Expérience et parole de Dieu

Vous apprendrez ainsi en nos personnes à ne pas aller au-delà de ce qui est écrit. 1 Cor 4.6 ; cf. 2 Jean 9

Je n’ai pas la prétention par ces quelques lignes d’épuiser tous les aspects du parler en langues, mais seulement d’attirer l’attention sur ce phénomène et de donner quelques lignes directrices pour une étude plus approfondie.

Faux Oecumenisme

Nous assistons, depuis quelques années, à un courant convergent de beaucoup d’églises et mouvements évangéliques vers une sorte d’oecuménisme ayant comme porte-drapeau de leur unité le parler en langues.

Mais ce qui est paradoxal, c’est que c’est là l’unique unanimité qui se fait autour de ce sujet: les profondes divergences doctrinales entre les différentes pensées théologiques, particulièrement entre celle de la Réforme et celle de l’Eglise romaine, sont reléguées à l’arrière-plan et même semble-t-il gommées.

Les mouvements dits « charismatiques » servent sans conteste la cause oecuménique. Ils sont devenus la courroie de transmission entre le protestantisme et le catholicisme. Ces mouvements trouvent que l’oecuménisme traditionnel ne va pas assez vite. Il faut donc brûler les étapes; c’est l’exaltation, le ralliement des masses sous l’apparence d’un renouveau de piété. Une fausse unité s’établit au détriment de la vérité.

Notre regretté ami Francis Schaeffer me faisait part de l’expérience d’un jeune homme qui, après avoir parlé en langues, était persuadé que le Saint-Esprit lui ordonnait d’être plus assidu dans sa prière à la Vierge Marie. D’ailleurs, nous pouvons constater les effets de cet engouement chez les charismatiques d’origine catholique: déviation touchant presque, chez quelques-uns, au fanatisme à la Vierge Marie, regain d’assiduité à la messe…

Dans son livre intitulé « Catholiques pentecôtistes », Kevin Ranaghan écrit: « Le baptême de l’Esprit conduit à une dévotion plus entière pour Marie, une plus profonde vénération du pape, une consécration plus dévouée envers l’Eglise romaine, une fréquentation plus régulière de la messe et une plus grande conviction dans le témoignage de ces choses. » Henri Caffarel dans « Faut-il parler d’un pentecôtisme catholique? », souligne lui aussi ces effets: « Et combien, depuis la demande de » l’effusion de l’Esprit «, s’efforcent de participer quotidiennement à la Messe ».

Ce parler en langues a accrédité beaucoup d’hérésies théologiques. Bien des personnes ont pris comme critère de jugement, non plus la Parole de Dieu, mais ce « phénomène ». Elles sont persuadées avoir accès à la consécration suprême puisque pour elles le parler en langues est le sceau du Saint-Esprit; elles possèdent donc la Vérité! Tout ce que l’Ecriture ne dit pas, on le fait dire par le Saint-Esprit. Les charismatiques en sont arrivés à ne plus pouvoir désapprouver certaines fausses doctrines confessées par les catholiques, ou tout au plus à les minimiser, dès lors que ceux-ci parlent en langues.

Certains de ces mouvements charismatiques vont même jusqu’à conseiller aux nouveaux convertis, d’origine catholique, lors de réunions d’évangélisation, de rester dans l’église catholique. Des bouddhistes, des musulmans, des hindouistes pratiquent le parler en langues, ainsi que les spirites.

Une église sans vie

Les mouvements charismatiques ont tiré profit de l’enthousiasme d’une certaine jeunesse pour un certain surnaturel. Elle était devenue allergique à toute appartenance à une église établie (Mouvement de Jésus…)

Il faut bien reconnaître que beaucoup d’églises ont failli à leur mission. Elles sont devenues arides et stériles et cet état s’explique: -1) par l’abandon de la prédication évangélique basée sur la Bible toute entière, Parole de Dieu; un pasteur ne déclarait-il pas dans un journal: « Quand on me dit que la Bible est la Parole de Dieu, cela me met en colère! » – 2) par le fait de négliger l’action du Saint-Esprit, figée dans une position théorique qui la sclérose dans un formalisme sans vie et la prive du fruit de l’Esprit, Gal 5.22-25. Il n’est certes pas souhaitable de remplacer l’enthousiasme de certains, et leur exaltation, par une vie froide et sclérosée dans le pur formalisme.

Non! je souhaite à tous les chrétiens une vie exaltée, réveillée, plus dynamique, mais aussi plus profonde basée sur les pures vérités de la Parole de Dieu, données par un enseignement sérieux. Car c’est là que le bât blesse. Les charismatiques expriment leur position ainsi: < Dans la Bible il est question du parler en langues, il est impossible de l'ignorer.

