Humanisme et mariage

HUMANISME ET MARIAGE

Au sixième jour, Dieu créa l’homme et la femme à son image. De la race de Dieu (Act 17.29), l’homme avait reçu la mission de dominer sur la terre et de prendre l’initiative pour laisser agir le génie créatif dont il fut doté, dans le respect de la pensée du Créateur (Gen 1.26-31 ;2. 18-20). Mais il lui fallait une aide semblable à l’homme, et Dieu forma une femme de la côte qu’il avait prise de l’homme (Gen 2.22). Il avait donc pris une côte de l’homme, partie latérale de sa poitrine, pour former la femme, et non pas une partie de sa tète ou de ses pieds. Cette côte était près du coeur de l’homme. Le texte dans Gen 2.18-25 nous enseigne plusieurs vérités fondamentales sur le mariage :
– Il n’est pas bon que l’homme soit seul pour accomplir sa mission de gérer la terre. Cela implique toutes les sphères, comme par exemple l’économie, la politique, la culture, l’éducation, les arts, la science.
– Dieu tira la femme de l’homme. L’homme doit assumer sa responsabilité de chef du foyer pour subvenir aux besoins matériels et spirituels de la famille, dont la protection lui incombe.
– La femme est appelée à être la compagne de son mari. Il y a donc complémentarité dans la tâche que Dieu leur a confiée. Etant tirée de l’homme, elle partage sa nature, image et ressemblance de Dieu.
– L’homme quittera le foyer de ses parents pour s’attacher à son épouse. Il n’est pas question de concubinage ou de polygamie, mais de monogamie. Les relations sexuelles entre mari et femme constituent un merveilleux moyen de communication du couple, dont l’union est tellement forte que seule la mort physique peut la dissoudre.

Or la chute de l’homme en Genèse 3 nous révèle pourquoi la notion du mariage s’est si totalement dégradée à travers les siècles. Par un seul homme, le péché est entré dans le monde, et par le péché la mort, et ainsi la mort s’est étendue sur tous les hommes (Rom 5.12). Dieu voit dans ce seul homme le premier couple, Adam et Eve. Ils étaient solidaires dans leur désobéissance à Dieu, ayant cédé à la tentation suggérée par le diable. Dès lors, le sens moral de l’homme s’est enténébré, et il a toujours suivi sa propre voie sous l’influence de Satan. La description dans Rom 1.18-32 de l’homme n’écoutant que ses propres penchants est frappante. Il s’est totalement égaré. Puis l’ennemi lui a suggéré l’échafaudage des philosophies humanistes qui mènent l’homme à sa propre destruction.

Une des cibles visées par Satan est la destruction de la famille, destruction à laquelle des puissances occultes opèrent activement aujourd’hui.
En Suède, 53 %des jeunes de 18-21 ans vivent en union libre. Pourtant, il y a dix fois plus de séparations entre ceux qui vivent de cette façon qu’entre ceux qui sont mariés. Le taux de divorce dépasse un mariage sur deux.
« Entre 1973 et 1983, il y a eu un million de mariages de moins que prévu en France. Un changement brusque des valeurs morales a poussé environ deux millions de Français en âge de se marier à choisir une autre solution… Depuis une décennie, nous vivons, selon une spécialiste, « une vraie mutation sociologique, qui est en train de s’opérer à grande vitesse »… La diminution des mariages est en partie contrebalancée par l’augmentation très rapide des unions libres. A Genève, 60 % des mariages sont précédés d’une cohabitation. Il y a aussi de plus en plus de personnes qui vivent seules. Selon le recensement de 1982, 47,5 % des Parisiens sont seuls, et dans certains îlots du centre, il y a 70 %de personnes seules. 36 % de la population sont des célibataires, ce qui fait 12 millions de Français entre quinze et soixante-cinq ans qui vivent seuls. Le nombre de foyers où l’un des parents élève seul ses enfants a augmenté de 28,3 %entre 1975 et 1981 et atteint aujourd’hui 928 000 foyers. Malgré la propagation de la contraception, le nombre des naissances hors mariage a doublé entre 1960 et 1982. L’augmentation des unions libres devrait logiquement diminuer le nombre de divorces, mais c’est le contraire : les deux augmentent très vite et ensemble. En 1970, il y avait 37 000 divorces, et en 1980 plus de 90 000. Bientôt nous arriverons à un mariage sur trois qui se termine par un divorce, alors qu’il y a quinze ans, c’était le cas une fois sur dix » (1).

