Quelle base commune pour le combat ?

Dans la bataille actuelle pour défendre, maintenir et restaurer le respect public de la loi de Dieu dans nos diverses sociétés, nous sommes souvent étonnés, et parfois rendus perplexes, en découvrant où se trouvent en fait nos véritables alliés. Sans doute que par rapport à des questions aussi urgentes et dramatiques que celle de l’avortement, nous ne sommes que trop reconnaissants de trouver des alliés sans nous poser trop de questions en ce qui concerne les positions doctrinales de ceux qui se dressent avec nous contre le meurtre en masse de tant de nos petits enfants. Quand nous sommes confrontés à la destruction de la source vitale de nos nations – et du jugement imminent de Dieu qu’appellent justement de telles actions -,les questions de croyance ou d’appartenance politique deviennent secondaires. Mais lorsque nous soulevons d’autres questions relatives aux lois, à l’éducation, à notre passé ou à la fonction de ‘Etat, il devient nécessaire, à cause de nos présupposés et de nos traditions différents, de définir dans quelles conditions une action commune peut être entreprise.

Cependant, la réaction commune de chrétiens de divers milieux à un certain nombre de questions publiques a mis en lumière le fait que la ligne de démarcation entre ceux qui confessent la foi dans le domaine public et qui confrontent l’humanisme sécularisé sur son propre terrain, et ceux qui préfèrent préserver leur propre paix, au prix même de la ruine complète de leur pays, n’est en tout cas pas dénominationnelle. Cette ligne de séparation traverse toutes les dénominations. Ceux sur lesquels nous pensions pouvoir normalement nous appuyer, ceux avec lesquels nous partageons une étroite communion, se font trop souvent remarquer par leur absence quand la bataille commence à faire rage. Par contre, nous sommes sou-vent étonnés de découvrir que ceux que nous avions toujours considérés comme nos adversaires traditionnels se trouvent avec nous dans le même camp chrétien, et quand la bataille est engagée, ils se montrent des compagnons d’armes solides, dignes de confiance et courageux. Pour bien des calvinistes, des luthériens, des anglicans, des baptistes et des fondamentalistes, il est souvent particulièrement troublant de se trouver en alliance étroite dans le combat public avec des catholiques romains, des pentecôtistes ou des adventistes! Car dans cette guerre, nous sommes des cobelligérants. Déjà au milieu du XVIe siècle, le réformateur vaudois Pierre Viret, à une époque où les huguenots subissaient la plus cruelle persécution de la part des catholiques français, avait déclaré que dans la bataille à venir avec les ancêtres de nos humanistes sécularisés, les libertins, le catholicisme serait l’allié des réformés et non son adversaire.

Eu égard à cette alliance pratique sur le terrain, il est donc nécessaire et urgent de définir sur quelle base commune les chrétiens de différentes traditions peuvent ensemble lutter contre l’antithéisme de leur adversaire commun. Une telle définition est devenue fondamentale, si cette collaboration doit conduire au renforcement de la foi orthodoxe et non à sa désintégration dans la confusion. La confusion engendrée par le mouvement oecuménique non-doctrinal a trop souvent eu comme fruit la dilapidation de notre héritage chrétien commun. Tandis que les différences devraient être franchement et lucidement reconnues afin d’éviter toute confusion, les points où l’accord existe devraient être clairement et soigneusement reconnus et définis.

Mais il importe d’abord de formuler une distinction fondamentale entre les domaines ecclésiastiques et publics, distinction qui doit à tout prix être maintenue afin d’empêcher que la collaboration publique entre chrétiens ne produise davantage de confusion encore.

En premier lieu, dans cette bataille contre l’humanisme sécularisé, la collaboration ne peut que se situer sur le plan d’actions individuelles se rapportant à des questions précises. Cette collaboration peut devenir très large et même inclure celle de non-chrétiens ayant à coeur la défense des valeurs chrétiennes fondamentales.

