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Théologien, docteur, pasteur, penseur, conférencier, Schaeffer fut par-dessus tout un lutteur, un homme engagé dans le combat et à la pointe du combat. C’est dans ce milieu ambiant -l’apostasie du monde occidental dont il mesurait et l’ampleur et l’horreur – que Francis Schaeffer a bataillé sans trêve pour magnifier l’Evangile, restaurer la vision et l’ordre bibliques et arracher des hommes à la perdition. Faisant front de tous les côtés, Schaeffer s’est battu, au nom du christianisme historique, dans les domaines de la logique, de la pensée philosophico-théologique, de l’anthropologie (doctrine de l’homme), de l’expérience religieuse, de la sotériologie (doctrine du salut), de l’ecclésiologie (doctrine de ‘Eglise) et de l’inspiration des Ecritures. Dans son combat, il a eu le mérite de ne jamais se présenter en ‘attardé ». Certes, il connaissait les hérésies d’hier. Mais, toujours dans le vif de l’actualité, il a combattu celles d’aujourd’hui. On peut même dire qu’il a su devancer le temps et prévoir ce qui allait arriver. |
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Le combat dans le domaine logique
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Dès ses premiers écrits, il s’oppose vigoureusement à la relativisation du concept de vérité. Si une thèse est juste, son contraire doit être tenu pour faux et répudié. Par exemple, on ne peut en même terrps prétendre que Jésus-Christ corporellement ressuscité et qu’il ne l’est pas. C’est l’un ou I autre. Il n’y a pas de conciliation, de synthèse possible. |
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Le combat dans le domaine philosophico-théologique.
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Pour répondre au désarroi des esprits, particulièrement de la jeune génération en pleine dérive intellectuelle et morale, Schaeffer s’est attaché à rétablir des points de repère précis par rapport à Dieu. Face àl’athéisme, il insiste sur l’existence objective de Dieu attestée dans la création et la réalité humaine dans ce qu’elle a de spécifique et d’unique par rapport au reste du monde créé: la personnalité. Dieu n’est pas la projection de notre pensée ou le produit de notre imagination. « Il est réellement là. » L’agnosticisme n’a pas de fondement. Dieu n’est pas une énigme indéchiffrable. On ne peut le saisir d’une façon exhaustive, mais en tout cas substantielle. Schaeffer ne s’est pas lassé d’affirmer la rationalité et l’intelligibilité de la révélation biblique. Que Dieu ne se confonde pas avec l’univers ne signifie pas, toutefois, qu’il soit absent de sa création. Enfermer celle-ci dans un système clos de lois naturelles, c’est avoir une vision purement mécaniste de l’univers, en exclure Dieu. Schaeffer rejette le naturalisme. Dieu est présent et agissant dans la création. Il peut y intervenir directement quand il veut et comme il veut, sans être prisonnier de l’agencement habituel des rapports de cause à effet. Que l’homme retrouve, par la foi en Jésus-Christ crucifié et ressuscité – l’auteur d’une parfaite rédemption – Celui qui est à la fois son Créateur et sa fin dernière, et la plénitude de sens attachée à son existence lui apparaîtra aussitôt et deviendra sa possession. Peut-être suffit-il maintenant de dégager les lignes de force du combat de Francis Schaeffer sur les autres plans. Je serai donc très succinct. |
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Le combat dans le domaine de l’anthropologie
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Tout en maintenant avec beaucoup de soin l’historicité de la chute et ses conséquences immenses pour l’homme – dans sa quadruple relation avec Dieu avec lui-même, avec le prochain et avec la nature – Schaeffer a lutté contre une dévaluation de l’homme en tant qu’homme. Bien que pécheur, il reste grand, « car il retient quelque chose de l’image de Dieu ». La chute, si dramatique soit-elle, n’a pas fait de lui un zéro, ne l’a pasamené àêtre moins qu’un homme. Ainsi, il reste unique par rapport au reste de la création, un être responsable, capable de choix, capable d’influer sur le cours de l’histoire. Cet accent sur la grandeur et la valeur de l’homme se justifie pleinement face à ce que le déterminisme (chimique, biologique, psychologique) tend à faire de l’homme: un être irresponsable, un simple rouage de la machine cosmique. C’est au nom de la grandeur de l’homme comme créature faite à l’image de Dieu, au nom du caractère sacré de la vie humaine, que Schaeffer a mené un combat acharné contre l’avortement, l’infanticide, l’euthanasie. Son « humanisme », vraiment biblique, est absolument oppose à l’humanisme séculier qui glorifie l’homme autonome. I Pour Schaeffer, l’autonomie – la volonté d’être sa propre loi -constitue l’essence du péché. |
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Le combat dans le domaine de l’expérience religieuse