« L’Express », hebdomadaire tiré à plus de 600 000 exemplaires, consacre un article au « mariage libre » où il rapporte que « 400 000 couples vivent aujourd’hui en concubinage ». Plusieurs raisons sont invoquées pour expliquer cette « nouvelle morale », telles que la revendication d’une vie privée face à la société contraignante et envahissante, la peur du lendemain (le spectre du chômage), la montée du divorce devenu l’épouvantail, la prolongation de la durée de la vie, la peur du « mariage qui tue l’amour », le refus de l’engagement, l’envie de se préserver de l’emprise de l’autre et l’obligation de faire le ménage. « L’union libre n’est plus contraire aux moeurs, aujourd’hui ». Tel est le motif invoqué en 1970 par les juges de la Cour de cassation en France, qui condamnèrent une compagnie d’assurance à verser des dommages et intérêts à une femme qui avait perdu son compagnon lors d’un accident de la route (2). Chaque année, 30 000 adolescents fuguent en France, phénomène qui est dû en grande partie à de multiples difficultés dans les foyers (3).
Le livre terrible, « Moi, Christiane F., 13 ans, droguée, prostituée… » est un reflet saisissant de notre société en décadence chargée de foyers brisés. La préface rédigée par Horst-Eberhard Richter est révélatrice à cet égard. « Souvent », dit-il, « ce sont les parents qui font porter aux enfants le fardeau de leurs propres conflits, soit même – le cas est fréquent – en les chargeant de les résoudre à leur place » (4). Ce récit est précisément celui d’une fillette issue d’un foyer désintégré.

