Quelle critique biblique ?

      Dans une récente chronique théologique, le professeur Eric Fuchs rendait compte de deux ouvrages récents d’exégètes protestants, L’exégèse du Nouveau Testament (Labor et Fides) de Max-Alain Chevalier, et Sauvez la Bible (Editions du Moulin) de Jean Zumstein. Du premier de ces livres le professeur Fuchs nous dit, « Il veut prouver ainsi la rigueur, l’honnêteté et la pertinence de cette méthode (historico-critique) et faire mieux comprendre et mieux apprécier les services qu’elle rend à ceux qui ont la charge d’expliquer la Bible et d’en prêcher les textes (…) L’honnêteté et la rigueur de cette méthode est incontestable; ses fruits ont été et sont nombreux. »       Le second ouvrage dû à la plume vigoureuse du professeur de NT à Neuchâtel, Jean Zumstein, critique de manière sévère les mandarins de l’exégèse biblique universitaire, « spécialistes qui se sont enfermés dans leur tour d’ivoire et ont cessé de s’intéresser au sens théologique des textes qu’ils étudiaient d’un point de vue historico-critique. »       Mais il s’en prend avec une violence à peine retenue à d’autres responsables de la désaffection à l’égard de l’Ecriture sainte ». M. Fuchs résume la pensée du professeur Zumstein ainsi: « Il y a d’abord le courant fondamentaliste, voire intégriste, qui, par défiance pour tout ce qui est moderne, affirme le caractère sacré du texte biblique par lequel, sans qu’il soit nécessaire de l’interpréter, Dieu parle immédiatement au croyant. Une telle attitude rassure sûrement les esprits inquiets, mais elle rend la Bible otage d’une forme de terrorisme spirituel, dit Zumstein, qui l’enferme dans une seule lecture possible. « (Gazette de Lausanne, 10.8.1985)       C’est ainsi que notre pluralisme universitaire sectaire exécute élégamment les épouvantails caricaturaux qu’il dresse complaisamment comme adversaires !
      Dans un article plus récent intitulé, Retour à la Bible, l’éminent historien protestant français, Pierre Chaunu, rend compte des premiers volumes d’une série consacrée au thème, la Bible de tous les temps (Beauchesne). Voici ce qu’il nous dit des divers auteurs de ces volumes: « Dans l’ensemble, les auteurs de la Bible de tous les temps appartiennent aux courants exégétiques issus de l’ultra-libéralisme « historiciste » bien plus hégélien que chrétien… De l’énorme percée que représente la véritable nouvelle exégèse de Carmignac, Robinson, Tresmontant*, nulle trace. »(Le Figaro 17.8.85)       Quelle serait donc cette percée foudroyante d’une exégèse véritable­ment novatrice qu’occulteraient nos savants bien installés dans leurs habitudes désuètes? Regardons de plus près ces hommes que cite Chaunu.
      Le célèbre évêque anglican, John A.T. Robinson, auteur de livres peu orthodoxes, tels que Dieu sans Dieu et Ce que je ne crois pas, est également un des plus éminents spécialistes du NT. Un de ses livres publié en 1977, Peut-on se fier au Nouveau Testament ?(Lethielleux, 1980), résumé d’un ouvrage monumental, Redating The New Testament, démontre de manière rigoureuse à partir d’une étude interne détaillée du texte des Evangiles qu’aucun d’entre eux ne peut avoir été rédigé après la prise de Jérusalem par Titus en l’an 70. Voici un bien rude coup porté à l’hégémonie universitaire de la critique biblique, et ceci par un savant qui ne saurait être rangé parmi les fondamentalistes intégristes!
      L’abbé Carmignac est un des meilleurs spécialistes français de l’hébreu du premier siècle de notre ère. Des recherches minutieuses entreprises depuis 1963 l’ont conduit à démontrer de manière extrêmement plausible que les Evangiles synoptiques, Matthieu, Marc et Luc, avaient d’abord été rédigés en hébreu avant d’être transposés en grec. Dans la naissance des Evangiles synoptiques (Oeil, 1984), Carmignac écrit: « … les conséquences de ces constatations vont très loin : les Evangiles ont donc été rédigés bien plus tôt qu’on ne le dit habituellement. Ils sont beaucoup plus proches des faits. Ils ont une valeur historique de premier ordre. Ils contiennent les témoignages des disciples qui ont suivi et écouté Jésus. (…) Ces arguments scientifiques devraient réconforter les chrétiens et attirer l’attention des incroyants. Mais ils bouleversent les théories à la mode et donc ils seront âprement critiqués. »       Est-il étonnant que nos exégètes en place se refusent de faire connaître des découvertes si peu favorables à une méthode critique vieille de plus de deux siècles?
      Mais les auteurs français que cite Chaunu sont loin d’être les seuls à secouer vigoureusement l’édifice de la Haute-Critique biblique. L’abbé René Laurentin, journaliste au Figaro et prêtre charismatique dans le vent, est lui aussi un des spécialistes les plus éminents du NT. Dans un ouvrage massif mais d’une lecture très agréable consacré à l’un des grands thèmes de la mythologie critique, les Evangiles de l’enfance du Christ (Desclée, 1982, 635 p.), il démonte tranquillement les montagnes d’incroyance édifiées par des générations de savants sur les fondements bibliques de la doctrine chrétienne de l’incarnation. En appliquant au récit biblique les méthodes de critique de textes les plus modernes et, en particulier, celle de la sémiotique (théorie générale des signes, relation entre signes et signifiés, Robert), Laurentin démontre qu’une étude approfondie des textes relatant la naissance et l’enfance de