Il convient de souligner quelques points essentiels qui caractérisent ces mouvements:
1) la primauté de l’expérience sur la doctrine biblique;
2) la recherche et la mise en exergue d’un charisme (le parler en langues) qui, comme nous allons le voir, n’a plus de raisons d’exister. Et cela au détriment d’autres facteurs de vie spirituelle plus profonds.

Il est impossible de trouver dans les mouvements charismatiques une théologie bien définie et officielle. En réalité, leur référence à la Bible est très nébuleuse.

Expérience et Sainte Ecriture

Je me souviens avoir subi les remontrances d’un pasteur charismatique, mais appartenant à une église traditionnelle, à propos du parler en langues. Il me reprocha vertement de rester figé dans mes croyances et de m’y fossiliser. Il m’incita à réclamer à Dieu ce don et termina par: « Quant à moi, je ne peux renier l’expérience que j’ai faite! »

L’expérience vécue est valable uniquement quand elle est conforme avec la Parole de Dieu (Sola Scriptura).

Nous savons que Satan peut très bien, déguisé en ange de lumière, nous faire faire des expériences qui peuvent paraître vraisemblables. C’est le cas pour cette servante qui, ayant un esprit de divination, procurait un grand profit à ses maîtres et se mit à suivre des hommes qu’elle ne connaissait pas, en criant que c’étaient des serviteurs de Dieu qui annonçaient la voix du salut. Paul excédé chassa le mauvais esprit qui hantait cette femme (Act 16.16).

Nous avons dans la Bible de multiples exemples qui nous montrent ce que Satan est capable de faire. Le Deutéronome, entre autres, nous met en garde contre les visionnaires et certains prophètes qui peuvent être les instruments de Satan et produire des signes et des prodiges (Deut 13.1-3)

Certaines pratiques peuvent nous mettre en relation avec les démons. Paul déclare: Or, je ne veux pas que vous soyez en communion avec les démons. Vous ne pouvez avoir part à la table du Seigneur et à la table des démons (1 Cor 10.18-21). Il nous invite à nous revêtir de toutes les armes de Dieu afin de tenir ferme contre les manoeuvres de Satan (Eph 6.10)<

La Parole de Dieu doit toujours primer sur l’expérience vécue.

C’est un principe auquel on ne doit jamais déroger; seul l’attachement à la doctrine biblique et à la foi transmise aux saints une fois pour toutes (Jude 3), ainsi qu’à la saine doctrine du Saint-Esprit, peut nous garder de sombrer dans les pires hérésies. Aucun esprit qui contredit les Saintes Ecritures ne saurait être le Saint-Esprit.

L’expérience chrétienne doit commencer par l’annonce du pardon de Dieu, dans une attitude de repentance. Elle est dynamique quand la Parole demeure dans le chrétien.

Il faut absolument prendre conscience que l’expérience personnelle est trop subjective pour être un guide infaillible. Le chrétien doit examiner la Parole pour savoir si les expériences acquises sont bien fondées. Il faut les examiner, non pas avec quelques textes tirés hors de leur contexte, ou avec ceux qui nous arrangent, mais à la lumière de toutes les données bibliques. Christ est le chemin, la vérité et la vie; il nous mène à Dieu, mais on ne va à Christ que par les Ecritures, toutes les Ecritures qui nous le révèlent, sous l’action du Saint-Esprit.

Nos regards fixés sur le Seigneur et Sauveur, Chef et Consommateur de la foi, nous ferons chaque jour l’expérience de sa présence, de sa force et de sa vie en nous. Christ fera alors passer en nous le souffle vivifiant de son Esprit. Si la connaissance de Dieu demeure purement cérébrale, sans l’action du Saint-Esprit, il peut alors rester un étranger dans notre coeur.

L’expérience déterminante qu’a faite l’apôtre Paul et qui en fait le grand apôtre des gentils, ce n’est pas le parler en langues ou tout autre charisme mais bien sa rencontre sur le chemin de Damas avec le Seigneur Jésus-Christ. Voilà l’expérience que je vous souhaite à tous de faire, amis lecteurs, c’est d’être saisi par lui. On n’est chrétien qu’à condition d’avoir fait la rencontre personnelle avec ce Sauveur divin et de s’être regardé attentivement dans le miroir de la révélation biblique.

L’Evangile est une puissance s’écrie Paul, la puissance de Dieu pour le salut de quiconque croit… (Rom 1.16). Cette puissance opère un miracle dans notre vie, un miracle qui dépasse tous les autres, celui qui fait de nous de nouvelles créatures.