Le mariage est tellement bafoué et désavoué que certains futurologues voient en lui une institution désuète remplacée par le mariage temporaire ou l’union libre. Ainsi, F.M. Esfandiary dit que « la famille elle-même commence à se désintégrer, que l’on le veuille ou non. Tout ce à quoi la famille pourvoyait, peut être obtenu maintenant hors du mariage satisfaction sexuelle, compagnie, amitié, soutien économique, même procréation… Dans le passé, la famille remplissait son but, mais aujourd’hui, elle est devenue un système de rupture et de destruction par-ce qu’elle nous donne une image figée des parents dont nous ne pouvons nous débarrasser. Il en résulte un sentiment de solitude à vie. Je nous vois avancer vers une sorte de famille globale, et je trouve cela une tendance bien saine… Je peux m’imaginer qu’en l’an 2000, les gens regarderont en arrière et diront: « Pouvez-vous imaginer cela ? Même dans les années 1970, il y avait encore des gens qui se mariaient ou avaient encore leur famille ou leurs propres enfants ». Les gens ne seront plus menacés. Ils ne penseront plus retourner à l’ancienne structure de famille » (5).
Dans un article traitant de la manipulation génétique dans « L’Express » du 6juillet 1984, son auteur se demande si les termes de « maternité, paternité, parenté, natalité » doivent trouver de nouvelles définitions. « Jusque là, l’homo sapiens ne connaissait qu’une seule manière de faire des enfants : l’accouplement entre deux partenaires de sexes opposés et la longue gestation de la femme ainsi fécondée. La biologie, aujourd’hui, fait éclater en morceaux cette pratique ancestrale. Grâce à la contraception, on peut se livrer aux joies du sexe sans procréer. Avec les nouvelles techniques de l’éprouvette, on peut également concevoir sans le moindre contact charnel. C’est une séparation brutale, fondamentale, de la procréation et de la sexualité » (6).
Nous voici pris dans l’engrenage de la machine infernale de l’humanisme, qui domine la science et la technologie. Cela nous mène à la destruction de la famille. Mais Dieu n’est pas mort. L’homme l’a évincé de son coeur, de sa vie, de son vocabulaire, tandis que Satan, prince de ce monde, est en train de préparer son royaume de l’An tichrist. Quel aveuglement de notre société I La tendance croissante à l’irresponsabilité conjugale favorise encore une main-mise de l’Etat sur l’individu et ouvre la voie à la manipulation de la « majorité ». Certes, les prédictions bibliques concernant le règne de l’Antichrist se réaliseront. Mais est-ce donc une raison pour les chrétiens de démissionner ? Au contraire, dans l’attente constante du retour de Christ, nous devons agir en ré formateurs dans une obéissance entière à l’Ecriture. Le Seigneur nous appelle à accepter sereinement la confrontation et à ne pas nous accommoder de la situation actuelle qui conduit à l’infiltration culturelle des Eglises. La Bible seule est notre règle de vie, et elle n ‘est pas liée à la culture. Car, étant Parole de Dieu, et donc au-dessus de la culture, elle est seule habilitée à la juger et à en discerner les incompatibilités. Souvenons-nous au sujet du divorce
qu’au commencement il n’en était pas ainsi (Mat 19.8), car Dieu avait créé Adam et Eve en dehors du péché, qui est entré dans le monde à cause de leur désobéissance. Le mariage a été institué par Dieu par un acte de sa volonté. Ni les cultures, ni les moeurs ne pourront abroger impunément cette loi divine, base d’une société saine et équilibrée. Il importe aussi que l’on désacralise le mariage, car c’est également une des causes de tant de malentendus dans notre monde « christianisé ». On ne peut pas assez appuyer ce qu’a dit J. -M. Thobois: « L ‘idée du mariage sacrement n ‘est pas biblique le mariage n’est rien d’autre que l’engagement irréversible de deux époux dont Dieu prend acte, que le couple le reconnaisse ou non’ (7). Le professeur H. Blocher affirme avec pertinence que « le mariage est, selon la définition biblique, l’union volontaire de deux corps en une seule chair dans la perspective de la durée. Le mariage n’est pas l’union de deux coeurs en une seule âme. On fait souvent là une confusion. C’est, certes, l’intention divine pour le mariage que l’union de deux coeurs s’y exprime aussi, mais ce n’est pas le mariage. Le corps, dans la pensée divine, c’est bien plus que les 40-80 kgs que nous pouvons peser. Le corps, c’est tout notre être au monde notre maison, notre statut économique, nos moyens d’existence (BIOS), notre situation sociale symbolisée par le nom. Ainsi le mariage doit être conçu comme l’union de deux corps dans ce sens large union volontaire impliquant l’union charnelle proprement dite, mais aussi l’union économique, sociale, … la formation d’une seule cellule de la société » (8).
Oui, chaque couple qui a choisi librement de se marier officiellement, s’approprie la promesse de l’Eternel : Dieu les bénit et leur dit soyez féconds, multipliez, remplissez la terre et l’assujettissez (Gen 1.28). Le mariage, alliance enregistrée par Dieu, reste la seule base sur laquelle sa bénédiction est promise (Ez 16.8; Pr 2.16; Mal 2.14). Cela vaut pour tous les hommes. Mais c’est une vérité que nous devons vivre en tant que chrétiens, car le monde en détresse a les yeux rivés sur nos foyers. Nos familles sont-elles des phares dans la nuit, des oasis dans le désert brûlant qui nous entoure ? Sommes-nous prêts à manifester sans peur notre fidélité et notre attachement indéfectible à la Parole de Dieu et à nos familles ? Que l’exhortation laissée par FA. Schaeffer dans son dernier ouvrage soit notre apanage: « La vérité exige même la confrontation, confrontation dans l’amour, mais quand-même confrontation. Si nous réagissons toujours dans le sens de l’accommodation, sans tenir compte de la vérité centrale impliquée, il y a quelque chose qui cloche. Aussi bien que la sainteté sans amour n ‘est pas celle de Dieu, tout aussi bien l’amour sans la sainteté n’est pas l’amour de Dieu, même s’il nécessite une confrontation. Non seulement Dieu est, mais il est aussi amour » (9). Que la lumiêre de nos foyers luise devant les hommes, à la gloire de Dieu.

