a un double but: elle est à la fois une barrière qui limite les effets du mal et une voie dans laquelle l’amour pourra s’épanouir. Contrairement à ce que beaucoup de nos contemporains imaginent, loi et amour ne s’opposent pas, mais au contraire se complètent.

Ce que l’Ancien Testament ébauche et prépare va trouver son plein épanouissement en la personne de Jésus, qui incarnera de manière parfaite la compassion de Dieu pour les hommes. L’expression «il fut ému de compassion» revient souvent dans les écrits évangéliques et nous montre que c’est là le moteur qui le pousse très souvent à agir. Sa prédication, ses miracles, sa mort sur la croix, voire sa venue dans notre monde, n’avaient pas d’autre raison: manifester son amour pour les hommes. Les disciples du Christ ne s’y sont pas trompés; dès les premiers temps de l’Eglise, l’amour fraternel a été une des caractéristiques de l’Eglise naissante et persécutée. Justin Martyr écrivait: «Avant, nous estimions par dessus tout l’argent et les biens: maintenant, nous apportons tout ce que nous avons et nous le partageons avec ceux qui sont dans le besoin.» De son côté, Julien l’Apostat, un ennemi de l’Eglise primitive, écrivait: «Ces Galiléens sans Dieu nourrissent non seulement leurs pauvres, mais aussi les nôtres; quant à nous, nous n’accordons aucun soin à nos pauvres.» L’église de Rome pourvoyait aux besoins de 1500 veuves et personnes dans la misère; beaucoup d’autres exemples pourraient être extraits de l’histoire de l’Eglise.

Mais quelle doit être notre attitude aujourd’hui?

Il faut se rendre compte que les pays occidentaux, qui constituent le quart de la population mondiale, possèdent les 4/5 des ressources de la planète, alors que le reste ne possède qu’1/5 du revenu mondial. A ces chiffres sans âme il faut ajouter toute la misère que cette situation entraîne: mortalité infantile importante, absence de soins, analphabétisme, chômage élevé…

Réactions possibles

Il n’est pas rare d’entendre dire: «Ces problèmes sont trop vastes, ils nous dépassent, il nous est impossible de répondre aux besoins.» Il faut reconnaître que lorsqu’on réfléchit à ces questions, on se trouve effectivement rapidement dépassé.

Il est vrai que les questions sont complexes et poussent à intervenir: la politique intérieure des états, la politique internationale, le commerce, mais aussi les idéologies et l’écologie. Le non-spécialiste a l’impression désagréable d’être complètement perdu et de ne pas savoir par quel bout prendre les choses. Cette complexité constitue un encouragement à baisser les bras.

Cependant, ne convient-il pas d’essayer, malgré la difficulté, de voir comment des réponses même partielles peuvent être apportées? Il serait trop commode de retirer son épingle du jeu et prétendre que ce sont les états ou les grand organismes inter­nationaux qui doivent trouver des solutions. Nous ne pouvons rien exiger d’autrui si nous ne sommes pas prêts nous-mêmes à nous engager d’une manière ou d’une autre pour une plus juste répartition des richesses, à refuser l’exploitation et à examiner sérieusement comment nous pourrions jouer un rôle. Nous verrons plus loin com­ment pratiquement des actions peuvent être menées.

Deuxième réaction: «Les oeuvres humanitaires gaspillent souvent énormément, et l’aide qui est envoyée ne parvient pas à ceux qui en auraient le plus grand besoin.» Il faut reconnaître que dans le domaine de l’aide au développement, de nombreuses erreurs ont été commises. Mais il faut ici faire une distinction entre les erreurs involontaires et celles qui ont été consciemment organisées. Dans ce domaine, les pays occidentaux ne sont souvent pas responsables, car souvent les autorités des pays en voie de développement jouent un rôle néfaste. Les détournements soigneusement organisés sont fréquents. Combien d’envois ou d’aides ne sont jamais parvenus à ceux qui en avaient véritablement besoin. Mais l’association dans laquelle je travaille, malgré sa petite expérience, s’est très vite rendu compte que dans l’aide au développement, même lorsque tout est soigneusement préparé et réfléchi, des erreurs de parcours sont commises, de sorte qu’il est plus difficile qu’il n’y paraît d’aider de manière vraiment utile. Mais les erreurs commises ne constituent pas des arguments suffisants pour ne rien faire. Sans doute, d’ailleurs, apprend-t-on davantage par les erreurs reconnues que par les succès remportés.

Un troisième argument que l’on oppose parfois à l’aide au développement est d’ordre théologique et concerne très directement le chrétien. La tâche de l’Eglise aujourd’hui, n’est-elle pas avant tout l’annonce de l’Evangile de Jésus-Christ? Les textes bibliques à l’appui de cette thèse sont bien connus, tels que ceux-ci: Faites de toutes les nations des disciples. – Comment croiront-ils en celui dont ils n’ont pas entendu parler? Si nous n’annonçons pas l’Evangile, des hommes et des femmes seront perdus pour l’éternité, car qui le fera à notre place?

Il est très certain que la volonté de Dieu pour son peuple aujourd’hui comporte cette responsabilité de transmettre le message de l’Evangile. Mais en rester là serait commettre une grave infidélité quant au plan général de Dieu pour le monde. J’ai très rapidement esquissé l’enseignement de l’Ancien et du Nouveau Testament quant à l’amour du prochain. Il importe de se souvenir que celui qui a été créé comme nous à l’image de Dieu n’est pas qu’une âme. S’il a des besoins d’ordre spirituel, ce dont nous sommes bien convaincus, il a aussi des besoins d’ordre matériel et social. Il convient donc de répondre aux besoins de l’homme tout entier. La motivation profonde doit être la compassion. Si mon prochain a faim, il est de mon devoir de lui donner à manger. Si je rencontre un homme qui souffre de solitude ou d’incompréhension, j’ai à répondre à ce besoin précis. Si je rencontre un homme qui a des besoins d’ordre spirituel, je dois répondre à ses besoins d’ordre spirituel. Aimer son prochain comme soi-même, c’est se soucier de tous ses besoins, comme Jésus, qui allait de lieu en lieu, faisant le bien.