Deuxièmement, malgré l’importance indiscutable du témoignage des églises individuelles ou des dénominations sur des questions d’ordre public, cette collaboration entre chrétiens ne peut avoir un caractère ecclésiastique sans courir le risque de sacrifier l’identité spécifique des églises. La collaboration 0e-cuménique superficielle obtenue au moyen de la pensée dialectique (1) conduit à un réductionnisme doctrinal. Cette réduction de la doctrine à son dénominateur commun le plus bas aboutit, comme nous l’avons vu que trop souvent pendant les dernières décennies d’oecuménisme, à la dissolution inévitable des éléments orthodoxes encore présents dans les diverses églises. Le caractère spécifique des diverses dénominations est ainsi sacrifié sur l’autel de l’unité des églises. Car un tel effort d’unité sans un retour entier à la vérité ne peut que conduire à la relativisation de la notion même de vérité. Une collaboration efficace entre chrétiens sur des questions d’ordre public doit aller de pair avec le refus de tout compromis ecclésiastique. C’est seulement ainsi que notre travail en commun pourra conduire à la consolidation de la base orthodoxe des différentes dénominations et non à sa désintégration.
Afin d’atteindre ce but, les points suivants d’accord minimal doivent être acceptés:

a. L’inspiration divine de l’Ecriture Sainte avec, pour corollaire, l’infaillibilité et l’autorité de la Bible.

b. Les formulations doctrinales des sept conciles oecuméniques, à savoir ceux de Nicée (325), Constantinople I (431), Ephèse (431), Chalcédoine (451), Constantinople Il (553), Constantinople III (680-681) et Nicée Il (787) devraient être acceptées sans réticences mentales. Bien que les formulations doctrinales de ces conciles ne détiennent pas l’autorité inerrante des Ecritures, elles définissent clairement et fidèlement la doctrine chrétienne en opposition aux hérésies rationalistes et autres des premiers siècles de l’Eglise. Nous devrions ainsi confesser d’un commun accord non seulement le symbole des apôtres, mais aussi les symboles d’Athanase et de Nicée ainsi que les formulations fondamentales de Chalcédoine. Ni la doctrine de la Trinité, ni celle de l’incarnation, ni la déchéance de l’homme et son besoin de salut ne devraient faire difficulté (2).

c. En opposition directe au nominalisme et à l’idéalisme philosophique (3), son héritier, c’est-à-dire à tout subjectivisme tant philosophique que théologique et scientifique, nous affirmons que la vérité, tout en étant en premier lieu la personne même de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ est, en même temps, son enseignement. Ce dernier est une doctrine conceptuellement définissable. L’intelligence de l’homme, ainsi que ses autres facultés, bien qu’à présent abîmées par la chute, ont été créées par Dieu pour connaître la vérité. Cette vérité correspond à l’ordre de la création et rend possible la connaissance de la nature. Bien que les confessions de foi de la Réforme et les formulations du concile de Trente, ainsi que les positions doctrinales des diverses dénominations, diffèrent parfois de manière importante quant au contenu de nombre de leurs articles, ils ont néanmoins en commun le même fondement épistémologique (4), opposant logiquement la vérité définie conceptuellement à l’erreur.

d. Mais notre accord va un pas plus loin. Le christianisme n’est pas simplement une théorie de la connaissance, une gnose. La vérité chrétienne est aussi, et inséparablement, une vie. La foi est également, et inséparablement, une éthique. Notre salut en Christ, par la foi et la force du Saint-Esprit, ne peut être séparé de la mise en pratique de la vérité qui nous est connue, par la grâce de Dieu, et à laquelle nous croyons. Cette immuable loi divine qui définit l’éthique chrétienne, est en même temps l’ordre divin pour la création et la révélation spéciale des pensées de Dieu telle qu’elle nous est transmise dans sa Parole écrite, la Bible. Vu que cet ordre de loi est l’ordre même de la création, il s’ensuit qu’il s’applique à tous les aspects de la réalité créée, qu’ils soient scientifiques ou publics, ou qu’ils concernent plus spécifiquement nos vies privées et la vie de l’Eglise. Cette constatation implique, entre autres, l’obligation pour les chrétiens d’expliciter les conséquences politiques et sociales spécifiques de la loi de Dieu, et de formuler des réponses bibliques aux problèmes pratiques qui se posent à nos sociétés.

Pascal exprimait cette vérité avec concision et beaucoup de clarté et de force quand il écrivait: « La loi n’a pas détruit la nature, mais elle l’a instruite la grâce n’a pas détruit la loi, mais elle l’a fait exercer » (5).