Charismes: dons particuliers conférés par la grâce de Dieu

Les charismes sont des dons de Dieu. C’est lui, qui décide souverainement quel don nous est nécessaire pour un ministère que lui seul connaît d’avance et a décidé de nous donner: Un seul et même Esprit opère toutes ces choses, les distribuant à chacun en particulier comme il veut (1 Cor 12.11). L’auteur de l’épître aux Hébreux, souligne cette libre décision: Dieu appuyant leur témoignage par des signes, des prodiges, des miracles variés et par des communications du Saint-Esprit selon sa volonté.

Si nous attendons tout du Seigneur, si nous nous abandonnons entre ses mains, il saura nous révéler le travail qu’il veut nous donner, ainsi que le don nécessaire à son accomplissement. Il y a d’après les indications de Paul des dons plus importants que d’autres. Dans 1 Cor 12.26-31, il les énumère: Dieu a établi dans l’Eglise, premièrement des apôtres, deuxièmement des prophètes, troisièmement des docteurs, ensuite il y a le don des miracles, puis le don de guérir, etc… Dans cette épître, Paul nous donne un indication certaine et de première importance; tous ne parlaient pas en langues, comme tous n’avaient pas le même don; mais tous avaient reçu le Saint-Esprit.

Alors comment, dans ces conditions, a-t-on pu faire du parler en langues, le signe du baptême du Saint-Esprit? C’est ce que nous allons examiner un peu plus loin.

Les charismes définitifs ou provisoires?

Dieu a donné au peuple Hébreux des règles particulières à certains moments précis de leur séjour dans le désert Elles ne peuvent pas être mises en parallèle avec les lois éternelles, telles par exemple, les dix commandements, qui restent au travers des siècles l’expression de la volonté de Dieu pour tous les humains.

De même, Dieu, aussi bien dans l’Ancien Testament que dans le Nouveau, a multiplié les dons à certains moments précis de l’histoire suivant un plan conforme à sa volonté. Il accomplit par ses serviteurs des prodiges, des miracles extraordinaires afin de donner la preuve de son intervention, Ils ont été nombreux dans l’Ancien Testament et encore bien davantage au temps de Jésus. Mais n’oublions pas que ces périodes ont été bien souvent séparées par d’autres, sans signe ni miracle. Nous pouvons en donner quelques exemples: pendant le long séjour des Hébreux en Egypte, ce peuple semblait abandonné, sans aucun signe, aucun prodige: il souffrait atrocement. Puis soudain Dieu fit apparaître des signes de jugement sur le maître de l’Egypte qui se croyait tout puissant: les dix plaies, (Ex 8 à 11). Et aussi des signes de grâce pour Moïse et on peuple, la nuée, l’eau du rocher et la manne, ce pain d’en-haut descendu sur la terre. Cette manne dura quarante ans; mais dès leur arrivée dans cette riche terre promise et tant attendue, pays où coulent le lait et le miel, la manne cessa, car les choses promises étaient devenues une réalité, le lendemain de la Pâque, quand ils mangèrent du blé du pays, (dos 5.11-12).

Puis succéda une période longue de plusieurs centaines d’années sans aucun signe. Sous les ministères d’Elie et d’Elisée, où l’infidélité s’était accrue, les signes reprirent très nombreux. Ensuite nous sautons jusqu’à l’instauration de la Nouvelle Alliance; dans les Evangiles et les Actes, de très nombreux miracles reprirent pour attester l’origine divine de Jésus-Christ.

Le parler en langues

Ainsi nous venons de voir que Dieu effectue des miracles suivant un plan très précis. Il en est de même pour les dons qu’il donne, ne l’oublions pas, pour l’utilité commune et non par hasard (1 Cor 12.7).

Tous ces dons ne se perpétueront pas, seul l’amour subsistera jusque dans l’éternité (1 Cor 13.8-13); lisons de près tout ce chapitre. Il est bien dit que le don du parler en langues, donné seulement à quelques-uns (1 Cor 12.29-30), devra disparaître un jour.

a) Pentecôte

Trois signes ont accompagné la venue du Saint-Esprit: un grand bruit, des langues de feu visibles et séparées posées sur chaque disciple et le parler en langues. Même les charismatiques admettent que les deux premiers signes ont disparu. A Pentecôte, des signes extraordinaires et des phénomènes physiques se produisirent. Mais rien n’indique dans le Nouveau Testament que ces phénomènes eurent lieu plus tard.

Pentecôte est irremplaçable et ne peut se reproduire, elle fait partie de l’histoire chrétienne et est du même ordre que l’incarnation, la résurrection et l’ascension.

On ne peut répéter le sacrifice de la croix et la résurrection du Seigneur Jésus-Christ. Alors posons nous la question: pourquoi, alors que les deux premiers signes de Pentecôte n’existent plus, le parler en langues subsisterait-il?