Henri LÜSCHER

(1) P. Alexandersson, « Les fruits amers de la révolution sexuelle » dans « Expériences » no 54, 2e trim. 1984, F-29270 carhaix
Nous recommandons ce numéro qui traite du « Mariage en question… »
(2) Sylviane Stein, « Le petit mariage » dans « L’Express », hebdomadaire français du 4.3.83.
(3) « L’Express » du 27.4.84 dans « Les fugueurs de l’été ».
(4) « Moi, christiane F., 13 ans, droguée, prostituée… »
page il; témoignages recueillis par KarI Hermann et Horst Rieck, éd. Mercure de France.
(5) cité par John MacArthur Jr. dans « Re pair by Regeneration » dans « The Alliance Witness » du 20.6.84, magazine de la christian & Missionary Alliance.
(6) Dominique Simonnet dans « L’embryon, le savant et le juge » dans « L’Express » du 6.7.84.
(7) Dans « Les deux deviendront une seule chair » dans « Expériences » n0 54.
(8) « Le mariage » dans « IcHTHuS » n0 125, août-septembre 1984-6, 2, rue Antoine Pons, F-I 3004 Marseille.
Nous recommandons la lecture de cet article.
(9) « The Great Evangelical Disaster », éd. crossway Books, Westchester, Illinois, p. 64-65.
cet ouvrage remarquable est comme une sorte de testament prophétique que ce grand homme de Dieu, le Dr. Schaeffer, nous a légué pour nous faire prendre conscience dans quel temps nous vivons et que Dieu nous appelle maintenant réagir contre l’humanisme par les armes de Dieu (2 cor 10.4-5).


Note de la rédaction:

Nous prions les lecteurs de bien vouloir excuser les erreurs typographiques ou autres qu’ils auraient constatées en parcourant le N0 70.

les articles plus lus

En présentant le premier numero de PROMESSES

à nos frères en la foi, nous pensons bien faire d’exposer les principes qui seront à la base de ce «Cahier d’études bibliques».

Nous chercherons à être utiles à tous, à l’église de Dieu d’abord, c’est-à-dire au Chef de l’église, Christ, mais aussi à ceux pour qui la Parole est précieuse, à ceux qui désirent étudier et obéir.

Les bulletins, feuilles de renseignements, journaux mensuels ou trimestriels foisonnent. Tous, ou presque, apportent des nouvelles missionnaires ou d’évangélisation. Ce qu’on recherche ici est beaucoup plus un cahier comportant exclusivement des études bibliques ou se rapportant spécifiquement à la Parole.

La plupart des assemblées de «frères» issues du mouvement datant des années 20-30 du siècle écoulé semblent vivre au ralenti, l’esprit missionnaire mis à part. Comme dans tout mouvement, certaines vérités ont été poussées en «épingle», d’autres ont été négligées; des intérêts particuliers ont pris le pas sur les valeurs spirituelles. Nous assistons à un rétrécissement sérieux de l’influence, de l’action que devraient avoir des églises de foi, c’est-à-dire formées d’enfants de Dieu véritables, scellés par l’Esprit de Dieu.

