Le mariage: image de l’union du Christ et de son Eglise

Ainsi donc, que chacun de vous aime sa femme comme lui-même, et que la femme respecte son mari. (Eph 5.33)

Préambule

J’aimerais brièvement méditer quelques éléments de l’exhortation qu’adresse l’apôtre Paul aux couples chrétiens de tous les âges en écrivant aux fidèles d’Ephèse les paroles sur le mariage que nous pouvons lire dans Eph 5.22-33.

Mais avant de me pencher sur ce texte magnifique qui, si j’ose m’exprimer ainsi, donne de façon solennelle ses titres de noblesse divine au saint état du mariage chrétien dans lequel vous entrez aujourd’hui, j’aimerais situer ces paroles dans le contexte de tout le cinquième chapitre de la lettre aux Ephésiens. Nous verrons que l’enseignement de Paul n’est pas simplement conditionné culturellement comme l’affirment si légèrement certains qui, au nom de la foi chrétienne, souhaiteraient relativiser les normes divinement établies du mariage que Paul nous rappelle ici.

Paul commence ce chapitre en exhortant les fidèles, et parmi eux les couples mariés, à devenir rien de moins que les imitateurs de Dieu, comme des enfants bien-aimés (v. 1).

Il les appelle ensuite à prendre exemple sur Christ lui-même, en faisant toujours plus de progrès dans l’amour qu’ils se doivent les uns aux autres. Car Christ vous a aimés et s’est donné lui-même à Dieu en offrande et en sacrifice comme un parfum d’agréable odeur (v. 2).

L’apôtre les met en garde contre le danger de se laisser séduire par de vains discours (v. 6) provenant de faux docteurs qui s’opposeraient à son enseignement divinement inspiré et qui, ainsi, le relativiseraient en faisant de ces commandements immuables des règles purement humaines valables uniquement pour une certaine époque, pour certains pays, pour un certain niveau de culture aujourd’hui largement dépassée.

Paul ajoute qu’une pareille révolte contre l’ordre du Créateur ne peut qu’attirer la colère de Dieu. Nous ne devons rien avoir à faire avec de tels imposteurs (v. 6-7).

Il montre ensuite que la vraie différence n’est pas entre les pays, les époques et les cultures, mais entre l’état de ténèbres où l’homme est éloigné de Dieu et celui de lumière dans sa présence (v.9).

Tout le reste est oeuvre stérile des ténèbres. Stérile spirituellement bien sûr, mais physiquement aussi, car ce que de tels gens enténébrés font en secret est si honteux qu’on ne peut même pas en parler (v. 12). Souvenons-nous qu’Ephèse était une ville de culture grecque et qu’à l’époque de Paul l’homosexualité était considérée par les Grecs comme une manière de vivre vertueuse et même comme une des bases essentielles de l’éducation convenable des garçons.(1)

L’on comprend mieux pourquoi, au début du chapitre, Paul disait aux Ephésiens: Que l’inconduite, toute forme d’impureté, ou la cupidité ne soient pas même mentionnées parmi vous, comme il convient à des saints (v. 3).

Ainsi les chrétiens d’Ephèse, et les couples tout particulièrement, sont exhortés à veiller avec soin sur leur conduite; à être, non pas des insensés, mais des hommes sages; de ceux qui savent racheter le temps, car déjà alors les jours étaient mauvais. Ils ne doivent pas être sans intelligence, mais bien comprendre quelle est la volonté du Seigneur (v. 15-17).

Finalement, ayant compris cette volonté de Dieu telle qu’elle est révélée dans Sa Parole, c’est-à-dire dans cette lettre, les chrétiens d’Ephèse sont appelés à continuellement louer et rendre grâces au Seigneur, dans la plénitude du Saint-Esprit, pour ses bienfaits sans nombre de Créateur, de Sauveur et de Seigneur. Ainsi se termine l’introduction aux exhortations morales pratiques qui remplissent la fin de l’épître.

L’ordre divin

Ce que nous trouvons à la fin de ce chapitre et au début du sixième chapitre de cette lettre de Paul est une exposition précise – bien trop précise pour beaucoup d’entre nous – de ce que représente exactement cette volonté du Seigneur pour le mari et pour son épouse, pour les parents et pour leurs enfants, pour les maîtres et pour les esclaves (nous dirions, pour les patrons et pour les ouvriers).

Après avoir exhorté chaque chrétien à être animé d’un esprit de soumission mutuelle, et non d’une volonté constante de réclamation de ses «droits», et cela dans la crainte du Christ, chacun acceptant sa charge, sa tâche, ses responsabilités propres selon la position sociale qui est la sienne et dans le cadre que définit la volonté de Dieu, Paul commence par définir ce qu’est cette volonté divine pour le mariage.

