Procès de réhabilitation (1)

Les enseignements de l’ancien testament

Et si nous parlions un peu de Jacob, fils d’Isaac ? « Ah oui! dites-vous, Jacob le trompeur ! » – non vous vous trompez. Il y a de nos tromperies dont Jacob aurait rougi…

Tenez c’est un fait que la Bible n’énonce jamais le moindre reproche au sujet de Jacob. Pourtant, il en est peu qui soient autant malmenés que lui, et cela dans la plupart des commentaires, où il est régulièrement traité de trompeur, de manigancer, de fin rusé, et que sais-je. Par contre son frère, que la Bible traite de méprisant, de débauché et de profanateur, c’est le gars sympathique, le bon type qui va à la chasse et apporte à son père du gibier qu’il prépare en venaison succulente, alors que son frère est le faiblard fourré dans les jupes de sa mère.

J’ai mis du temps à découvrir la valeur que DIEU attribue à ces deux frères, et je suis arrivé à des conclusions souvent étonnantes. Non, ce n’est pas Esaü qui est estimable, voir louable, mais Jacob; et ce dernier n’est pas déplaisant et méprisable, mais son frère. C’est là le jugement de la Bible. Vous connaissez cette parole choquante : J’ai aimé Jacob et j’ai eu de la haine pour Esaü, paroles de Malachie que Paul rappelle aux Romains.

Voyons comment la parole de Dieu évalue Jacob et Esaü. J’imagine que vous connaissez les faits saillants de leur histoire, aussi me bornerai-je à des citations révélatrices ici et là. Cela n’empêche pas que vous relisiez Genèse 25.19-28.22, lecture qui vous demandera un quart d’heure.

* * *

Gen 25.21-23 montre que Dieu révéla à Rébecca que le plus grand des deux enfants dans son sein, Esaü, serait le serviteur du plus petit, Jacob. Rébecca n’aura pas manqué d’en informer Isaac. Dieu avait donc choisi Jacob dès avant sa naissance.

Gen 25.27-28 décrit Esaü et Jacob. Esaü était un habile chasseur, épithète qui a la connotation de rusé. Esaü chassait pour le sport, car les nombreux troupeaux fournissaient toute la viande nécessaire. Esaü suivait les traces de Nimrod, vaillant chasseur contre l’Eternel (trad. litt.).

Jacob, lui, est qualifié de tranquille, litt. intègre, même mot employé pour Job: un homme intègre et droit (Job 1.1).

Jacob savait qu’il hériterait des promesses. Esaü aussi, de même qu’Isaac. Dieu avait exprimé sa volonté. Pourtant Isaac préférait Esaü pour une raison de gourmandise: parce qu’il avait du goût pour le gibier (qu’Esaü lui apprêtait). Isaac avait probablement déjà annoncé qu’il donnerait la bénédiction du premier-né à Esaü, qui ne s’y intéressait que par le côté matériel, alors que Jacob désirait avant tout les privilèges spirituels qui s’y attachaient.

Esaü a montré le peu de valeur qu’il attachait au droit d’aînesse en l’échangeant contre une soupe aux pois ! Jacob, connaissant la cupidité d’Esaü lui fit faire un serment. Esaü n’était aucunement obligé de jurer. Vu que Jacob était près des tentes, il y avait assez de possibilités pour Esaü d’apaiser sa faim en faisant quelques pas de plus. – La Bible ne condamne jamais Jacob pour cette action, alors qu’elle condamne Esaü : C’est ainsi qu’Esaü méprisa le droit d’aînesse (Gen 25.34); ce reproche est répété dans Heb 12.16.

Quelles furent les raisons qui poussèrent Jacob à acquérir le droit d’aînesse, tout à fait légitimement d’ailleurs ? D’une part, il savait par Rébecca que Dieu l’y avait prédestiné; d’autre part, il manquait de foi, tout comme Abraham, qui crut devoir aider l’accomplissement de la promesse par Agar. Jacob devait encore apprendre l’efficacité de la prière de la foi. Ne sommes-nous pas tous logés à la même enseigne?