En toute humilité, nous désirons demander au Seigneur sa lumière, afin de marcher selon sa grâce, en fidélité, devant sa face. Nous ne saurions prétendre connaître tout ce que Dieu veut pour les siens et son église, mais notre désir est d’apporter ce qui, aujourd’hui, est utile pour l’édification et la consolation de nombreux enfants de Dieu. Précisons que nous ne voudrions pas représenter un point de vue particulier, mais étudier la Parole, en respectant la sainteté de Dieu.

Chaque étude signée restera sous la responsabilité de son auteur. L’enseignement de ces pages semble devoir être d’une étendue qui surprendra peut-être. Notre désir est, à la fois, de présenter des études fouillées pour le chrétien avancé, mais aussi des explications de termes, de langage, pour ceux qui ne connaissent pas notre langue d’une manière approfondie.

A titre d’essai, nous ferons parvenir un certain nombre d’exemplaires au monde francophone d’outre-mer. Il faudra ainsi tenir compte de ce champ de diffusion.

De divers côtés, sinon dans nos vieux pays, on demande, en effet, une littérature chrétienne plus abondante, basée sur la Bible, la Parole de Dieu. Quelques-uns d’entre nous ont cru devoir répondre à ce désir. Nous plaçons ces cahiers sous le regard du «Chef», demandant à Dieu sa bénédiction pour rendre témoignage à la Vérité.

Les éditeurs

Où nous mène la formidable évolution qui soulève le monde chrétien tout entier? En cette période d’après le Concile du Vatican Il, il est utile de dresser un bilan des faits, même provisoire, et de procéder à un tour d’horizon général.

Eléments positifs de l’évolution catholique: Incontestablement, des mouvements intéressants se font sentir dans l’Eglise romaine: étude et diffusion de la Bible en voie de développement, dialogue engagé avec les autres confessions, reconnaissance du fait que les communautés des «frères séparés» protestants peuvent porter le titre d’églises, admission d’une part de responsabilité dans la rupture du XVIe siècle. Au cours du Concile du Vatican Il, l’opinion a été exprimée à maintes reprises que l’Eglise catholique avait besoin d’un renouveau si elle voulait réellement entreprendre le dialogue avec les églises non-romaines. Il y eut des discussions très libres, suivies de votes positifs impressionnants, par exemple sur la collégialité des évêques gouvernant l’Eglise avec le pape, l’usage de la langue vulgaire dans le culte, l’oecuménisme, la liberté religieuse, la limitation des naissances, le peuple juif, l’Ecriture Sainte et la Tradition, etc.

Fin décevante de Vatican Il: Rappelons quelques faits justifiant cette impression de l’ensemble des observateurs non catholiques.

La collégialité des évêques doit être entendue de telle manière que la primauté du pape demeure intacte. La structure monarchique de l’Eglise romaine n’en sera pas affectée, le pape reste le souverain absolu. Le collège épiscopal n’a aucune autorité sans ce dernier. Paul VI, dans son discours d’ouverture à la troisième session, ne s’en est pas référé moins de sept fois à sa primauté, et le mot-clé qu’il a constamment utilisé était celui de «hiérarchie sacrée». Le pasteur G. Richard-Molard estime qu’un tel discours «ne peut guère qu’hérisser la plupart des chrétiens non catholiques romains» («Messager Social», 10 déc.; S. CE- P. I., 1er oct.; 24 sept. 1964).

Il est clair, selon le même pasteur, «que l’Eglise catholique est toujours placée sous l’unique pouvoir de l’Eglise romaine. Or, il ne s’agit pas là d’une découverte de La Palice, mais d’une situation, chaque jour plus insupportable pour les catholiques eux-mêmes. Cette direction totalitaire italienne, ou pire encore, romanisée, possède encore tous les leviers de commande» («Christianisme au XXe siècle», 29 oct. 1964). Cela n’empêche pas qu’une seconde force «se manifeste par l’esprit nouveau qui anime une partie toujours plus large du catholicisme non italien. Il ne faut pas s’imaginer que cet esprit ait changé en quoi que ce soit la masse, mais il passe sur quelques centaines d’évêques, sur de nombreux prêtres et sur une élite de laïcs» (ibid.).