Les femmes doivent tout d’abord être soumises à leur mari, comme elle le sont d’ailleurs au Seigneur lui-même (v. 22). Pourquoi affirmer d’emblée une exigence qui nous paraît aujourd’hui si barbare? La réponse de Paul n’est pas moins nette que son ordre: parce que le mari est le chef de la femme (v. 23). Nous voici bien loin de l’égalitarisme sexuel moderne, de cette mode générale que l’on nomme celle de «l’unisexe», qui pousse hommes et femmes aux mêmes habillements, aux mêmes comportements, aux mêmes occupations. Cet égalitarisme a été jusqu’à conduire le peuple suisse, sous la direction des autorités civiles aveuglées par un esprit démagogique, à adopter un nouveau droit matrimonial qui faisait disparaître de la structure légale de la famille toute espèce de hiérarchie. Cette institution devenue informe, maintenant sans tête ni coeur, était dès lors soumise, en cas du moindre conflit entre partenaires interchangeables, à l’autorité arbitraire du magistrat, c’est-à-dire de l’Etat. Les évêques catholiques suisses et les autorités protestantes du pays ont approuvé ce changement «plus juste», tandis que les Eglises évangéliques se tenaient dans un silence prudent et ambigu.

Mais l’apôtre Paul va plus loin encore. Il demande aux maris chrétiens d’aimer leurs épouses comme le Christ a lui-même aimé et aime toujours son Eglise en se sacrifiant pour elle, en s’identifiant avec elle, en prenant grand soin d’elle. Les maris doivent aimer leur femme comme leur propre corps, nous dit le texte. Paul nous dit que celui qui aime sa femme s’aime lui-même, rien de moins. Que nous sommes loin ici de l’idéal moderne du mari qui, par la «grâce» de la technique scientifique et des batteries d’armes anti-conceptionnelles qu’elle met à sa disposition, a les moyens de faire la guerre à sa propre procréation, au nom de l’épanouissement sexuel. L’époux moderne n’est que trop souvent devenu l’irresponsable jouisseur de son épouse, épouse devenue bien fréquemment la maîtresse domestiquée de son mari. Celui-ci, le chef de la femme, comme le dit Paul, est tombé dans le rôle du serviteur dévoué de son partenaire et de leurs plaisirs communs. Non que Paul se soit jamais opposé aux joies normales qui sont un aspect indispensable de l’union conjugale chrétienne! Mais nous sommes bien loin, dans la description que l’apôtre donne des rapports entre l’homme et la femme dans le mariage, de cette cohabitation «pour le meilleur et sans le pire», qui n’est que le partenariat de deux égoïsmes.(2) . Ce terme de «cohabitation» est devenu si populaire, si normal, qu’il est employé pour définir le régime politique de nos voisins français. Mais n’oublions pas qu’en français cette expression signifie simplement concubinage, fornication, adultère. Quand une grande nation choisit un terme pareil pour décrire son régime politique, elle se trouve au bord du jugement du Dieu.

Inscrit dans la création

Mais pourquoi donc l’apôtre nous prend-il ainsi si fortement à rebrousse-poil en demandant à tous les couples chrétiens de se conformer aux ordres formels suivants:

Que chacun de vous aime sa femme comme lui-même, et que la femme respecte son mari?

Pourquoi une exhortation si anachronique, si démodée, si impopulaire?

Selon Dieu, le mariage est un reflet de l’ordre établi depuis la création du monde entre le Créateur et ses créatures. Dans tout mariage, le mari représente le Créateur et son épouse la création, l’un fécondeur, l’autre recevant la semence fécondante. Pour les chrétiens, cette analogie est beaucoup plus riche encore. Dans leur relation de couple chrétien, le mari et la femme sont l’image vivante du rapport entre le Christ et son épouse, l’Eglise. Paul nous dit qu’il s’agit d’un grand mystère se rapportant à Christ et à l’Eglise (v. 32). Comme l’homme quitte son père et sa mère pour s’attacher à sa femme, de même le Christ a quitté son Père céleste, en ce qui concerne se divinité, et sa mère terrestre en ce qui concerne son humanité, afin de s’attacher pour toujours à son épouse, l’Eglise, qu’il a aimée jusqu’à se livrer lui-même pour elle, afin de la sanctifier après l’avoir purifiée par l’eau et la parole pour faire paraître devant lui cette Eglise glorieuse, sans tache, ni ride, ni rien de semblable, mais sainte et sans défaut. (Eph 5.25-27).

Ainsi, selon l’enseignement de celui qui a lui-même institué le mariage, l’époux et l’épouse chrétiens sont comme dans un théâtre, théâtre qui serait comme le reflet des rapports entre Jésus-Christ et son Eglise. Dans ce théâtre, sur cette scène qu’est la famille, le mari et sa femme doivent fidèlement tenir les râles que leur Créateur et Sauveur leur a assignés. Le mari tient le rôle de Dieu, l’épouse celui de la créature. Il ne s’agit évidemment ici ni d’une quelconque infériorité ou supériorité, ni d’une quelconque autorité tyrannique du mari, comme si le Christ régnait sur son Eglise comme dictateur! L’autorité vraie est toujours une responsabilité et un bienfait à l’égard de ceux pour lesquels elle s’exerce. L’égalité mathématique n’est qu’une vue de l’esprit et n’existe pas dans la création de Dieu. Chaque créature a son individualité propre à l’intérieur de l’ensemble auquel il appartient. Il n’y a pas deux aiguilles de sapin, pas deux grains de sable, pas deux étoiles qui soient identiques.