Le moment vient où Isaac se sent vieux (il a cent ans. mais il ne mourra qu à 180 ans), et il veut bénir Esaü. Il ne dit rien à Rébecca, qui sait quel choix Dieu a opéré.
Alors Rébecca s’affole: « ça y est, il va bénir le faux ! » Que faire? Prier, bien sûr ; confiance à Dieu, qui saura bien accomplir son plan. Mais voilà – combien de fois n’avons-nous pas agi ainsi, alors qu’il fallait prier et croire ?…

Rébecca a toujours agi rapidement. Elle fait valoir son autorité maternelle et dit à Jacob: Fais ce que je te commande (27.8). Elle persuade Jacob de se faire passer pour Esaü. Jacob est réticent: il ne veut pas passer aux yeux de son père pour un trompeur (27.12), litt. un moqueur. Jacob ne veut pas que son père pense qu’il se moque de sa cécité, car il l’aime et le respecte.

Rébecca pensait-elle vraiment qu’Isaac se laisserait induire en erreur si facilement? Ou voulait-elle provoquer un choc en faisant réaliser à Isaac, qu’elle aimait, qu’elle mettait même son amour en jeu pour que s’accomplisse le plan de Dieu à l’égard de Jacob ?

Encore une fois, je constate que Dieu n’a jamais adressé de reproche à Rébecca ou à Jacob pour leur action. Au contraire, la suite montre que Dieu y mit sa bénédiction.

1 Sam 16.7 dit: L’homme regarde à ce qui frappe les yeux (ici l’expédient trompeur né du désespoir), mais l’Eternel regarde au cour (ici l’intention de faire réussir le plan de Dieu). C’est pourquoi Jésus avertit de ne pas juger les autres, car Dieu seul connaît le mobile de leurs actions. Telle « belle action » peut être pourrie, alors que telle autre action paraissant répréhensible peut découler d’intentions louables.

Non, il n’est pas question de minimiser l’acte de tromperie exécuté par Rébecca et Jacob. Jacob sera trompé à son tour et ne manquera pas de faire la relation entre son acte et les conséquences. Ce qu’un homme sème, il le moissonnera.

Je vous rappelle cependant un incident dans l’Exode. Les sages-femmes, qui avaient reçu l’ordre de tuer tous les bébés israélites mâles à leur naissance, n’en firent rien. Quand Pharaon les interrogea, elles racontèrent un mensonge flagrant (Ex 1.19) et le v. 20 dit: Et Dieu fit du bien aux sages-femmes (= il les bénit). Il faut en conclure que leur action avait donc eu l’approbation de Dieu. Oui, Dieu a une mesure souveraine, la sienne. De même Rahab, la prostituée de Jéricho, avait menti concernant les espions juifs – et elle est mentionnée parmi les héros de la foi dans Héb 11 ! Le fait de sauver les espions de la mort pesait plus lourd que le mensonge qui leur sauva la vie.

Quand Isaac se rendit compte qu’il avait béni Jacob, le texte dit: il tressaillit d’un grand tremblement très fort (trad. Chouraqui). Car il se rendit tout à coup compte que Dieu l’avait empêché de bénir Esaü, son préféré, contrairement à la volonté de Dieu. Il avait évité de justesse une très grande désobéissance envers Dieu. Quant à Jacob, qui dut quitter son pays pour fuir la colère d’Esaü, qui voulait le tuer, il était loin de penser qu’il resterait pendant vingt ans à l’étranger. Mais tel fut le résultat du manque de foi de Rébecca et Jacob.

Gardons-nous, à notre tour, de « faire arriver » ce que le Seigneur lui-même accomplira à son heure. Combien de fois le Seigneur n’a-t-il pas tourné en bien ce que nous avions mal fait? Ce n’est pourtant pas une raison pour dire que la fin justifie les moyens. Mais retenons : Dieu regarde au cour, aux mobiles; il les voit, lui – pas nous. C’est pourquoi: grande prudence dans nos jugements !

Isaac comprit que le porteur de la promesse devait épouser une croyante. Esaü avait pris deux femmes hittites, donc païennes, ce qui provoqua de la friction dans la famille. Isaac invoqua maintenant la bénédiction d’Abraham sur Jacob : une descendance nombreuse et la possession du pays promis.