La Vierge Marie a été proclamée Mère de l’Eglise, sans l’avis des pères conciliaires, par Paul VI, qui lui a consacré la moitié de son discours de clôture {cf. «Chrétien Evangélique», déc. 1964, p. 5). Cette proclamation «a détruit tous les efforts des pères conciliaires qui. .. s’étaient ingéniés à éviter autant que possible les déclarations de nature à. ..donner de l’extension au dogme marial et à choquer les protestants» {«Christ U. Welt», cité par S. CE. P. I., 3 déc. 1964).

Le 11 octobre 1963, le pape a terminé une allocution aux pères du Concile et aux fidèles par cette prière à la Sainte Vierge: «O Marie, nous vous prions pour nos frères encore séparés de notre famille catholique. Voyez comment, parmi eux, une phalange glorieuse célèbre votre culte avec fidélité et amour. Voyez comment parmi d’autres, si résolus à se dire chrétiens, commence à renaître aujourd’hui votre souvenir et votre culte, ô Vierge très bonne. Appelez avec nous tous ces fils, qui sont vôtres, à la même unité sous votre protection maternelle et céleste» («Documentation Catholique», 3 novembre 1963).

Le cardinal Doepfner, de Munich, dont les interventions au Concile ont été souvent remarquées, vient de déclarer à son tour: «Amoindrir dans l’Eglise le culte de la Vierge Marie serait un malentendu et une mauvaise interprétation des enseignements du Concile. ..Nous voulons approfondir et enraciner encore plus fort dans ce mystère du Christ le riche héritage laissé à l’Eglise par la Vierge Marie. Elle a un grand rôle à jouer dans l’Eglise, qui voit en elle son image originelle» {«Figaro», 28 déc. 1964).

Le dogme romain: Dans son livre récent sur l’Unité, le cardinal Béa répète des dizaines de fois: 1°) que l’enseignement romain, étant infaillible, ne saurait subir dans son essence aucune modification; 2°) que l’Eglise catholique étant la seule vraie Eglise du Christ, l’unité finale ne peut être envisagée que par le retour de tous les baptisés orthodoxes et protestants au bercail du successeur de saint Pierre. Ce caractère intangible du dogme catholique n’a cessé d’être proclamé clairement par Jean XXIII, Paul VI et tous les porte-parole de Rome. Le professeur E. Schlink, observateur de l’Eglise Evangélique d’Allemagne à Vatican Il, après avoir noté que les délibérations conciliaires sont « révolutionnaires» pour l’Eglise romaine, ajoute: «Aucune des resolutions jusqu’ici adoptées n’a «rapporté, modifié ou même réinterprété de manière satisfaisante un seul des dogmes qui divisent la chrétienté » (S. CE. P. I., 17 déc.1964).

Cela n’a pas empêché le professeur de théologie protestant O. Cullmann de déclarer que Vatican Il «n’a fermé aucune porte ». Dans une interview accordée au journal «Le Monde », M. Cullmann reconnaît que les textes élaborés au Concile sont décevants, car la plupart sont des textes de compromis. Le Concile actuel est lié par celui du Vatican I (en 1870, où fut proclamée l’infallibilité pontificale), et par les dogmes mariaux antérieurs, inchangeables eux aussi. Mais il ajoute: «Je ne partage pas le pessimisme de certains qui s’exprime dans ce slogan: «II ne sortira rien de ce Concile! » Tous les textes sont formulés de telle sorte qu’aucune porte n’est fermée, et qu’ils ne seront pas un obstacle à la future discussion entre catholiques ni au dialogue avec les non-catholiques, comme le sont les décisions des Conciles antérieurs » (cité par «Vie Protestante », 23 oct. 1964). -Puisque les dogmes romains sont infaillibles (voir les anathèmes du Concile de Trente), on se demande sur quoi porte la discussion. ..Si la porte n’est pas fermée, elle ne l’est qu’à sens unique et ne nous paraît conduire qu’au bercail de saint Pierre.