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Le mysticisme diffus de notre époque, qui flotte dans le vide, sans le support objectif de faits rédempteurs inscrits dans l’histoire, d’une révélation en corrélation avec ces faits et les expliquant, d’une doctrine claire et substantielle proposée à l’homme avec toutes ses facultés – y compris son intelligence – ce mysticisme, ce subjectivisme Schaeffer le qualifiait « de bannière sans contenu », ou « de foi en la foi ». La vraie foi n’est pas un saut dans le vide, le noir, l’irrationnel. La foi n’implique pas le sacrifice de l’intelligence, de la raison… (Ce qui mène au sacrifice ou à la démission de la raison, c’est le rationalisme, le culte de la raison. Quand la raison s’affranchit de la soumission à la révélation de Dieu, elle marche nécessairement vers la perte de la rationalité. Le prix de l’autonomie orgueilleuse, c’est l’irrationalisme.) La foi digne de ce nom fait appel à l’intelligence, car la révélation biblique n’exige pas que l’homme croie sans réfléchir. Elle provoque et nourrit sa réflexion. Même si cela peut sembler à certains paradoxal, elle demande à l’homme de réfléchir plus profondément. |
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Le combat dans le domaine de la sotériologie
(doctrine du salut)
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Schaeffer a très bien montré que la notion de salut et la doctrine du salut ne prenaient tout leur sens que dans le cadre d’un enseignement bien étayé sur le Dieu créateur. Les premiers chapitres de la Genèse sont les prémisses nécessaires au dèveloppement de la doctrine du salut en Christ. Ils n’ont pas un caractère mythique ou symbolique. Ils rapportent des faits historiques. Engagé lui-même à fond dans ce combat, Schaeffer, toujours lucide et biblique, ne croyait pas à un salut massif de la société. Mais il estimait, avec raison, que les chrétiens ne doivent pas abandonner les affaires de la cité et de la nation aux humanistes athées, et que l’influence salvatrice du christianisme doit aussi se faire sentir sur la culture. Le baume de ‘Evangile peut aussi et doit aussi étendre ses effets à notre société malade. |
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Le combat dans le domaine de l’ecclésiologie
(doctrine de l’Eglise)
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Sur ce plan, Schaeffer a été le champion d’une orthodoxie multidimensionnelle exigeante. Il a plaidé pour la pureté de l’Eglise en matière de doctrine et de vie. Ses pages sur l’adultère spirituel et l’apostasie sont émouvantes. Schaeffer rejetait tout compromis. Il était jaloux de la sainteté de Dieu et de l’intégrité de la foi. Il admettait pleinement la nécessité d’une discipline ecclésiastique. Il a plaidé pour la mise en place de structures vraiment bibliques (« The Church at the End 0f the 2Oth Century »), tout en reconnaissant sagement une marge de liberté. L’orthodoxie de la doctrine, de la vie, des structures, ne lui suffisait pas. Il voulait encore « l’orthodoxie de la réalitécommunautaire », c’està-dire la pleine manifestation de l’amour chrétien au sein de ‘Eglise. Il nous rappelle, dans « La Marque du Chrétien », que « l’apologétique finale (du christianisme)… c’est l’amour visible entre les vrais chrétiens », p. 21. Cette réalité communautaire, il l’a pleinement vécue lui-même, et de longues années, depuis la fondation de la communauté de l’Abri. La Croix était au centre de sa vie comme au centre de son message. |
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Le combat dans le domaine de l’inspiration des Ecritures.
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Adversaire irréductible de la relativisation du concept de vérité, Schaeffer a été, comme les réformateurs, un homme de la Parole. Il n’a jamais admis que l’on porte atteinte à l’intégralité de la vérité biblique. Il a maintenu fermement, face au NéoModernisme et même au sein du monde « évangélique », la pleine inspiration et l’inerrance des Ecritures. Il n’acceptait pas de dichotomie entre le message de la Bible et l’historicité des récits bibliques ou encore l’exactitude des faits d’ordre scientifique. Pour lui, la Bible était absolument crédible en tout et à tous les niveaux. Au Congrès de Lausanne, en 1974, il a lancé un vibrant appel pour un retour à une conception sans faille de l’inspiration des Ecritures (cf. « Impact et Crédibilité du Christianisme », p. 49 à52). En hommage personnel à cet homme de Dieu dont j’ai beaucoup reçu et beaucoup appris, j’aimerais dire, dans ses propres termes, qu’il a eu « une vision limpide de l’importance de la vérité, et une pratique limpide de cette vérité » (« La Mort dans la Cité », p. 60). |
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Biblique de Genève
Tire du « Témoin » n0 5, sept-oct. 84, organe bimestriel de l’Action Biblique, avec autorisation.
Communication
Les articles traitant le thème « Foi et Science » dans le n0 70, en particulier l’évolutionnisme, ont rencontré un vif intérêt. Les extraits du livre passionnant « INSOLITE », ainsi que son commentaire dans la chronique des livres, ont trouvé un écho trés favorable. Cet ouvrage dont l’auteur est le savant bien connu, M. Jean Taubenberg-Savoy, biologiste et ornithologue, peut être commandé exceptionnellement àl’adresse PROMESSES, soit en France, soit en Suisse, ou alors directement chez l’auteur: Case postale 24, CH-i 897 LE BOUVERET. (Prix de l’ouvrage: 80 FF ou 30 FS). |