Voici ce qu’un père de l’Eglise, Augustin, nous dit sur ce sujet, dans « Homélies sur la première épître de Jean »: « C’étaient des signes appropriés à cette époque. Ils étaient destinés à annoncer la venue du Saint-Esprit chez les humains de toutes les langues, pour démontrer que l’Evangile de Dieu devait être annoncé à toutes les langues de la terre. Cette chose arriva pour annoncer quelque chose, puis disparut. »

L’apôtre Paul confirme cette définition: Car nous avons tous été baptisés dans un seul Esprit pour être un seul corps, soit Juifs, soit Grecs, soit esclaves, soit libres, et nous avons tous été abreuvés d’un seul Esprit (1 Cor 12.13).

Le baptême dans l’Esprit est l’acte du Saint-Esprit, qui rassemble dans une unité spirituelle des personnes d’origines diverses, venant de toutes les nations, pour qu’elles forment le corps de Christ, c’est-à-dire l’Eglise. Etre baptisé dans l’Esprit ne signifie pas être rempli de l’Esprit, c’est l’acte qui nous fait entrer dans l’alliance de grâce et fait de chaque croyant un membre du corps de Christ.

Les Juifs avaient du mal à comprendre et à accepter l’universalité de l’offre du salut, Ils étaient jaloux de leur prérogative de peuple élu, Ils ne pouvaient pas envisager que Dieu accorde des grâces aux païens et le don du Saint-Esprit. Pourtant le Seigneur a donné un ordre: Allez dans le monde entier et prêchez la bonne nouvelle à toute la création (Marc 16.15).

b) Dieu donne un signe

Dans la communauté chrétienne, il y avait des Juifs incrédules, alors Dieu donna un signe pour eux: Tous les croyants circoncis qui étaient venus avec Pierre furent étonnées de ce que le don du Saint-Esprit soit aussi répandu sur les paiens… (Act 10.45).

Le parler en langues est donc bien le signe qui confirmait à ceux qui s’y opposaient, l’entrée de gens d’autres langues dans une même et seule Eglise. Ce salut est pour quiconque croit. C’est ce que Pierre répond à ceux qui l’interrogent, en citant le prophète Joël: Je répandrai mon Esprit sur toute chair. Alors quiconque invoquera le nom du Seigneur sera sauvé (Act 2.17-21) et Paul dans Eph 3.6: les païens ont un même héritage, forment un même corps etparticipentà la même promesse en Christ-Jésus par l’Evangile… et dans 1 Cor 14.22: Par conséquent, les langues sont un signe, non pour les croyants, mais pour les non-croyants. Voilà une déclaration qui doit enlever le doute de notre esprit.

c) Cessation des signes

A partir du moment où les Juifs ont été convaincus que Dieu étendait son salut à toutes les nations du monde, le but étant atteint, le signe n’avait plus lieu d’exister. Il s’est éteint par la volonté de Celui qui l’avait suscité. Paul est très affirmatif: L’amour ne succombera jamais. Que ce soient les prophéties, elles seront abolies; les langues cesseront… (1 Cor 13.8). Il en est de même pour le don de prophétie dont parle l’apôtre Paul; je pense qu’il a cessé lorsque tout fut consigné dans les Saintes Ecritures. Sinon ces prophéties devraient être mises en parallèle avec la Bible, ce qui est impensable, car la Bible forme un canon immuable. Nous n’avons ni le droit, ni le pouvoir d’y rajouter ou retoucher quoi que ce soit. Ce don fut certainement remplacé par celui de la prédication basée sur la parole de Dieu.

d) Le parler en langues est un signe pour les païens, mais il s’adresse à Dieu:

celui qui parle en langues ne parle pas aux hommes mais à Dieu… (1 Cor 14.2).

J’ai eu plusieurs fois l’occasion d’assister dans des Assemblées à la traduction, par un membre, d’un parler en langues; or la plupart du temps, cette traduction, beaucoup plus longue que le message lui-même, s’adressait aux hommes, comme un avertissement, et non pas à Dieu.

CONCLUSION:

L’expérience chrétienne doit être essentiellement l’expression de la vérité biblique. Elle doit être notre soumission dans tous les domaines à notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ.

Notre responsabilité à nous chrétiens, c’est de dispenser droitement, inlassablement, toute la parole de Dieu. Quand le Seigneur fut tenté dans le désert, il répondit à Satan: Il est écrit.

J.E. GAILLARD
Avec la permission de « Kérux »,
A.C.R.C., B.P. 126, 75623 Paris Cédex 13

les articles plus lus

En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)