Il n’est guère possible, dans la confusion actuelle, de s’attendre à ce que ceux qui luttent ensemble contre les résultats humains et sociaux catastrophiques de l’athéisme humaniste et de son idéalisme philosophique sachent saisir directement la signification des positions que nous venons de formuler et puissent en accepter sans autre les implications. Mais une résistance durable et efficace des chrétiens à l’humanisme sécularisé implique la base doctrinale que nous venons de définir. Si nous nous tenons sur ce fondement et mettons en action la ligne d’attaque qui en découle, nous confiant résolument dans le secours de la grâce de Dieu, nous verrons repoussée la marée montante de cet humanisme sécularisé anti-chrétien.

Jean-Marc BERTHOUD

Texte tiré du Chalcedon Report (P.O.Box 158, Vallecito, California 95251,USA) n0 221, décembre 1 983, traduit par l’auteur. Ce bulletin américain est envoyé gratuitement sur demande.

NOTES (1) La dialectique est un type de raisonnement qui procède par l’affirmation d’une thèse, puis l’affirmation de son contraire, l’antithèse, et leur conciliation dans la synthèse. cette synthèse devient la nouvelle thèse, et ainsi de suite. cette forme de raisonnement nie les oppositions absolues et irréconciliables, bien-mal, juste-faux, vérité-mensonge, orthodoxie-hérésie, toutes choses faisant partie du processus de révélation progressive de la « vérité » par l’évolution de l’histoire.

(2) Sur toute cette question voyez l’ouvrage fondamental de Harold O.J. Brown: « Heresies: The Image of Christ in the Mirror of Heresy and Orthodoxy from the Apostles to the Present. » Doubleday and company (New York), 1984,477 p.; $ 17.95.

(3) Le nominalisme est un système de pensée qui remonte à Guillaume d’Ockham (1300-1350), dans lequel on prétendait que les mots ne se rapportaient pas a l’essence des choses, mais seulement au sens que nous voulons leur donner. Dans ce système, les genres et les entités auxquels se référent les noms ne seraient pas des êtres réels, mais seulement des êtres de raison par opposition, les réalistes – dont Thomas d’Aquin (1 225-1274) – leur attribuaient une existence réelle. Le christianisme est un réalisme philosophique dont les concepts universels sont tirés, non des pensées faillibles de la philosophie des hommes, mais de la révélation infaillible de Dieu. Le nominalisme, qui ne voit qu’un rapport artificiel entre les concepts et la réalité, conduit au subjectivisme philosophique et a donné par la suite naissance a l’idéalisme.

L’idéalisme philosophique est le nom générique de divers systèmes de pensée qui, sur le plan de l’existence ou de la connaissance, ramènent l’être à la pensée et les choses à l’esprit. ces systèmes ramènent toute existence à la pensée et s’opposent au réalisme qui admet une existence indépendante de la pensée. comme la pensée dont il s’agit ici est celle du philosophe et non celle de Dieu, cette forme de pensée est, comme le nominalisme, foncièrement subjectiviste et humaniste, centrée sur l’homme. Elle ne se laisse interpeller ni par la révélation, ni par la réalité créée. Notre monde moderne est profondément affecté par ces systèmes subjectivistes.
Voyez sur ce sujet important:
Louis Jugnet: « Problèmes et grands courants de la philosophie ».
Diffusion de la Pensée française (chiréen-Montreuil, F-86190 Vouillé), 1974. Francis Schaeffer: « Démission de la raison ». Maison de la Bible (Genéve), 1968. Francis Schaeffer: « Dieu ni silencieux, ni lointain ».
Maison de la Bible (Genève), 1972. Rousas J. Rushdoony: « The Word cf Flux. Modem Man and the Problem 0f Knowledge ».
Thoburn Press (Fairfax, Virginia), 1975, 110 p $ 6.50.

(4) L’épistémologie est l’étude critique des sciences et, d’une manière plus générale, l’introduction et l’auxiliaire de la théorie de la connaissance.

(5) Biaise Pascal: Oeuvres complètes.
Edition F. Strowski, Librairie Ollendorff (Paris), 1939, tome III, p. 315.

les articles plus lus

En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)