(à suivre)
Extrait avec autorisation du périodique «Le Chrétien évangélique »

(2 Tim.1, 7-9)

«Dieu ne nous a pas donné un esprit de timidité, mais de force, d’amour e! de prudence.»

Timide = qui manque de hardiesse et d’assurance, dit le dictionnaire. Dieu, en vue du but qu’il s’est proposé, nous a adressé une «VOCATION SAINTE», et pour cette vocation, il nous revêt:

de force – par quoi nous devons comprendre force de caractère, maîtrise de soi, tranquillité d’esprit, toutes choses qui sont contraires à la timidité. Une stabilité nouvelle, créée par le Saint-Esprit de Dieu qui nous donne l’assurance du salut; un contrôle de soi-même qui peut ne pas être naturel, mais qui est le résultat du travail de cet Esprit.

d’amour – de compréhension, de compassion, de pardon, amour qui n’est pas mollesse, ni faiblesse, mais qui prend part aux malheurs du prochain, qui comprend le pécheur et repousse le péché.

de prudence – mieux encore discipline personnelle, d’intelligence avertie, de jugement balancé, nuancé, sans laisser-aller.

Etes-vous craintif de nature, manquez-vous d’assurance, avez-vous ce qu’on appelle un complexe d’infériorité, craignez-vous de vous affirmer? Lisez les lettres à Timothée. C’était un timide de nature, et l’apôtre l’encouragea. Notez ceci: Dieu DONNE UN AUTRE ESPRIT que celui que vous aviez précédemment. Il donne gratuitement. Alors, demandez, priez. Il vous DONNERA.

Le but de nos études est de faire connaître et comprendre (Ps. 82, 5) les pensées de Dieu révélées dans sa Parole, afin de vivre dans la lumière. Dans un monde où Satan règne pour obscurcir la vérité, voire même la cacher, il importe que le juste – sauvé par la foi en Jésus-Christ – connaisse «les fondements» de la vérité divine.

Les lignes suivantes ne veulent être qu’un canevas de «la saine doctrine», telle que la Parole de Dieu nous la montre. Cet enseignement est à la fois christologique (Matth. 7, 28; 1 Cor. 2, 1-2) et apostolique (Act. 2, 42) ; il comprend l’ensemble des vérités divines.

I L’INSPIRATION VERBALE DE LA BIBLE

La pierre de touche de tout ce qui suit est la doctrine de l’inspiration des Ecritures. «Toute Ecriture est inspirée de Dieu» (2 Tim. 3, 16). Nous possédons aujourd’hui suffisamment de preuves, devant lesquelles tout homme sincère doit s’incliner. La Bible est la révélation de Dieu à l’égard de l’homme. Ce n’est pas un livre ecclésiastique quelconque, ni un ouvrage symbolique ou philosophique. C’est simplement «la Parole de Dieu» qui ne se laisse pas discuter. Des hommes de Dieu, poussés par l’Esprit, rédigèrent les 66 livres de cette divine Bibliothèque (2 Pi. 1, 21 ). Tout en gardant leur caractère et leur personnalité, ils furent de simples véhicules utilisés pour transmettre intégralement les pensées divines. C’est un miracle et un miracle ne s’explique pas. On peut l’accepter ou le rejeter; mais le fait est là.

Il LA TRINITÉ DE DIEU

Il en est de ce terme comme d’autres: la doctrine de la trinité de Dieu se trouve clairement révélée dans la Bible, bien que cette expression n’y soit pas mentionnée. Lucien déjà, rhéteur et philosophe grec du 2me siècle, fait confesser le chrétien dans son «Philopatris»: «le Dieu exalté …Fils du Père, Esprit procédant du Père, l’Un d’entre les Trois et Trois d’entre Un.» Le terme même fut employé formellement pour la première fois lors du synode en 317 à Alexandrie.