Dans nos pays occidentaux, les états ont pris en charge une partie non négligeable des besoins matériels des hommes. La situation est toute différente dans beaucoup de pays du monde. Les missions qui ont tant travaillé dans ces pays l’ont d’ailleurs bien compris et ont ouvert des écoles et des hôpitaux, participant ainsi au développement des régions dans lesquelles ils se trouvaient. Il nous semble donc qu’aujourd’hui comme hier, les chrétiens ont à prendre leurs responsabilités et à voir comment ils peuvent répondre aux besoins des hommes selon la vocation, et les moyens qui sont les leurs.

Encouragés par des chrétiens de diverses églises en France, notre association, le Service d’Entraide et de Liaison (SEL), a commencé à apporter son aide dans plusieurs pays en voie de développement, principalement francophones.

Nous nous sommes surtout attachés à soutenir des projets qui, à plus ou moins long terme, permettent à des hommes de connaître des conditions de vie décentes (ce qui ne signifie pas luxueuses).

Lorsque dans un village la population est assurée d’avoir à sa disposition de l’eau potable durant toute l’année et que les femmes ne doivent plus parcourir de longues distances pour subvenir aux besoins quotidiens, un progrès réel et important a été réalisé. Imaginez un peu que vous deviez chercher votre eau potable à 5 ou 10 km à pied! L’eau potable chez soi signifie une moins grande fatigue, et l’absorption d’eau pure va diminuer les maladies et redonner des forces aux habitants. On va aussi pouvoir planter des arbres et pratiquer des cultures maraîchères.

Dans d’autres régions, le chômage est tellement important que ce n’est que par la création de petites unités de production qu’il est possible d’assurer un minimum vital aux familles. Encore faut-il pour cela écouler la production. C’est une des raisons pour lesquelles, depuis quatre ans maintenant, nous importons des objets réalisés dans une dizaine de pays que nous revendons dans nos pays.

Les besoins ne manquent pas. On peut y répondre de différentes manières. Il nous parait cependant nécessaire de veiller au respect de quelques principes essentiels.

Comment faire?

Lorsque nous envisageons d’intervenir sur le terrain, nous ne commençons pas par établir des plans précis et nous doter de moyens pour les mener à bien. La première démarche vient de la base, des habitants d’un village ou d’une région. C’est eux qui seront amenés à prendre en charge leur destinée. C’est eux qui savent ce dont ils ont le plus urgent besoin. Ceci ne signifie nullement que nous puissions toujours accepter tout ce qui nous est demandé. Mais l’initiative doit leur appartenir. C’est de plus une des conditions de la réussite finale du projet. Si la population est impliquée dès le départ, chacun s’y intéressera. Lorsque la période d’intervention proprement dite s’achèvera, on sait que chacun veillera au respect et au bon fonctionnement de l’ensemble du projet. Cette concertation prend parfois du temps, mais elle nous paraît indispensable.

Il nous paraît aussi impératif de veiller soigneusement à ce que le projet réussisse. Nous avons eu l’occasion de participer à la construction de banques de céréales. Ce sont en fait des locaux construits en dur avec l’aide des habitants du village. Au moment des récoltes, les céréales sont achetées à un prix raisonnable et sont ensuite stockées et soigneusement gardées jusqu’à la période de soudure qui s’avère souvent difficile, les prix grimpant considérablement. Si les habitants d’un village savent qu’ils vont trouver leur «mil quoditien» sur place, à un prix raisonnable, ils n’iront pas courir à la ville pour acheter à prix d’or ce qui leur est indispensable. Ceci réclame une mise de fond au départ, mais permet à la structure villageoise de se maintenir et de s’organiser. Evidemment, lorsqu’une telle expérience a donné de bons résultats, d’autres voudront aussi créer de telles structures. Ainsi le processus de changements pour le mieux s’amorce durablement.

Si des associations purement humanitaires mettent en oeuvre les principes que nous venons de souligner, nous croyons que nous avons, en tant que chrétiens, la responsabilité d’apporter non seulement l’aide matérielle, mais aussi le pain de vie qu’est l’Evangile. C’est pourquoi tous nos projets, qu’ils soient d’ordre agricole, éducatif, médical, ou artisanal, sont menés en collaboration étroite avec les églises. Dans beaucoup de pays en voie de développement, l’Eglise de Jésus-Christ progresse. Des pasteurs et des évangélistes, dans des conditions souvent difficiles, accomplissent un travail remarquable. Des hommes et des femmes se tournent vers le Christ. Mais ces églises n’ont souvent que peu ou pas de moyens. Les pasteurs ne touchent aucun traitement et cultivent comme chacun leur lopin de terre. Nous croyons donc que nous avons à nous associer à ces églises dans leurs projets de telle sorte que beaucoup trouvent une réponse à tous leurs besoins.

Cette oeuvre immense ne peut être menée que grâce à notre générosité, à notre compassion envers ceux qui se trouvent si démunis. Si nous sommes disciples du Christ, si nous voulons suivre ses pas, il convient que nous réfléchissions à ce que nous avons et comment nous pouvons partager avec ceux qui n’ont rien. Nous avons des techniques, des qualifications, du temps, de l’argent. A nous de voir les besoins et ensuite d’ouvrir notre coeur.

Gauthier de Smidt

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En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)