De même, nous ne trouvons ni deux hommes identiques, interchangeables, ni deux femmes absolument pareilles. La différence entre hommes et femmes est bien plus grande encore que celle que l’on trouve à l’intérieur d’un seul sexe. Cette différence est une merveille de la création de Dieu, car elle permet la création de communautés complexes aux fonctions largement différenciées, telles la famille chrétienne, reflet de l’alliance entre Dieu et son Eglise, entre Dieu et sa création. L’égalitarisme abstrait, fondement du démocratisme moderne (un individu = une voix), est sous toutes ses formes certainement l’arme la plus redoutable entre les mains de Satan dans notre monde pour la destruction des structures complexes et différenciées de l’ordre créationnel.

Comme le désordre est venu par la révolte de la créature contre son Créateur, de même le renouvellement et le rétablissement de l’ordre divin renversé ne pouvait venir que de l’obéissance parfaite de Dieu fait homme, Jésus-Christ, à son Père céleste. L’image de cette obéissance retrouvée est celle de l’Eglise, épouse soumise à son divin époux.

Dès la création, Dieu a établi la famille comme le théâtre où les rapports du couple symbolisaient ceux du Créateur et de la création. Comme nous l’avons vu, d’une part, nous trouvons l’autorité divine et de l’autre, la soumission de la création. Pour le chrétien, le modèle est beaucoup plus proche, plus parlant, plus aimable. D’un côté, le mari tient le rôle du Christ, Seigneur certes, mais un Seigneur plein d’amour pour l’épouse qu’il s’est choisie, s’identifiant à elle, se sacrifiant pour elle. De l’autre côté, la femme figure l’épouse céleste fidèle, l’Eglise de Dieu. Elle doit en tout tenir le rôle qui est le sien par son attitude soumise et respectueuse face à son mari. Elle témoigne ainsi publiquement de ce que doit être le comportement de l’Eglise obéissante face à son Seigneur, de la création restaurée face à son Créateur.

Il n’est guère possible de surestimer l’importance pour l’avenir de notre monde et de l’univers lui-même, de l’attitude d’un couple où chacun tient fidèlement son rôle, de l’attitude fidèle de l’épouse du Christ, l’Eglise, à l’égard de son divin Epoux, Créateur, Seigneur et Sauveur. La pente sur laquelle nous pousse toujours le diable en tant que familles et églises est celle de l’insoumission à Dieu, insoumission se manifestant par notre organisation de la famille ou de l’Eglise autrement que nous le demande la parole de Dieu. Ainsi, pour prendre un exemple dans l’actualité, à la fin du mois d’octobre 1986, le pape Jean-Paul II avait convoqué à Assise une nouvelle Babel de toutes les religions du monde, dans le but de prier pour la paix. Evidemment que ce parlement des religions devait se tenir sans la participation de l’Eglise fidèle de Jésus-Christ. Voici toute tracée la voie infidèle de celle que l’Ecriture appelle la «prostituée», l’Eglise de l’apostasie et son chef l’antichrist.

Tout autre est le chemin de l’Eglise fidèle, modèle d’une création nouvelle, soumise tout à nouveau dans une obéissance joyeuse à son Seigneur. Tout autre est le chemin du couple chrétien où le rapport entre le mari et son épouse doit refléter, certes jamais parfaitement ici bas, mais fidèlement et constamment celui de Jésus-Christ avec son Eglise, prémices des nouveaux cieux et de la nouvelle terre. L’obéissance d’un mari s’identifiant et se sacrifiant pour sa chère épouse, l’obéissance d’une épouse se soumettant et respectant son mari bien-aimé ont une importance plus grande aux yeux de Dieu que tout l’activisme politique et religieux que nous livre le spectacle d’un monde révolté et d’une Eglise infidèle à son époux divin.

Que notre Dieu, Père, Fils et Saint-Esprit, d’où toute famille tire son nom et son origine, vous accorde, à vous couples chrétiens, de pouvoir tenir fidèlement le rôle qui est le vôtre sur ce théâtre de la famille chrétienne où Dieu vous a placés.

Jean-Marc Berthoud

Prédication prononcée lors de la célébration d’un mariage.

(1) Voyez le chapitre consacré à « De la pédérastie comme éducation » de Henri-Irénée Marrou dans son « Histoire de l’éducation dans l’Antiquité« , Seuil, Paris, 1965.
(2) Voyez le livre fort instructif d’Evelyne Sullerot: « Pour le meilleur et sans le pire », Fayard. 1984.

les articles plus lus

En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)