Cela ne signifie rien d’autres que tri-unité. La déité est une trinité, une unité qui possède 3 personnes distinctes ayant la même vie et la même essence.

L’ANCIEN TESTAMENT

Nous y voyons une révélation progressive qui trouve sa complète manifestation dans le Nouveau Testament. Des allusions claires et sans équivoques devaient ouvrir les yeux des personnes pieuses du temps du Seigneur.

Gen. 1,1: «Au commencement Dieu.» Ce terme «ELOHIM» est au pluriel et Moïse l’emploie quelque 500 fois. A remarquer qu’à chaque reprise le verbe qui l’accompagne est au singulier, ce qui prouve bien l’unité dans la pluralité des Personnes de la Déité.
Gen. 1,26: «Et Dieu dit: Faisons l’homme selon notre ressemblance»
Gen. 3, 22: «Voici l’homme est devenu comme l’un de nous»
Es. 48, 16: «Le Seigneur l’Eternel» – Dieu le Père
«m’a envoyé» – Dieu le Fils
«et son Esprit» -Dieu le Saint-Esprit
Zach. 12, 10: «Et je répandrai» -Dieu le Père
«un esprit de grâce» – Dieu le Saint-Esprit
«ils se lamenteront sur lui» -Dieu le Fils

LE NOUVEAU TESTAMENT

Il dévoile clairement cette vérité et nous confirme que la déité se compose de 3 Personnes: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint- Esprit (Matth. 28, 19; Jean 1:1; Jean 5:3-4; Jean 8:54).

La trinité de Dieu est déjà engagée lors du baptême du Seigneur (Matth. 3, 13-17). On ne peut, à ce sujet, s’exprimer plus clairement que le Seigneur le faisait dans Jean 14:16-26: «Mais le Consolateur, l’Esprit-Saint (3ème Personne) que le Père (1ère Personne) enverra en mon nom (2ème Personne).»

La grande bénédiction apostolique nous laisse «la grâce du Seigneur Jésus-Christ», «l’amour de Dieu» et «la communion du Saint-Esprit» (2 Cor. 13, 13).

D’ailleurs, l’homme lui-même est une trinité composée de l’esprit, de l’âme et du corps. Il est attaqué par une autre trinité: le monde autour de lui, la chair en lui, et le diable au-dessous de lui. La loi du péché en lui est également représentée par une trinité:la convoitise de la chair, la convoitise des yeux et l’orgueil de la vie. Et, enfin, il peut être sauvé par la trinité divine: Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit.

III JÉSUS-CHRIST

1. Sa Divinité

Jean 1, 1-3 suffirait pour établir cette vérité bénie:
Au commencement était la Parole» (le Verbe dans son existence éternelle)
cet la Parole était auprès de Dieu» (le Verbe dans son existence personnelle)
et la Parole était Dieu» (le Verbe dans son essence divine)

2. Son incarnation

Il est «Dieu manifesté en chair» (1 Tim. 3, 16). Ce mystère, dans lequel même les anges désirent plonger leurs regards, nous a été révélé. Les 7 degrés de son abnégation nous sont donnés en Phil. 2, 7-9. Aucune difficulté n’est inconnue du Seigneur qui a été tenté comme nous; Il peut donc nous accorder miséricorde et secours au moment opportun (Hébr. 4, 15-16). Ami qui souffres, confie-toi en Lui, car son nom est «Merveilleux».

3. Son CEuvre rédemptrice

Rom. 4, 25 dit: «Jésus, notre Sauveur, lequel a été livré pour nos fautes et a été ressuscité pour notre justification».
L’Ancien Testament y fait continuellement allusion (Ex. 12, Ps.22, Es.53).
Les Evangiles en sont la réalisation
Les Actes le proclament
Les Epîtres l’expliquent
L’Apocalypse, enfin, décrit la destruction de ceux qui ont rejeté cette oeuvre.

(à suivre)