Jésus-Christ conduisait à la constatation de leur cohérence interne et de leur fiabilité en tant que témoignages véridiques des événements qu’ils relatent. Dans sa préface au livre de Laurentin, le Cardinal Ratzinger écrit: « Il a appliqué les instruments de la critique moderne, avec toutes leurs ressources. A un réalisme naïf et superficiel, il a substitué un nouveau réalisme de l’intelligence, qui manifeste la relation spécifique entre l’événement et le langage, et qui découvre, précisément dans leur corrélation la richesse de la réalité. (…) Avec ce livre, les Evangiles de l’enfance nous sont redonnés à neuf. « (p.3-4)       De son côté, l’abbé Armand Ory se consacre depuis plus de vingt ans au développement d’une nouvelle méthode d’étude des Evangiles, et plus particulièrement à l’estimation critique de la vraisemblance des diverses interprétations du texte biblique. Dans son ouvrage récemment traduit en français, Initiation à l’exégèse fonctionnelle (Oeil 1984), Ory applique au texte de l’Ecriture une analyse logique très rigoureuse, destinée à établir l’interprétation qui convient rationnellement le mieux à ce qu’il appelle la fonction précise du texte. Il présente sa méthode comme suit, « L’exégèse fonctionnelle est une méthode d’interprétation de l’Evangile, enracinée dans le contexte culturel du dernier quart du vingtième siècle. Elle apporte une réponse à une question de l’explication de l’Evangile à notre époque, notamment la valeur des genres littéraires. »(p.11)       Pour chaque texte minutieusement analysé, Ory cherche d’abord sa fonction précise – récit historique, prophétie, parabole, but apologétique, etc.
      Il examine ensuite de manière purement logique les diverses interprétations proposées pour déceler rationnellement si le but que le texte se donnait à lui-même est atteint par l’une ou l’autre des lectures. Les interprétations absurdes s’écroulent d’elles-mêmes. « Analysons tout d’abord les différents éléments de ce système. Tout est concentré sur le raisonnable et l’absurdité. Le raisonnable est supposé comme un caractère typique de l’homme. L’exégèse fonctionnelle suppose que l’homme agit raisonnablement et qu’on doit l’expérimenter après des siècles dans ses oeuvres, par exemple dans ses écrits. La bonne solution est indiquée par ce caractère raisonnable; les mauvaises par l’absurdité. Dès qu’une forme d’absurdité se manifeste, il faut se trouver devant une mauvaise signification. »(p.48)       Il prend par exemple l’incident où Jésus marche sur les eaux, interprété d’une part littéralement comme décrivant un fait miraculeux et, d’autre part, comme une manière d’exprimer symboliquement la manière dont Jésus se dressait contre le mal. A une fonction descriptive s’oppose une fonction symbolique et moralisante. Ory analyse ensuite l’image de « marcher sur l’eau » comme expression symbolique de l’idée de se « dresser contre le mal » et en démontre l’entière absurdité: « .il semble évident que le lecteur doive trouver au récit évangélique une « fonction » adéquate. Seule celle qui exclut toute absurdité et implique partout la clarté et la compréhension peut être la bonne. Celui qui élimine le miracle semble se trouver pour le reste devant les absurdités. Celui qui admet le miracle se promène pour le reste dans le jardin du raisonnable. (…) L’interprétation d’un passage qui parvient à éviter toute absurdité, qui maintient partout le raisonnable et se situe en plus dans la ligne de la tradition, semble la seule bonne; celle qui se charge d’absurdités, ne maintient nulle part le raisonnable et rompt avec la tradition, ne peut être la bonne. Le maintien du miracle dans les faits et les récits est entouré de relations raisonnables; la transformation du surnaturel en naturel se noie dans les absurdités. »(p. 54-55)       Voici, pour le moins, une analyse rationnelle de la Bible dont nous n’avions guère l’habitude.
      Dans cette perspective, il est utile de signaler la parution prochaine d’un ouvrage du doyen des calvinistes français, Pierre Marcel, intitulé Face à la critique: le Christ et ses apôtres (Editions Kerygma d’Aix-en-Provence), dans lequel le pasteur Marcel démontre que « toute la méthode dite « critique » relève d’une « logique profane », et qu’elle se trouve sans aucune valeur face à une « logique chrétienne » capable de recevoir sans « discussion » l’Evangile de Dieu que nous apporte le Christ, ses apôtres, et l’Ecriture tout entière. »       C’est cette nouvelle façon d’aborder la recherche biblique que nous trouvons dans les contributions très variées du recueil d’articles rassemblés en honneur du professeur Pierre Courthial, Fondements pour l’avenir (Kerygma, 1981) par des spécialistes de la Bible, tant réformés, évangéliques que catholiques. C’est ce même courant exégétique nouveau qui s’exprimait lors du congrès sur l’inspiration et l’autorité de la Bible qui s’est tenu du 20-24 novembre 1985 au Palais de la Femme à Paris. Ce sont ces exégètes qui ont l’audace de ne pas se plier aux modes du jour (même vieilles de plus de deux siècles) et qui, pour reprendre les paroles salubres du professeur Fuchs, retrouvent « le courage d’une lecture intelligente, honnête, ouverte sur les surprises d’un texte qui ne se laisse pas réduire à nos idées. »
* Claude Tresmontant: Le Christ hébreu.

Jean-Marc Berthoud


les articles plus lus

En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)