Jacob est donc en fuite pour Harân, à 800 km de Beer-Chéba et de sa famille. Après une centaine de kilomètres à dos d’âne ou de chameau, il arrive à Béthel (= maison de Dieu) où Abraham avait bâti un autel. Peut-être qu’une des pierres de cet autel lui a-t-elle servi d’oreiller. C’est là que Dieu lui apparaît pour la première fois et lui parle dans un rêve extraordinaire. (N’allons pourtant pas croire que nos rêves ont normalement une signification profonde !)

Arrêtons-nous à ce rêve de Jacob. L’échelle qu’il voit est hors du commun. Ce mot hébreu n’est jamais utilisé ailleurs dans la Bible; Chouraqui le traduit par escalier. Il représente la communication intense qui existe entre le ciel et la terre. Des myriades d’anges viennent sur la terre pour y exercer les ordres de Dieu et remontent au ciel faire leur rapport. Ne sont-ils pas tous des esprits de Dieu, envoyés pour exercer un ministère en faveur de ceux qui doivent hériter du salut? (Heb 1.14). Dans Apocalypse 19.10 & 22.9, l’ange révèle à Jean qu’il est son compagnon de service, et celui de ses frères les prophètes, et de ceux qui gardent les paroles de ce livre, à savoir la Bible.

Le rêve de Jacob symbolise donc une merveilleuse réalité Jésus s’y réfère en parlant avec Nathanaël : Vous verrez le ciel ouvert et les anges de Dieu monter et descendre sur le fils de l’homme (Jean 1.51). Ici Jésus s’identifie avec l’échelle, le moyen par lequel il est possible de monter au ciel:,il est le seul médiateur entre Dieu et les hommes, étant entré, lui Dieu, dans la sphère terrestre en tant qu homme pour racheter le monde par son sang.

Dans son rêve, l’Eternel renouvelle à Jacob la promesse faite à Abraham, puis à Isaac (Gen 28.13-14). Et Dieu ajoute une quadruple promesse personnelle à Jacob, étonnante en vue de ce qui a été la raison de sa fuite (v.15) :
– sa présence continuelle ;
– sa protection partout;
– son retour dans son pays;
– de ne jamais l’abandonner.

N’y a-t-il pas là une résonance toute messianique, qui nous rappelle la promesse du Christ: à ses disciples; Je suis avec vous tous les jours, jusqu’à l’achèvement de l’âge? Dieu est et a toujours été un Dieu d’amour qui fait grâce à ses élus.

Que fit ce Jacob béni de l’Eternel, à son réveil ? Il offrit un sacrifice d’huile sur sa pierre-oreiller, n’ayant pas de brebis sous la main. Puis il fit un vou à l’Eternel. Il ne s’agit pas là d’un « marché » comme on l’a dit, mais d’un vou de fidélité envers Dieu. L’usage de l’hébreu offre une traduction alternative : Puisque Dieu est avec moi, puisqu’il me donne nourriture et vêtement, puisque je retournerai en paix à la maison de mon père, alors l’Eternel sera mon Dieu: puis il promit la dîme de tout ce que Dieu lui donnera (28.20-22). On le voit: Jacob prit les promesses de Dieu à la lettre ! Sa promesse était volontaire, la loi concernant la dîme n’ayant pas encore été donnée. Il aura peut-être pensé à la dîme qu’Abraham avait donnée à Melchisédek.

On discerne trois éléments dans cette prière exemplaire de Jacob:
1. foi absolue en la promesse de Dieu;
2. vou de fidélité envers Dieu;
3. don volontaire selon les biens reçus.

Cet homme de foi nous interpelle:
1. Jusqu’où va ma foi en la parole de Dieu? Est-elle entière et sans réserve?
2. Suis-je fidèle au Seigneur aussi quand cela déplaît à mon entourage? Mon obéissance est la pierre de touche de ma foi.
3. Comment est-ce que j’exprime ma reconnaissance envers Dieu? Par le don de mes biens? de mon temps? de mes capacités, physiques ou autres? par le don de MA PERSONNE ?

Jean-Pierre SCHNEIDER


les articles plus lus

En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)